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L'Initiative Privée comme Moteur de Développement au Bénin ...

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MEMOIRE<br />

P r é s e n t é e n v u e d e l ' o b t e n t i o n d u M a s t e r e n I n g é n i e u r d e<br />

g e s t i o n , f i n a l i t é s p é c i a l i s é e<br />

L’Initiative <strong>Privée</strong> <strong>comme</strong> <strong>Moteur</strong> <strong>de</strong> <strong>Développement</strong> <strong>au</strong><br />

<strong>Bénin</strong> : Analyse et Perspectives<br />

Florie Brisbois<br />

Directeur: Professeur Christian Platte<strong>au</strong><br />

Commissaire: Professeur Ali Bayar<br />

Année académique 2011 - 2012<br />

Année académique 2011 - 2012


« L’Afrique a une histoire. L’Afrique, berce<strong>au</strong> <strong>de</strong> l’humanité, a enfanté l’histoire. Malgré <strong>de</strong>s<br />

obstacles géants, <strong>de</strong>s épreuves majeures et <strong>de</strong>s erreurs tragiques, l’Afrique a illustré notre<br />

aptitu<strong>de</strong> <strong>au</strong> changement et <strong>au</strong> progrès : notre historicité. Mais celle-ci doit, par la conscience<br />

historique, gouverner les trois moments du temps : le passé, le présent et la projection vers<br />

l’avenir… C’est pourquoi chaque africaine, chaque africain doit être, ici et maintenant, une<br />

valeur ajoutée.»<br />

KI-ZERBO Joseph (2007), Message à la jeunesse, Livre<br />

posthume « REPERES POUR L’AFRIQUE », Panafrika<br />

- Silex - Nouvelles du Sud<br />

2


Remerciements<br />

Avant tout, je tiens à remercier un certain nombre <strong>de</strong> personnes qui m’ont aidé dans la<br />

réalisation <strong>de</strong> ce mémoire.<br />

Premièrement, mon directeur <strong>de</strong> mémoire, M. Christian Platte<strong>au</strong> pour son ai<strong>de</strong>, sa<br />

disponibilité et ses propos rassurants lors <strong>de</strong> mes moments <strong>de</strong> doute ainsi que pour les propos<br />

passionnants qu’il m’a permis <strong>de</strong> recueillir en m’introduisant <strong>au</strong>près <strong>de</strong> ses connaissances. Je<br />

remercie également M. Ali Bayar pour avoir accepté d’être commissaire <strong>de</strong> cette recherche.<br />

Je tiens <strong>au</strong>ssi à remercier Mr Yves Mathieu pour son soutien tout <strong>au</strong> long <strong>de</strong> mon travail et ses<br />

conseils avisés. Il m’a permis à plusieurs reprises <strong>de</strong> ne pas m’égarer et <strong>de</strong> trouver le courage<br />

et la force <strong>de</strong> m’impliquer toujours plus.<br />

Je remercie Mike Herrington, directeur exécutif du GEM consortium <strong>de</strong> m’avoir <strong>au</strong>torisée à<br />

utiliser les questions du National Expert Survey pour ma collecte <strong>de</strong> données et mon analyse.<br />

Ensuite, je tiens à remercier toutes les personnes qui m’ont accordé <strong>de</strong> leur temps et m’ont<br />

éclairée lors <strong>de</strong> mes entretiens en Belgique, en France et <strong>au</strong> <strong>Bénin</strong>. Elles m’ont offert <strong>de</strong> belles<br />

rencontres humaines et furent une source d’informations et d’inspiration importante.<br />

Plus particulièrement, je voudrais remercier tous les membres <strong>de</strong> l’ONG Songhaï pour leur<br />

accueil chaleureux et l’ai<strong>de</strong> qu’ils m’ont apportée. Songhaï est un endroit que je n’oublierai<br />

jamais, un modèle tant pour l’Afrique que pour le mon<strong>de</strong> entier.<br />

Je tiens également à remercier tout particulièrement M. Miskine Oumar Izzo pour son ai<strong>de</strong><br />

lors <strong>de</strong> l’organisation <strong>de</strong> mon séjour <strong>au</strong> <strong>Bénin</strong> ainsi que pour le temps qu’il m’a accordé sur<br />

place et les personnes qu’il m’a permis <strong>de</strong> rencontrer.<br />

Je remercie du fond du cœur Mme Sempoux pour les contacts qu’elle m’a donnés, l’interview<br />

qu’elle m’a accordée et le temps qu’elle a consacré à la relecture <strong>de</strong> mon mémoire.<br />

Sans malheureusement pouvoir toutes les citer, je remercie les <strong>au</strong>tres personnes qui ont<br />

répondu à mes questions. Chaque interview m’a apporté une partie <strong>de</strong> la substance qui permet<br />

<strong>au</strong>jourd’hui à ce mémoire d’exister. Le temps qui m’a été accordé est précieux et ma<br />

reconnaissance est sans limite.<br />

Enfin, je tiens à remercier ma famille pour son soutien tout <strong>au</strong> long <strong>de</strong> ces mois <strong>de</strong> recherche<br />

et d’écriture. Merci <strong>de</strong> m’avoir permis <strong>de</strong> repartir d’un bon pied lors <strong>de</strong> mes moments <strong>de</strong><br />

doute et d’avoir consacré du temps à la relecture <strong>de</strong> mon mémoire.<br />

3


Aperçu<br />

La <strong>de</strong>rnière décennie a été caractérisée par une croissance robuste en Afrique. Cette<br />

croissance est, selon <strong>de</strong> nombreux experts, amenée à perdurer pour les 50 prochaines années<br />

si l’Afrique sait tirer avantage <strong>de</strong>s tendances démographiques, macro-économiques et<br />

structurelles qui jouent en sa faveur. Il s’agit notamment <strong>de</strong> la croissance <strong>de</strong> la population<br />

active, l’urbanisation, la mo<strong>de</strong>rnisation agricole et l’émergence d’une classe moyenne.<br />

Au <strong>Bénin</strong>, pays étudié dans le cadre <strong>de</strong> ce travail, les mêmes tendances sont observées, bien<br />

qu’on puisse se rendre compte que <strong>de</strong>rrière chaque opportunité, se cache également<br />

d’énormes risques. Un <strong>de</strong>s risques rési<strong>de</strong> par exemple dans la croissance démographique,<br />

2,91% 1 en 2011, qui est supérieure <strong>au</strong> t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> croissance économique (t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> croissance du<br />

PIB <strong>de</strong> 2,5%) 2 . Actuellement, cette situation mène à <strong>de</strong>s t<strong>au</strong>x élevés <strong>de</strong> chômage et surtout <strong>de</strong><br />

sous-emploi, qui atteint 70% 3 en 2011. L’urbanisation croissante, qui peut être un moteur<br />

important <strong>de</strong> la mo<strong>de</strong>rnisation <strong>de</strong> l’agriculture et <strong>de</strong> création <strong>de</strong> richesse, peut également<br />

mener à la p<strong>au</strong>périsation <strong>de</strong>s zones urbaines et à la naissance <strong>de</strong> bidonvilles. La prise <strong>de</strong><br />

conscience <strong>de</strong>s risques existant <strong>de</strong>rrière ces opportunités est un premier pas pour arriver à<br />

orienter les politiques <strong>de</strong> développement nationales dans la bonne direction.<br />

La plupart <strong>de</strong>s ouvrages et rapports sur le développement se focalisent sur l’efficacité <strong>de</strong><br />

l’ai<strong>de</strong> et l’analyse <strong>de</strong>s barrières <strong>au</strong> développement, sans réellement accor<strong>de</strong>r d’attention <strong>au</strong><br />

potentiel <strong>de</strong> l’initiative privée. Dans cette étu<strong>de</strong>, l’ambition est d’analyser <strong>comme</strong>nt<br />

l’initiative privée permettra <strong>de</strong> saisir les opportunités nouvelles <strong>au</strong> <strong>Bénin</strong> pour accélérer le<br />

développement socio-économique du pays. L’idée est que l’intensification <strong>de</strong>s efforts <strong>de</strong><br />

facilitation <strong>de</strong> l’initiative privée la mènera à jouer un rôle primordial dans le développement<br />

du pays. La question <strong>de</strong> recherche principale qui en découle est « Comment favoriser<br />

l’émergence d’initiatives privées entrepreneuriales <strong>au</strong> <strong>Bénin</strong>, qu’elles soient économiques,<br />

sociales ou culturelles ? ». Pour répondre à cette question, la situation actuelle du <strong>Bénin</strong> dans<br />

le cadre <strong>de</strong> l’initiative privée est d’abord étudiée. Une carte d’i<strong>de</strong>ntité du secteur <strong>de</strong>s Micros,<br />

Petites et Moyennes Entreprises (MPME) <strong>au</strong> <strong>Bénin</strong> est dressée, ainsi qu’une liste <strong>de</strong>s moteurs<br />

et barrières principales <strong>au</strong>xquelles elles sont confrontées. L’intérêt <strong>de</strong> cette étu<strong>de</strong> rési<strong>de</strong><br />

également dans les recommandations finales fournies pour améliorer l’environnement <strong>de</strong><br />

l’initiative privée et lui permettre <strong>de</strong> jouer pleinement son rôle <strong>de</strong> moteur du développement.<br />

De cette question <strong>de</strong> recherche principale découlent <strong>de</strong>ux sous-questions qui sont « Quel<br />

pourrait être l’impact <strong>de</strong> l’initiative privée sur le développement du pays ? » et « Quel serait<br />

son impact sur les populations ? ». La volonté récente du gouvernement béninois <strong>de</strong> favoriser<br />

1 Sur le site : http://www.in<strong>de</strong>xmundi.com/fr/benin/population_profil.html, consulté le 04 avril 2012.<br />

2 African Economic Outlook, sur le site <strong>de</strong> l’African Economic Outlook, consulté le 2 mai 2012.<br />

http://www.africaneconomicoutlook.org/fr/countries/west-africa/benin/<br />

3 Ministère Chargé <strong>de</strong> la Microfinance, <strong>de</strong> l’Emploi <strong>de</strong>s Jeunes et <strong>de</strong>s Femmes (2011), Plan national d’actions pour l’emploi<br />

2012-2016(PNAE)<br />

4


l’initiative privée tant <strong>comme</strong> moteur <strong>de</strong> développement que <strong>comme</strong> outil <strong>de</strong>s stratégies <strong>de</strong><br />

réduction <strong>de</strong> la p<strong>au</strong>vreté ont démontré que ces questions étaient judicieuses, bien que<br />

difficilement quantifiables. Des efforts réels sont <strong>de</strong>puis quelques années mis en œuvre pour<br />

favoriser l’environnement <strong>de</strong> l’initiative privée, même si la partie « analyse » <strong>de</strong> ce document<br />

permet <strong>de</strong> se rendre compte qu’il reste be<strong>au</strong>coup à faire pour le rendre réellement adapté.<br />

Les hypothèses <strong>de</strong> base <strong>de</strong> cette étu<strong>de</strong> sont les suivantes :<br />

Les barrières principales à l’initiative privée sont le manque d’infrastructures, la<br />

réglementation non adaptée, la lour<strong>de</strong>ur <strong>de</strong>s procédures, le manque d’accès <strong>au</strong><br />

financement, la formation inadaptée, le manque <strong>de</strong> sécurité juridique, le manque <strong>de</strong><br />

transparence et <strong>de</strong> stabilité politique et le manque <strong>de</strong> soutien <strong>au</strong>x entrepreneurs.<br />

Les moteurs princip<strong>au</strong>x sont le microcrédit, les structures <strong>de</strong> type associatives ou<br />

commun<strong>au</strong>taires, certains organes d’ai<strong>de</strong> à l’initiative privée et la nécessité<br />

d’entreprendre pour pouvoir travailler.<br />

L’initiative privée est un moteur <strong>de</strong> développement.<br />

L’initiative privée a un rôle important à jouer dans la réduction <strong>de</strong> la p<strong>au</strong>vreté.<br />

Certaines catégories <strong>de</strong> la population <strong>comme</strong> les jeunes, les femmes ou encore les<br />

populations rurales font face à <strong>de</strong>s barrières supplémentaires.<br />

Pour tenter <strong>de</strong> vérifier ou d’infirmer ces hypothèses et pour répondre à la question <strong>de</strong><br />

recherche principale, <strong>de</strong>s entretiens semi-directifs et <strong>de</strong>s entretiens basés sur le National<br />

Expert Survey (NES) développé par le Global Entrepreneurship Monitor (GEM) ont été<br />

réalisés. Au total, une trentaine d’interviews d’experts ont été réalisées et, parmi celles-ci, 16<br />

ont été basées sur le questionnaire du GEM. L’utilisation <strong>de</strong> ce questionnaire est l’un <strong>de</strong>s<br />

avantages <strong>de</strong> cette étu<strong>de</strong> car, cela rend possible une analyse systématique et quantitative.<br />

Cependant, le complémenter avec <strong>de</strong>s entretiens semi-directifs permettait <strong>de</strong> surmonter son<br />

principal désavantage, selon la littérature, qui est le manque d’intérêt porté à l’information <strong>de</strong><br />

type qualitative.<br />

Dans la partie « analyse », les résultats <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> sont détaillés. Premièrement, on remarque<br />

que les entreprises béninoises sont pour la plupart <strong>de</strong> petite taille. Leur capital social est<br />

faible, n’atteignant pas même un million <strong>de</strong> FCFA pour 90% d’entre elles (RGE, 2008). De<br />

plus, 97,3% d’entre elles sont constituées sous la forme <strong>de</strong> sociétés individuelles. De ce fait,<br />

la majorité d’entre-elles n’a <strong>au</strong>cun employé permanent. En effet, moins <strong>de</strong> 10% <strong>de</strong>s<br />

établissements ont un employé permanent (RGE, 2008). Elles sont actives dans le secteur<br />

informel (98%) ce qui explique en partie leur faible développement et sont, pour plus <strong>de</strong> 90%<br />

d’entre elles, <strong>comme</strong>rciales ou artisanales ce qui met l’accent sur le manque <strong>de</strong> diversification<br />

<strong>de</strong> l’économie béninoise. Par exemple, en 2011, seuls 0,2% <strong>de</strong>s établissements béninois sont<br />

<strong>de</strong>s établissements <strong>de</strong> transformation industrielle (RGE, 2011). Cette faiblesse <strong>de</strong> l’industrie<br />

5


est l’une <strong>de</strong>s caractéristiques pénalisantes <strong>de</strong> l’économie béninoise qui maintient sa position<br />

<strong>de</strong> dépendance vis-à-vis <strong>de</strong> l’extérieur. Cela l’empêche également <strong>de</strong> créer <strong>de</strong>s emplois car les<br />

secteurs peu développés <strong>comme</strong> les transports ou l’industrie sont les plus formalisés et ceux<br />

qui créent le plus d’emplois. Enfin, en 2011, les MPME représentent 45,5% du PIB national<br />

(RGE, 2011). Ce sont donc <strong>de</strong>s acteurs économiques importants, dont le rôle pourrait être<br />

amplifié si l’environnement était rendu plus favorable à l’initiative privée. Différents thèmes<br />

impactant l’environnement <strong>de</strong> l’initiative privée sont étudiés, il s’agit du financement, <strong>de</strong>s<br />

réglementations gouvernementales, <strong>de</strong>s programmes gouvernement<strong>au</strong>x, <strong>de</strong> l’éducation et la<br />

formation, <strong>de</strong>s transferts <strong>de</strong> R&D <strong>de</strong> la recherche <strong>au</strong>x entreprises, <strong>de</strong>s infrastructures<br />

