Novembre - Nervure Journal de Psychiatrie
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N°8 - TOME XX - NOVEMBRE 2007<br />
Communément ces termes, très usités,<br />
renvoient à l’évaluation, par un<br />
observateur, <strong>de</strong> la concordance entre le<br />
comportement d’un individu concernant<br />
la prise du traitement, l’hygiène<br />
<strong>de</strong> vie par exemple et les recommandations<br />
du mé<strong>de</strong>cin.<br />
Un patient observant ou compliant est<br />
un patient qui participe passivement à<br />
son traitement en se conformant à la<br />
parole médicale parfois au détriment <strong>de</strong><br />
ses propres convictions.<br />
La non-observance peut être <strong>de</strong> plusieurs<br />
types : absence <strong>de</strong> prise <strong>de</strong> médicamenteuse,<br />
prises injustifiées, erreur<br />
<strong>de</strong> posologie, prise <strong>de</strong> traitement non<br />
prescrit, erreur dans les horaires <strong>de</strong><br />
prise. Cette non-observance peut être<br />
intentionnelle ou non. Sur un plan<br />
purement quantitatif, il paraît difficile <strong>de</strong><br />
définir un patient observant ou nonobservant<br />
; les étu<strong>de</strong>s sont en désaccord,<br />
certaines proposent <strong>de</strong> définir un<br />
pourcentage, dose prise/dose théorique<br />
à prendre, spécifique d’une molécule,<br />
permettant l’évaluation <strong>de</strong> l’observance<br />
(Barbeau G. et al.).<br />
Plus récemment, le terme d’adhésion a<br />
pris une importance croissante dans le<br />
discours médical et en particulier psychiatrique.<br />
Ce terme met l’accent sur le<br />
rôle actif que prend le patient dans le<br />
choix <strong>de</strong> son traitement. Ce nouveau<br />
visage du patient suppose une interaction<br />
très forte entre celui-ci et les soignants<br />
afin <strong>de</strong> pouvoir intégrer une<br />
connaissance scientifique suffisante pour<br />
pouvoir prendre part à la décision thérapeutique,<br />
faisant <strong>de</strong> l’ordonnance le<br />
témoin d’une négociation. Le rapport<br />
<strong>de</strong> force <strong>de</strong>vrait donc cé<strong>de</strong>r place à<br />
une collaboration puisque l’adhésion<br />
suppose que le patient se conforme à<br />
la prescription médicale après avoir<br />
donné son accord seulement.<br />
Actuellement ce problème est omniprésent<br />
en mé<strong>de</strong>cine, tant en mé<strong>de</strong>cine<br />
somatique qu’en psychiatrie, en aigu<br />
et en chronique.<br />
Par exemple selon une récente étu<strong>de</strong><br />
réalisée par le laboratoire Pfizer (COM-<br />
PLy, J-C Péchère et al.), sur 4500 personnes<br />
(11 pays différents) 22% <strong>de</strong>s<br />
personnes interrogées affirment ne pas<br />
avoir observé à la lettre leur <strong>de</strong>rnier<br />
traitement antibiotique, la moitié a<br />
conservé le reste <strong>de</strong> leur traitement<br />
afin <strong>de</strong> le réutiliser ultérieurement. Pour<br />
les hypertendus, on retrouve <strong>de</strong>s taux<br />
<strong>de</strong> non-observance tournant autour <strong>de</strong><br />
60%.<br />
En psychiatrie, on observe selon les<br />
étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> 16 à 80% <strong>de</strong> non-observance.<br />
Chez les patients schizophrènes<br />
on retrouve environ 50% <strong>de</strong> nonobservants<br />
à un an <strong>de</strong> la sortie d’hospitalisation<br />
et 75% à 2ans (2). Parmi ces<br />
Les pédophiles : qu’en penser,<br />
qu’en dire, qu’en faire ?<br />
Et puis le soufflet retombe et le sujet<br />
n’intéresse plus grand mon<strong>de</strong>. C’est<br />
pourtant loin du tumulte qu’il faut<br />
penser ces questions douloureuses.<br />
Que sait-on aujourd’hui <strong>de</strong> la pédophilie,<br />
en particulier sur le plan psychopathologique<br />
?<br />
De façon provocatrice, on pourrait<br />
dire qu’on ne sait pas grand-chose, si<br />
