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Novembre - Nervure Journal de Psychiatrie

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N°8 - TOME XX - NOVEMBRE 2007<br />

Vingt et un pour cent <strong>de</strong>s patients interrompent<br />

le traitement après un an seulement<br />

(9). L’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> Tattan et al.<br />

montre que 72% <strong>de</strong>s patients sous traitement<br />

retard interrompent ce traitement<br />

sur une pério<strong>de</strong> d’environ 1mois<br />

chaque année (10). Les résultats <strong>de</strong> différentes<br />

étu<strong>de</strong>s sont aujourd’hui contradictoires<br />

concernant la supposée supériorité<br />

<strong>de</strong>s NAP sur les formes<br />

orales (11). Malgré l’hétérogénéité <strong>de</strong>s<br />

résultats, en pratique clinique, ces traitements<br />

restent fréquemment utilisés<br />

chez <strong>de</strong>s patients ayant présenté <strong>de</strong><br />

nombreuses rechutes liées à une mauvaise<br />

observance.<br />

Depuis les années 90, les laboratoires<br />

pharmaceutiques ont mis sur le marché<br />

les neuroleptiques <strong>de</strong> nouvelle génération<br />

ou antipsychotiques atypiques<br />

tels la Risperidone, l’Olanzapine, l’Amisulpri<strong>de</strong><br />

ou l’Aripiprazole présentés<br />

comme ayant une plus gran<strong>de</strong> efficacité<br />

et <strong>de</strong> moindres effets secondaires permettant<br />

une meilleure observance.<br />

Parallèlement au développement <strong>de</strong><br />

ces nouvelles molécules, dans un mouvement<br />

venant d’outre-Atlantique, les<br />

psychiatres et pharmacologues relayés<br />

par les associations <strong>de</strong> patients insistent<br />

sur la nécessité pour le patient<br />

d’adhérer au projet <strong>de</strong> soins.<br />

Le concept d’adhésion s’est développé<br />

sur un constat : les résultats d’observance<br />

sont très mitigés chez les<br />

patients souffrant d’une pathologie<br />

chronique et ce malgré les avancées<br />

pharmacologiques permettant d’amé-<br />

liorer les galéniques et <strong>de</strong> diminuer les<br />

effets indésirables <strong>de</strong>s traitements. De<br />

cette constatation est née l’hypothèse<br />

selon laquelle la seule façon d’améliorer<br />

ces résultats serait <strong>de</strong> travailler sur<br />

l’acceptation du traitement avec le<br />

patient. Le préambule étant, pas d’observance<br />

sans consentement et pas <strong>de</strong><br />

consentement sans une information,<br />

loyale, claire et appropriée, délivrée<br />

aux patients. C’est aux Etats-Unis que,<br />

sous la pression <strong>de</strong>s associations d’usagers,<br />

l’information est <strong>de</strong>venue une<br />

obligation réglementaire incluant l’accès<br />

direct au dossier médical. Ce droit à<br />

l’information s’est très vite diffusé dans<br />

les sociétés occi<strong>de</strong>ntales, ainsi en 1997,<br />

Rigo Van Meer estime qu’aux Pays-<br />

Bas, 80% <strong>de</strong>s patients schizophrènes<br />

connaissent leur diagnostic, sur leur<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong> dans 20% <strong>de</strong>s cas seulement<br />

