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Novembre - Nervure Journal de Psychiatrie

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8<br />

LIVRES<br />

■ PSYCHO BIOGRAPHIE<br />

Eléments pour une histoire<br />

<strong>de</strong> la psychiatrie occi<strong>de</strong>ntale<br />

Jacques Postel<br />

L’Harmattan, 29 €<br />

Cet ouvrage rassemble une quinzaine<br />

<strong>de</strong> contributions à l’histoire <strong>de</strong> la psychiatrie.<br />

Dans une large perspective,<br />

le lecteur y découvre <strong>de</strong> la Renaissance<br />

à l’époque contemporaine, une<br />

série d’étu<strong>de</strong>s allant <strong>de</strong> la mélancolie<br />

décrite par Du Laurens, à la<br />

découverte du Largactil, premier neuroleptique<br />

<strong>de</strong> la révolution psychopharmacologique.<br />

Mais c’est à l’œuvre<br />

<strong>de</strong> Pinel, le fondateur <strong>de</strong> la psychiatrie<br />

mo<strong>de</strong>rne, et à ses mythifications<br />

successives, que l’auteur a consacré<br />

le plus <strong>de</strong> pages ; Esquirol ensuite, le<br />

grand patron <strong>de</strong> la mé<strong>de</strong>cine aliéniste<br />

; Georget et Bayle, ses élèves<br />

directs ; sont évoqués également le<br />

traitement moral et sa déca<strong>de</strong>nce, le<br />

magnétisme animal, l’importance<br />

<strong>de</strong> la découverte freudienne, sans<br />

omettre Kraepelin et son monument<br />

nosographique qui résiste à l’usure<br />

du temps ; la naissance <strong>de</strong> la première<br />

revue <strong>de</strong> psychologie médicale,<br />

les rôles respectifs <strong>de</strong> la pratique<br />

<strong>de</strong> secteur et <strong>de</strong>s neuroleptiques dans<br />

l’amélioration du sort <strong>de</strong>s mala<strong>de</strong>s<br />

mentaux sont d’autres étapes auxquelles<br />

ce parcours invite.<br />

Races, racisme et<br />

antiracisme dans les années<br />

1930<br />

Carole Reynaud Paligot<br />

Presses Universitaires <strong>de</strong> France,<br />

20 €<br />

L’élaboration scientifique <strong>de</strong> la notion<br />

<strong>de</strong> race fut l’œuvre <strong>de</strong> la communauté<br />

anthropologique. Les années<br />

1930 furent, pour l’anthropologie<br />

raciale, le temps <strong>de</strong>s doutes parce<br />

que l’anthropométrie n’avait pas tenu<br />

toutes ses promesses et parce que sa<br />

pratique, sans pour autant avoir été<br />

abandonnée, n’avait guère permis<br />

d’avancer dans la classification raciale<br />

du genre humain. De nouvelles<br />

perspectives apparurent qui s’appuyèrent<br />

sur les avancées scientifiques<br />

du moment, la sérologie et la<br />

génétique. Abor<strong>de</strong>r l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’anthropologie<br />

raciale soulève la question<br />

<strong>de</strong>s représentations <strong>de</strong> l’altérité.<br />

Comment penser la différence fut<br />

une question centrale pour l’anthropologie.<br />

Si les savants français se mobilisèrent<br />

contre les théories « racistes »<br />

<strong>de</strong> l’anthropologie raciale nazie, ils<br />

continuèrent à concevoir les races <strong>de</strong><br />

couleur sous le prisme <strong>de</strong> l’inégalité.<br />

La question eugéniste ne leur resta<br />

pas étrangère, tandis que, à la fin <strong>de</strong>s<br />

années 1930, certains d’entre eux<br />

dérivaient vers l’antisémitisme.<br />

L’approche psychologique a prolongé<br />

alors la thématique raciale. La psychologie<br />

raciale connut, en effet, un<br />

essor notable tant chez les scientifiques<br />

que chez les littéraires. Les<br />

scientifiques étudièrent la question<br />

<strong>de</strong> la transmission <strong>de</strong>s caractères psychologiques<br />