<strong>comme</strong>rciales et <strong>de</strong> service, <strong>de</strong> l’ouverture du marché, <strong>de</strong>s infrastructures physiques et <strong>de</strong>s<br />

normes culturelles et sociales.<br />

Parmi les nombreuses barrières qui entravent l’initiative privée, les principales sont l’accès <strong>au</strong><br />

financement, les normes culturelles et l’inadéquation <strong>de</strong> l’éducation par rapport <strong>au</strong>x besoins<br />

du marché, et enfin les réglementations gouvernementales dont principalement le système <strong>de</strong><br />

taxation et les lour<strong>de</strong>urs administratives. Le financement est difficilement accessible en raison<br />

notamment <strong>de</strong>s garanties importantes à fournir dont les entrepreneurs ne disposent<br />

généralement pas. Une <strong>au</strong>tre raison rési<strong>de</strong> dans les lour<strong>de</strong>urs administratives qui ren<strong>de</strong>nt le<br />

processus d’accès <strong>au</strong> financement laborieux. Les t<strong>au</strong>x d’intérêts sont également fort élevés en<br />

raison du manque d’informations disponibles sur les antécé<strong>de</strong>nts <strong>de</strong> crédits. Enfin, la non-<br />

formalité <strong>de</strong>s entreprises ne facilite pas l’accès <strong>au</strong> crédit. Dans les hypothèses initialement<br />

définies, l’accès <strong>au</strong> financement avait été omis, ce qui est une omission <strong>de</strong> taille puisque cette<br />

barrière fut citée par 75% <strong>de</strong>s interviewés. De plus, le rôle <strong>de</strong> barrière <strong>de</strong>s infrastructures et la<br />

stabilité politique avait été surestimé. Les <strong>au</strong>tres barrières postulées <strong>comme</strong> les<br />

réglementations et les lour<strong>de</strong>urs administratives sont vérifiées. Les femmes semblent savoir<br />

entreprendre <strong>au</strong>tant que les hommes car elles représentent presque la moitié <strong>de</strong>s chefs<br />

d’entreprises béninois. Cependant, cette prise <strong>de</strong> position <strong>de</strong> la femme est plus courante dans<br />

le secteur informel où les femmes représentent 49,8% <strong>de</strong>s chefs d’entreprise que dans le<br />

secteur formel où les femmes représentent seulement 21,7% <strong>de</strong>s chefs d’entreprise en 2011<br />

(RGE, 2011). Des barrières existent donc, dans le secteur formel, principalement car le nive<strong>au</strong><br />

d’éducation <strong>de</strong>s femmes est plus faible. Les populations rurales font également face à <strong>de</strong>s<br />

barrières supplémentaires, notamment pour l’accès <strong>au</strong> crédit qui, souvent à court terme, ne<br />

convient pas à l’activité agricole dont les ren<strong>de</strong>ments sont générés à long terme.<br />

Par ailleurs, certains moteurs <strong>de</strong> l’initiative privée ont tout <strong>de</strong> même été i<strong>de</strong>ntifiés dont les<br />

princip<strong>au</strong>x sont les efforts <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong>de</strong>s réglementations avec notamment la mise en place<br />

d’un Guichet Unique <strong>de</strong> Formalité <strong>de</strong>s Entreprises (GUFE), la volonté gouvernementale<br />

affirmée <strong>de</strong> supporter l’initiative privée pour en faire un moteur du développement et les<br />

efforts mis en œuvre dans le domaine <strong>de</strong> l’accès <strong>au</strong> financement. Dans l’hypothèse formulée à<br />

6


la base, le rôle <strong>de</strong> support joué par le microcrédit était surestimé car celui-ci n’est en fait<br />

accessible qu’à un nombre très limité d’entrepreneurs, est cher et n’est pas toujours adapté.<br />

Suite à ce diagnostic <strong>de</strong> la situation, les principales recommandations pour le futur sont liées à<br />

la facilitation <strong>de</strong> l’accès <strong>au</strong> financement <strong>de</strong>s MPME, notamment par le biais <strong>de</strong> la création<br />

d’un fonds <strong>de</strong> garantie, la mise en place d’un système d’information sur les antécé<strong>de</strong>nts <strong>de</strong><br />

crédits, la réforme du système foncier, la mise en place d’un « kit d’accompagnement d’une<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> financement », la formation <strong>de</strong>s membres <strong>de</strong>s Institutions Financières, la<br />

mobilisation <strong>de</strong> l’épargne et <strong>de</strong>s investissements étrangers, la facilitation <strong>de</strong>s transferts <strong>de</strong><br />

fonds provenant <strong>de</strong> la diaspora et la création d’IF spécialisées pour les PME et le secteur<br />

agricole. La réforme du système éducatif est également nécessaire car l’éducation doit mener<br />

les jeunes à la recherche <strong>de</strong> l’indépendance, l’<strong>au</strong>tonomie, la prise <strong>de</strong> risque et à avoir<br />

confiance en l’<strong>au</strong>tre. Les programmes scolaires doivent être revus dès le primaire pour<br />

inculquer ces valeurs et inclure <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> secondaire <strong>de</strong>s cours d’entrepreneuriat. Les étu<strong>de</strong>s<br />

universitaires doivent être revues pour mener les jeunes vers un métier et non plus<br />

uniquement vers un diplôme. À plus court terme, la propagation <strong>de</strong>s politiques <strong>de</strong> support à<br />

l’entrepreneuriat actuellement organisés par divers organismes tels que le CDEL est<br />

nécessaire. Ensuite, la révision du Co<strong>de</strong> d’Investissement est nécessaire notamment <strong>au</strong> nive<strong>au</strong><br />

<strong>de</strong> la taxation mais également <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong>de</strong>s formalités à effectuer pour créer et gérer<br />

formellement une entreprise. De plus, l’amélioration <strong>de</strong> la mise en œuvre <strong>de</strong>s programmes<br />

gouvernement<strong>au</strong>x est nécessaire et <strong>de</strong>vrait <strong>comme</strong>ncer par une clarification du rôle <strong>de</strong>s<br />

différents acteurs pour permettre une bonne transmission <strong>de</strong> l’information et une application<br />

effective <strong>de</strong>s programmes. Enfin, <strong>de</strong>s changements culturels doivent être impulsés <strong>au</strong> nive<strong>au</strong><br />

national pour favoriser l’initiative privée.<br />

Les recommandations précitées sont celles à mettre en œuvre en urgence <strong>au</strong> vu <strong>de</strong> la situation<br />

actuelle du pays. Elles doivent être mises en œuvre dans le cadre d’un plan <strong>de</strong> développement<br />

intégré tel que prôné <strong>au</strong> sein <strong>de</strong> l’ONG Songhaï, un développement qui tirerait avantage <strong>de</strong>s<br />

ressources locales pour créer une économie nationale soli<strong>de</strong>, libérée <strong>de</strong> sa dépendance vis-à-<br />

vis <strong>de</strong> l’extérieur…une économie où ce que le pays a est valorisé pour créer ce qu’il veut, où<br />

« rien ne se perd…tout se transforme » (Songhaï).<br />

Pour finir, il est évi<strong>de</strong>nt qu’en raison <strong>de</strong>s contraintes <strong>de</strong> temps et <strong>de</strong> moyens ainsi que <strong>de</strong><br />

l’étendue du sujet, ce travail n’a pas l’ambition d’être la référence dans le domaine mais bien<br />

d’apporter un point <strong>de</strong> vue nouve<strong>au</strong> et critique sur la situation actuelle <strong>au</strong> <strong>Bénin</strong>. Si cette<br />

analyse peut mener d’<strong>au</strong>tres chercheurs à continuer dans la même direction et à mettre en<br />

pratique certaines <strong>de</strong>s recommandations définies, alors ce travail <strong>au</strong>ra atteint pleinement ses<br />

objectifs.<br />

7


Liste <strong>de</strong>s acronymes<br />

ANPE : Agence Nationale pour l’Emploi<br />

ANPME : Agence Nationale <strong>de</strong>s Petites et Moyennes Entreprises<br />

BAD : Banque Africaine <strong>de</strong> <strong>Développement</strong><br />

BCEAO : Banque Centrale <strong>de</strong>s États d’Afrique <strong>de</strong> l’Ouest<br />

BIT : Bure<strong>au</strong> International du Travail<br />

BM : Banque Mondiale<br />

BTP : Bâtiments et Trav<strong>au</strong>x Publics<br />

BUBEDRA : Bure<strong>au</strong> <strong>Bénin</strong>ois <strong>de</strong>s Droits d’Auteurs<br />

CAPOD : Projet <strong>de</strong> renforcement <strong>de</strong>s Capacités en Conception et Analyse <strong>de</strong>s<br />

Politiques <strong>de</strong> <strong>Développement</strong><br />

CCIB : Chambre du Commerce et <strong>de</strong> l’Industrie<br />

CDEL : Centre <strong>de</strong> <strong>Développement</strong> Economique Local<br />

CENAPI : Centre National pour la Propriété Industrielle<br />

CEPED : Centre <strong>de</strong> Partenariat et d’Expertise pour le <strong>Développement</strong> Durable<br />

CePEPE : Centre <strong>de</strong> Promotion et d’Encadrement <strong>de</strong>s Petites et Moyennes<br />

Entreprises<br />

CFE : Centre <strong>de</strong> Formalités <strong>de</strong>s Entreprises<br />

CNSS : Caisse Nationale <strong>de</strong> Sécurité Sociale<br />

CPI : Centre <strong>de</strong> Promotion <strong>de</strong>s Investissements<br />

DSDST : Direction Générale <strong>de</strong> la Stratégie et du <strong>Développement</strong> Scientifique et<br />

Technique<br />

EFC : Cadre <strong>de</strong> Conditions Entrepreneuriales<br />

EMICoV : Enquête Modulaire Intégrée sur les Conditions <strong>de</strong> Vie <strong>de</strong>s Ménages<br />

FAO: Food and Agriculture Organisation<br />

FAGACE : Fonds Africain <strong>de</strong> Garantie et <strong>de</strong> Coopération Economique<br />

FCFA : Francs CFA (655 FCFA =1euro en mars 2012)<br />

FIG : Fonds International <strong>de</strong> Garantie<br />

FMI : Fonds Monétaire International<br />

FNPEEJ : Fonds national <strong>de</strong> Promotion <strong>de</strong> l'Entreprise et <strong>de</strong> l'Emploi <strong>de</strong>s Jeunes<br />

GEINDEX : In<strong>de</strong>x Global <strong>de</strong> L’Entrepreneuriat et du <strong>Développement</strong><br />

GEM : Global Entrepreneurship Monitor<br />

GUFE : Guichet Unique <strong>de</strong> Formalisation <strong>de</strong>s Entreprises<br />

IDA : International Dispensary Association<br />

IDH : Indice <strong>de</strong> <strong>Développement</strong> Humain<br />

IF : Institution Financière<br />

IFC: International Finance Corporation<br />

IFU : I<strong>de</strong>ntifiant Fiscal Unique<br />

IMF : Institut <strong>de</strong> Microfinance<br />

8


INED : Institut National <strong>de</strong>s Etu<strong>de</strong>s Démographiques<br />

INSAE : Institut National <strong>de</strong> la Statistique et <strong>de</strong> l’Analyse Economique<br />

MCA : Millenium Challenge Account<br />

MCPP : Microcrédit <strong>au</strong>x Plus P<strong>au</strong>vres<br />

MPME : Micro et Petites et Moyennes Entreprises<br />

NES : National Expert Survey<br />

NLTPS : Etu<strong>de</strong>s Nationales <strong>de</strong> Perspectives à Long Terme<br />

OCDE : Organisation <strong>de</strong> Coopération et <strong>de</strong> <strong>Développement</strong> Économiques<br />

ODA : Official Development Assistance<br />

OIT : Organisation Internationale du Travail<br />

ONG : Organisation Non Gouvernementale<br />

PADME : Projet d’Appui <strong>au</strong> <strong>Développement</strong> <strong>de</strong>s micro-entreprises<br />

PAPEEJ : Projet d’Appui à la Promotion <strong>de</strong> l’Entreprise et <strong>de</strong> l’Emploi <strong>de</strong>s jeunes<br />

PAPME : Projet d’Appui <strong>au</strong>x Petites et Moyennes Entreprises<br />

PAS : Programmes d’Ajustement Structurel<br />

PIB : Produit Intérieur Brut<br />

PME : Petites et Moyennes Entreprises<br />

PNE : Politique Nationale <strong>de</strong> l’Emploi<br />

PNUD : Programme <strong>de</strong>s Nations Unies pour le <strong>Développement</strong><br />

ProCCI : Projet <strong>de</strong> Compétitivité et <strong>de</strong> Croissance Intégré<br />

RGE : Recensement Général <strong>de</strong>s Entreprises<br />

RGPH : Recensement Général <strong>de</strong> la Population et <strong>de</strong> l’Habitation<br />

R&D : Recherche et <strong>Développement</strong><br />

SCRP : Stratégie <strong>de</strong> Croissance pour la Réduction <strong>de</strong> la P<strong>au</strong>vreté<br />

TEA: Total Entrepreneurial Activity<br />

TIC : Technologies <strong>de</strong> l’Information et <strong>de</strong> la Communication<br />

UEMOA: Union Economique et Monétaire Ouest Africaine<br />

UNDAF: United Nations Development Assistance Framework<br />

WEF: World Economic Forum<br />

9


Table <strong>de</strong>s matières<br />

REMERCIEMENTS ..................................................................................................................... 3<br />

APERÇU ................................................................................................................................... 4<br />

LISTE DES ACRONYMES ............................................................................................................ 8<br />

PARTIE I : INTRODUCTION .......................................................................................................... 16<br />

CHAPITRE 1 : PRÉFACE .......................................................................................................... 16<br />

CHAPITRE 2 : CONTEXTE ....................................................................................................... 17<br />

CHAPITRE 3 : BREF HISTORIQUE ............................................................................................ 21<br />

CHAPITRE 4 : PROBLÉMATIQUE ............................................................................................. 23<br />

Section 1: Des contextes nation<strong>au</strong>x dans ce contexte global ............................................ 23<br />

Section 2: Un nouve<strong>au</strong> moteur .......................................................................................... 24<br />

Section 3 : Précision <strong>de</strong> la problématique ........................................................................ 25<br />

3.1 Justification du choix du pays ................................................................................. 25<br />

3.2 L’initiative étudiée .................................................................................................. 26<br />

Section 4 : La situation socioéconomique <strong>au</strong> <strong>Bénin</strong> ......................................................... 27<br />

4.1 Bref historique <strong>de</strong> la libéralisation à nos jours ........................................................ 27<br />

4.2 Situation actuelle ..................................................................................................... 28<br />

4.3 L’initiative privée <strong>au</strong> centre <strong>de</strong>s débats ................................................................... 30<br />

CHAPITRE 5 : QUESTION DE RECHERCHE ............................................................................... 31<br />

Section 1 : Chemin vers la définition <strong>de</strong> la question <strong>de</strong> recherche ................................... 31<br />

Section 2 : Définition et opérationnalisation <strong>de</strong>s princip<strong>au</strong>x termes utilisés ................... 31<br />

CHAPITRE 6 : HYPOTHÈSES .................................................................................................... 35<br />

CHAPITRE 7 : ANALYSE DE LA LITTÉRATURE ......................................................................... 37<br />

Section 1 : Considérations préalables .............................................................................. 37<br />

Section 2 : La littérature sur le développement ................................................................ 37<br />

2.1 Qu’est-ce que le développement ? .......................................................................... 37<br />

2.2 Les c<strong>au</strong>ses du « sous-développement » selon les économistes mo<strong>de</strong>rnes ............... 38<br />

2.3 Les solutions proposées ........................................................................................... 40<br />

2.4 La place <strong>de</strong> l’initiative dans la littérature sur le développement ............................. 42<br />

Section 3 : La littérature sur l’entrepreneuriat et l’initiative ........................................... 44<br />

3.1 L’entrepreneuriat et la croissance économique ....................................................... 44<br />

3.2 L’entrepreneuriat et le développement économique ............................................... 45<br />

3.3 La croissance et la réduction <strong>de</strong> la p<strong>au</strong>vreté ............................................................ 48<br />

Section 4 : Conclusion <strong>de</strong> l’analyse <strong>de</strong> la littérature ........................................................ 48<br />

PARTIE II : MÉTHODOLOGIE ...................................................................................................... 50<br />

CHAPITRE 8 : PRÉSENTATION DE LA MÉTHODOLOGIE ............................................................ 50<br />

Section 1 : Gestion du temps et <strong>de</strong> la métho<strong>de</strong> ................................................................. 50<br />

Section 2 : Cadre théorique .............................................................................................. 51<br />

Section 3 : Le choix du type <strong>de</strong> recherche ........................................................................ 51<br />

Section 4 : Les outils <strong>de</strong> la collecte <strong>de</strong> données ................................................................ 52<br />

4.1 Introduction ............................................................................................................. 52<br />

4.2 L’analyse <strong>de</strong> la littérature ........................................................................................ 52<br />

10


4.3 Les ouvrages méthodologiques ............................................................................... 53<br />

4.4 L’analyse <strong>de</strong>s rapports ............................................................................................. 53<br />

4.5 Les articles scientifiques ......................................................................................... 53<br />

4.6 Le National Expert Survey du GEM ....................................................................... 53<br />

4.7 L’interview .............................................................................................................. 55<br />

4.7.1 L’interview semi-directive ............................................................................... 55<br />

4.7.2 La grille <strong>de</strong> questions d’interview .................................................................... 56<br />

4.7.3 Le déroulement pratique <strong>de</strong>s entretiens ............................................................ 56<br />

4.7.4 Les interviews initiales ..................................................................................... 56<br />

4.7.5 Les interviews d’experts ................................................................................... 57<br />