ce n’est ce que les pédophiles veulent<br />
bien nous en dire.<br />
Ainsi, les connaissances sur le sujet<br />
restent toujours fragmentaires et empiriques.<br />
Mais, en cela, elles ne diffèrent<br />
en rien <strong>de</strong> l’histoire <strong>de</strong>s connaissances<br />
médicales en général. C’est<br />
seulement lorsque les mé<strong>de</strong>cins rencontrent<br />
<strong>de</strong>s patients et les troubles<br />
dont ils sont porteurs, qu’ils peuvent<br />
commencer à formuler <strong>de</strong>s hypothèses<br />
éthiopathogéniques, proposer<br />
<strong>de</strong>s schémas thérapeutiques et constituer<br />
un corpus théorique. Sans cette<br />
rencontre, aucune observation clinique<br />
n’est possible et toute élaboration<br />
théorique reste hasar<strong>de</strong>use.<br />
Or, les pédophiles ne consultent pas<br />
spontanément. Leurs rencontres avec<br />
les psychiatres ou les psychologues<br />
s’inscrivent, nécessairement, dans un<br />
contexte judiciaire. C’est la justice<br />
pénale qui va susciter, organiser et<br />
parfois imposer cette rencontre. C’est<br />
ainsi qu’une gran<strong>de</strong> part <strong>de</strong>s connaissances<br />
acquises sur ce sujet découle<br />
<strong>de</strong> l’application <strong>de</strong> la loi du 18 juin<br />
1998 qui permet d’articuler <strong>de</strong>s<br />
mesures <strong>de</strong> soins et <strong>de</strong>s mesures<br />
pénales.<br />
Le tout judiciaire<br />
Qu’a-t-on appris ? Les premiers enseignements<br />
ont permis <strong>de</strong> prendre <strong>de</strong>s<br />
distances vis-à-vis <strong>de</strong>s conceptions historiques<br />
et, en particulier, vis-à-vis du<br />
concept <strong>de</strong> pervers sexuel hérité <strong>de</strong><br />
Dupré et <strong>de</strong> Kraft-Ebing. Même si les<br />
élaborations théoriques freudiennes<br />
sur les perversions sexuelles ont été<br />
éclairantes, le terme <strong>de</strong> pervers sexuel<br />
induit la confusion entre les notions <strong>de</strong><br />
perversions et <strong>de</strong> perversité. Surtout,<br />
il sous-entend qu’il existe une intrication<br />
obligatoire entre l’orientation<br />
sexuelle d’un sujet et la structure <strong>de</strong> sa<br />
personnalité. Dès lors, toute personne<br />
dont l’orientation sexuelle s’écarterait<br />
d’une stricte hétéro-sexualité <strong>de</strong>vrait<br />
De l’observance<br />
présenter une personnalité structurée<br />
sur un mo<strong>de</strong> pervers.<br />
Il en découle une philosophie démissionnaire<br />
chez certains psychiatres<br />
persuadés que seule la justice pénale<br />
serait concernée par cette question<br />
et qui répètent ici ou là : « Tous les<br />
délinquants sexuels sont <strong>de</strong>s pervers. Il<br />
n’y a pas <strong>de</strong> traitement pour les pervers.<br />
C’est à la justice pénale <strong>de</strong> s’en<br />
débrouiller... ».<br />
Mais les élaborations théoriques ne<br />
peuvent précé<strong>de</strong>r l’observation clinique<br />
et l’observation clinique nous<br />
amène à distinguer clairement les<br />
troubles <strong>de</strong> l’orientation sexuelle et<br />
les troubles <strong>de</strong> la personnalité.<br />
Les troubles <strong>de</strong> l’orientation<br />
sexuelle<br />
L’orientation sexuelle <strong>de</strong> chaque sujet<br />
résulte <strong>de</strong> l’aboutissement, <strong>de</strong> l’achèvement<br />
<strong>de</strong>s conflits structurants et <strong>de</strong>s<br />
processus <strong>de</strong> maturation qui permettent<br />
à chacun d’accé<strong>de</strong>r à une sexualité<br />
adulte. Cette maturation ne va<br />
pas sans avatar, comme l’indique<br />
Freud <strong>de</strong> la façon la plus explicite :<br />
« L’intérêt sexuel exclusif <strong>de</strong> l’homme<br />
pour la femme n’est pas une chose qui<br />
va <strong>de</strong> soi (...) mais bien un problème<br />
qui mérite d’être éclairci ». Dans les<br />