<strong>de</strong>s différentes races au<br />

regard <strong>de</strong>s nouvelles perspectives<br />

scientifiques tandis que philosophes,<br />

sociologues, littéraires s’appropriaient<br />

le concept qui <strong>de</strong>vint une véritable<br />

problématique pour abor<strong>de</strong>r l’étu<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>s sociétés <strong>de</strong> l’époque, allant même<br />

parfois jusqu’à faire <strong>de</strong> l’antagonisme<br />

entre les races un moteur <strong>de</strong>s relations<br />

internationales. La psychologie<br />

raciale trouva, également, un terrain<br />

propice au sein du mon<strong>de</strong> colonial<br />

et elle fut censée éclairer les politiques<br />

coloniales tout comme les politiques<br />

<strong>de</strong> l’immigration. La psychologie ethnique<br />

fut appliquée aux indigènes<br />

<strong>de</strong>s colonies et permit d’i<strong>de</strong>ntifier les<br />

immigrés désirés et indésirables sur<br />

le territoire métropolitain.<br />

<br />

Séminaire d’histoire <strong>de</strong> la psychiatrie<br />

Coordoné par le Pr J.D. Guelfi et le Dr F. Bing<br />

Sous l’égi<strong>de</strong> du Dr J. Postel<br />

Ce séminaire aura lieu le <strong>de</strong>uxième mardi <strong>de</strong> chaque mois à 20h<br />

Plus récemment, J. Tulard, dans son<br />

incontournable Napoléon, donne définitivement<br />

la « couleur » <strong>de</strong> la dictature<br />

napoléonienne : « l’Empire était avant<br />

tout une dictature <strong>de</strong> salut public, <strong>de</strong>stinée<br />

à préserver les conquêtes révolutionnaires<br />

(…). Le gouvernement impérial<br />

prit dès 1804 l’allure d’une dictature<br />

personnelle (…). Les ministres furent<br />

réduits au rôle <strong>de</strong> simples exécutants<br />

(…). La dictature napoléonienne, c’est<br />

au fond le césarisme <strong>de</strong> la Rome antique,<br />

un compromis entre les nécessités d’un<br />

gouvernement <strong>de</strong> salut public, en lutte<br />

contre l’Europe, et les susceptibilités héritées<br />

<strong>de</strong> la Révolution à l’égard du pouvoir<br />

monarchique. Césarisme ? ou plus exactement<br />

Bonapartisme, car le mérite du<br />

vainqueur <strong>de</strong> Marengo est d’avoir substitué<br />

son nom à celui du vainqueur<br />

d’Alésia (…). Tout repose sur le charisme<br />

personnel <strong>de</strong> Napoléon : le régime<br />

s’i<strong>de</strong>ntifie à un individu » (39).<br />

Mais passons sur l’homme politique,<br />

sur l’homme <strong>de</strong> conquêtes et <strong>de</strong><br />

guerres, encore qu’il se défendît bien<br />

d’être qualifié d’« homme <strong>de</strong> guerre »<br />

car, conquérant et guerrier, il ne le fut<br />

–et il l’a répété maintes fois– que pour<br />

obtenir la paix dans toute l’Europe,<br />

pour obtenir l’unité <strong>de</strong>s peuples, l’alignement<br />

<strong>de</strong>s classes sociales, un co<strong>de</strong><br />

européen, une même monnaie, les<br />

mêmes lois, etc., et, ne cessait-il <strong>de</strong><br />

répéter encore, s’il fut contraint à certaines<br />

guerres, la faute en revenait à<br />

l’Angleterre : « c’est le système <strong>de</strong> guerre<br />

perpétuelle adopté par l’Angleterre qui<br />

m’y a forcé » ; ou encore : « c’est l’Angleterre<br />

qui m’a poussé, forcé à tout ce<br />

que j’ai fait ». Un idéal <strong>de</strong> paix (encore<br />

une fois qui n’avait rien <strong>de</strong> délirant au<br />

sens <strong>de</strong> la psychose) qui pousse inévitablement<br />

Napoléon à incarner le Père<br />

<strong>de</strong> l’Europe unie, fédérée et pacifiée,<br />

mais un idéal qui aura fait en quelques<br />

années près <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux millions <strong>de</strong><br />

morts (III) : « J’ai voulu l’empire du mon<strong>de</strong>,<br />

et, pour me l’assurer, un pouvoir sans<br />

bornes m’était nécessaire ». Comme le<br />

propose A. Jourdan : « la volonté <strong>de</strong><br />

puissance n’exclut pas tout idéalisme, et<br />

peut-être celle-là est-elle justement le fruit<br />

<strong>de</strong> celui-ci. L’Empereur nourrit <strong>de</strong>s rêves.<br />