4.7.6 Les interviews <strong>au</strong> sein <strong>de</strong> l’ONG Songhaï ........................................................ 57<br />

4.8 L’utilisation d’un carnet <strong>de</strong> note/ journal <strong>de</strong> recherche ........................................... 58<br />

4.9 Un relevé photographique et <strong>de</strong>s enregistrements <strong>au</strong>dio ......................................... 58<br />

CHAPITRE 9 : PRÉSENTATION DE L’ÉCHANTILLON ................................................................. 59<br />

Section 1 : Introduction .................................................................................................... 59<br />

Section 2 : Les experts rencontrés en Belgique ................................................................ 59<br />

Section 3 : Les experts rencontrés <strong>au</strong> <strong>Bénin</strong> ..................................................................... 59<br />

3.1 Au sein <strong>de</strong> l’ONG Songhaï ...................................................................................... 59<br />

3.2 À Cotonou ............................................................................................................... 59<br />

Section 4: Conclusion sur l’échantillon ............................................................................ 60<br />

PARTIE III : MÉTHODE DE TRAITEMENT ET D’ANALYSE DES DONNÉES ........ 61<br />

CHAPITRE 10 : PRÉSENTATION DE LA MÉTHODE DE TRAITEMENT DES DONNÉES .................... 61<br />

PARTIE IV. PRÉSENTATION DES RÉSULTATS ................................................................... 63<br />

CHAPITRE 11 : PRÉSENTATION DE L’ANALYSE ET DES RÉSULTATS ........................................ 63<br />

Section 1 : carte d’i<strong>de</strong>ntité du <strong>Bénin</strong> dans le cadre <strong>de</strong> l’initiative privée ......................... 63<br />

1.1 Des sociétés individuelles, peu diversifiées, informelles et <strong>de</strong> petite taille ............ 63<br />

1.2 Des entreprises offrant peu <strong>de</strong> débouchés à la jeunesse béninoise ......................... 65<br />

1.3 L’initiative privée pour saisir les multiples opportunités existantes ....................... 67<br />

1.4 Conclusion sur la situation actuelle <strong>de</strong> l’initiative privée <strong>au</strong> <strong>Bénin</strong> ........................ 70<br />

Section 2 : Les barrières et moteurs <strong>de</strong> l’initiative privée ................................................ 70<br />

2.1 Financement ............................................................................................................ 71<br />

2.1.1 Statistiques et interprétations ............................................................................ 71<br />

2.1.2 Les sources <strong>de</strong> financement existantes ............................................................. 71<br />

2.1.3 La facilité à obtenir du financement ................................................................. 72<br />

2.1.4 Les obstacles à l’obtention <strong>de</strong> financement ...................................................... 73<br />

2.1.4.1 La <strong>de</strong>man<strong>de</strong> excessive <strong>de</strong> garanties ........................................................... 74<br />

2.1.4.2 Les lour<strong>de</strong>s formalités administratives ...................................................... 75<br />

2.1.4.3 Les t<strong>au</strong>x d’intérêts ...................................................................................... 75<br />

2.1.4.4 L’ampleur du secteur informel ................................................................... 77<br />

2.1.5 Pistes pour améliorer la situation ...................................................................... 77<br />

2.1.5.1 Mobiliser l’épargne et <strong>de</strong>s investissements étrangers ................................ 77<br />

2.1.5.2 Financer plus particulièrement les jeunes et les femmes ........................... 77<br />

2.1.5.3 Profiter <strong>de</strong>s liens avec la diaspora .............................................................. 78<br />

11


2.2 Réglementations gouvernementales ........................................................................ 79<br />

2.2.1 Statistiques et interprétations ............................................................................ 79<br />

2.2.2 Le support à l’entrepreneuriat ........................................................................... 80<br />

2.2.3 Les formalités <strong>de</strong> création d’une entreprise ...................................................... 80<br />

2.2.4 La lour<strong>de</strong>ur administrative ................................................................................ 82<br />

2.2.5 Le système <strong>de</strong> taxation ..................................................................................... 83<br />

2.2.6 Le système juridique ......................................................................................... 84<br />

2.3 Programmes gouvernement<strong>au</strong>x .............................................................................. 85<br />

2.3.1 Statistiques et interprétations ............................................................................ 85<br />

2.3.2 Le manque d’information sur les programmes gouvernement<strong>au</strong>x ................... 86<br />

2.3.3 Les programmes gouvernement<strong>au</strong>x existants ................................................... 86<br />

2.3.4 L’efficacité du support ...................................................................................... 87<br />

2.3.5 La nécessité <strong>de</strong> mettre en place un programme <strong>de</strong> développement intégré ...... 88<br />

2.4 Education et formation ............................................................................................ 90<br />

2.4.1 Statistiques et interprétations ............................................................................ 90<br />

2.4.2 Des programmes scolaires inadaptés ................................................................ 90<br />

2.4.3 Réformer l’enseignement ................................................................................. 92<br />

2.4.4 Une prise <strong>de</strong> conscience récente et <strong>de</strong>s améliorations embryonnaires ............. 92<br />

2.5 Transferts <strong>de</strong> R&D ................................................................................................. 93<br />

2.5.1 Statistiques et interprétations ............................................................................ 93<br />

2.5.2 La fréquence <strong>de</strong>s transferts <strong>de</strong> R&D ................................................................. 94<br />

2.5.3 L’intérêt <strong>de</strong>s consommateurs pour l’innovation ............................................... 95<br />

2.5.4 La confiance vis-à-vis du respect <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> propriété intellectuelle ........... 96<br />

2.6 Infrastructures <strong>comme</strong>rciales et <strong>de</strong> services ............................................................ 96<br />

2.6.1 Statistiques et interprétations ............................................................................ 96<br />

2.7 Ouverture du marché .............................................................................................. 97<br />

2.7.1 Statistiques et interprétations ............................................................................ 98<br />

2.7.2 Les opportunités <strong>de</strong> création d’entreprise ......................................................... 98<br />

2.7.3 La faciliter à entrer dans <strong>de</strong> nouve<strong>au</strong>x marchés et l’évolution <strong>de</strong>s marchés .... 99<br />

2.8 Infrastructures physiques ....................................................................................... 101<br />

2.8.1 Statistiques et interprétations .......................................................................... 101<br />

2.9 Normes culturelles et sociales ............................................................................... 103<br />

2.9.1 Statistiques et interprétations .......................................................................... 103<br />

2.9.2 L’impact <strong>de</strong> la culture béninoise sur l’initiative privée .................................. 104<br />

2.9.3 L’image sociale <strong>de</strong> l’entrepreneuriat .............................................................. 106<br />

2.9.4 Conditions <strong>de</strong> base pour permettre le changement ......................................... 107<br />

Section 3 : I<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong>s actions prioritaires ........................................................... 107<br />

3.1 Bref rappel <strong>de</strong>s barrières et moteurs princip<strong>au</strong>x .................................................... 107<br />

3.2 Les recommandations principales ......................................................................... 108<br />

Section 4 : Détails <strong>de</strong> la mise en œuvre .......................................................................... 111<br />

Section 5 : Impact sur la croissance et le développement .............................................. 112<br />

PARTIE IV. CONCLUSION ............................................................................................................ 113<br />

CHAPITRE 12: RETOUR SUR LA PROBLÉMATIQUE, QUESTION DE RECHERCHE, HYPOTHÈSES 113<br />

CHAPITRE 13 : LIMITES ET PISTES DE RECHERCHES COMPLÉMENTAIRES .............................. 116<br />

12


Introduction ..................................................................................................................... 116<br />

Les biais côté enquêteur .................................................................................................. 116<br />

Biais du côté <strong>de</strong>s enquêtés .............................................................................................. 116<br />

Les biais liés <strong>au</strong>x métho<strong>de</strong>s d’enquêtes .......................................................................... 116<br />

Pistes <strong>de</strong> recherche complémentaires ............................................................................. 117<br />

PARTIE V. BIBLIOGRAPHIE ....................................................................................................... 118<br />

MONOGRAPHIES .................................................................................................................. 118<br />

OUVRAGES COLLECTIFS ....................................................................................................... 119<br />

ARTICLES SCIENTIFIQUES ET DOCUMENTS DE RECHERCHE ................................................... 119<br />

MÉMOIRES ET THÈSES DE DOCTORAT ................................................................................... 122<br />

SOURCES INTERNET ............................................................................................................. 123<br />

VIDÉOS/BANDES AUDIO/ CONFÉRENCES ............................................................................... 125<br />

BASES DE DONNÉES STATISTIQUES ...................................................................................... 125<br />

PRESSE ÉCRITE ..................................................................................................................... 125<br />

COURS ................................................................................................................................. 126<br />

OUVRAGES ET ARTICLES DE MÉTHODOLOGIE ....................................................................... 126<br />

ETUDES ET PUBLICATIONS OFFICIELLES ............................................................................... 127<br />

LOIS, CHARTES ET CONVENTION .......................................................................................... 132<br />

INTERVIEWS ......................................................................................................................... 132<br />

QUESTIONNAIRES NATIONAL EXPERT SURVEY .................................................................... 133<br />

PARTIE VI. ANNEXES ..................................................................................................................... 134<br />

CHAPITRE 1 : PRÉSENTATION DES OUTILS D’ENQUÊTE ......................................................... 134<br />

Section 1 : Le plan <strong>de</strong> communication ............................................................................ 134<br />

Section 2 : Les grilles d’entretiens semi-directifs ........................................................... 137<br />

Section 3 : Le programme <strong>de</strong> rencontres à Songhaï ....................................................... 142<br />

Section 4: Questions du NES .......................................................................................... 143<br />

13


Liste <strong>de</strong>s table<strong>au</strong>x<br />

Table<strong>au</strong> 1: Proportion <strong>de</strong>s interviewés ayant cité le financement parmi les barrières, moteurs<br />

et recommandations principales ............................................................................................... 71<br />

Table<strong>au</strong> 2 : T<strong>au</strong>x effectif annuel du crédit type d’une échéance <strong>de</strong> 12 mois <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong>de</strong> 2 imf<br />

béninoises ................................................................................................................................. 76<br />

Table<strong>au</strong> 3 : Proportion <strong>de</strong>s interviewés ayant cité les règlementations gouvernementales parmi<br />

les barrières, moteurs et recommandations principales ............................................................ 79<br />

Table<strong>au</strong> 4 : Proportion <strong>de</strong>s interviewés ayant cité les programmes gouvernement<strong>au</strong>x parmi les<br />

barrières, moteurs et recommandations principales ................................................................. 85<br />

Table<strong>au</strong> 5 : Proportion <strong>de</strong>s interviewés ayant cité l’éducation et la formation parmi les<br />

barrières, moteurs et recommandations principales ................................................................. 90<br />

Table<strong>au</strong> 6 : Proportion <strong>de</strong>s interviewés ayant cité les transferts <strong>de</strong> r&d parmi les barrières,<br />

moteurs et recommandations principales ................................................................................. 93<br />

Table<strong>au</strong> 7 : Proportion <strong>de</strong>s interviewés ayant cité les infrastructures <strong>comme</strong>rciales et <strong>de</strong><br />

services parmi les barrières, moteurs et recommandations principales ................................... 97<br />

Table<strong>au</strong> 8 : Proportion <strong>de</strong>s interviewés ayant cité l’ouverture du marché parmi les barrières,<br />

moteurs et recommandations principales ................................................................................. 98<br />

Table<strong>au</strong> 9 : Proportion <strong>de</strong>s interviewés ayant cité les infrastructures physiques parmi les<br />

barrières, moteurs et recommandations principales ............................................................... 101<br />

Table<strong>au</strong> 10 : Proportion <strong>de</strong>s interviewés ayant cité les normes culturelles et sociales parmi les<br />

barrières, moteurs et recommandations principales ............................................................... 103<br />

Liste <strong>de</strong>s Graphiques<br />

Graphique 1 : Disponibilité <strong>de</strong>s moyens financiers selon les interviewés ............................... 72<br />

Graphique 2 : Rôle joué par les règlementations gouvernementales dans l’environnement <strong>de</strong><br />

l’initiative privée selon les interviewés .................................................................................... 79<br />

Graphique 3 : Rôle joué par les programmes gouvernement<strong>au</strong>x dans l’environnement <strong>de</strong><br />

l’initiative privée selon les interviewés .................................................................................... 85<br />

Graphique 4 : Evaluation par les interviewés du support <strong>au</strong>x activités entrepreneuriales à forte<br />

croissance ................................................................................................................................. 88<br />

Graphique 5 : Evaluation par les interviewés du rôle joué par l’enseignement dans la<br />

stimulation <strong>de</strong> l’initiative privée .............................................................................................. 90<br />

Graphique 6 : Capacité <strong>de</strong>s béninois à créer et gérer une entreprise selon les interviewés ..... 91<br />

Graphique 7 : Rôle actuel joué par les transferts <strong>de</strong> r&d selon les interviewés ....................... 94<br />

Graphique 8 : Intérêt porté à l’innovation selon les interviewés ............................................. 95<br />

Graphique 9 : Rôle actuel joué par les droits <strong>de</strong> propriété intellectuelle selon les interviewés 96<br />

14


Graphique 10 : perception <strong>de</strong>s infrastructures <strong>comme</strong>rciales <strong>comme</strong> support à l’iniative privée<br />

selon les interviewés ................................................................................................................. 97<br />

Graphique 11 : évaluation <strong>de</strong>s opportunités <strong>de</strong> création d’entreprise selon les interviewés .... 98<br />

Graphique 12 : évaluation <strong>de</strong> l’ouverture du marché selon les interviewés ............................. 99<br />

Graphique 13 : perception <strong>de</strong>s infrastructures physiques <strong>comme</strong> support à l’initiative privée<br />

selon les interviewés ............................................................................................................... 102<br />

Graphique 14 : rôle actuel <strong>de</strong>s normes culturelles et sociales dans le cadre <strong>de</strong> l’initiative<br />

privée ...................................................................................................................................... 104<br />

Graphique 15 : l’image sociale <strong>de</strong> l’entrepreneuriat selon les interviewés ............................ 106<br />

Graphique 16: support <strong>au</strong>x femmes dans le cadre <strong>de</strong> l’initiative privée selon les interviewés<br />

................................................................................................................................................ 107<br />

Graphique 17 : classement <strong>de</strong>s barrières principales ............................................................. 108<br />

Graphique 18 : classement <strong>de</strong>s moteurs princip<strong>au</strong>x ............................................................... 108<br />

Graphique 19 : classement <strong>de</strong>s recommandations principales ............................................... 109<br />

15


Partie I : Introduction<br />

Chapitre 1 : Préface<br />

Avant d’entrer dans le vif du sujet, il semble intéressant et important <strong>de</strong> clarifier la raison du<br />

choix du sujet <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong>.<br />

Ce mémoire clôt cinq années d’étu<strong>de</strong>s d’ingénieur <strong>de</strong> gestion à la Solvay Brussels School of<br />

Economics and Management (SBSEM- ULB). Ce cursus fut l’occasion d’approfondir <strong>de</strong><br />

nombreuses matières et <strong>de</strong> développer <strong>de</strong>s compétences variées. Cependant, <strong>au</strong> terme <strong>de</strong><br />

celui-ci, certains thèmes restaient inexplorés. Le besoin d’explorer le thème <strong>de</strong> l’économie du<br />

développement, largement ignoré dans le cursus suivi, fut nourri par un intérêt très particulier<br />

pour ce domaine cependant méconnu. Rédiger un mémoire sur le développement n’est pas un<br />

choix anodin. Le choix <strong>de</strong> cette direction est motivé par la volonté <strong>de</strong> contribuer à<br />

l’amélioration <strong>de</strong> la situation globale, même si l’écriture <strong>de</strong> ce mémoire fut surtout l’occasion<br />

<strong>de</strong> découvrir sa complexité.<br />

En 2010, l’année <strong>de</strong> mon entrée en Master, la réforme <strong>de</strong>s programmes a entraîné la<br />

suppression <strong>de</strong> l’option développement qui était jusque-là disponible, et a donc éliminé<br />

l’opportunité qui se présentait <strong>au</strong>paravant d’en apprendre plus sur ce domaine. C’est dans le<br />

but <strong>de</strong> tout <strong>de</strong> même découvrir le domaine <strong>de</strong> l’économie du développement que j’ai contacté<br />

Monsieur Platte<strong>au</strong> dans le cadre <strong>de</strong> mon mémoire. Une problématique non encore explorée et<br />

pouvant être digne d’intérêt fut recherchée et c’est suite à ces recherches et réflexions que le<br />

thème <strong>de</strong> l’initiative privée et <strong>de</strong> son lien avec le développement d’une nation fut choisi. Ce<br />

choix avait l’avantage <strong>de</strong> combiner une étu<strong>de</strong> sur la thématique du développement avec la<br />

thématique <strong>de</strong> l’entrepreneuriat, qui est l’option <strong>de</strong> mon master. Suite à l’approbation <strong>de</strong> ce<br />

thème par M. Platte<strong>au</strong> et M. Verstraeten, la recherche a pu <strong>comme</strong>ncer.<br />