« Trois Essais sur la théorie <strong>de</strong> la sexualité<br />
», il développe l’idée qu’au cours<br />
<strong>de</strong> ses premières années l’enfant tire<br />
<strong>de</strong>s différentes parties <strong>de</strong> son corps<br />
<strong>de</strong>s plaisirs qu’il organise dans une<br />
activité auto-érotique. Cette diversité<br />
<strong>de</strong>s zones érogènes qui se développe<br />
avant l’avènement <strong>de</strong>s fonctions<br />
génitales proprement dites, correspond<br />
à « la disposition perverse polymorphe<br />
».<br />
C’est le conflit œdipien et la menace<br />
<strong>de</strong> castration qui instituent le parent<br />
<strong>de</strong> l’autre sexe comme objet <strong>de</strong> désir,<br />
et le parent du même sexe comme<br />
objet d’i<strong>de</strong>ntification.<br />
L’accès à une sexualité adulte, après la<br />
phase <strong>de</strong> latence et les investissements<br />
intellectuels qui permettent la sublimation,<br />
nécessite une résolution harmonieuse<br />
<strong>de</strong> ces conflits fondamentaux,<br />
faute <strong>de</strong> quoi les perversions<br />
sexuelles <strong>de</strong> l’adulte viennent signer la<br />
persistance ou la réapparition d’une<br />
composante partielle <strong>de</strong> la sexualité. Il<br />
ne s’agit donc pas d’une déviation par<br />
patients, 71% n’observent que partiellement<br />
la prescription, , 33% ne respectent<br />
pas la durée du traitement et<br />
16% n’achètent pas les médicaments<br />
(Zagury 98) (3). Pour les traitements<br />
antidépresseurs, on retrouve 30 à 70%<br />
<strong>de</strong> non-observance, 20 à 40% dans le<br />
cas <strong>de</strong> la lithiothérapie (4). Il existe toutefois<br />
une très gran<strong>de</strong> disparité <strong>de</strong>s<br />
résultats selon les étu<strong>de</strong>s en partie expliquée<br />
par la gran<strong>de</strong> difficulté <strong>de</strong> l’évaluation<br />
<strong>de</strong> l’observance liée à <strong>de</strong><br />
gran<strong>de</strong>s disparités méthodologiques<br />
(questionnaires, dosages <strong>de</strong>s concentrations<br />
sanguines <strong>de</strong>s médicaments) (5),<br />
ce problème étant également présent<br />
dans la pratique clinique.<br />
La question <strong>de</strong> l’observance thérapeutique<br />
est incontournable pour les praticiens<br />
et en particulier pour ceux travaillant<br />
avec les pathologies chroniques.<br />
En effet, les étu<strong>de</strong>s s’accor<strong>de</strong>nt sur le<br />
fait que l’observance décroît avec la<br />
durée <strong>de</strong> l’affection (Reynaud et Malarewicz,<br />
1996) (2). Ce problème est majoré<br />
chez les patients souffrant <strong>de</strong> pathologies<br />
difficiles à percevoir par le mala<strong>de</strong><br />
lui-même. C’est le cas <strong>de</strong>s pathologies<br />
somatiques telles que l’hypertension<br />
artérielle ou le diabète qui, en <strong>de</strong>hors<br />
<strong>de</strong>s décompensations aiguës, ne pré-<br />
rapport à un instinct primitivement<br />
normal, mais <strong>de</strong> la persistance ou la<br />
réapparition d’une pratique du plaisir<br />
acquise dans les premiers sta<strong>de</strong>s<br />
du développement.<br />
Si l’orientation hétérosexuelle représente,<br />
à la fois, la norme dans le<br />
consensus social et l’orientation majoritaire<br />
sur le plan statistique, d’autres<br />
choix d’objet sexuel sont connus<br />
<strong>de</strong>puis toujours. Parmi eux, dans la<br />
secon<strong>de</strong> moitié du XX e siècle, l’orientation<br />
homosexuelle s’est clairement<br />
dégagée <strong>de</strong> toute notion <strong>de</strong> pathologie.L’orientation<br />
pédophilique, quant<br />
à elle, n’a pas <strong>de</strong> statut clair au regard<br />
<strong>de</strong> la pathologie. Pas plus que l’homosexualité,<br />
elle ne peut être assimilée<br />
à une maladie mentale. On mesure<br />
rapi<strong>de</strong>ment combien cette assimilation<br />