Sa vision d’une Europe unie, civilisée,<br />

francisée, pacifiée, qu’est-elle sinon une<br />

utopie ? » (17).<br />

J. Go<strong>de</strong>chot a souligné, avec raison,<br />

que « dans la carrière prodigieuse <strong>de</strong><br />

Napoléon, sous ses activités multiples, il<br />

est difficile <strong>de</strong> retrouver l’homme » (14).<br />

Dans la même veine, G. Gengembre<br />

s’interroge : « peut-on retrouver l’homme<br />

véritable sous les travestissements <strong>de</strong> la<br />

légen<strong>de</strong> et les habits du mythe ? » (13).<br />

L’image du Napoléon stratège <strong>de</strong> génie,<br />

conquérant et <strong>de</strong>spote, c’est probablement<br />

celle que la plupart d’entre nous<br />

avons héritée <strong>de</strong> nos années d’école<br />

ou <strong>de</strong> nos lectures d’enfance. On peut<br />

Programme 2007-2008<br />

13 novembre 2007 : R. Major, Faut-il brûler Freud ?<br />

11 décembre 2007 : M. Valleur, Histoire <strong>de</strong>s addictions « Le jeu »<br />

8 janvier 2008 : J.F. Braunstein, G. Canguilhem et les normes<br />

12 février 2008 : S. Wasersztrum, Histoire <strong>de</strong>s « psychotropes »<br />

11 mars 2008 : C. Imbert, Histoire <strong>de</strong> la « folie » avant 1652<br />

8 avril 2008 : J. Carroy, Intrduction à l’histoire <strong>de</strong> la psychologie<br />

13 mai 2008 : D. Zagury, Introduction à l’histoire <strong>de</strong> la criminologie<br />

10 juin 2008 : F. Hocini, Naissance <strong>de</strong> l’adolescence<br />

8 juillet 2008 : M. Plon, L’avenir <strong>de</strong> la paychanalyse<br />

Renseignements : Dr F. Bing. Tél. : 01 40 13 06 15. Centre Hospitalier Sainte-Anne,<br />

Institut H. Ellenberger, Bibliothèque H. Ey, 1 rue Cabanis, 75674 Paris Ce<strong>de</strong>x 14<br />

éventuellement avoir par ailleurs l’idée<br />

d’un personnage dont le regard fascinait<br />

ceux qui le côtoyaient, d’un homme<br />

à l’esprit toujours vif et prompt, toujours<br />

tout entier à son objet, jamais distrait,<br />

un homme qui avait à l’extrême le<br />

goût <strong>de</strong> l’ordre, <strong>de</strong> la hiérarchie, <strong>de</strong> la<br />

cohésion et <strong>de</strong> l’organisation, qui prenait<br />

le plus souvent et <strong>de</strong>puis tout jeune<br />

un ton doctoral, manifestant « une espèce<br />

d’exaltation froi<strong>de</strong> (…). Il est sans<br />

fièvre (…), tantôt majestueux (…), tantôt<br />

brutal (…), tantôt affable et cajolant<br />

(…), tantôt cynique » (1), très luci<strong>de</strong> sur<br />

la précarité <strong>de</strong> son pouvoir, ne se laissant<br />

surprendre par rien, contrôlant<br />

constamment ses émotions, indifférent<br />

au danger, croyant en sa bonne étoile,<br />

surveillant tout, voulant tout savoir sur<br />

tout, et tout comprendre, véritable<br />

génie <strong>de</strong> la stratégie et <strong>de</strong> la tactique<br />

militaire, offensif et souvent offensant,<br />

misogyne, donnant « le mot d’ordre à<br />

l’univers », pour reprendre l’expression<br />

<strong>de</strong> Chateaubriand (5). Autant <strong>de</strong> traits<br />

qui laissent une image <strong>de</strong> Napoléon<br />

quelque peu froi<strong>de</strong> et sans fissures, sans<br />

failles… Peut-être est-il ainsi utile d’aller<br />

maintenant en marge <strong>de</strong> l’image<br />

qu’a bien voulu nous laisser l’auteur<br />

<strong>de</strong> son propre mythe, d’aller à la rencontre<br />

du sujet Napoléon, celui qui se<br />

montre divisé, celui qui donne à voir et<br />

à entendre la position subjective d’un<br />

être aux prises avec ses angoisses, ses<br />

doutes, sa culpabilité, et les divers<br />

« remè<strong>de</strong>s » qu’il aura tenté <strong>de</strong> trouver<br />

et <strong>de</strong> s’appliquer pour pouvoir faire<br />

face sur tous les fronts…<br />

De l’inflation phallique<br />

S’il y a bien, chez Napoléon, un trait<br />

structural qui pourrait le désigner en<br />

propre, ce serait celui <strong>de</strong> l’omniprésence<br />

<strong>de</strong> la promotion et <strong>de</strong> l’inflation<br />

du signifiant phallique, ainsi que la figure<br />

<strong>de</strong> Maître -et, bien plus, <strong>de</strong> Pèrequ’il<br />

incarna pendant toute la durée<br />

<strong>de</strong> son règne. « Tout le problème <strong>de</strong> l’obsessionnel<br />