Ce travail <strong>comme</strong>nce par une définition du contexte actuel, <strong>de</strong> la problématique précise, <strong>de</strong> la<br />

question et <strong>de</strong>s hypothèses <strong>de</strong> recherche. Ensuite, il contient une analyse <strong>de</strong> la littérature dont<br />

le but est d’évaluer et <strong>de</strong> comparer la position <strong>de</strong> nombreux <strong>au</strong>teurs quant à cette<br />

problématique. La méthodologie <strong>de</strong> recherche et <strong>de</strong> traitement <strong>de</strong>s données utilisée est alors<br />

définie. Enfin, l’analyse <strong>de</strong>s données permet <strong>de</strong> vérifier ou d’infirmer les hypothèses <strong>de</strong> base<br />

et <strong>de</strong> répondre à la question <strong>de</strong> recherche définie initialement.<br />

16


Chapitre 2 : Contexte<br />

On a observé <strong>au</strong> cours <strong>de</strong> ces 10 <strong>de</strong>rnières années <strong>de</strong>s t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> croissance importants en<br />

Afrique (African Economic Outlook 2001-2012). Cette croissance est vouée à perdurer<br />

plusieurs décennies selon <strong>de</strong> nombreux analystes et apparaît alors que le contexte mondial est<br />

loin d’être favorable en raison notamment <strong>de</strong>s récentes crises alimentaire et financière. En<br />

effet, les pays africains ont affiché <strong>de</strong>s t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> croissance record avant la crise financière, ont<br />

connu une reprise économique relativement rapi<strong>de</strong> après celle-ci, et <strong>de</strong>vraient atteindre une<br />

croissance économique rapi<strong>de</strong> dans les années à venir. Par exemple, selon le magazine<br />

Finances et <strong>Développement</strong>, une croissance économique africaine <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 5% est attendue<br />

entre 2010 et 2060 (Finances & <strong>Développement</strong>, 2011). D’<strong>au</strong>tres experts craignent cependant<br />

qu’un retournement <strong>de</strong> conjoncture ralentisse fortement la croissance qui est encore<br />

dépendante du prix <strong>de</strong>s matières premières si les pays africains ne parviennent pas à<br />

diversifier leurs sources <strong>de</strong> revenus. Cependant, les bonnes performances économiques <strong>de</strong>s<br />

pays exportateurs <strong>de</strong> matières premières sont également atteintes dans <strong>de</strong>s pays africains peu<br />

riches en matières premières, ce qui est <strong>de</strong> bon <strong>au</strong>gure pour l’Afrique (Severino & Ray, 2010).<br />

D’après le Rapport 2011 sur les progrès <strong>de</strong> l’Afrique « Celui qu’on qualifiait <strong>de</strong> continent<br />

désespéré il y a dix ans est incontestablement <strong>de</strong>venu le continent <strong>de</strong> l’espoir (…) » (Africa<br />

Progress Panel, 2011, p.6).<br />

Cependant, il ne f<strong>au</strong>t pas se réjouir trop tôt car, même si cette croissance attendue est une<br />

excellente nouvelle pour le continent africain, il f<strong>au</strong>dra plusieurs décennies <strong>de</strong> croissance pour<br />

combattre la p<strong>au</strong>vreté actuellement très importante et il f<strong>au</strong>dra mettre en place <strong>de</strong>s mesures<br />

pour réduire les inégalités (Finances & <strong>Développement</strong>, 2011). De plus, bien que <strong>de</strong><br />

nombreuses tendances pour le futur créent <strong>de</strong>s opportunités pour les pays africains, elles<br />

induisent également certains risques.<br />

Plusieurs éléments semblent pouvoir jouer un rôle pour favoriser la croissance économique.<br />

C’est notamment le cas <strong>de</strong> la croissance démographique rapi<strong>de</strong> et <strong>de</strong> la proportion importante<br />

<strong>de</strong> jeunes en Afrique qui est supérieure à celle <strong>de</strong> tous les <strong>au</strong>tres continents. D’ici 2050, un<br />

quart <strong>de</strong> la population mondiale sera africaine selon l’Institut National <strong>de</strong>s Etu<strong>de</strong>s<br />

Démographique (Afrique Avenir, 2011). En effet, d’ici 2050, la population d’Afrique<br />

subsaharienne <strong>de</strong>vrait atteindre 1,5 à 2 milliards <strong>de</strong> personnes alors qu’elle n’atteignait que<br />

770 millions d’habitants en 2005 (FAO, 2009). Si l’on considère la main d’œuvre africaine en<br />

âge <strong>de</strong> travailler, elle atteint actuellement 500 millions <strong>de</strong> personnes et comprendra plus <strong>de</strong><br />

1,1 milliard <strong>de</strong> personnes en 2040 (Africa Progress Panel, 2011).<br />

Il y a actuellement en Afrique 200 millions <strong>de</strong> jeunes entre 15 et 24 ans qui représentent donc<br />

plus <strong>de</strong> 20 % <strong>de</strong> la population et 37% <strong>de</strong> la population en âge <strong>de</strong> travailler (FIJ, 2011). Cette<br />

population jeune est une opportunité pour l’Afrique bien qu’elle puisse être une menace si on<br />

17


ne parvient pas à en tirer avantage. En effet, ces jeunes sont les principales proies du chômage<br />

puisqu’ils représentent actuellement 60% du total <strong>de</strong>s chômeurs. (FIJ, 2011). Ils souffrent<br />

également fortement du sous-emploi et n’ont souvent pas d’<strong>au</strong>tre solution que <strong>de</strong> travailler<br />

pour un salaire misérable. Selon l’IDA (2008-2009), 72 % <strong>de</strong>s jeunes africains sont contraints<br />

à vivre avec moins <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux dollars par jour. Si on valorisait les ressources humaines du<br />

continent et que <strong>de</strong>s possibilités d’emploi ou <strong>de</strong> création d’entreprise étaient offertes à ces<br />

jeunes, ils pourraient représenter un moteur important <strong>de</strong> la croissance économique. En effet<br />

« l’Afrique pourrait bénéficier à son tour du divi<strong>de</strong>n<strong>de</strong> démographique 4 » (Severino & Ray,<br />

2010, p.110). Selon un rapport récent <strong>de</strong> la Banque Africaine <strong>de</strong> développement (BAD, 2011),<br />

l’Afrique pourrait <strong>de</strong>venir d’ici 50 ans l’une <strong>de</strong>s économies les plus dynamiques<br />

mondialement si elle s’en donnait les moyens en investissant dans les infrastructures et dans<br />

sa jeunesse. Le rapport estime que la production totale et celle par habitant s’accroîtront <strong>de</strong><br />

manière constante pendant 50 ans, entre 2010 et 2060 et que, en 2060, la plupart <strong>de</strong>s pays<br />

africains <strong>de</strong>viendront <strong>de</strong>s pays à revenus intermédiaires supérieurs (BAD, 2011).<br />

Un <strong>de</strong>uxième moteur <strong>de</strong> la croissance pourrait rési<strong>de</strong>r dans une meilleure valorisation <strong>de</strong>s<br />

ressources naturelles du continent. En effet, l’Afrique est un continent riche en ressources<br />

naturelles précieuses. Si jusqu’ici les plus gros bénéficiaires <strong>de</strong> cette situation favorable n’ont<br />

que rarement été les populations africaines, la situation pourrait bien évoluer et tourner à leur<br />

avantage dans le futur (BAD, 2008). La <strong>de</strong>man<strong>de</strong> en matières premières est vouée à<br />

<strong>au</strong>gmenter dans le futur ce qui offre <strong>de</strong> nouvelles opportunités pour le continent africain. Il est<br />

cependant nécessaire d’éviter que ce potentiel d’exploitation <strong>de</strong>s matières premières ne<br />

ralentisse le développement <strong>de</strong>s <strong>au</strong>tres secteurs <strong>de</strong> l’économie. C’est pourquoi d’importants<br />

investissements doivent être faits pour permettre à divers secteurs <strong>de</strong> se développer.<br />

L’Afrique <strong>au</strong>rait besoin annuellement <strong>de</strong> 93 milliard <strong>de</strong> dollars pour remplir ses besoins en<br />

investissements (Africa Progress Panel, 2011, p.18). Sans investissements dans les différents<br />

secteurs <strong>de</strong> l’économie, la dépendance <strong>de</strong> l’Afrique vis-à-vis <strong>de</strong> l’extérieur subsistera. Une<br />

tendance intéressante est celle <strong>de</strong>s investissements directs étrangers qui ont triplé <strong>au</strong> cours <strong>de</strong><br />

la pério<strong>de</strong> 2000-2010 (Les Afriques, 2011). Ce nouvel attrait du continent pour les<br />

investisseurs étrangers est un bon signe pour le futur. Les échanges <strong>comme</strong>rci<strong>au</strong>x avec les<br />

pays émergents <strong>comme</strong> la Chine, l’In<strong>de</strong> et le Brésil jouent également un rôle dans la<br />

croissance africaine. De plus, ces pays investissent en Afrique et y développent <strong>de</strong>s<br />

infrastructures. Selon l’IMF, le <strong>comme</strong>rce avec l’In<strong>de</strong> passera <strong>de</strong> 3 milliards <strong>de</strong> dollars en<br />

2000 à 70 milliards en 2015 et celui avec la Chine <strong>de</strong> 10 milliards en 2000 à 110 milliards en<br />

2011. À nouve<strong>au</strong>, la relation <strong>de</strong> l’Afrique avec les pays émergents serait rendue moins<br />

dangereuse si les économies africaines évoluaient vers une diversification <strong>de</strong> leur production<br />

(Finances et développement, 2011).<br />

4 Selon Severino et Ray (2010, p.110), « le divi<strong>de</strong>n<strong>de</strong> démographique fait référence <strong>au</strong>x bénéfices économiques du sta<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

la transition démographique caractérisé par un faible t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> dépendance (nombre <strong>de</strong> jeunes et <strong>de</strong> personnes âgées qui<br />

dépen<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s revenus <strong>de</strong> la population active entre 15 et 64 ans) ».<br />

18


D’<strong>au</strong>tres moteurs du développement futur sont l’urbanisation croissante du continent et la<br />

<strong>de</strong>nsification <strong>de</strong>s territoires. En effet, « lorsque les villes ne représentaient que 5 à 10% <strong>de</strong> la<br />

population, le marché urbain, souvent éloigné du lieu <strong>de</strong> production, ne constituait pas un<br />

débouché suffisamment rémunérateur pour les agriculteurs. (…). Mais le basculement urbain<br />

nous permet <strong>au</strong>jourd’hui d’envisager un véritable renversement <strong>de</strong> la donne agricole<br />

africaine. (…). La campagne subsaharienne est en voie d’acquérir les moyens <strong>de</strong> sa<br />

mo<strong>de</strong>rnisation (Severino & Ray, 2010, p.109). Le secteur agricole est un secteur qui offre <strong>de</strong>s<br />

opportunités <strong>de</strong> croissance importantes pour le futur. En effet, ce secteur est actuellement<br />

sous- exploité et a été délaissé ces <strong>de</strong>rnières années. La production agricole africaine a chuté<br />

<strong>de</strong> 10% alors que la production mondiale s’est accrue <strong>de</strong> 145% (Finances et développement,<br />

2011). De plus, <strong>comme</strong> Adam Smith l’avait énoncé en parlant <strong>de</strong> l’Angleterre, « le<br />

regroupement <strong>de</strong>s populations encourage le développement du <strong>comme</strong>rce et la h<strong>au</strong>sse <strong>de</strong> la<br />

productivité » (Severino & Ray, p.109). La <strong>de</strong>nsification et l’urbanisation croissante en<br />

Afrique vont donc jouer un rôle dans la croissance du continent. Cependant, encore une fois,<br />

dans cette opportunité rési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> nombreux risques car l’urbanisation croissante tend à<br />

amplifier la p<strong>au</strong>vreté urbaine et la naissance <strong>de</strong> bidonvilles.<br />

De plus, on voit déjà <strong>au</strong>jourd’hui une classe moyenne émerger et croître en Afrique atteignant<br />

34% <strong>de</strong> la population en 2010 (355 millions <strong>de</strong> personnes) en raison <strong>de</strong> l’évolution rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong>s<br />

<strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rnières décennies. La classe moyenne, définie <strong>comme</strong> celle qui possè<strong>de</strong> un revenu<br />

journalier se situant entre 4 et 20 dollars, atteindra 42% <strong>de</strong> la population en 2060 selon les<br />

estimations <strong>de</strong>s analystes (Finances & <strong>Développement</strong>, déc. 2011). L’apparition d’une classe<br />

moyenne est, <strong>comme</strong> cela fut observé dans <strong>de</strong> nombreuses économies par le passé, un moteur<br />

important du développement. En effet, la classe moyenne possè<strong>de</strong> un pouvoir d’achat<br />

supérieur qui lui permet d’<strong>au</strong>gmenter son nive<strong>au</strong> <strong>de</strong> consommation et donc <strong>de</strong> stimuler<br />

l’économie. Selon un rapport <strong>de</strong> McKinsey (2010), 221 millions <strong>de</strong> nouve<strong>au</strong>x africains <strong>au</strong>ront<br />

accès <strong>au</strong> marché <strong>de</strong>s biens <strong>de</strong> consommation <strong>de</strong> base d’ici 2015 en raison notamment <strong>de</strong> la<br />

croissance du PIB par habitant et <strong>de</strong> l’urbanisation croissante.<br />

De plus, si en 2010 la part <strong>de</strong> la population contrainte à vivre avec moins <strong>de</strong> 1,25 $/jour<br />

s’élève encore à 44%, elle chutera pour atteindre 33% en 2060. La p<strong>au</strong>vreté va donc, selon les<br />

experts, diminuer sans toutefois disparaître dans les prochaines décennies (BAD, 2011). Elle<br />

est et restera un problème sérieux, <strong>au</strong>quel <strong>de</strong> nombreux pays africains vont <strong>de</strong>voir faire face.<br />

Le secteur public ne s<strong>au</strong>rait faire face seul à ce phénomène. Le secteur privé, les ONG, les<br />

organisations locales ont un rôle important à jouer en Afrique subsaharienne pour permettre<br />

<strong>au</strong>x pays <strong>de</strong> se développer et <strong>de</strong> faire face à la p<strong>au</strong>vreté (Finances et <strong>Développement</strong>, 2011).<br />

19


Cette étu<strong>de</strong> vient donc s’insérer à un moment clé <strong>de</strong> l’histoire <strong>de</strong>s pays africains. En effet, s’ils<br />

trouvent les moyens <strong>de</strong> saisir les multiples opportunités qui s’offrent à eux, ils pourraient bien<br />

être les pays émergents <strong>de</strong> <strong>de</strong>main. Par contre, si rien n’est mis en place pour les saisir, la<br />

situation pourrait bien se détériorer pour une portion importante <strong>de</strong> la population. Cette étu<strong>de</strong><br />

envisagera l’une <strong>de</strong>s pistes qui permettrait à l’Afrique <strong>de</strong> prendre ce virage primordial <strong>de</strong> son<br />

histoire et <strong>de</strong> sortir <strong>de</strong> sa situation <strong>de</strong> dépendance vis-à-vis <strong>de</strong> l’extérieur.<br />

20


Chapitre 3 : Bref historique<br />

Il est bien souvent nécessaire <strong>de</strong> se replonger dans le passé pour comprendre le présent et<br />

envisager le futur en évitant <strong>de</strong> refaire les erreurs du passé. C’est pourquoi, ce document<br />

contient un bref historique <strong>de</strong> certains faits ayant marqué les nations africaines. Il permet <strong>de</strong><br />

se rendre compte que par le passé le développement en Afrique subsaharienne était<br />

principalement basé sur <strong>de</strong>s acteurs non africains et l’ai<strong>de</strong> <strong>au</strong> développement.<br />

En effet, si l’on se replonge rapi<strong>de</strong>ment dans l’histoire <strong>de</strong>s économies africaines, elles ont<br />

majoritairement été non <strong>au</strong>tonomes jusqu’à l’époque <strong>de</strong>s indépendances dans les années 60.<br />

Une fois leur indépendance obtenue, <strong>de</strong> nombreux gouvernements ont mené <strong>de</strong>s politiques <strong>de</strong><br />

développement et <strong>de</strong>s plans d’investissements <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong>de</strong> l’État et en <strong>au</strong>tarcie par rapport <strong>au</strong><br />

reste du mon<strong>de</strong>. Les pays africains se sont complètement coupés <strong>de</strong>s progrès économiques et<br />