serait confusionnante.<br />
Comme l’orientation homosexuelle<br />
ou hétérosexuelle, l’orientation pédophilique<br />
peut ou non être exclusive.<br />
Chez les sujets non exclusifs, malgré<br />
une orientation prépondérante,<br />
d’autres émotions érotiques, voire<br />
d’autres expériences sont possibles,<br />
<strong>de</strong> façon plus ou moins durable.<br />
Sur le plan pénal, c’est la mise en acte<br />
<strong>de</strong> la pédophilie qui est condamnée,<br />
au regard du retentissement catastrophique<br />
subi par les enfants victimes.<br />
L’orientation pédophilique elle-même,<br />
si elle ne donne lieu à aucun passage<br />
à l’acte, n’entre pas dans le champ<br />
pénal. Elle reste une contrainte psychopathologique<br />
qui s’impose au sujet.<br />
Comme tout sujet, le sujet pédophile<br />
doit adapter ses comportements : passage<br />
à l’acte ou acceptation <strong>de</strong> la frustration.<br />
Cette frustration sera moins<br />
difficile lorsque la pédophilie n’est pas<br />
exclusive, mais la tolérance ou l’intolérance<br />
à la frustration introduit un<br />
<strong>de</strong>uxième éclairage, celui <strong>de</strong>s troubles<br />
<strong>de</strong> la personnalité.<br />
Les troubles <strong>de</strong> la<br />
personnalité<br />
Comme pour les sujets homosexuels<br />
ou hétérosexuels, la personnalité <strong>de</strong>s<br />
sujets pédophiles peut être structurée<br />
sur un mo<strong>de</strong> névrotique ou pervers<br />
(voire sur un mo<strong>de</strong> psychotique). Pour<br />
bon nombre <strong>de</strong> sujets, la structure <strong>de</strong><br />
personnalité, mal affirmée, laisse la<br />
place à une immaturité affective plus<br />
ou moins accompagnée d’aménagements<br />
pervers. Pour d’autres, encore,<br />
les mécanismes <strong>de</strong> défense observés<br />
font évoquer un état-limite.<br />
(suite page 5 )<br />
sentent <strong>de</strong>s manifestations cliniques<br />
visibles qu’à un sta<strong>de</strong> très évolué. C’est<br />
bien entendu également le cas <strong>de</strong> la<br />
psychose, aiguë mais également chronique<br />
dont, le déni, les troubles <strong>de</strong> la<br />
pensée, <strong>de</strong> la perception <strong>de</strong> la réalité et<br />
du jugement sont <strong>de</strong>s éléments constitutifs.<br />
La non-observance dans le cas <strong>de</strong>s<br />
pathologies somatiques telles l’hypertension<br />
artérielle (HTA) ou le diabète<br />
est à l’origine d’une importante surmortalité<br />
du patient non-compliant en<br />
particulier pour cet exemple précis par<br />
complications cardio-vasculaires (coronaropathies,<br />
AVC etc…). Il existe pour<br />
la société un surcoût important lié à<br />
l’augmentation du nombre <strong>de</strong> jours<br />
d’hospitalisation liés aux décompensations<br />
et complications intercurrentes.<br />
Dans le domaine <strong>de</strong> la santé mentale,<br />
la non-observance est à l’origine <strong>de</strong><br />
conséquences dommageables pour l’individu<br />
lui-même mais également pour<br />
son entourage et pour la société tout<br />
entière. Sur le plan individuel, l’arrêt<br />
<strong>de</strong>s traitements est à l’origine d’une<br />
augmentation <strong>de</strong>s rechutes que ce soit<br />
dans le cas <strong>de</strong>s troubles bipolaires ou<br />
<strong>de</strong>s psychoses chroniques. Pour la schizophrénie,<br />
40% <strong>de</strong>s rechutes survenant<br />
un an après une première hospitalisation<br />
sont liées à une mauvaise<br />
observance du traitement (2). La noncompliance<br />
entraîne une altération <strong>de</strong><br />
la qualité <strong>de</strong> vie du patient liée, à une<br />
recru<strong>de</strong>scence <strong>de</strong>s symptômes pouvant<br />
même menacer le pronostic vital<br />
<strong>de</strong>s patients (passage à l’acte auto-agressif),<br />
et aux répercussions sociales et<br />
familiales <strong>de</strong> ces rechutes (perte d’emploi,<br />