(12). En France, la conférence <strong>de</strong><br />

consensus <strong>de</strong>s 13 et 14 janvier 1994<br />

sur les stratégies thérapeutiques à long<br />

terme dans les psychoses schizophréniques,<br />

conclut que les équipes soignantes<br />

doivent informer le patient et<br />

ses proches sur la maladie, ses symptômes,<br />

la valeur <strong>de</strong> leur réduction éventuellement<br />

incomplète ou les signes<br />

prémonitoires <strong>de</strong> rechute, le nom <strong>de</strong>s<br />

médicaments, l’effet thérapeutique<br />

attendu et les éventuels effets indésirables<br />

(Agence Nationale pour le Développement<br />

<strong>de</strong> l’Evaluation Médicale<br />

ANAES). Cette orientation a ensuite<br />

été confirmée par les recommandations<br />

<strong>de</strong> mars 2000 <strong>de</strong> l’Agence Natio-<br />

Les pédophiles : qu’en penser,<br />

qu’en dire, qu’en faire ?<br />

Chaque fois, les tableaux cliniques<br />

sont très différents.<br />

La pédophilie <strong>de</strong>s sujets névrosés s’accompagne<br />

d’un fort sentiment <strong>de</strong> culpabilité.<br />

Les mécanismes <strong>de</strong> refoulement<br />

parviennent parfois (souvent ?)<br />

à endiguer les passages à l’acte. Ils collectionnent<br />

les images pédophiles et<br />

c’est leur fréquentation <strong>de</strong> certains<br />

sites internet qui finit par les amener<br />

<strong>de</strong>vant la justice.<br />

Les sujets immatures sont souvent<br />

<strong>de</strong>s adolescents ou <strong>de</strong> jeunes adultes<br />

inhibés dans leur sexualité avec les<br />

partenaires <strong>de</strong> leur âge. Leurs passages<br />

à l’acte sont souvent qualifiés<br />

<strong>de</strong> pédophilie exploratrice. Les enfants<br />

leur apparaissent moins intimidants<br />

que ne le sont les femmes adultes.<br />

Les sujets pervers restent redoutables.<br />

Totalement étanches à tout sentiment<br />

<strong>de</strong> culpabilité, n’admettant d’autre loi<br />

que celle que dicte leur désir <strong>de</strong> jouissance,<br />

ils tissent un réseau relationnel<br />

marqué par la relation d’emprise<br />

ou le déni d’altérité. Pire, ils avancent<br />

souvent sous le masque d’une apparente<br />

normalité.<br />

Les sujets limites, quant à eux, voient<br />

leurs passages à l’acte facilités par les<br />

mécanismes <strong>de</strong> clivage qui les protègent<br />

<strong>de</strong> la culpabilité. Ils n’ont pas <strong>de</strong><br />

jouissance à la transgression, mais<br />

leurs instances surmoïques sont souvent<br />

défaillantes.<br />

Un tel catalogue souffre <strong>de</strong> son caractère<br />

schématique, voire caricatural.<br />

Il mérite amplement la critique, mais<br />

n’a d’autre but que <strong>de</strong> démontrer la<br />

diversité <strong>de</strong>s tableaux cliniques rencontrés<br />

et d’imposer l’idée que pour<br />

une telle diversité clinique, il n’existe<br />

pas <strong>de</strong> réponse univoque. D’autant<br />

que, on l’aura compris, le caractère<br />

dangereux et le potentiel <strong>de</strong><br />

récidive ne seront jamais les mêmes<br />

chez un sujet pédophile exclusif et<br />

pervers, et chez un névrosé surtout si<br />

son orientation pédophilique n’est<br />

pas exclusive.<br />

Quelques principes<br />

intangibles<br />

Quoi qu’il en soit <strong>de</strong>s indications pronostiques<br />

qui peuvent se dégager <strong>de</strong><br />

cette grille <strong>de</strong> lecture qui croise les<br />

troubles <strong>de</strong> l’orientation sexuelle et<br />

les troubles <strong>de</strong> la personnalité, dans<br />

tous les cas, l’orientation pédophilique,<br />

lorsqu’elle donne lieu à <strong>de</strong>s<br />

passages à l’acte délictueux ou criminels,<br />

doit faire l’objet d’une réponse<br />

pénale.<br />

Pas plus que toute autre orientation<br />