<strong>de</strong>s avancées technologiques dans le but <strong>de</strong> conduire leur propre développement en<br />

constituant <strong>de</strong> puissantes industries nationales (Sachs, 2005, p.48). Pendant une longue<br />

décennie, on a assisté à une croissance économique notable et une amélioration <strong>de</strong>s<br />

infrastructures sociales. Cette croissance était soutenue par les prix <strong>de</strong>s matières premières<br />

exportées qui étaient élevés dans les années 60 et 70. Mais cela n’a pas mené à <strong>de</strong>s<br />

améliorations durables car « d’importantes fragilités structurelles sous-tendaient ce premier<br />

acte <strong>de</strong> l’histoire économique postindépendances, exposant les jeunes nations africaines à un<br />

retournement <strong>de</strong> conjoncture » (Severino, 2010, p.85) 5 .<br />

Le modèle économique basé sur l’exportation <strong>de</strong> matières premières non transformées,<br />

provenant <strong>de</strong> l’époque coloniale, s’est avéré être un frein <strong>au</strong> développement et a perpétué une<br />

certaine dépendance <strong>de</strong> l’Afrique vis-à-vis <strong>de</strong>s anciennes puissances coloniales. De plus,<br />

cette situation plaçait l’Afrique dans une situation <strong>de</strong> vulnérabilité importante <strong>au</strong>x variations<br />

<strong>de</strong>s termes <strong>de</strong> l’échange et <strong>de</strong>s cours internation<strong>au</strong>x. Une faiblesse supplémentaire <strong>de</strong>s États<br />

africains à cette époque était l’ampleur et le coût <strong>de</strong> leurs secteurs publics. En effet, 40% du<br />

budget <strong>de</strong> l’État était utilisé pour payer les salaires <strong>de</strong>s fonctionnaires (Brunel, 2003). Les<br />

industries nationales créées lors <strong>de</strong> la phase postindépendance se caractérisaient par <strong>de</strong>s coûts<br />

et <strong>de</strong>s nive<strong>au</strong>x <strong>de</strong> corruption élevés. De plus, les États indépendants n’ont pas été capables<br />

d’encadrer les grands projets d’ai<strong>de</strong> <strong>au</strong> développement et ont sombré dans <strong>de</strong>s régimes<br />

<strong>au</strong>toritaires et corrompus.<br />

Après l’indépendance, la majorité <strong>de</strong>s pays africains ont maintenu les cadres d’administration<br />

territoriale et <strong>de</strong> développement économique datant <strong>de</strong> l’époque coloniale. L’organisation<br />

territoriale est restée basée sur <strong>de</strong>s principes <strong>de</strong> « centre-périphérie», où le centre est privilégié<br />

5 Voir l’analyse <strong>de</strong> DURUFLE, G. (2008), L’Ajustement structurel en Afrique : Sénégal, Côte d’Ivoire, Madagascar, Paris :<br />

Karthala<br />

21


et la périphérie est pratiquement abandonnée par les services publics. Les bénéfices dégagés<br />

lors <strong>de</strong> la pério<strong>de</strong> faste postindépendance ne furent bien souvent pas utilisés à bon escient et<br />

les pays africains profitèrent <strong>de</strong> l’inflation suivant le choc pétrolier pour s’en<strong>de</strong>tter encore<br />

davantage et mettre en place <strong>de</strong>s subventions pour différents secteurs <strong>de</strong> l’économie. Ceci a<br />

<strong>au</strong>gmenté les dépenses publiques et explique l’<strong>au</strong>gmentation <strong>de</strong> la <strong>de</strong>tte africaine <strong>de</strong> 20% par<br />

an <strong>de</strong> 1972 à 1980, pour atteindre presque ¼ du PIB africain (Severino & Ray, 2010, p.89) 6 .<br />

Dans les années 80, l’Afrique s’est considérablement app<strong>au</strong>vrie, le développement<br />

postcolonial est désormais considéré <strong>comme</strong> un échec et les plans <strong>de</strong> développement sont<br />

interrompus. De nombreux pays africains font face à une crise <strong>de</strong> la <strong>de</strong>tte et doivent faire<br />

appel à <strong>de</strong>s programmes d’ajustements structurels (PAS) pour pouvoir obtenir <strong>de</strong> nouve<strong>au</strong>x<br />

crédits du Fonds Monétaire International (FMI) et <strong>de</strong> la Banque Mondiale (BM). À travers les<br />

PAS, on élimine le subventionnement <strong>de</strong>s prix, on diminue les dépenses publiques, on<br />

rembourse la <strong>de</strong>tte extérieure avant la <strong>de</strong>tte intérieure, on met fin <strong>au</strong> protectionnisme et on<br />

privatise l’économie en cédant <strong>de</strong>s monopoles d’état <strong>au</strong> secteur privé (Severino & Ray, 2010).<br />

A cette époque, le t<strong>au</strong>x d’investissement en Afrique s’effondre et les infrastructures existantes<br />

sont délaissées. Ces PAS marquent le passage <strong>de</strong> réglementations économiques menées par<br />

l’État à une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> réformes orientées par le marché dans les années 80 et 90. Le résultat<br />

<strong>de</strong> ces programmes est controversé. Pour certains, « ces programmes avaient peu <strong>de</strong> mérite<br />

scientifique et ont produit encore moins <strong>de</strong> résultats » (Sachs, 2005, p.189). Ils ont mené à<br />

une p<strong>au</strong>périsation <strong>de</strong>s populations, à <strong>de</strong>s inégalités et à une corruption croissantes (Sachs,<br />

2005). D’<strong>au</strong>tres considèrent qu’ils ont permis <strong>de</strong> stabiliser la situation <strong>de</strong>s économies<br />

africaines. « La supervision scrupuleuse <strong>de</strong> la Banque Mondiale et du FMI a en effet permis<br />

d’assainir considérablement les finances publiques africaines » (Severino, 2010, p.102).<br />

Parallèlement <strong>au</strong>x ajustements structurels, <strong>comme</strong> on considérait que les pays africain avaient<br />

fait preuve d’une m<strong>au</strong>vaise gestion budgétaire, les montants d’ai<strong>de</strong> accordés à ces pays se<br />

sont effondrés dans les années 1980 et 1990. Ils sont passées <strong>de</strong> 32 $/ africain en 1980 à 22<br />

$/africain en 2001 7 , ce qui aggrava encore la situation (Sachs, 2005). D’<strong>au</strong>tres raisons<br />

expliquent cette diminution <strong>de</strong>s montants d’ai<strong>de</strong> <strong>comme</strong> par exemple la chute du mur <strong>de</strong><br />

Berlin qui mit fin à l’intérêt stratégique du soutien à l’Afrique.<br />

Comme cela fut expliqué dans le chapitre précé<strong>de</strong>nt dédié <strong>au</strong> contexte actuel, le continent<br />

africain a connu une pério<strong>de</strong> faste <strong>au</strong> cours <strong>de</strong> ces dix <strong>de</strong>rnières années.<br />

6 Voir HUGON, P. (2009), Géopolitique <strong>de</strong> l’Afrique : 2 e édition, éditions Se<strong>de</strong>s<br />

7 En USD constants <strong>de</strong> 2002<br />

22


Chapitre 4 : Problématique<br />

Section 1: Des contextes nation<strong>au</strong>x dans ce contexte global<br />

Si les prévisions futures pour l’Afrique sont relativement optimistes, il va sans dire que les<br />

efforts à fournir pour que ces prévisions en viennent à se réaliser sont gigantesques. Les<br />

gouvernements <strong>de</strong>s pays d’Afrique subsaharienne doivent s’atteler à la tâche complexe <strong>de</strong><br />

maintenir la croissance tout en réduisant la p<strong>au</strong>vreté; et ceci ne sera ni un processus facile, ni<br />

un processus uniforme. En effet, bien qu’un cadre réglementaire, institutionnel et légal<br />

commun <strong>au</strong>x régions africaines puisse partiellement être mis en place, il n’en <strong>de</strong>meure pas<br />

moins que chaque nation a ses spécificités, ses besoins propres et sa vision. Les pays africains<br />

se trouvent dans <strong>de</strong>s situations fortement différentes et ne font pas tous face <strong>au</strong>x mêmes<br />

contraintes. Au nive<strong>au</strong> <strong>de</strong>s indicateurs du développement, on remarque par exemple que « le<br />

total du PIB par habitant <strong>de</strong>s 10 pays africains les plus riches représente 25,2 fois celui <strong>de</strong>s<br />

10 pays les plus p<strong>au</strong>vres» (Banque Mondiale, 2011) 8 . En lien avec l’initiative privée, on peut<br />

remarquer par exemple que « en 2010, chaque procédure <strong>de</strong> création d’entreprise prend 213<br />

jours en Guinée Biss<strong>au</strong>, contre 3 jours <strong>au</strong> Rwanda » (Banque Mondiale, 2011) 9 . Ces<br />

exemples sélectionnés parmi tant d’<strong>au</strong>tres permettent <strong>de</strong> se rendre compte que les conditions<br />

divergent significativement dans différents pays et qu’il est impossible <strong>de</strong> généraliser <strong>de</strong>s<br />

constats ou recommandations <strong>au</strong> continent dans son ensemble.<br />

On ne peut donc parler d’un modèle <strong>de</strong> développement unique pour l’Afrique subsaharienne,<br />

mais plutôt <strong>de</strong> tendances globales pour le continent, s’appliquant indépendamment à chaque<br />

environnement national. La différentiation <strong>de</strong>s politiques appliquées <strong>au</strong>x différentes nations<br />

va permettre <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>r une certaine cohérence dans les réformes mises en place. On constate<br />

que, <strong>de</strong>puis plusieurs années déjà, <strong>de</strong> nombreux pays africains ont établi et mettent à jour <strong>de</strong>s<br />

programmes <strong>de</strong> visions nationales et <strong>de</strong>s stratégies nationales <strong>de</strong> développement. Ceci est<br />

complémentaire <strong>au</strong>x programmes développés <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> régional qui traitent souvent <strong>de</strong><br />

questions plus larges.<br />

Les différences nationales expliquent pourquoi cette étu<strong>de</strong> vise à analyser un pays et non<br />

l’ensemble <strong>de</strong> l’Afrique subsaharienne. Ce travail sera concentré sur le cas particulier du<br />

<strong>Bénin</strong>. Les raisons <strong>de</strong> ce choix seront expliquées <strong>de</strong> manière détaillée par la suite. Cependant,<br />

on peut remarquer que la problématique étudiée est relativement générale et pourrait donc être<br />

le point <strong>de</strong> départ d’une analyse pour différents pays d’Afrique subsaharienne. Il serait<br />

intéressant par la suite <strong>de</strong> poursuivre cette analyse en la réalisant pour une multitu<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

nations, et éventuellement <strong>de</strong> zones géographiques.<br />

8 Sur le site <strong>de</strong> la Banque Mondiale, Consulté le 3 jan. 2012<br />

http://web.worldbank.org/WBSITE/EXTERNAL/ACCUEILEXTN/PAYSEXTN/AFRICAINFRENCHEXT/0,,contentMDK:<br />

21612048~pagePK:146736~piPK:226340~theSitePK:488775,00.html<br />

9 http://web.worldbank.org/WBSITE/EXTERNAL/ACCUEILEXTN/PAYSEXTN/AFRICAINFRENCHEXT/0,,contentMDK<br />

:21612048~pagePK:146736~piPK:226340~theSitePK:488775,00.html<br />

23


Section 2: Un nouve<strong>au</strong> moteur<br />

Jusqu’à la fin <strong>de</strong>s années 80, l’importance <strong>de</strong> l’initiative privée n’était pas réellement saisie<br />

par les acteurs du développement. Par exemple, le rapport <strong>de</strong> la Banque Mondiale : « Le<br />

développement accéléré en Afrique <strong>au</strong> sud du Sahara : Programme indicatif d'action » parlait<br />

<strong>de</strong> l’industrie <strong>comme</strong> moteur du développement mais n’évoquait l’entrepreneuriat que<br />

brièvement sur une <strong>de</strong>mi page du rapport. Ce n’est qu’en 1989 que la Banque Mondiale cita<br />

pour la première fois l’importance <strong>de</strong> l’entrepreneuriat dans la croissance économique en<br />

Afrique dans un <strong>de</strong> ses rapports (English & Hén<strong>au</strong>lt, 1996)<br />

Aujourd’hui, le développement ne s’appuie plus uniquement sur l’État et les organismes <strong>de</strong><br />

développement, mais on considère <strong>de</strong> plus en plus que le développement du secteur privé par<br />

l’initiative privée peut être un pilier important <strong>de</strong> la croissance et un outil pour réduire la<br />

p<strong>au</strong>vreté.<br />

Chaque État a <strong>de</strong>s rôles clés à jouer <strong>comme</strong> ceux <strong>de</strong> « fournir <strong>de</strong>s services soci<strong>au</strong>x <strong>de</strong> base,<br />

inst<strong>au</strong>rer un environnement général favorable, stimuler l’esprit d’entreprise et promouvoir ou<br />

assurer (…) certaines activités qui, pour <strong>de</strong>s raisons d’échelle ou d’externalités, ne se prêtent<br />

pas à l’initiative privée » (Yahie, 2000, p.3 abstract). Si l’on se plonge plus attentivement<br />

dans les documents rédigés par les gran<strong>de</strong>s institutions <strong>de</strong> développement ou encore dans les<br />

plans <strong>de</strong> développement <strong>de</strong>s gouvernements 10 , on remarque que, dans <strong>de</strong> nombreux pays<br />

africains, l’accent est mis <strong>au</strong>jourd’hui sur le développement du secteur privé.<br />

Partout en Afrique subsaharienne, les institutions publiques doivent se renforcer et créer un<br />

environnement favorable pour permettre l’émergence d’un dynamisme entrepreneurial<br />

africain. L’investissement, particulièrement dans les infrastructures, a un rôle primordial à<br />

jouer. Il f<strong>au</strong>t investir dans presque tous les sous-secteurs <strong>de</strong>s infrastructures, c’est-à-dire les<br />

secteurs <strong>de</strong>s transports, <strong>de</strong>s télécommunications, <strong>de</strong> l’e<strong>au</strong> et <strong>de</strong> l’énergie. De plus, il est<br />

important que le gouvernement crée un environnement stable et développe <strong>de</strong>s politiques<br />

publiques soutenant les entrepreneurs. Il f<strong>au</strong>t permettre <strong>au</strong>x populations d’être confiantes<br />

quant à leur avenir et <strong>de</strong> vouloir s’investir dans <strong>de</strong>s projets car cela bénéficiera à l’économie<br />

et à la société dans son ensemble. En <strong>de</strong>hors du manque d’infrastructure, d’<strong>au</strong>tres freins à<br />

l’initiative privée <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> africain sont notamment la corruption, le non-respect <strong>de</strong> la<br />

législation ainsi que la lenteur administrative. Des organismes tels que le Fonds Africain <strong>de</strong><br />

développement soutiennent <strong>de</strong>s réformes visant à améliorer la situation <strong>de</strong>s services publics.<br />

Selon la Banque Africaine <strong>de</strong> <strong>Développement</strong> : « Si créer une entreprise ne prenait que<br />

quelques jours, pour un tarif raisonnable, bien <strong>de</strong>s entrepreneurs potentiels s’engageraient »<br />

(BAD, 2009, p.67).<br />

10 Comme par exemple dans le Rapport <strong>de</strong> synthèse : <strong>Bénin</strong> 2025, Alafia réalisé par le gouvernement béninois appuyé par le<br />

PNUD<br />

24


Des efforts sont faits pour améliorer l’environnement <strong>de</strong> l’initiative privée et c’est ce que le<br />

rapport « Doing Business 2011 » démontre en pointant le nombre <strong>de</strong> nouvelles réformes ayant<br />

été mises en place <strong>au</strong> cours <strong>de</strong> l’année 2010-2011. Au nive<strong>au</strong> mondial il s’agit <strong>de</strong> 245<br />

nouvelles réformes institutionnelles et réglementaires visant à faciliter les affaires et ayant<br />

pris place dans 125 économies différentes, soit une <strong>au</strong>gmentation <strong>de</strong> 13% par rapport à<br />

l’année précé<strong>de</strong>nte. Ce qui est intéressant à remarquer, c’est que ces réformes ont pour la<br />

plupart pris place dans les économies à revenus faibles et intermédiaires (Doing Business,<br />

2011). En Afrique subsaharienne, <strong>comme</strong> le disait le rapport d’IFC et <strong>de</strong> la Banque Mondiale,<br />