conflits familiaux…). Les rechutes<br />
sont également sources d’un accroissement<br />
<strong>de</strong>s dépenses <strong>de</strong> santé, en effet<br />
selon la même étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> Wei<strong>de</strong>n et<br />
Olfson, 40% du coût hospitalier direct<br />
est attribuable aux rechutes par défaut<br />
d’observance. Le surcoût induit par l’inobservance<br />
totale constitue 7% du coût<br />
total lié au nombre <strong>de</strong> jours d’hospitalisation<br />
pendant une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> 12<br />
mois (6). Il existe un risque plus spécifique<br />
à la non-observance <strong>de</strong>s traitements<br />
psychiatriques : le risque <strong>de</strong> passage<br />
à l’acte dans un contexte<br />
d’acutisation symptomatique. En effet,<br />
les facteurs <strong>de</strong> risque <strong>de</strong> passage à l’acte<br />
i<strong>de</strong>ntifiés par les cliniciens sont : la<br />
rupture <strong>de</strong> traitement, la consommation<br />
<strong>de</strong> toxiques et la désocialisation<br />
(7, 8). Ce risque pour la société a<br />
contribué à modifier l’attitu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s pouvoirs<br />
publics (loi du 30 juin 1838 modifiée<br />
par la loi du 27 juin 1990 relatives<br />
aux hospitalisations sans<br />
consentement) et l’attention particulière<br />
<strong>de</strong>s praticiens vis-à-vis <strong>de</strong> l’observance<br />
<strong>de</strong>s patients souffrant <strong>de</strong> troubles<br />
mentaux.<br />
Ces ainsi que pour <strong>de</strong>s raisons à la fois,<br />
sanitaires, sociales et éthiques les psychiatres<br />
sont amenés à travailler sur<br />
l’évaluation <strong>de</strong> l’observance médicamenteuse<br />
et sur son amélioration. Initialement,<br />
l’évaluation <strong>de</strong> l’observance<br />
était essentiellement basée sur les signes<br />
d’imprégnation médicamenteuse. Pour<br />
les premiers neuroleptiques utilisés dans<br />
les années 50, un patient observant<br />
était un patient présentant les effets<br />
secondaires extrapyramidaux et anticholinergiques<br />
(rigidité extra-pyramidale,<br />
hypo ou hypersialie…). Les effets<br />
secondaires étaient indissociables <strong>de</strong>s<br />
effets bénéfiques. L’apparition <strong>de</strong>s neuroleptiques<br />
à action prolongée (Haldopéridol<br />
Décanoas, Zuclopenthixol<br />
AP, Flupenthixol AP, Pipotiazine L4,<br />
Fluphénazine <strong>de</strong>canoas) marque un<br />
tournant dans la prescription médicamenteuse.<br />
L’assurance <strong>de</strong> la prise du<br />
traitement lors <strong>de</strong> chaque injection réalisée<br />
par un soignant et les effets secondaires<br />
théoriquement minorés soutiennent<br />
l’hypothèse d’une meilleure<br />
observance <strong>de</strong> ces traitements. Mais<br />
cette hypothèse se révèle au moins<br />
partiellement inexacte. En effet, différentes<br />
étu<strong>de</strong>s montrent que le problème<br />
<strong>de</strong> l’observance reste entier avec<br />
les neuroleptiques à action prolongée.<br />
<br />
LIVRES<br />
FMC ■ 3<br />
Fragments psychologiques<br />
sur la folie<br />
La naissance <strong>de</strong> la psychose<br />
François Leuret<br />
Préface <strong>de</strong> Pierre Morel<br />
Avant-propos <strong>de</strong> David F. Allen<br />
Postface <strong>de</strong> Thierry Tremine<br />
Editions Frison-Roche, 44 €<br />
François Leuret (1797-1851) a suivi<br />
l’enseignement d’Esquirol à la Salpêtrière<br />
et est <strong>de</strong>venu externe chez<br />
Royer-Collard à Charenton. Il a soutenu<br />
sa thèse en 1826 ; dix ans plus<br />
tard il est déjà mé<strong>de</strong>cin chef à Bicêtre.<br />
F. Leuret a été préoccupé par le paupérisme,<br />
mais il est aussi le véritable<br />
théoricien <strong>de</strong> la dissociation psychotique.<br />
Les Fragments psychologiques<br />