sexuelle, la pédophilie ne peut être<br />

assimilée à une maladie mentale. C’est<br />

dire qu’en aucune façon, elle ne peut<br />

donner lieu à <strong>de</strong>s soins sous contrainte<br />

ou à <strong>de</strong>s hospitalisations sans<br />

consentement dans le cadre <strong>de</strong> la loi<br />

du 27 juin 1990. Outre les problèmes<br />

éthiques qu’il importe <strong>de</strong> ne pas<br />

méconnaître, <strong>de</strong> tels soins sous<br />

contrainte courraient, avant tout, le<br />

risque d’être parfaitement inefficaces.<br />

Mais, on l’a vu, les passages à l’acte<br />

pédophilique sont sous-tendus par<br />

<strong>de</strong>s troubles <strong>de</strong> personnalité, qui pour<br />

certains, pourront bénéficier d’une<br />

prise en charge soignante. Les soins<br />

doivent alors s’articuler aux mesures<br />

pénales, durant la peine privative <strong>de</strong><br />

liberté et, au-<strong>de</strong>là, en ambulatoire.<br />

C’était toute la subtilité et les enjeux<br />

<strong>de</strong> la loi du 18 juin 1998.<br />

Cette articulation <strong>de</strong> la peine et du<br />

soin exige que les pratiques soignantes<br />

s’inscrivent dans un cadre rigoureux :<br />

- les indications <strong>de</strong> soins doivent être<br />

posées par les psychiatres, non par<br />

les magistrats ;<br />

- la confi<strong>de</strong>ntialité est le moteur essentiel<br />

<strong>de</strong>s soins. Sans respect du secret<br />

médical, aucune relation <strong>de</strong> soins ne<br />

pourra s’instaurer ;<br />

- ces soins doivent faire régulièrement<br />

l’objet d’évaluations externes (expertises,<br />

rapports <strong>de</strong>s mé<strong>de</strong>cins coordonnateurs)<br />

qui permettent <strong>de</strong> dissiper<br />

tout risque d’illusion <strong>de</strong> soins et <strong>de</strong><br />

renseigner le magistrat sur l’évolution<br />

du suivi ;<br />

- ces soins ne peuvent s’envisager sans<br />

la participation active du sujet. C’est<br />

dire combien <strong>de</strong>s soins sans consentement<br />

ou sous contrainte seraient<br />

illusoires ;<br />

- pour certains sujets, l’indication <strong>de</strong><br />

soins sera récusée par les experts, soit<br />

parce qu’ils nient les faits, soit parce<br />

que la dimension perverse <strong>de</strong> leur<br />

personnalité apparaît trop importante.<br />

Ceux-là relèvent alors <strong>de</strong>s seules<br />

nale d’Accréditation et d’Evaluation en<br />

Santé, relatives à l’information <strong>de</strong>s<br />

patients qui insiste sur la nécessité <strong>de</strong><br />

donner une information validée, hiérarchisée,<br />

intelligible, synthétique sur<br />

la pathologie les traitements et les effets<br />

secondaires y compris exceptionnels<br />

(syndromes malins, dyskinésies tardives).<br />

Plus récemment la loi du 4 mars<br />

2002 officialise l’accès du patient aux<br />

informations médicales le concernant<br />

(13). Cette évolution place les cliniciens<br />

face à la difficile problématique<br />

d’une information claire, loyale, appropriée<br />

et <strong>de</strong> la définition d’un consentement<br />

éclairé. En effet, la compréhension<br />

du patient varie en fonction<br />

<strong>de</strong> son niveau éducatif, <strong>de</strong> la gravité<br />

<strong>de</strong> sa pathologie mentale et peut donc<br />

évoluer au cours du temps. Ce problème<br />

est évoqué dans la conférence<br />

<strong>de</strong> consensus <strong>de</strong> janvier 1994 : « Bien<br />

que la fonction essentielle du mé<strong>de</strong>cin<br />

soit d’entendre et <strong>de</strong> comprendre son<br />

patient, il peut être amené à le<br />

contraindre, en particulier en lui imposant<br />

<strong>de</strong>s soins. Dans le cadre <strong>de</strong> la Loi du 27<br />

Juin 1990, l’hospitalisation sur <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />

