La Gaule indépendante et la Gaule romaine - Hautefort, notre ...
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[OCCUPATION MILITAIRE] Plusieurs de ces peuples, les Bataves, les Frisons, les<br />
Chérusques, fournissaient des auxiliaires aux légions. Partout, comme naguère<br />
en <strong>Gaule</strong>, Rome avait su se concilier des adhérents, se recruter un parti. Une<br />
puissante armée maintenait l’obéissance. Elle avait pour quartiers généraux les<br />
deux camps r<strong>et</strong>ranchés de Castra V<strong>et</strong>era (Xanten), en face de <strong>la</strong> Lippe, <strong>et</strong> de<br />
Mogontiacum (Mayence), en face du Main. Le camp de Vindonissa (Windisch), sur<br />
l’Aar, surveil<strong>la</strong>it <strong>la</strong> Germanie méridionale, alors médiocrement peuplée, <strong>et</strong> servait<br />
de lien avec les garnisons du Danube. Le Rhin n’avait pas cessé d’être <strong>la</strong> vraie<br />
ligne de défense. Mais des forts nombreux gardaient les points stratégiques dans<br />
les pays annexés. On s’était attaché surtout à garnir les deux grandes voies de<br />
pénétration, les vallées du Main <strong>et</strong> de <strong>la</strong> Lippe. Aux sources de c<strong>et</strong>te dernière<br />
rivière, à l’entrée de <strong>la</strong> porte Westphalienne, s’élevait <strong>la</strong> forteresse d’Aliso (Elsen),<br />
le plus important de ces établissements, relié à Castra V<strong>et</strong>era par une suite de<br />
postes, le long d’une double route sur les deux rives. Une autre chaussée en<br />
forme de digue courait sur <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ine marécageuse jusqu’à l’Ems. Les garnisons<br />
isolées étaient renforcées au printemps. Les campagnes, les promenades<br />
militaires remplissaient l’été. Puis les troupes revenaient passer l’hiver dans les<br />
cantonnements du Rhin.<br />
[LES MARCOMANS] Le cercle qui étreignait <strong>la</strong> Germanie présentait encore une<br />
solution de continuité. Dans le quadri<strong>la</strong>tère des monts de Bohême s’était logée,<br />
sous son roi Marobod, <strong>la</strong> puissante nation des Marcomans. Il restait à <strong>la</strong><br />
subjuguer pour former de <strong>la</strong> domination <strong>romaine</strong> une masse compacte du Jut<strong>la</strong>nd<br />
aux Alpes Styriennes. L’attaque fut engagée, en 6 ap. J.-C., de deux côtés à <strong>la</strong><br />
fois, du côté du Main par le légat Sextius Saturninus, <strong>et</strong> sur le Danube par<br />
Tibère. Elle fut arrêtée dès les premiers pas <strong>et</strong> détournée de son but par le<br />
soulèvement subit des peuples de <strong>la</strong> Pannonie <strong>et</strong> de <strong>la</strong> Dalmatie. Aussitôt le<br />
mouvement gagna toute <strong>la</strong> région du nord des Balkans. Le danger était grand, <strong>et</strong><br />
l’eût été plus encore sans les défail<strong>la</strong>nces de Marobod. L’Italie, prise à<br />
l’improviste, se crut un instant à <strong>la</strong> merci des Barbares. Un effort énergique <strong>la</strong><br />
préserva de l’invasion. <strong>La</strong> guerre n’en fut pas moins longue <strong>et</strong> pénible. Elle r<strong>et</strong>int<br />
trois ans durant, de 6 à 9 ap. J.-G, <strong>la</strong> plus nombreuse armée que Rome eût<br />
concentrée depuis longtemps <strong>et</strong>, somme toute, elle ne donna qu’un demirésultat,<br />
car, si <strong>la</strong> paix était rétablie dans les provinces danubiennes, Marobod<br />
était sauvé, <strong>et</strong> <strong>la</strong> conquête de <strong>la</strong> Bohême ajournée. On en était là quand éc<strong>la</strong>ta,<br />
comme un coup de foudre, <strong>la</strong> nouvelle du désastre de Varus.<br />
[SOULÈVEMENT DE LA GERMANIE. ARMINIUS ET VARUS] <strong>La</strong> conquête de <strong>la</strong> Germanie<br />
n’avait jamais été que très superficielle. Les peuples les plus voisins de <strong>la</strong> <strong>Gaule</strong><br />
s’étaient résignés. Les autres commençaient à relever <strong>la</strong> tète. Dès l’an 4 ap. J.-<br />
C., les révoltes plus fréquentes avaient nécessité de nouveau <strong>la</strong> présence de<br />
Tibère. En deux campagnes il remit sous le joug les Chérusques, les Chauques,<br />
les Canninéfates, les Bructères, les Longobards. Mais il se garda bien de ramener<br />
les troupes derrière le Rhin. Pour <strong>la</strong> première fois, en l’an 4, elles prirent leurs<br />
quartiers d’hiver en pays ennemi, à Aliso.<br />
Le départ de Tibère, appelé en l’an 6 au commandement de l’armée du Danube,<br />
les nouvelles arrivées bientôt après de <strong>la</strong> Dalmatie <strong>et</strong> de <strong>la</strong> Pannonie,<br />
redoublèrent l’agitation. Ce qui rendait <strong>la</strong> situation critique, c’était l’insuffisance<br />
des soldats <strong>et</strong> de leur chef. Tout ce que Rome comptait de généraux habiles <strong>et</strong><br />
de troupes aguerries était employé là où le péril paraissait le plus pressant. Les<br />
effectifs n’étaient pas réduits, mais ils ne se composaient guère que de recrues,<br />
<strong>et</strong>, pour comble de malheur, le commandant était P. Quinctilius Varus. Dans son<br />
entourage on distinguait un jeune <strong>et</strong> noble chérusque, Arminius ou Hermann.