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La Gaule indépendante et la Gaule romaine - Hautefort, notre ...

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[LE SOL PROVINCIAL ET LE SOL ITALIQUE] A <strong>la</strong> fin de <strong>la</strong> période républicaine, l’Italie,<br />

ne comprenant plus que des citoyens romains, se trouva comme incorporée à <strong>la</strong><br />

cité <strong>et</strong> fut, à ce titre, exonérée de <strong>la</strong> contribution foncière. Par là s’introduisit <strong>la</strong><br />

distinction entre le sol italique <strong>et</strong> le sol provincial. Elle s’imposait si l’on ne vou<strong>la</strong>it<br />

pas tarir à leur source les revenus de l’État. Non seulement le sol provincial, aux<br />

mains d’un propriétaire citoyen, fut suj<strong>et</strong> à l’impôt, mais les immeubles même<br />

situés sur le territoire des colonies <strong>romaine</strong>s n’y échappèrent pas. Quelques-unes<br />

seulement parmi ces dernières reçurent l’immunité par un privilège spécial qu’on<br />

appe<strong>la</strong> <strong>la</strong> concession du droit italique. Dans toute <strong>la</strong> <strong>Gaule</strong> on n’en cite que trois<br />

qui aient été ainsi favorisées : Lyon, Vienne <strong>et</strong> Cologne. Les cités libres <strong>et</strong><br />

fédérées avaient été sous-traites à c<strong>et</strong>te charge dans les premiers temps,<br />

conformément à une règle qui parait avoir été générale, mais elles ne tardèrent<br />

pas à y être soumises comme les cités stipendiaires. Les Éduens, qui étaient un<br />

peuple fédéré, <strong>la</strong> subissaient sous Tibère, <strong>et</strong> il se peut que c<strong>et</strong>te obligation,<br />

encore récente, n’ait pas été étrangère à leur soulèvement, en 21 ap. J.-C.1<br />

[LE RECENSEMENT] L’impôt foncier avait pour base le cens, ou recensement des<br />

personnes <strong>et</strong> des propriétés. On a vu l’émoi que ces enquêtes minutieuses<br />

suscitèrent par toute <strong>la</strong> <strong>Gaule</strong>, au Ier siècle de <strong>notre</strong> ère, jusqu’à ce que les<br />

popu<strong>la</strong>tions s’y fussent habituées2. C<strong>et</strong> immense travail avait été préparé, dès<br />

l’an 44 av. J.-C., par les travaux de mensuration <strong>et</strong> de cartographie dont César<br />

confia l’exécution, pour l’Occident, au géomètre Didyme. En 27, l’année même<br />

où il rég<strong>la</strong> <strong>la</strong> condition des provinces, <strong>et</strong> en particulier celle des provinces<br />

gauloises, Auguste ordonna un recensement général qu’il dirigea en personne<br />

pendant le séjour qu’il fit alors à Narbonne. L’opération fut poursuivie ou reprise,<br />

en 12 av. J.-C., par Drusus, de 14 à 16 ap. J.-C. par Germanicus, plus tard<br />

encore sous Néron en 61 <strong>et</strong> sous Domitien en 83. Il n’est pas probable qu’elle ait<br />

abouti, avant assez longtemps, à un cadastre proprement dit, c’est-à-dire à un<br />

inventaire compl<strong>et</strong> <strong>et</strong> exact des immeubles, faisant connaître, avec leur<br />

contenance, <strong>la</strong> nature <strong>et</strong> <strong>la</strong> somme de leurs revenus. Une telle entreprise ne<br />

pouvait être menée à bonne fin qu’après de longues années, principalement dans<br />

les pays neufs comme <strong>la</strong> <strong>Gaule</strong>. Auguste se contenta du dénombrement des<br />

individus avec une évaluation plus ou moins sommaire des ressources<br />

disponibles pour le recrutement <strong>et</strong> l’impôt. Ces données lui suffirent pour le<br />

tableau statistique qui fut remis, en son nom, après sa mort, au Sénat. Quant au<br />

p<strong>la</strong>n parcel<strong>la</strong>ire de toutes les terres de l’Empire, on ne le posséda<br />

vraisemb<strong>la</strong>blement qu’à dater de Trajan (98-117).<br />

[LES AGENTS DU RECENSEMENT] Le cadastre une fois dressé, il fal<strong>la</strong>it le tenir au<br />

courant. Il fut révisé à époques fixes, tous les quinze ans, depuis le IIe siècle ap.<br />

J.-C. L’assi<strong>et</strong>te de l’impôt étant ainsi établie pour c<strong>et</strong>te période, on fut conduit à<br />

en fixer, pour <strong>la</strong> même durée, le montant. De là les périodes trois fois<br />

quinquennales correspondant, à peu près, à ce que nous appelons une année<br />

budgétaire. Le point de départ de ces périodes variait dans les diverses parties<br />

du monde romain, car l’opération du cens ne s’effectuait pas partout en même<br />

temps. En ce qui concerne <strong>la</strong> <strong>Gaule</strong>, nous voyons qu’elle était ordonnée<br />

simultanément pour <strong>la</strong> Lyonnaise, l’Aquitaine, <strong>la</strong> Belgique, y compris les deux<br />

1 En 70 il y avait en <strong>Gaule</strong> des vieil<strong>la</strong>rds nés avant le régime de l’impôt romain : Multos adhuc in Gallia vivere<br />

ante tributa genitos, dit Civilis (Tacite, Histoires, IV, 17). Or il est c<strong>la</strong>ir qu’aucun contemporain de Civilis n’avait<br />

vu <strong>la</strong> <strong>Gaule</strong> <strong>indépendante</strong>. Il s’agit donc d’une époque où, en partie du moins, elle ne payait pas l’impôt. En 91<br />

les cités gauloises se p<strong>la</strong>ignent d’être obérées, <strong>et</strong> parmi les cités mécontentes se trouvent celle des Éduens, qui<br />

sont un peuple fédéré, <strong>et</strong> celle des Trévires, qui sont un peuple libre. Tacite, Annales, III, 40. Cf. chap. II, § 4.<br />

2 Ire partie, liv. II, chap. II, § 4.

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