d’un tiers et l’hospitalisation d’office<br />

sont prévues pour <strong>de</strong>s patients qui ne<br />

sont pas en mesure <strong>de</strong> consentir à l’hospitalisation<br />

et pour lesquels la prescription<br />

<strong>de</strong>s soins <strong>de</strong>vra être imposée (ce à quoi le<br />

praticien est par ailleurs tenu par déontologie).<br />

En fait le recours à ce cadre<br />

légal, qui concerne souvent <strong>de</strong>s schizophrènes,<br />

reste heureusement rare et ne<br />

justifie pas que l’impasse soit faite sur<br />

mesures pénales. Il en va <strong>de</strong> même <strong>de</strong><br />

ceux qui ne consentiraient pas aux<br />

soins qui leur sont proposés. Pour certains<br />

sujets, les murs <strong>de</strong> la prison<br />

seront longtemps nécessaires pour<br />

protéger la société.<br />

Les nouvelles orientations<br />

politiques<br />

Alors qu’au sein <strong>de</strong>s groupes <strong>de</strong> travail<br />

Santé-Justice réunis ces <strong>de</strong>rnières<br />

années, nous étions arrivés à un<br />

consensus entre les professionnels <strong>de</strong><br />

la justice et <strong>de</strong> la psychiatrie sur les<br />

principes énoncés plus haut, la récidive<br />

d’un sujet pédophile en fin <strong>de</strong><br />

peine est venue balayer les acquis.<br />

Le pouvoir politique annonce aujourd’hui<br />

la création d’hôpitaux fermés,<br />

baptisés Centres Sociaux Médico-Judiciaires<br />

<strong>de</strong> Sûreté. Ces centres seront<br />

susceptibles <strong>de</strong> recevoir sur le mo<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> l’internement (rétention <strong>de</strong> sûreté)<br />

<strong>de</strong>s sujets condamnés qui, après avoir<br />

purgé la totalité <strong>de</strong> leur peine, présentent<br />

toujours une particulière dangerosité<br />

attestée par une expertise<br />

médicale. Dans ces centres, selon le<br />

projet <strong>de</strong> loi, seront proposées, <strong>de</strong><br />

façon permanente, <strong>de</strong>s prises en charge<br />

médicale et sociale.<br />

On est ainsi passé rapi<strong>de</strong>ment, <strong>de</strong> l’articulation<br />

<strong>de</strong> la peine et du soin à<br />

l’instrumentalisation <strong>de</strong> la psychiatrie,<br />

convoquée ici comme seule discipline<br />

médicale susceptible d’instaurer <strong>de</strong>s<br />

soins sous contrainte et <strong>de</strong>s hospitalisations<br />

sans consentement.<br />

Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s mesures <strong>de</strong> soins, dans ce<br />