sur la folie constituent la naissance<br />
même d’une véritable psychopathologie<br />
<strong>de</strong>s psychoses. Leuret abandonne<br />
les monomanies et réorganise<br />
la clinique <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> folie autour<br />
<strong>de</strong> <strong>de</strong>ux pôles.<br />
La folie qui paraît vraisemblable, bien<br />
organisée, sans trouble du langage,<br />
est représentée par les « Arrangeurs ».<br />
On pourrait presque y croire car les<br />
patients font montre <strong>de</strong> conviction<br />
et <strong>de</strong> logique. C’est l’ancêtre du « délire<br />
d’interprétation », la base <strong>de</strong> la paranoïa.<br />
En face du tableau clinique<br />
<strong>de</strong>s arrangeurs, on trouve la pauvreté<br />
sémantique <strong>de</strong>s « Incohérents » ; langage<br />
en ruine, jeu <strong>de</strong> sonorités,<br />
sala<strong>de</strong> <strong>de</strong> mots, jargonophasie et barrages.<br />
On y reconnaît le délire paranoï<strong>de</strong>,<br />
pauvre et mai systématisé...<br />
Bien avant Bleuler, Leuret théorise le<br />
« manque <strong>de</strong> force » dans les associations<br />
à l’œuvre dans l’incohérence<br />
paranoï<strong>de</strong>.<br />
L’intégration<br />
professionnelle <strong>de</strong>s<br />
personnes handicapées<br />
Le travail en milieu ordinaire<br />
Dossier Professionnel Documentaire<br />
2007 n°5<br />
Diffusion CTNERHI, 15,50 €<br />
L’intégration professionnelle <strong>de</strong>s personnes<br />
handicapées en milieu ordinaire<br />
est organisée par la loi pour<br />
l’égalité <strong>de</strong>s droits et <strong>de</strong>s chances, la<br />
participation et la citoyenneté <strong>de</strong>s<br />
personnes handicapées qui réaffirme<br />
le principe <strong>de</strong> non discrimination en<br />
raison du handicap dans le cadre professionnel<br />
et impose aux employeurs<br />
<strong>de</strong> prendre les mesures appropriées<br />
pour permettre aux travailleurs handicapés,<br />
bénéficiaires <strong>de</strong> l’obligation<br />
d’emploi, d’accé<strong>de</strong>r ou <strong>de</strong> conserver<br />
un emploi correspondant à leur qualification.<br />
L’obligation d’emploi reste<br />
fixée à 6% dans les entreprises <strong>de</strong><br />
20 salariés et plus, publiques et privées,<br />
et le champ <strong>de</strong>s bénéficiaires<br />
est étendu aux titulaires d’une carte<br />
d’invalidité et <strong>de</strong> l’allocation aux<br />
adultes handicapés. Ce dossier fait le<br />
point sur l’application <strong>de</strong> la loi à l’ai<strong>de</strong><br />
d’articles <strong>de</strong> fond, d’extraits <strong>de</strong> rapports<br />
pour approfondir les problématiques<br />
soulevées et présente la situation<br />
<strong>de</strong> l’emploi <strong>de</strong>s travailleurs<br />
handicapés en intégrant l’ensemble<br />
<strong>de</strong>s textes, décrets et arrêtés, publiés<br />
au cours <strong>de</strong> l’année 2006. Il se compose<br />
<strong>de</strong> trois parties. La première examine<br />
l’emploi dans le secteur privé<br />
(en y incluant les entreprises adaptées<br />
et les centres <strong>de</strong> distribution <strong>de</strong><br />
travail à domicile, et dans les trois<br />
fonctions publiques selon les données<br />
administratives disponibles. La<br />
secon<strong>de</strong> expose les pratiques, <strong>de</strong>s représentations<br />
<strong>de</strong>s employeurs et renseigne<br />
sur les points <strong>de</strong> vue <strong>de</strong>s travailleurs<br />
handicapés vis-à-vis <strong>de</strong><br />
l’emploi. Enfin, la troisième partie propose<br />
une bibliographie sur l’intégration<br />
professionnelle par type <strong>de</strong> handicap.<br />
La reproduction intégrale du<br />
Chapitre II sur l’emploi <strong>de</strong> la loi handicap<br />
et ses décrets d’application ainsi<br />
que <strong>de</strong>s références statistiques sont<br />
proposés en annexes.