<strong>de</strong> nombreuses économies ont amélioré leur réglementation du mon<strong>de</strong> <strong>de</strong>s affaires pour les<br />

entrepreneurs <strong>au</strong> cours <strong>de</strong> l’année 2011. Alors qu’en 2006, seulement un tiers <strong>de</strong>s économies<br />

en Afrique subsaharienne avaient rendu leur environnement réglementaire plus favorable <strong>au</strong>x<br />

entreprises locales, <strong>au</strong> cours <strong>de</strong> 6 <strong>de</strong>rnières années, 43 gouvernements ont voté <strong>de</strong>s<br />

réglementations favorables à l’entreprise, et 36 gouvernements d’Afrique subsaharienne ont<br />

mené <strong>de</strong>s réformes dans ce même but entre juin 2010 et mai 2011 (Doing Business, 2011). On<br />

observe donc un accroissement soudain du rythme d’élaboration <strong>de</strong> nouvelles réglementations<br />

dans ce domaine. Ceci démontre bien l’intérêt croissant porté à l’initiative privée dans les<br />

pays en voie <strong>de</strong> développement.<br />

Section 3 : Précision <strong>de</strong> la problématique<br />

La problématique étudiée dans ce document est celle du rôle que le secteur privé et plus<br />

particulièrement l’initiative privée ont à jouer dans le développement et la croissance socio-<br />

économique. Comme expliqué précé<strong>de</strong>mment, cette analyse sera concentrée sur un pays<br />

spécifique, le <strong>Bénin</strong>.<br />

3.1 Justification du choix du pays<br />

L’impossibilité <strong>de</strong> généralisation pour l’Afrique dans son ensemble a impliqué le choix d’un<br />

pays sur lequel se concentrer pour cette étu<strong>de</strong>.<br />

« Il f<strong>au</strong>t veiller à ne pas généraliser trop rapi<strong>de</strong>ment <strong>de</strong>s discours et <strong>de</strong>s analyses sur<br />

l’Afrique. Il y a en Afrique <strong>de</strong>s hommes et <strong>de</strong>s femmes <strong>de</strong> différents pays et cultures. La<br />

moindre <strong>de</strong>s choses, c’est <strong>de</strong> reconnaître le caractère unique <strong>de</strong> chacun » (Nzamujo, 2007,<br />

p.16).<br />

L’éventualité d’étudier l’Afrique du Sud et les pays d’Afrique du Nord fut directement écartée<br />

en raison <strong>de</strong> leur nive<strong>au</strong> <strong>de</strong> développement déjà bien supérieur à <strong>de</strong> nombreux égards à celui<br />

<strong>de</strong>s pays d’Afrique subsaharienne. Ensuite, un choix entre les 48 pays d’Afrique<br />

subsaharienne <strong>de</strong>vait être fait.<br />

Il semblait intéressant <strong>de</strong> se concentrer sur un pays qui serait dans le bas du classement en<br />

termes <strong>de</strong> développement économique et dans le classement « Doing Business » qui évalue la<br />

25


facilité à faire <strong>de</strong>s affaires, afin que les recommandations faites pour ce pays puissent<br />

s’appliquer à bien d’<strong>au</strong>tres en tenant compte <strong>de</strong>s spécificités nationales. En effet, les pays plus<br />

avancés <strong>au</strong>ront sans doute déjà mis en place une partie <strong>de</strong>s recommandations qui seront<br />

développées, mais pourront s’inspirer <strong>de</strong> certaines <strong>au</strong>tres. Si on avait choisi un pays<br />

particulièrement avancé par rapport <strong>au</strong>x <strong>au</strong>tres pays d’Afrique subsaharienne, les<br />

recommandations <strong>au</strong>raient été plus difficilement applicables <strong>au</strong>x pays moins avancés qui<br />

n’<strong>au</strong>raient pas mis en place les conditions <strong>de</strong> base pour pouvoir appliquer ces<br />

recommandations.<br />

C’est suite à <strong>de</strong>s recherches sur les différents pays d’Afrique subsaharienne que la découverte<br />

<strong>de</strong> l’ONG Songhai a été faite. Cette ONG, créée <strong>au</strong> <strong>Bénin</strong>, a mis en place <strong>de</strong>s centres <strong>de</strong><br />

formation <strong>de</strong> jeunes entrepreneurs agricoles pour « entraîner l’Afrique dans une logique <strong>de</strong><br />

développement qui consiste à amorcer <strong>de</strong> nouvelles forces en dépit <strong>de</strong>s contraintes socio-<br />

économiques » 11 . La vision <strong>de</strong> Songhaï est <strong>de</strong> « constituer une plateforme entrepreneuriale,<br />

un espace <strong>de</strong> vulgarisation porteur <strong>de</strong> solutions techniques, organisationnelles et morales<br />

pour sortir le continent africain d’une logique <strong>de</strong> p<strong>au</strong>vreté et le mener à une prise en charge<br />

et un développement socio-économique durable » (Songhaï) 12 . En conclusion, c’est l’intérêt<br />

pour cette ONG combiné à la situation socio-économique du <strong>Bénin</strong> qui a guidé le choix <strong>de</strong> ce<br />

pays.<br />

3.2 L’initiative étudiée<br />

Dans ce travail, l’initiative privée et son environnement sera le sujet d’étu<strong>de</strong> principal. Ce<br />

sujet est intéressant tout d’abord parce que l’accent <strong>comme</strong>nce à être mis <strong>de</strong> plus en plus sur<br />

le secteur privé dans les politiques <strong>de</strong> développement national. Ensuite, on <strong>comme</strong>nce à voir<br />

apparaître une volonté d’améliorer l’environnement pour le rendre plus propice à l’initiative<br />

privée. On n’est ici pas uniquement dans une vision économique, mais bien dans une vision<br />

plus humaniste, qui peut être soit économique, soit agricole, soit culturelle ou encore sociale.<br />

C’est cette variété d’initiatives privées qui peuvent permettre d’accélérer le développement et<br />

<strong>de</strong> réduire la p<strong>au</strong>vreté et les inégalités.<br />

"Le développement est un processus global dont les multiples dimensions – économiques,<br />

sociales et culturelles – s'influencent mutuellement » (Banque Mondiale, 1992, p.12). On<br />

comprend donc qu’étudier l’initiative privée et non par exemple uniquement l’entrepreneuriat<br />

permet d’étudier un processus lié <strong>au</strong>x multiples facettes du développement. Cependant, les<br />

termes initiatives et entrepreneuriat peuvent également être quasiment synonymes si l’on<br />

parle d’entrepreneuriat <strong>au</strong> sens large, c'est-à-dire <strong>de</strong> type économique, agricole, social ou<br />

culturel. Ces différentes facettes ont néanmoins chacune leur importance. En effet,<br />

11 Sur le site <strong>de</strong> l’ONG Songhaï, consulté le 2 jan. 2012<br />

http://www.songhai.org/in<strong>de</strong>x.php?option=com_content&view=article&id=48:vue-generale&catid=1:nouvelles<br />

12 Documents reçus <strong>au</strong> sein <strong>de</strong> l’ONG Songhaï<br />

26


l’entrepreneuriat agricole ne pouvait être négligé en raison du caractère prépondérant <strong>de</strong><br />

l’agriculture dans l’économie béninoise : représentant 70% <strong>de</strong>s emplois, 30% du PIB et 80%<br />

<strong>de</strong>s exportations, elle est l’un <strong>de</strong>s piliers du développement du <strong>Bénin</strong> selon les plans<br />

nation<strong>au</strong>x (FIDA, 2011). De plus, le <strong>Bénin</strong>ois est un individu qui, selon le rapport <strong>Bénin</strong> 2025<br />

Alafia, aspire à la revalorisation <strong>de</strong> son patrimoine culturel, et c’est pourquoi l’initiative<br />

culturelle est intéressante et peut être particulièrement dynamique. Enfin, l’entrepreneuriat <strong>de</strong><br />

type social est important, car il bénéficie non seulement à celui qui est à la base <strong>de</strong> l’initiative,<br />

mais <strong>au</strong>ssi à la commun<strong>au</strong>té à laquelle il appartient.<br />

Il est intéressant d’analyser le rôle qu’a joué l’initiative privée dans la croissance passée et<br />

dans les différents secteurs <strong>de</strong> l’économie, ce qui l’a empêchée <strong>de</strong> se développer davantage,<br />

ce qui l’a favorisée et ce qu’il f<strong>au</strong>drait mettre en place pour le futur. Ce travail a pour but<br />

d’apporter une vue nouvelle sur l’un <strong>de</strong>s moteurs du développement qu’est l’initiative privée,<br />

<strong>de</strong> dégager <strong>de</strong>s recommandations pour créer un environnement qui lui soit plus propice, et<br />

d’éveiller les esprits sur l’importance qu’on <strong>de</strong>vrait lui accor<strong>de</strong>r .<br />

Section 4 : La situation socioéconomique <strong>au</strong> <strong>Bénin</strong><br />

4.1 Bref historique <strong>de</strong> la libéralisation à nos jours<br />

Plusieurs éléments ont marqué le développement du <strong>Bénin</strong> <strong>au</strong> cours <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rnières<br />

décennies. Comme dans <strong>de</strong> nombreux pays, après l’indépendance, l’Etat béninois a pris en<br />

charge les princip<strong>au</strong>x secteurs <strong>de</strong> l’économie pour s’en séparer dans les années 70 en raison<br />

d’un déficit financier trop important. Des plans <strong>de</strong> développement à moyen terme étaient<br />

développés jusqu’à ce qu’ils doivent être abandonnés en raison <strong>de</strong> la crise <strong>au</strong> début <strong>de</strong>s années<br />

80 (Ministère <strong>de</strong> la prospective, du développement, <strong>de</strong> l’évaluation <strong>de</strong>s politiques publiques et<br />

<strong>de</strong> la coordination <strong>de</strong> l’action gouvernementale, 2000). Pendant les années 80, les<br />

infrastructures socio-économiques tombèrent à l’abandon en raison <strong>de</strong>s difficultés <strong>de</strong> l’État<br />

qui sont cette fois dues à un ralentissement du t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> croissance économique et du revenu<br />

par habitant et à la chute vertigineuse <strong>de</strong>s recettes <strong>de</strong> l’État. L’État béninois accumule alors<br />

les arriérés <strong>de</strong> salaire et les <strong>de</strong>ttes tant extérieures qu’intérieures.<br />

Suite à ces difficultés <strong>de</strong> l’État, les Programmes d’Ajustements Structurels sont mis en œuvre<br />

dès la fin <strong>de</strong>s années 80 dans le but d’assainir et <strong>de</strong> stabiliser l’économie. Ces PAS ont relancé<br />

la croissance dans les années 90 et amélioré les finances publiques, tout en fragilisant les<br />

populations les plus p<strong>au</strong>vres.<br />

Lors <strong>de</strong> la conférence nationale <strong>de</strong>s Forces Vives <strong>de</strong> la Nation (fév. 1990), le <strong>Bénin</strong> a opté<br />

pour une démocratie pluraliste, un État <strong>de</strong> droit, le respect <strong>de</strong>s libertés fondamentales ainsi<br />

que pour le libéralisme économique (PNE, 2011). En 1991, suite à une volonté <strong>de</strong> réinst<strong>au</strong>rer<br />

<strong>au</strong> <strong>Bénin</strong> une certaine planification du développement, on recomman<strong>de</strong> <strong>de</strong> mettre en place<br />

27


trois outils qui existent encore <strong>au</strong>jourd’hui : les étu<strong>de</strong>s prospectives pour le long terme, la<br />

planification à moyen terme et les programmes d’investissements trienn<strong>au</strong>x réajustés chaque<br />

année (Ministère <strong>de</strong> la prospective, du développement, <strong>de</strong> l’évaluation <strong>de</strong>s politiques publiques et <strong>de</strong><br />

la coordination <strong>de</strong> l’action gouvernementale, 2000).<br />

Suite à cela, en 1992, le gouvernement et les bailleurs <strong>de</strong> fonds ont décidé <strong>de</strong> mettre l’accent<br />

sur le secteur privé pour accélérer le développement économique du pays, lors <strong>de</strong> la<br />

conférence <strong>de</strong> Genève. C’est le début d’une ère nouvelle dans laquelle le secteur privé doit<br />

jouer un rôle majeur (Dagoudo, 2008). On met en place un « programme <strong>de</strong> redynamisation<br />

économique » qui met l’accent sur la création d’entreprise. Cependant, le cadre institutionnel<br />

et réglementaire n’est pas adapté et on observe également un manque <strong>de</strong> possibilités <strong>de</strong><br />

financement et d’encadrement. De ce fait, selon l’INSAE, 70,15% <strong>de</strong>s entreprises créées<br />

entre 1977 et 1999 sont déjà mortes en 2001(Base <strong>de</strong> données SATUNE, 2001) 13 . On peut<br />

attribuer cet échec à certaines barrières, institutionnelles ou non, <strong>comme</strong> par exemple le<br />

manque d’information et les m<strong>au</strong>vaises infrastructures. (Banque Mondiale, 1993).<br />

Les Étu<strong>de</strong>s Nationales <strong>de</strong> Perspectives à Long Terme sont implémentées <strong>de</strong>puis 1999<br />

(Ministère <strong>de</strong> la prospective, du développement, <strong>de</strong> l’évaluation <strong>de</strong>s politiques publiques et <strong>de</strong> la<br />

coordination <strong>de</strong> l’action gouvernementale, 2000). Cependant, la croissance robuste <strong>de</strong>s années 90<br />

s’est ralentie <strong>au</strong> début <strong>de</strong>s années 2000 en raison <strong>de</strong> facteurs économiques défavorables et <strong>de</strong><br />

politiques économiques moins vigoureuses. Le <strong>Bénin</strong> a dû, par exemple, faire face à la baisse<br />

<strong>de</strong>s exportations <strong>de</strong> coton tant en volume qu’en valeur, à la baisse du nive<strong>au</strong> <strong>de</strong> <strong>comme</strong>rce<br />

avec le Nigeria, à la crise alimentaire et à la crise économique.<br />

4.2 Situation actuelle<br />

Le <strong>Bénin</strong> est l’une <strong>de</strong>s économies les plus p<strong>au</strong>vres mondialement selon l’IDH du PNUD, avec<br />

un IDH <strong>de</strong> 0,427 en 2011, ce qui le classe à la 167 e position sur 187 pays. Selon les données<br />

du Human Development Report du PNUD, 47,2% <strong>de</strong> la population béninoise vit dans la<br />

p<strong>au</strong>vreté extrême et 13,2% supplémentaires sont dans une situation <strong>de</strong> vulnérabilité face à la<br />

p<strong>au</strong>vreté. Le gouvernement béninois fait <strong>de</strong> nombreux efforts pour réduire la p<strong>au</strong>vreté. Parmi<br />

ces efforts, on peut citer les Stratégies <strong>de</strong> Croissance pour la Réduction <strong>de</strong> la P<strong>au</strong>vreté (SCRP)<br />

dont le gouvernement implémente actuellement le troisième volet. Le but recherché est que la<br />

croissance économique du pays sorte les populations <strong>de</strong> la p<strong>au</strong>vreté. Mais pour cela il f<strong>au</strong>drait<br />

que les fruits <strong>de</strong> cette croissance profitent <strong>au</strong>x plus p<strong>au</strong>vres. Cependant, <strong>au</strong> <strong>Bénin</strong>, les<br />

inégalités sont élevées, avec un indice <strong>de</strong> Gini 14 <strong>de</strong> 0,49 si on considère les revenus et 0,45 si<br />

13 DAGOUDO I. (2008), Les obstacles <strong>au</strong> développement <strong>de</strong>s petites et moyennes entreprises <strong>au</strong> bénin : le management et le<br />

financement. Université d’Abomey-Calavi (UAC) du <strong>Bénin</strong>, sur mémoires onlines. Consulté le 10 jan. 2012.<br />

14 L'indice <strong>de</strong> Gini est un indicateur synthétique d'inégalités <strong>de</strong> salaires (<strong>de</strong> revenus, <strong>de</strong> nive<strong>au</strong>x <strong>de</strong> vie). Il est égal à 0 dans<br />

une situation d'égalité parfaite et égal à 1 dans une situation la plus inégalitaire possible, celle où tous les salaires (les<br />

revenus, les nive<strong>au</strong>x <strong>de</strong> vie) s<strong>au</strong>f un seraient nuls. Entre 0 et 1, l'inégalité est d'<strong>au</strong>tant plus forte que l'indice <strong>de</strong> Gini est élevé.<br />

Sur le site <strong>de</strong> l’INSEE, http://www.insee.fr/fr/metho<strong>de</strong>s/<strong>de</strong>f<strong>au</strong>lt.asp?page=<strong>de</strong>finitions/indice-gini.htm<br />