domaine où les connaissances sont<br />

balbutiantes, où le manque d’assise<br />

théorique limite les pratiques à un<br />

empirisme sans gran<strong>de</strong> fiabilité, il est<br />

à craindre que ce soient les possibilités<br />

d’enfermement sans délai qui<br />

soient visées par le pouvoir politique.<br />

Dans le pragmatisme ambiant, peu<br />

importent les mesures <strong>de</strong> soin, pourvu<br />

que l’agresseur soit enfermé à vie.<br />

Si c’était le cas, nous <strong>de</strong>vons affirmer<br />

clairement que nous n’accepterons<br />

pas que la psychiatrie soit instrumentalisée<br />

comme variable d’ajustement<br />

<strong>de</strong> la politique pénale, pour instaurer<br />

<strong>de</strong>s peines <strong>de</strong> perpétuité réelle. ■<br />

Gérard Dubret<br />

Psychiatre <strong>de</strong>s Hôpitaux, Expert près la Cour<br />

d’Appel <strong>de</strong> Versailles, C. H. René Dubos,<br />

Pontoise.<br />

une réflexion concernant les mécanismes<br />

psychiques en jeu dans l’information et le<br />

consentement ».<br />

Les laboratoires pharmaceutiques, en<br />

étroite collaboration avec les professionnels<br />

<strong>de</strong> la maladie mentale, ont<br />

très vite su <strong>de</strong>venir <strong>de</strong>s acteurs important<br />

dans le domaine <strong>de</strong> l’adhésion en<br />

développant <strong>de</strong>s ouvrages, programmes<br />

psycho-éducatifs <strong>de</strong>stinés aux patients<br />

psychotiques. Ces supports s’appuyant<br />

sur <strong>de</strong>s travaux tels que les modules<br />

<strong>de</strong> Liberman qui visent à ai<strong>de</strong>r les<br />

patients psychotiques chroniques et<br />

leur famille à retrouver une qualité <strong>de</strong><br />

vie optimale (14).<br />

Si cette évolution fondamentale dans la<br />

prise en charge <strong>de</strong> la pathologie mentale,<br />

soutenue par les associations <strong>de</strong><br />

patients, paraît évi<strong>de</strong>mment souhaitable<br />

puisque, valorisant une relation<br />

soignant-soigné égalitaire, plus soucieuse<br />

du respect <strong>de</strong> la liberté <strong>de</strong> l’individu,<br />

elle paraît plus inquiétante si on la resitue<br />

dans son contexte socio-politicoéconomique<br />

(3). Le patient tend aujourd’hui,<br />

dans le respect <strong>de</strong>s règles fixées<br />

par le libéralisme économique, à <strong>de</strong>venir<br />

un consommateur <strong>de</strong> soins. Le<br />

patient psychotique, nouveau consommateur<br />

<strong>de</strong> soins, éclairé par les programmes<br />

éducatifs négocie sa prise en<br />

charge avec les soignants, ce nouveau<br />

contrat introduit une responsabilisation<br />

du patient, « le patient doit s’autogouverner<br />

<strong>de</strong> par son adhésion » (3). Les<br />

laboratoires pharmaceutiques ont très<br />

vite adapté leur stratégie <strong>de</strong> communication<br />

institutionnelle et <strong>de</strong> leur marketing<br />

diffusant <strong>de</strong>s plans <strong>de</strong> traitement<br />

individuels, <strong>de</strong>s publications <strong>de</strong> vulgarisations<br />

scientifiques, <strong>de</strong> nombreux<br />

produits dérivés (piluliers, réveils et<br />

autres). J Palazzolo précise que la psychose<br />

n’est plus définie comme un obstacle<br />

à l’accès aux traitements mais<br />

comme une entité marketing. Ce système<br />

peut s’avérer pernicieux pour le<br />

patient pensant initialement être valorisé<br />

par cette nouvelle image endossée.<br />

S’il n’est pas observant, il <strong>de</strong>vient le<br />

seul fautif, consommateur incapable<br />

<strong>de</strong> se servir habilement <strong>de</strong> son pouvoir,<br />

mettant hors <strong>de</strong> cause le système<br />

<strong>de</strong> santé et les traitements eux-mêmes.<br />

Sans l’attention <strong>de</strong>s cliniciens la stratégie<br />

d’amélioration <strong>de</strong> l’adhésion risque<br />

d’être petit à petit déléguée par le système<br />

public au secteur privé, les clefs<br />

<strong>de</strong> la réussite thérapeutique étant présentées<br />

par les firmes pharmaceutiques<br />

sous la forme <strong>de</strong> nombreux modules<br />

éducationnels. Cette délégation s’annonce<br />

néfaste à long terme puisqu’elle<br />

risque d’une part <strong>de</strong> freiner une<br />

réflexion plus générale sur l’amélioration<br />

<strong>de</strong> l’observance au profit d’un seul<br />

axe <strong>de</strong> celle-ci : l’éducatif, se faisant<br />

notamment au détriment du travail<br />

relationnel entre le patient et ses soignants<br />

moteur d’une adhésion <strong>de</strong> qualité.<br />

D’autre part on est en droit <strong>de</strong> se<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>r si cette incursion du privé<br />