[car Napoléon, nous allons le<br />

voir, était sans conteste névrosé, avec<br />

une dimension obsessionnelle évi<strong>de</strong>nte],<br />

disait J. Lacan, est <strong>de</strong> trouver à son désir<br />

la seule chose qui puisse lui donner un<br />

semblant d’appui » (22), et ce qui vient<br />

prendre place ici, et qui fonctionne<br />

comme appui du désir, poursuit-il,<br />

« c’est un objet qui est toujours (…)<br />

réductible au signifiant Phallus » (22). Et<br />

bien, il faut prendre au mot Napoléon<br />

et entendre ici cette vérité : « on dit<br />

que je suis ambitieux, on se trompe : je<br />

ne le suis pas, ou, du moins, mon ambition<br />

est si intimement unie à mon être<br />

qu’elle n’en peut être distinguée ». Effectivement,<br />

nous allons en rendre compte,<br />

le plus intime <strong>de</strong> son être, d’une<br />

certaine manière, se confond avec son<br />

ambition. Par ailleurs, avec lucidité mais<br />

butant inévitablement sur ce qui cause<br />

cette ambition démesurée, il pouvait<br />

dire à Las Cases : « le vrai est que je<br />

n’ai jamais été maître <strong>de</strong> mes mouvements,<br />

et que je n’ai jamais été réellement<br />

tout à fait moi (…). Je n’ai jamais<br />

été véritablement mon maître, mais j’ai<br />

toujours été gouverné par les circonstances<br />

(…). Je n’étais point le maître <strong>de</strong><br />

mes actes parce que je n’avais pas la<br />

folie <strong>de</strong> vouloir tordre les événements à<br />

mon système, mais au contraire, je pliais<br />

mon système sur la contexture imprévue<br />

<strong>de</strong>s événements (…) », et, du temps<br />

<strong>de</strong> sa gloire : « une puissance supérieure<br />

me pousse à un but que j’ignore ; tant<br />

qu’il ne sera pas atteint, je serai invulnérable,<br />

inébranlable ; dès que je ne lui<br />

serai plus nécessaire, une mouche suffira<br />

pour me renverser ». Très tôt, du<br />

reste, Napoléon pressentait que ce qui<br />

le guidait ainsi lui serait un jour fatal :<br />

« j’avais en moi l’instinct d’une issue malheureuse<br />

(…), j’en portais le sentiment<br />

au-<strong>de</strong>dans <strong>de</strong> moi ». Pas <strong>de</strong> certitu<strong>de</strong><br />

inébranlable, donc, quant à son <strong>de</strong>stin,<br />

mais <strong>de</strong>s croyances (en sa bonne étoile),<br />

et puis <strong>de</strong>s doutes, une fragilité -<br />

qui l’avaient d’ailleurs dans son adolescence<br />

menés sur les versant <strong>de</strong> la<br />

dépression et d’idées <strong>de</strong> suici<strong>de</strong> (IV)- qui<br />