28


on considère la richesse. Les inégalités sont également plus fortes en milieu urbain que rural.<br />

La croissance économique ne permet donc pas <strong>de</strong> sortir les populations <strong>de</strong> la p<strong>au</strong>vreté et<br />

semble profiter davantage <strong>au</strong>x riches qu’<strong>au</strong>x p<strong>au</strong>vres (CAPOD, 2009).<br />

L’économie béninoise est très peu diversifiée, largement informelle et peu compétitive. En<br />

effet, les secteurs primaires (40% du PIB) et tertiaires (45%) dominent alors que le secteur<br />

secondaire (15%) reste embryonnaire (Plan national d’action pour l’emploi, 2011). De ce fait,<br />

le <strong>Bénin</strong> est le 27 e pays le moins diversifié parmi 100 pays en voie <strong>de</strong> développement<br />

(Ianchovichina, 2008, p. 3). De plus, le pays reste principalement dominé par une agriculture<br />

<strong>de</strong> subsistance et importe une gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong>s biens consommés. Cette tendance à<br />

passivement consommer <strong>de</strong>s produits venant <strong>de</strong> l’extérieur explique le manque <strong>de</strong><br />

développement <strong>de</strong> l’industrie béninoise. Par exemple, selon les données <strong>de</strong>s entreprises<br />

enregistrées à la chambre du <strong>comme</strong>rce, 1649 <strong>de</strong>s 4227 entreprises enregistrées à Cotonou<br />

sont <strong>de</strong>s entreprises d’importations, soit 38% d’entre elles 15 . De plus, si on ajoute à cela les<br />

entreprises d’ «achat et vente», on englobe 66% <strong>de</strong>s entreprises présentes à Cotonou. Par<br />

contre les entreprises <strong>de</strong> fabrication ne représentent que 0,3% <strong>de</strong>s entreprises présentes à<br />

Cotonou et si on leur ajoute les entreprises <strong>de</strong> transformation, on arrive à 0,5% 16 , soit une part<br />

infime <strong>de</strong>s entreprises. Un fait frappant est que, malgré la prédominance <strong>de</strong> l’agriculture,<br />

25,5% <strong>de</strong>s importations sont <strong>de</strong>s produits agricoles <strong>au</strong> <strong>Bénin</strong> en 2005 (INSAE, 2012). Au sein<br />

du secteur tertiaire, le <strong>comme</strong>rce domine et représente 29% <strong>de</strong>s emplois tandis que l’industrie<br />

textile, alimentaire et la cimenterie dominent dans le secteur secondaire.<br />

Cependant, <strong>de</strong>s opportunités existent pour le pays en raison notamment <strong>de</strong> ses ressources et <strong>de</strong><br />

sa position géographique avantageuse, d’une part en raison <strong>de</strong> sa proximité avec le Nigeria,<br />

mais <strong>au</strong>ssi avec <strong>de</strong>s pays enclavés <strong>comme</strong> le Burkina Faso et le Niger. De plus, le <strong>Bénin</strong> est<br />

un pays démocratique et membre <strong>de</strong> l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine<br />

(UEMOA) et <strong>de</strong> la Commun<strong>au</strong>té Economique <strong>de</strong>s Etats d’Afrique <strong>de</strong> l’Ouest (CEDEAO), ce<br />

qui lui ouvre également d’<strong>au</strong>tres opportunités. Selon la stratégie d’opérationnalisation et la<br />

traduction en plans d’investissements sectoriels <strong>de</strong> la vision <strong>Bénin</strong> 2025, les piliers centr<strong>au</strong>x<br />

pour la croissance du <strong>Bénin</strong> sont les secteurs <strong>de</strong>s transports et <strong>de</strong> la logistique. Ces piliers sont<br />

complétés par l’agro-alimentaire, le coton, les BTP et le tourisme (Performance Management<br />

Consulting, 2008).<br />

L’une <strong>de</strong>s opportunités principales que le pays veut saisir est celle liée <strong>au</strong> secteur agricole. En<br />

effet, en 2008 la crise alimentaire a poussé le gouvernement à subventionner l’agriculture et à<br />

élaborer un plan <strong>de</strong> revigoration du secteur agricole pour faire du <strong>Bénin</strong> « une puissance<br />

agricole dynamique d’ici 2015, compétitive, respectueuse <strong>de</strong> l’environnement, créant <strong>de</strong>s<br />

15 Sur le site <strong>de</strong> la chambre du <strong>comme</strong>rce et <strong>de</strong> l’industrie du <strong>Bénin</strong>,<br />

http://www.ccibenin.org/in<strong>de</strong>x.php?option=com_docman&task=cat_view&gid=29&Itemid=138, consulté le 2 fev. 2012<br />

16 http://www.ccibenin.org/in<strong>de</strong>x.php?option=com_docman&task=cat_view&gid=29&Itemid=138, consulté le 2 fev. 2012<br />

29


ichesses répondant <strong>au</strong> besoin <strong>de</strong> développement économique et social <strong>de</strong>s populations »<br />

(Apanews, 2009).<br />

Le secteur primaire a été ciblé <strong>comme</strong> moteur <strong>de</strong> développement et pourrait bien être à la base<br />

d’un modèle <strong>de</strong> développement intégré. En effet, promouvoir le secteur primaire uniquement<br />

ne serait pas suffisant pour faire du <strong>Bénin</strong> un pays émergent. Les secteurs secondaires et<br />

tertiaires doivent être développés pour valoriser les produits du secteur primaire. Enfin,<br />

parallèlement à cela, le tourisme offre <strong>de</strong> bonnes opportunités pour l’économie béninoise.<br />

4.3 L’initiative privée <strong>au</strong> centre <strong>de</strong>s débats<br />

Ces <strong>de</strong>rnières années, le <strong>Bénin</strong> a fait un pas <strong>de</strong> plus dans son développement et a mis en place<br />

<strong>de</strong> nombreux outils visant à atteindre les Objectifs du Millénaire pour le <strong>Développement</strong> ou<br />

encore <strong>de</strong>s objectifs fixés <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> national. Il s’agit d’une part <strong>de</strong>s stratégies <strong>de</strong> réduction<br />

<strong>de</strong> la p<strong>au</strong>vreté dont le <strong>Bénin</strong> implémente actuellement et ce jusqu’à l’horizon 2015, la<br />

troisième version (SRPIII) qui « met l’accent sur la promotion <strong>de</strong> la croissance économique à<br />

travers le développement du secteur privé <strong>comme</strong> principal levier d’accélération » (ANPME,<br />

2011, p. 9) ; d’<strong>au</strong>tre part, <strong>de</strong> la vision <strong>Bénin</strong> Alafia 2025 et <strong>de</strong>s Etu<strong>de</strong>s Nationales <strong>de</strong><br />

Perspectives à Long Terme (NLTPS) <strong>Bénin</strong>-2025 ; et enfin, <strong>de</strong>s orientations stratégiques <strong>de</strong><br />

développement 2006-2011 qui ont <strong>comme</strong> 4 e axe la promotion <strong>de</strong> l’initiative <strong>de</strong>s jeunes.<br />

Par ailleurs, la promotion et la pérennisation <strong>de</strong>s PME/PMI est l’une <strong>de</strong>s 9 stratégies <strong>de</strong> la<br />

Politique Nationale <strong>de</strong> l’Emploi. De plus, l’Agenda pour un <strong>Bénin</strong> Emergent 2006-2011 et le<br />

projet <strong>de</strong> société 2011-2016 du Prési<strong>de</strong>nt Boni Yayi enten<strong>de</strong>nt également soutenir les<br />

initiatives privées urbaines et rurales et permettre <strong>au</strong>x jeunes <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir <strong>de</strong>s créateurs<br />

d’emplois (Ministère chargé le la microfinance, <strong>de</strong> l’emploi <strong>de</strong>s femmes et <strong>de</strong>s jeunes, 2011).<br />

Bien d’<strong>au</strong>tres documents traitent <strong>de</strong> la problématique <strong>de</strong> l’initiative privée, <strong>comme</strong> par<br />

exemple le document <strong>de</strong>s « actes du Forum National sur l’Emploi <strong>de</strong>s Jeunes » ou le Plan<br />

Cadre <strong>de</strong>s Nations Unies pour l’Assistance <strong>au</strong> <strong>Développement</strong> (UNDAF 2009-2013).<br />

30


Chapitre 5 : Question <strong>de</strong> recherche<br />

Section 1 : Chemin vers la définition <strong>de</strong> la question <strong>de</strong> recherche<br />

Partant <strong>de</strong> la problématique i<strong>de</strong>ntifiée, il a fallu resserrer encore le champ pour en venir à la<br />

définition <strong>de</strong> la question <strong>de</strong> recherche principale. Ce choix est apparu <strong>comme</strong> étant crucial car<br />

il influencerait continuellement la recherche en servant à la fois <strong>de</strong> levier et tamis <strong>de</strong> la<br />

recherche. En effet, cette question <strong>de</strong> recherche a influencé la suite <strong>de</strong>s événements à <strong>de</strong><br />

nombreuses reprises en facilitant le tri et la sélection <strong>de</strong> l’information ainsi qu’en permettant<br />

une meilleure structuration <strong>de</strong> la pensée.<br />

Cette question <strong>de</strong> recherche <strong>de</strong>vait répondre à plusieurs caractéristiques dont la pertinence, la<br />

faisabilité, la clarté et l’intelligence (Jacobs, 2011). Elle peut s’exprimer <strong>comme</strong> suit :<br />

« Comment favoriser l’émergence d’initiatives privées <strong>au</strong> <strong>Bénin</strong>, qu’elles soient économiques,<br />

sociales ou culturelles ? »<br />

De cette question <strong>de</strong> base découlent <strong>de</strong>ux sous-questions qui sont :<br />

- Quel pourrait être l’impact sur le développement du pays ?<br />

- Quel serait l’impact sur les populations ?<br />

Pour répondre à cette question <strong>de</strong> recherche, un diagnostic <strong>de</strong> la situation sera établi afin <strong>de</strong><br />

définir <strong>comme</strong>nt l’environnement <strong>de</strong> l’initiative privée pourrait être amélioré.<br />

Section 2 : Définition et opérationnalisation <strong>de</strong>s princip<strong>au</strong>x termes utilisés<br />

Ici seront définis les termes princip<strong>au</strong>x utilisés dans la question <strong>de</strong> recherche ou par la suite<br />

dans ce document.<br />

Définition précise <strong>de</strong> l’initiative étudiée<br />

Comme expliqué dans la problématique, l’initiative étudiée est non seulement l’initiative<br />

privée <strong>de</strong> type économique (entrepreneuriat), mais également l’initiative <strong>de</strong> type agricole<br />

(entrepreneuriat agricole ou agri-entrepreneuriat), sociale et culturelle.<br />

Entrepreneuriat<br />

Il s’agit du type d’initiatives privées le plus étudié <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> du développement. Bien que<br />

souvent économique, l’entrepreneur peut également être agricole, social ou culturel. Pour<br />

Filion (1991) « Un entrepreneur est une personne qui imagine, développe et réalise <strong>de</strong>s<br />

visions» (Filion, 1999, p.12). Cette définition a été sélectionnée car ce sont les personnes qui<br />

créent leur entreprise sur base d’une vision qui vont le plus probablement impacter le<br />

31


développement du pays et non ceux qui vivent <strong>au</strong> jour le jour sans vision, uniquement pour<br />

survivre.<br />

Distinction entre l’économie formelle et informelle<br />

Selon Brunet et Ferras (1992), « le secteur informel se caractérise par le fait qu’en son sein la<br />

législation du travail et les normes <strong>de</strong> la comptabilité sont ignorées, <strong>comme</strong> d’ailleurs les<br />

droits acquis ». 17 Cependant, l’absence <strong>de</strong> comptabilité n’est pas une caractéristique<br />

récurrente <strong>de</strong> l’économie informelle. Les entreprises informelles tiennent parfois une<br />

comptabilité même s’il est vrai que cela n’est pas courant.<br />

Comme le disent Bodson et Roy (2003, p.11), le secteur informel <strong>de</strong>vient ainsi le révélateur<br />

<strong>de</strong>s carences <strong>de</strong> nos systèmes et un lieu d’innovation lorsque les réponses <strong>de</strong> ces systèmes<br />

tar<strong>de</strong>nt ou sont trop lour<strong>de</strong>s pour faire face à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> ».<br />

Cette définition est intéressante car les différentes « carences » <strong>de</strong> l’économie béninoise qui<br />

l’empêchent <strong>de</strong> se développer <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> formel seront analysées dans ce travail. Pour que les<br />

entrepreneurs passent dans le secteur formel, il f<strong>au</strong>t qu’ils puissent y trouver un avantage ou<br />

en tout cas qu’ils n’y voient pas un désavantage évi<strong>de</strong>nt.<br />

<strong>Développement</strong> endogène<br />

La définition choisie est celle du Groupe <strong>de</strong> Recherche et d’Action pour le développement<br />

endogène : « le développement endogène est une conception du développement basé sur les<br />

ressources disponibles localement, notamment les savoirs, les expériences, les cultures et le<br />

lea<strong>de</strong>rship local. Il prend en compte la manière dont les populations se sont organisées<br />

localement et ont appris à vivre dans leur environnement, avec l’ouverture nécessaire pour<br />

intégrer les connaissances et les pratiques extérieures. Il inclut les systèmes d’apprentissage<br />

et d’expérimentation historiques générés localement, en vue <strong>de</strong> la satisfaction <strong>de</strong>s besoins<br />

ressentis par les populations, et projette <strong>de</strong> construire <strong>de</strong>s économies locales et suffisamment<br />

ouvertes pour permettre d’y retenir l’essentiel <strong>de</strong>s bénéfices ». 18<br />

Cette définition a été choisie en raison <strong>de</strong> sa concordance avec les idées énoncées par bon<br />

nombre <strong>de</strong>s personnes lors <strong>de</strong>s interviews. Lorsqu’ils parlaient <strong>de</strong> la nécessité <strong>de</strong> passer vers<br />

un <strong>au</strong>tre modèle <strong>de</strong> développement purement africain, ces personnes décrivaient un<br />

développement <strong>de</strong> type endogène. Notons cependant que, selon les personnes interviewées,<br />

c’est un développement endogène « intégré » qui semblerait être la meilleure solution pour le<br />

futur du <strong>Bénin</strong>. Ceci sera détaillé par la suite.<br />

17 Cité dans BODSON, P., & ROY P.-M. (2003), Approches du secteur informel, Editions l’Harmattan, p.11<br />

18 Sur le site du Groupe <strong>de</strong> Recherche et d’Action pour le <strong>Développement</strong> Endogène, consulté le 22 déc. 2011<br />

http://gra<strong>de</strong>.asso-web.com/23+<strong>de</strong>finition-operationnelle-du-<strong>de</strong>veloppement-endogene.html<br />

32


Microfinance et Microcrédit<br />

La Microfinance peut être définie <strong>comme</strong> « la fourniture d’un ensemble <strong>de</strong> produits<br />

financiers à tous ceux qui sont exclus du système financier classique ou formel »<br />

(Consultative Group to Assist the Poor). 19 La microfinance désigne non seulement l’activité<br />

<strong>de</strong> microcrédit, mais <strong>au</strong>ssi l’épargne, la micro-assurance et d’<strong>au</strong>tres produits (Feumetio,<br />

2007).<br />

L’activité <strong>de</strong> microcrédit consiste généralement en l’attribution <strong>de</strong> prêts à faibles montants à<br />

<strong>de</strong>s entrepreneurs ou <strong>de</strong>s artisans qui ne peuvent accé<strong>de</strong>r <strong>au</strong>x prêts bancaires classiques. C’est<br />

un dispositif qui permet d’offrir <strong>de</strong> très petits crédits à <strong>de</strong>s personnes p<strong>au</strong>vres pour les ai<strong>de</strong>r à<br />

conduire <strong>de</strong>s activités génératrices <strong>de</strong> revenus. Le microcrédit est considéré par les Nations<br />

Unies <strong>comme</strong> un outil majeur du développement (Feumetio, 2007).<br />

Petites et Moyennes Entreprises<br />

Selon la charte <strong>de</strong>s Micros, Petites et Moyennes Entreprises <strong>de</strong> 2005,<br />

Une Micro-entreprise :<br />

- dispose d’un effectif inférieur à 5 employés;<br />

- tient une comptabilité très allégée;<br />

- est inscrite <strong>au</strong> registre du <strong>comme</strong>rce et <strong>au</strong> crédit immobilier;<br />

- n’est pas astreinte à la déclaration d’impôt;<br />

- dispose d’un chiffre d’affaires annuel inférieur ou égal à 5 millions FCFA.<br />