dans un domaine jusqu’ici sous la responsabilité<br />

du système public ne posera<br />

pas à l’avenir un problème d’accès<br />

aux soins pour les plus démunis. Plusieurs<br />

étu<strong>de</strong>s ont pourtant montré que<br />

plus que les croyances ou le mo<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

vie du mala<strong>de</strong> mental, ce sont les possibilités<br />

d’accès aux soins réguliers qui<br />

influencent l’adhésion (3). ■<br />

A. Merlot<br />

Service du Dr Vacheron – Centre Hospitalier<br />

Sainte-Anne – 1 rue Cabanis – 75014 Paris<br />

Bibliographie<br />

(1) DSM-IV,AMERICAN PSYCHIATRIC<br />

ASSOCIATION, in Diagnostic and statistical<br />

manual of mental disor<strong>de</strong>rs (4th ed).<br />

1995<br />

(2) WEIDEN P. et al., Cost of relapse in<br />

schizophrenia, Schizophrenia bulletin 1995,<br />

21, 419-29.<br />

(3) J. PALAZZOLO et al., L’observance<br />

médicamenteuse et psychiatrie, 2004, 23-<br />

28 et 37-48.<br />

(4) 0LIVIER-MARTIN, Exhaustion <strong>de</strong>pression,<br />

Encephale 1996, Spec n°7, 46-51.<br />

FMC ■ 5<br />

Le CMP unique<br />

ordonnateur <strong>de</strong>s soins<br />

Le CMP pivot du secteur<br />

Pluriels 2007 n°68<br />

La lettre <strong>de</strong> la MNASM<br />

Pierre Caillault tente <strong>de</strong> <strong>de</strong>gager, au<br />

travers <strong>de</strong>s multiples expériences <strong>de</strong><br />

CMP recensées par la Mission d’appui<br />

en santé mentale sur l’ensemble<br />

du territoire national, quelques principes<br />

généraux sur lesquels la créativité<br />

<strong>de</strong>s équipes pourrait s’appuyer<br />

pour développer <strong>de</strong>s outils adaptés<br />

aux territoires <strong>de</strong>sservis, intégrés dans<br />

le dispositif global <strong>de</strong> soins, respectant<br />

les particularités locales et répondant<br />

au mieux aux besoins <strong>de</strong>s<br />

populations. Alain Gouiffès décrit la<br />

mise en place d’un Centre d’accueil<br />

et <strong>de</strong> soins psychiatriques intersectoriel<br />

à Rouen. Laurent El Ghozi précise<br />

ce qu’atten<strong>de</strong>nt les élus d’un dispositif<br />

<strong>de</strong> santé mentale.<br />

Les allocataires <strong>de</strong>s minima<br />

sociaux : CMU, état <strong>de</strong> santé<br />

et recours aux soins<br />

Bénédicte Boisguérin<br />

Etu<strong>de</strong>s et résultats 2007 n°6<br />

Drees<br />

Une enquête a été effectuée par la<br />

DREES au <strong>de</strong>uxième trimestre 2006<br />

auprès <strong>de</strong> personnes allocataires <strong>de</strong><br />

minima sociaux (RMI, API et ASS) au<br />

31 décembre 2004. A la date <strong>de</strong> l’enquête,<br />

les allocataires toujours présents<br />

dans le dispositif bénéficient<br />

plus fréquemment <strong>de</strong> la couverture<br />

maladie universelle complémentaire<br />

(CMUC) que ceux qui en sont sortis.<br />

La majorité <strong>de</strong>s personnes n’ayant<br />

pas recours à la CMUC sont déjà couvertes<br />