auront finalement raison d’un Empereur<br />

et d’un Empire aux pieds d’argile.<br />

Tout ceci, donc, pour dire quoi ? Pour<br />

dire que l’ascension fulgurante, le pouvoir,<br />

puis la chute <strong>de</strong> Napoléon illustrent,<br />

parfaitement, la logique subjective<br />

parcourue par un certain nombre<br />

<strong>de</strong> sujets névrosés obsessionnels. Au<br />

fond <strong>de</strong> l’expérience du sujet obsessionnel<br />

- dont une <strong>de</strong>s caractéristiques<br />

est, sans nul doute, ce que l’on peut<br />

appeler avec Lacan le « mirage <strong>de</strong> narcissisme<br />

frénétique »- il y a toujours une<br />

« certaine crainte <strong>de</strong> se dégonfler, en rapport<br />

avec l’inflation phallique » (23). Monter<br />

très haut, <strong>de</strong>scendre très bas, ce trajet<br />

n’est pas rare chez l’obsessionnel.<br />

D. Jamet résume ainsi la vie <strong>de</strong> Napoléon<br />

: « Si bas, si haut, si bas (…). Surgi<br />

du néant, monté au zénith, précipité, tel<br />

un ange déchu, du trône le plus élevé<br />

dans l’abîme. Raccourci fulgurant d’une<br />

trajectoire unique dans le ciel <strong>de</strong> l’Histoire<br />

» (16). Dans le fond, partout en<br />

Europe, Napoléon a planté ses drapeaux.<br />

Il ne s’est pas cru maître du<br />

mon<strong>de</strong>, il l’était (mais, pour lui, nous le<br />

N°8 - TOME XX - NOVEMBRE 2007<br />

verrons, toujours en-<strong>de</strong>çà d’un<br />

Alexandre le Grand, d’un César, d’un<br />

Charlemagne). Partout le sceau phallique<br />

<strong>de</strong> sa puissance, <strong>de</strong> sa gloire, <strong>de</strong> sa<br />

supériorité…Comme le fait valoir<br />

Dominique Miller, le sujet obsessionnel<br />

(c’est vrai pour certains chefs d’entreprise,<br />

certains hommes politiques ou<br />

militaires, etc.) « surinvestit le champ<br />

imaginaire, où il plante le phallus, seul<br />

soutien possible du désir ». Et le phallus,<br />

l’obsessionnel « le veut visible dans son<br />

symptôme, érigé, tout droit sur l’horizon<br />

» (32). S’étendre toujours davantage,<br />

accumuler les conquêtes et les territoires,<br />

ériger <strong>de</strong>s monuments pour fixer<br />

définitivement la gran<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> l’Empereur<br />

(les arcs <strong>de</strong> triomphe et la colonne<br />

Vendôme par exemple (V)), et, surtout,<br />

laisser son nom, on l’a vu, aux<br />

côtés <strong>de</strong>s plus grands <strong>de</strong> l’Histoire. Pour<br />

ce faire, pas d’autre choix, pour Napoléon,<br />

que <strong>de</strong> mettre sous sa coupe les<br />

puissants <strong>de</strong> ce mon<strong>de</strong>. Très tôt capté,<br />

captivé par les César, Auguste, Charlemagne,<br />

lesquels revêtaient bien évi<strong>de</strong>mment<br />

tous les insignes phalliques<br />

<strong>de</strong> puissance, <strong>de</strong> pouvoir, <strong>de</strong> gloire et<br />

<strong>de</strong> prestance, Napoléon lui-même s’est<br />

forgé cette « cuirasse phallique » véritable<br />

rempart à la menace <strong>de</strong> castration<br />

propre au sujet névrosé (VI). A <strong>de</strong><br />

nombreuses reprises Napoléon s’est<br />

i<strong>de</strong>ntifié, principalement à César ou à<br />

Charlemagn (VII). Il allait même jusqu’à<br />

dire (sans y croire, au sens d’un délire<br />

(VIII)) que : « Charlemagne, c’est moi ».<br />

Et avant même ces gran<strong>de</strong>s figures historiques,<br />

c’est au héros corse Pascal<br />

Paoli que le tout jeune Bonaparte s’était<br />

i<strong>de</strong>ntifié. Il faut y voir ici avec Lacan<br />

un <strong>de</strong>s traits marquants et toujours<br />

repérable chez l’obsessionnel à un<br />

moment ou à un autre : « chez tout<br />

obsessionnel (…) vous voyez toujours<br />

apparaître à un moment <strong>de</strong> leur histoire<br />

le rôle essentiel <strong>de</strong> l’i<strong>de</strong>ntification à l’autre<br />

(…) qui, dans tous les cas, a pour lui le<br />

prestige d’être plus viril, d’avoir la puissance.<br />

Le Phallus apparaît ici sous sa<br />

forme non pas symbolique, mais imaginaire.<br />

Disons que le sujet se complémente<br />

d’une image plus forte que luimême,<br />

une image <strong>de</strong> puissance » (22).<br />

Vaincre les grands <strong>de</strong> ce mon<strong>de</strong>, c’était<br />

dans le fond pour Napoléon aller au<strong>de</strong>là<br />

<strong>de</strong> l’i<strong>de</strong>ntification imaginaire, c’était<br />

dégra<strong>de</strong>r, <strong>de</strong>stituer l’Autre, c’était faire<br />

Inscriptions & renseignements : Secrétariat du Dr POLI, <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r Aïcha<br />

Adresse mail : apoli@ch-st-cyr 69.fr Téléphone : 04-72-42-13-71<br />

Fax : 04-72-42-13-72

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