La Gaule indépendante et la Gaule romaine - Hautefort, notre ...
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turbulents <strong>et</strong>, par des rivalités habilement suscitées, les m<strong>et</strong>tait aux prises les<br />
uns avec les autres, de manière à s’assurer le repos.<br />
Il sortit de c<strong>et</strong>te réserve après le soulèvement de Civilis. Les événements de l’an<br />
70 avaient relevé l’audace des Germains. Il devenait urgent de les m<strong>et</strong>tre à <strong>la</strong><br />
raison. <strong>La</strong> campagne de 73-74, sous Vespasien, ne nous est connue que par<br />
quelques documents épigraphiques. Nous ne sommes pas beaucoup mieux<br />
renseignés sur <strong>la</strong> guerre que Domitien conduisit en personne contre les Cattes,<br />
en 83. Mais <strong>la</strong> politique des deux empereurs nous apparaît n<strong>et</strong>tement. Ils ne<br />
rompirent pas avec le système de Tibère. <strong>La</strong> grande Germanie rêvée par Auguste<br />
avait vécu. 11 n’était plus question de <strong>la</strong> ressusciter. Seulement il parut sage de<br />
relier par le plus court <strong>la</strong> ligne du Rhin <strong>et</strong> celle du Danube. On rapprochait ainsi<br />
les armées établies sur ces deux frontières, on les m<strong>et</strong>tait à même de se soutenir<br />
réciproquement, ce qui devait perm<strong>et</strong>tre plus tard de les réduire de moitié, de<br />
manière à alléger les charges du recrutement <strong>et</strong> de l’impôt, sans comprom<strong>et</strong>tre<br />
<strong>la</strong> sécurité publique. Dès l’an 74, une route, partant d’Argentoratum (Strasbourg)<br />
<strong>et</strong> passant par Offenburg, dans le grand-duché de Bade, se dirigeait vers <strong>la</strong><br />
Rétie. Du même coup les Champs Décumates, incorporés à <strong>la</strong> Germanie<br />
supérieure, reportés jusqu’au delà du Neckar, <strong>et</strong> protégés désormais contre les<br />
incursions des Barbares, ouvrirent à <strong>la</strong> civilisation <strong>romaine</strong> un terrain nouveau où<br />
elle s’imp<strong>la</strong>nta <strong>et</strong> prospéra avec une merveilleuse rapidité.<br />
[LE LIMES] Trajan (98-147) compléta l’œuvre de Vespasien <strong>et</strong> de Domitien. Il<br />
poursuivit, le long de <strong>la</strong> nouvelle frontière, <strong>la</strong> construction de ce rempart continu<br />
que des fouilles récentes ont permis de suivre sur toute l’étendue de son tracé,<br />
<strong>et</strong> qu’on appe<strong>la</strong> le limes. Le limes n’était pas, au sens propre du mot, un mur,<br />
mais une route. Les Romains, appliquant à leur empire <strong>la</strong> même règle qu’à <strong>la</strong><br />
propriété privée, avaient imaginé de <strong>la</strong>isser, entre leur domaine <strong>et</strong> celui de leurs<br />
voisins, une bande de terrain entièrement découverte <strong>et</strong> <strong>la</strong>rge ordinairement de<br />
un ou deux kilomètres. Ce chemin de ronde n’était pas nécessairement adossé à<br />
un ouvrage fortifié. Quand il longeait un cours d’eau, <strong>la</strong> barrière opposée par <strong>la</strong><br />
nature était réputée suffisante. Aussi ne trouve-t-on de ligne de fortification ni<br />
sur le Rhin ni sur le Danube. Mais lorsqu’on se fut avancé entre les deux fleuves,<br />
on jugea utile de fermer l’ouverture par un obstacle artificiel. Le limes<br />
germanique se détachait à Lorch, dans le Wurtemberg, du limes rétique auquel il<br />
faisait suite <strong>et</strong> qui partait du Danube. De Lorch il se tournait vers le Nord pour<br />
atteindre le Main à Altstadt. Là il cessait <strong>et</strong> était remp<strong>la</strong>cé par <strong>la</strong> rivière. Il<br />
reparaissait ensuite près de Nassau pour contourner <strong>la</strong> région du Taunus <strong>et</strong> finir<br />
au Rhin, à <strong>la</strong> limite des deux Germanies.<br />
[UTILITÉ DU LIMES] Ce rempart, qualifié souvent de gigantesque, ne l’était que<br />
par l’immensité de son développement. Il consistait en une levée de terre, haute<br />
de trois à cinq mètres, précédée d’un fossé, lequel était lui-même précédé d’une<br />
palissade. A une courte distance en arrière se succédaient, tous les quinze<br />
kilomètres environ, des réduits ou castel<strong>la</strong>, capables d’abriter une p<strong>et</strong>ite<br />
garnison. 11 n’y avait pas là de quoi arrêter un ennemi nombreux <strong>et</strong> résolu.<br />
D’ailleurs, ni le tracé du rempart ni <strong>la</strong> position des fortins qui le soutenaient ne<br />
dénotent une intention exclusivement ou essentiellement stratégique. Le rempart<br />
courait tout droit, par monts <strong>et</strong> par vaux, négligeant tout ce qu’un emploi<br />
judicieux du terrain aurait pu ajouter à sa force défensive. Quant aux fortins, il<br />
apparaît c<strong>la</strong>irement qu’on avait tenu compte, pour le choix de leur emp<strong>la</strong>cement,<br />
des agréments du site <strong>et</strong> de ses commodités au moins autant que de sa valeur<br />
au point de vue militaire. Les généraux romains savaient trop leur métier pour<br />
compter sur <strong>la</strong> protection d’une sorte de muraille chinoise. Ils n’ignoraient pas