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La Gaule indépendante et la Gaule romaine - Hautefort, notre ...

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corps les plus compromis, les Bataves <strong>et</strong> les Trévires. Il dép<strong>la</strong>ça les autres <strong>et</strong> leur<br />

enleva leurs chefs nationaux. Les documents re<strong>la</strong>tifs à l’armée du Rhin depuis <strong>la</strong><br />

fin du Ier siècle ne signalent plus, en fait d’auxiliaires gaulois, que des corps<br />

aquitains dont <strong>la</strong> fidélité ne pouvait être suspectée. Ils n’en mentionnent point ou<br />

presque point qui soient tirés de <strong>la</strong> Lyonnaise, de <strong>la</strong> Belgique ou de <strong>la</strong> Germanie.<br />

<strong>La</strong> mesure prise par Vespasien ne fut pourtant qu’un incident sans portée. Elle<br />

n’altéra que partiellement <strong>et</strong> pour peu de temps <strong>la</strong> composition de l’armée.<br />

D’abord elle ne touchait pas aux légions, <strong>et</strong> quant aux corps auxiliaires<br />

nouvellement appelés, s’ils n’étaient pas gaulois de nom <strong>et</strong> d’origine, ils ne<br />

tardèrent pas à le devenir de fait.<br />

[L’ARMÉE ENVAHIE PAR LES BARBARES] Ce fut <strong>la</strong> conséquence d’une réforme qu’on<br />

peut p<strong>la</strong>cer vers le milieu du IIe siècle ap. J.-C. Le recrutement jusque-là avait<br />

été <strong>la</strong>rgement régional. Il devint, à c<strong>et</strong>te date, plus strictement local. Les pays<br />

seuls où se trouvaient cantonnées les troupes furent appelés à les alimenter. <strong>La</strong><br />

domination de Rome était trop solidement assise <strong>et</strong> trop franchement acceptée<br />

pour que c<strong>et</strong>te réforme se heurtât aux scrupules qui avaient inspiré en <strong>Gaule</strong> <strong>la</strong><br />

conduite de Vespasien. Elle avait de plus ce bon côté d’éviter des dép<strong>la</strong>cements<br />

coûteux. Mais elle aboutissait à exclure du service les habitants des provinces<br />

sénatoriales, aussi complètement que les Italiens. Ce qu’il y avait dans l’Empire<br />

de plus foncièrement romain disparut de l’armée pour céder <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce aux<br />

popu<strong>la</strong>tions des frontières. Entre <strong>la</strong> légion devenue, de provinciale qu’elle était<br />

déjà, à demi barbare, <strong>et</strong> les corps auxiliaires, une sorte de nivellement tendit à<br />

s’établir, <strong>et</strong> ce<strong>la</strong> d’autant plus aisément que <strong>la</strong> grande distinction entre citoyens<br />

<strong>et</strong> non citoyens se trouva à peu prés abolie en 212 ap. J.-C. par l’édit de<br />

Caracal<strong>la</strong>. Il ne restait plus qu’à ouvrir à c<strong>et</strong>te invasion <strong>la</strong> garnison de Rome, <strong>et</strong><br />

déjà <strong>la</strong> chose était à moitié faite. <strong>La</strong> zone du recrutement s’était é<strong>la</strong>rgie pour les<br />

cohortes prétoriennes <strong>et</strong> urbaines en même temps que pour <strong>la</strong> légion. Depuis un<br />

siècle environ, les habitants de l’Espagne tarragonaise, de <strong>la</strong> Lusitanie, du<br />

Norique <strong>et</strong> des régions du Haut <strong>et</strong> du Moyen-Danube s’étaient insinués dans ces<br />

corps à côté des Italiens. Septime Sévère (193-211) en expulsa définitivement<br />

ces derniers <strong>et</strong> y appe<strong>la</strong> en masse les Illyriens, les Africains, les Syriens.<br />

Le principe du recrutement local ne pouvait être appliqué à <strong>la</strong> l<strong>et</strong>tre que dans les<br />

provinces comportant une faible garnison. Il était insuffisant sur les frontières<br />

fortement occupées. On ne sera donc pas étonné de rencontrer encore, dans les<br />

légions du Rhin, un bon nombre de recrues provenant de <strong>la</strong> Lyonnaise, de<br />

l’Aquitaine <strong>et</strong> des provinces danubiennes les plus voisines, notamment de <strong>la</strong><br />

Rétie. <strong>La</strong> nouveauté, c’est <strong>la</strong> proportion jusque-là inusitée des légionnaires nés<br />

dans les contrées rhénanes. Il est remarquable que, même après Septime<br />

Sévère, ni les trois <strong>Gaule</strong>s ni <strong>la</strong> Germanie ne contribuent au recrutement de <strong>la</strong><br />

garde prétorienne. Sans doute on jugeait qu’elles n’avaient pas trop de toutes<br />

leurs ressources pour faire face au péril sur le Rhin. C’est pour <strong>la</strong> même raison<br />

que les Gaulois ne servent plus dans l’armée d’Afrique.<br />

[L’ARMÉE ENVAHIE PAR LES ESCLAVES] Un autre changement, non moins grave,<br />

s’accomplissait, à <strong>la</strong> même époque, dans <strong>la</strong> composition de <strong>la</strong> légion. Elle était<br />

fermée, comme toute l’armée, aux esc<strong>la</strong>ves <strong>et</strong>, en principe, elle le resta toujours.<br />

Mais d’un esc<strong>la</strong>ve on pouvait d’un jour à l’autre faire un affranchi. D’un affranchi<br />

on pouvait faire, non moins instantanément, par <strong>la</strong> fiction de <strong>la</strong> natalium<br />

restitutio, l’équivalent d’un ingénu, d’un homme libre de naissance. C’était assez<br />

pour tourner <strong>la</strong> loi. Les affranchis, longtemps confinés dans les équipages de <strong>la</strong><br />

flotte <strong>et</strong> les cohortes des vigiles ou veilleurs de nuit à Rome, se répandirent dans

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