par un organisme complémentaire<br />

ou bien ont <strong>de</strong>s revenus<br />

trop élevés. Par ailleurs, l’état <strong>de</strong> santé<br />

<strong>de</strong> ces allocataires est moins bon que<br />

celui <strong>de</strong> la population générale. De<br />

plus, les bénéficiaires <strong>de</strong>s minima sociaux<br />

ont plus dé problèmes <strong>de</strong> santé<br />

affectant leur travail que les personnes<br />

sorties <strong>de</strong> ces dispositifs. Près d’un<br />

tiers <strong>de</strong>s allocataires <strong>de</strong> l’API et du<br />

RMI et 45% <strong>de</strong>s allocataires <strong>de</strong> l’ASS<br />

disent avoir renoncé à au moins un<br />

soin pour <strong>de</strong>s raisons financières dans<br />

les douze <strong>de</strong>rniers mois, principalement<br />

<strong>de</strong>ntaire et d’optique.<br />

www. sante.gouv.fr/drees/in<strong>de</strong>x.htm<br />

Pour toute information : drees-infos@sante.gouv.fr<br />

(5) BLONDIAUX I., ALAGILLE M.,<br />

GINESTET D., L’adhésion au traitement neuroleptique<br />

chez les patients schizophrènes,<br />

Encéphale 1998, XIV, 431- 8.<br />

(6) TAZAROURTE M., CATTEAU J., FALL<br />

A., Le coût <strong>de</strong> l’inobservance aux psychotropes,<br />

Synapse 1999, 154, 27-30.<br />

(7) HODGINS S., Mental disor<strong>de</strong>r, intellectual<br />

<strong>de</strong>ficiency, and crime: evi<strong>de</strong>nce from a<br />

birth cohort, Arch. Gen. Psychiatry 1993,<br />

49, 476-483.<br />

(8) SWANSON J. W., HOLZER C. E.,<br />

GANJU V. K., JONO R. T., Violence and<br />

psychiatric disor<strong>de</strong>r in the community: evi<strong>de</strong>nce<br />

from the epi<strong>de</strong>miologic catchment areas<br />

surveys, Hosp. Community Psychiatry<br />

1990, 42, 7761-770.<br />

(9) TUNNICLIFFE S., HARRISON G.,<br />

STANDEN P.J., Factors affecting compliance<br />

with <strong>de</strong>pot injection treatment in the community,<br />

Soc Psychiatry Psychiatr Epi<strong>de</strong>miol<br />

1992, 27, 230-3.<br />

(10) TATTAN T.M., CREED F.H., Negative<br />

symptoms of schizophrénia and compliance<br />

with médication, Schizophr Bull 2001, 27,<br />

149-55.<br />

(11) MISDRAHI D., BAYLÉ F., Impact <strong>de</strong>s<br />

NAP sur l’observance, <strong>Nervure</strong> Tome XV-<br />

N°4, Mai 2002.<br />

(12) Document <strong>de</strong> consensus hollandais relatif<br />

aux conditions minimales du traitement<br />

<strong>de</strong> la schizophrénie (Schizofrenie Stichting<br />

Ne<strong>de</strong>rland), La Lettre <strong>de</strong> la Schizophrénie<br />

1997, 6, 17-20.<br />

(13) Loi du 4 mars 2002 relative aux droits<br />

du mala<strong>de</strong> et à la qualité du système <strong>de</strong> santé,<br />

loi n°2002-303, <strong>Journal</strong> Officiel.<br />

(14) LIBERMAN R.P., Réhabilitation psychiatrique<br />

<strong>de</strong>s mala<strong>de</strong>s mentaux chroniques,<br />

Masson 1991.

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