Une Petite entreprise et industrie :<br />

- dispose d’un effectif compris entre 5 et 49 employés;<br />

- tient une comptabilité conforme <strong>au</strong> système national en vigueur <strong>au</strong> <strong>Bénin</strong> et compatible avec<br />

les dispositions <strong>de</strong> l’OHADA;<br />

- est inscrite <strong>au</strong> registre du <strong>comme</strong>rce et <strong>au</strong> crédit immobilier;<br />

- réalise un chiffre d’affaires hors taxes annuel compris entre 5 et 150 millions FCFA.<br />

19 Le Consultative Group to Assist the Poor (CGAP) est un consortium <strong>de</strong> 27 agences <strong>de</strong> développement publiques et 2<br />

fondations privées soutenant le développement <strong>de</strong> la microfinance (www.cgap.org).<br />

33


Une Moyenne entreprise et industrie<br />

- dispose d’un effectif compris entre 50 et 99 employés;<br />

- tient une comptabilité conforme <strong>au</strong> système national en vigueur <strong>au</strong> <strong>Bénin</strong> et compatible avec<br />

les dispositions <strong>de</strong> l’OHADA;<br />

- est inscrite <strong>au</strong> registre du <strong>comme</strong>rce et <strong>au</strong> crédit immobilier;<br />

- réalise un chiffre d’affaires hors taxes annuel compris entre 150 millions FCFA et 2<br />

milliards FCFA.<br />

34


Chapitre 6 : Hypothèses<br />

Après la définition <strong>de</strong> la problématique et <strong>de</strong> la question <strong>de</strong> recherche étudiée, l’étape suivante<br />

était <strong>de</strong> définir les hypothèses <strong>de</strong> recherches qui seront par la suite vérifiées ou infirmées.<br />

« Dans le processus <strong>de</strong> la systématisation et <strong>de</strong> la démarche scientifique, la formulation<br />

d’hypothèses constitue une étape décisive. D’elle dépend l’issue <strong>de</strong> la recherche » (Loubet<br />

Del Bayle, 2000, p.177). Selon C. Bernard, « l’hypothèse doit être pl<strong>au</strong>sible et être <strong>au</strong>ssi<br />

probable que possible » (Loubet Del Bayle, 2000, p.178). La démarche déductive a été<br />

utilisée pour établir ces hypothèses en partant du général et en allant vers le particulier et donc<br />

en partant <strong>de</strong> faits provenant <strong>de</strong> la littérature, pour ensuite développer l’idée qui constitue<br />

l’hypothèse.<br />

Cinq hypothèses ont été définies pour couvrir la question <strong>de</strong> recherche et les <strong>de</strong>ux sous-<br />

questions. Ces hypothèses sont en fait <strong>de</strong>s pistes <strong>de</strong> réponses à la question <strong>de</strong> recherche qui<br />

ont émergé <strong>au</strong> fur et à mesure <strong>de</strong> la recherche d’information. Il sera par la suite intéressant <strong>de</strong><br />

les comparer avec les résultats <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> terrain pour voir si le fait <strong>de</strong> s’être rendu sur<br />

place et d’avoir interrogé <strong>de</strong>s experts a changé la perception du problème. Si certaines<br />

hypothèses s’avèrent être à l’antithèse <strong>de</strong> la réalité, cela pourrait indiquer <strong>de</strong>s distorsions <strong>de</strong><br />

l’information se trouvant dans la littérature, induites par exemple par <strong>de</strong>s intérêts politiques.<br />

Hypothèse 1 : Les barrières à l’initiative privée<br />

Il existe actuellement <strong>de</strong>s barrières à l’initiative privée qui sont :<br />

Le manque d’infrastructures<br />

La réglementation non adaptée<br />

La lour<strong>de</strong>ur <strong>de</strong>s procédures<br />

Le manque d’accès <strong>au</strong> financement<br />

La formation inadaptée<br />

Le manque <strong>de</strong> sécurité juridique<br />

Le manque <strong>de</strong> transparence et <strong>de</strong> stabilité politique<br />

Le manque <strong>de</strong> soutien <strong>au</strong>x entrepreneurs<br />

Hypothèse 2 : Les moteurs <strong>de</strong> l’initiative privée<br />

Certains éléments favorisent l’initiative privée, il s’agit :<br />

Du microcrédit<br />

Des structures <strong>de</strong> type associatives ou commun<strong>au</strong>taires<br />

De certains organes d’ai<strong>de</strong> à l’initiative privée<br />

De la nécessité d’entreprendre pour pouvoir travailler<br />

35


Hypothèse 3 : L’initiative privée <strong>comme</strong> moteur <strong>de</strong> développement<br />

La société et donc l’économie se développe d’<strong>au</strong>tant mieux qu’on favorise l’émergence<br />

d’initiatives privées : l’initiative privée <strong>de</strong>vient un moteur <strong>de</strong> développement.<br />

Hypothèse 4 : L’initiative privée pour réduire la p<strong>au</strong>vreté<br />

Favoriser l’initiative privée jouera un rôle important dans la réduction <strong>de</strong> la p<strong>au</strong>vreté.<br />

Hypothèse 5 : L’existence <strong>de</strong> barrières spécifiques<br />

Des barrières supplémentaires existent pour certaines catégories <strong>de</strong> la population se<br />

définissant selon <strong>de</strong>s critères <strong>comme</strong> l’âge, le sexe ou encore l’habitat rural ou urbain.<br />

36


Chapitre 7 : Analyse <strong>de</strong> la littérature<br />

Section 1 : Considérations préalables<br />

En partant <strong>de</strong> la problématique <strong>de</strong> départ, il est apparu <strong>comme</strong> intéressant d’analyser plusieurs<br />

thèmes. Premièrement, une définition <strong>de</strong> développement <strong>de</strong>vait être choisie pour clarifier<br />

l’objet <strong>de</strong> la recherche. Ensuite, une analyse <strong>de</strong>s c<strong>au</strong>ses du sous-développement <strong>de</strong> l’Afrique<br />

subsaharienne pouvait être utile pour permette d’i<strong>de</strong>ntifier ce qui a empêché le développement<br />

par le passé selon les économistes et pourrait impacter également le futur. Par après, analyser<br />

la littérature portant sur le développement économique pour i<strong>de</strong>ntifier certaines solutions<br />

proposées semblait être une étape logique en vue <strong>de</strong> déceler certaines solutions qui pourraient<br />

éventuellement s’appliquer dans le cadre plus précis <strong>de</strong> la problématique. De plus,<br />

comprendre pourquoi les modèles <strong>de</strong> développement du passé ont échoué permettait d’éviter<br />

<strong>de</strong> refaire les mêmes erreurs. Enfin, une analyse <strong>de</strong> la place <strong>de</strong> l’initiative privée dans la<br />

littérature du développement présentait un intérêt tout particulier et permettait d’avoir un<br />

regard plus décalé et critique sur ces ouvrages.<br />

En parallèle, pour partiellement répondre à notre question <strong>de</strong> recherche, il a fallu analyser le<br />

lien entre l’initiative privée et la croissance ainsi que le développement économique.<br />

Section 2 : La littérature sur le développement<br />

2.1 Qu’est-ce que le développement ?<br />

La définition classique du développement est celle <strong>de</strong> François Perroux (1961) : « c’est la<br />

combinaison <strong>de</strong>s changements ment<strong>au</strong>x et soci<strong>au</strong>x d’une population qui la ren<strong>de</strong>nt apte à<br />

faire croître cumulativement et durablement son produit réel et global » 20 .<br />

On voit donc qu’il y a une forte interdépendance entre croissance et développement. La<br />

croissance entraîne généralement le développement bien que cette relation puisse être<br />

amoindrie par une captation inégalitaire <strong>de</strong>s revenus <strong>de</strong> la croissance. De plus, le<br />

développement génère à son tour la croissance. Cependant, ces termes ne sont pas<br />

synonymes : « le développement est par nature un phénomène qualitatif <strong>de</strong> transformation<br />

sociétale alors que la croissance économique est seulement un phénomène quantitatif<br />

d’accumulation <strong>de</strong> richesses » (Deubel, 2008, p.463).<br />

De nombreuses polémiques ont eu lieu quant à la notion <strong>de</strong> développement qui serait trop<br />

capitaliste ou encore trop inspirée <strong>de</strong>s pays occi<strong>de</strong>nt<strong>au</strong>x. Le but ici n’est pas d’entrer dans la<br />

polémique, mais <strong>de</strong> considérer le développement <strong>comme</strong> l’amélioration <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> vie<br />

20 Cité dans Deubel, P. (2008), Analyse économique et historique <strong>de</strong>s sociétés contemporaines, Pearson Education France, p.<br />

453, consulté sur : http://www.pearson.fr/resources/titles/27440100430210/extras/7274_chap12_Analyse-Eco.pdf<br />

37


dans les pays et l’accumulation <strong>de</strong> richesse (la croissance) <strong>comme</strong> un pilier <strong>de</strong> ce<br />

développement.<br />

Partant <strong>de</strong> cette notion <strong>de</strong> développement, on en vient à définir le « sous-développement ».<br />

La définition <strong>de</strong> Brunel (1996) est celle qui sera utilisée dans ce travail car elle englobe<br />

différents aspects importants. « Le sous-développement se manifeste par 4 critères : une<br />

p<strong>au</strong>vreté <strong>de</strong> masse, <strong>de</strong> fortes inégalités <strong>au</strong> sein du pays et par rapport <strong>au</strong>x pays développés,<br />

l’exclusion par rapport <strong>au</strong> <strong>comme</strong>rce mondial et <strong>au</strong>x connaissances scientifiques ainsi que<br />

celle d’une partie <strong>de</strong> la population <strong>au</strong> sein du pays et l’insécurité dans laquelle vit la majorité<br />

<strong>de</strong> la population » (Deubel, 2008, p.466).<br />

2.2 Les c<strong>au</strong>ses du « sous-développement » selon les économistes mo<strong>de</strong>rnes<br />

Au cours <strong>de</strong> l’histoire, diverses théories ont été développées pour tenter d’expliquer le sous-<br />

développement. Cependant, seules les théories mo<strong>de</strong>rnes seront exposées dans ce travail dans<br />

le but d’en retirer un maximum <strong>de</strong> matière à utiliser par la suite.<br />

Selon Sachs, « pour comprendre et faire face à la situation <strong>de</strong> crise qu’on observe en Afrique,<br />

il f<strong>au</strong>t comprendre les liens entre la p<strong>au</strong>vreté extrême, les maladies, les conditions<br />

climatiques difficiles et instables, les coûts <strong>de</strong> transport élevés, la faim chronique, la<br />

production alimentaire inadéquate» (Sachs, 2005, p.196). En lisant uniquement cette<br />

affirmation <strong>de</strong> Jeffrey D. Sachs, on se rend compte qu’il est utopique <strong>de</strong> rechercher une c<strong>au</strong>se<br />

unique ou même <strong>de</strong>s c<strong>au</strong>ses isolées <strong>au</strong> sous-développement, mais qu’on va <strong>de</strong>voir faire face à<br />

une pluralité <strong>de</strong> c<strong>au</strong>ses, reliées entre elles, ce qui rend l’analyse bien plus complexe. En<br />

gardant ceci à l’esprit, nous allons passer en revue un certain nombre <strong>de</strong> c<strong>au</strong>ses rencontrées<br />

dans la littérature.<br />

Le sous-développement <strong>de</strong> l’Afrique subsaharienne est parfois attribué à sa position<br />

géographique. Par exemple, l’économiste Jeffrey Sachs, affirme qu’ « à la racine <strong>de</strong><br />

l’app<strong>au</strong>vrissement africain figure (…) sa géographie extrêmement désavantageuse » (Sachs,<br />

2005, p.59). De plus, selon Etounga Manguelle (1991), le climat expliquerait la « torpeur<br />

africaine ».<br />

Sachs parle <strong>au</strong>ssi <strong>de</strong> barrières culturelles, <strong>comme</strong> par exemple l’absence <strong>de</strong> rôle économique<br />

<strong>de</strong>s femmes dans <strong>de</strong> nombreux pays, le non-accès <strong>de</strong> certains groupes religieux ou ethniques<br />

<strong>au</strong>x services publics, empêchant une gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> la population <strong>de</strong> contribuer <strong>au</strong><br />

développement (Sachs, 2005). Daniel Etounga Manguelle ajoute que « la c<strong>au</strong>se globale et<br />

unique, celle qui est à l’origine <strong>de</strong> toutes les déviations, c’est la culture africaine ;<br />

caractérisée par son <strong>au</strong>tosuffisance, sa passivité, son manque d’ar<strong>de</strong>ur à aller à la rencontre<br />

<strong>de</strong>s <strong>au</strong>tres cultures avant que ces <strong>de</strong>rnières ne s’imposent à elle et ne l’ écrasent, son<br />

38


incapacité, une fois le mal fait, à évoluer à leur contact, sans tomber dans un mimétisme<br />

abject » (Etounga Manguelle, 1991, p.21).<br />

De nombreux économistes attribuent <strong>au</strong>ssi la lenteur du développement économique africain à<br />

la corruption. Cependant, selon le "Global Corruption Report", à <strong>de</strong>s nive<strong>au</strong>x <strong>de</strong> corruption<br />

similaires, les pays d’Afrique ont une croissance économique par habitant inférieure à ceux<br />

d’Asie (Transparency International, 2004). Pour certains pays d’Afrique, la m<strong>au</strong>vaise<br />

gouvernance explique une bonne partie du problème, sans toutefois être l’unique c<strong>au</strong>se<br />

(Sachs, 2005). Selon Nancy Birdsall, les pays africains souffrent non d’être pris dans une<br />

trappe <strong>de</strong> p<strong>au</strong>vreté, mais plutôt dans une trappe « d’institutions faibles ». Selon elle, on voit<br />

l’effet <strong>de</strong> cette trappe dans la m<strong>au</strong>vaise gestion <strong>de</strong>s frontières, la faible ouverture <strong>de</strong>s<br />

économies et également dans l’absence <strong>de</strong> classe moyenne (Birdsall, 2007). L’expansion <strong>de</strong> la<br />

classe moyenne mènerait selon elle à <strong>de</strong>s pressions sur l’État pour qu’il fasse <strong>de</strong>s<br />

investissements productifs.<br />

Sachs parle également <strong>de</strong> « trappe fiscale ». Il affirme que le manque <strong>de</strong> revenus fisc<strong>au</strong>x<br />

disponibles pour être réinvestis dans les biens et services publics ralentit le développement<br />

économique et social d’un pays (Sachs, 2005). Ces faibles revenus fisc<strong>au</strong>x sont dus à la<br />

p<strong>au</strong>vreté, à l’incapacité du gouvernement <strong>de</strong> récolter l’impôt et à la corruption. De plus, une<br />

partie <strong>de</strong>s revenus fisc<strong>au</strong>x est utilisée pour le remboursement <strong>de</strong> la <strong>de</strong>tte. Le manque <strong>de</strong><br />

moyens combiné <strong>au</strong> manque <strong>de</strong> profits potentiels en raison <strong>de</strong> la taille restreinte du marché<br />

empêche la R&D, l’innovation et le développement (Sachs, 2005).<br />

Collier (2008) parle <strong>de</strong> 4 sortes <strong>de</strong> trappes dans lesquelles sont coincés les pays les plus<br />

p<strong>au</strong>vres dits du « bottom billion » 21 . Il s’agit <strong>de</strong>s guerres, <strong>de</strong>s ressources naturelles, <strong>de</strong> la<br />

position géographique et <strong>de</strong> la m<strong>au</strong>vaise gouvernance.<br />

Jean-Michel Severino attribue, quant à lui, le sous-développement <strong>de</strong> l’Afrique <strong>au</strong>x pays<br />

industrialisés, qui gar<strong>de</strong>raient les pays du Tiers Mon<strong>de</strong> dans une situation <strong>de</strong> dépendance dans<br />

le but <strong>de</strong> disposer <strong>de</strong> matières premières à bon prix. « Les élites <strong>de</strong>s pays riches exploiteraient<br />

les plus p<strong>au</strong>vres <strong>de</strong>s pays p<strong>au</strong>vres, avec la complicité criminelle <strong>de</strong>s élites riches <strong>de</strong>s pays<br />

p<strong>au</strong>vres » (Severino & Ray, 2010, p.78). D’<strong>au</strong>tres lient le développement <strong>de</strong>s pays africains à<br />

la volonté <strong>de</strong>s pays industrialisés d’une <strong>au</strong>tre manière. Selon Sachs, si le régime en place dans<br />

un pays ne plaît pas à la commun<strong>au</strong>té internationale, ses opportunités <strong>comme</strong>rciales peuvent<br />

s’en trouver bloquées, ceci affaiblissant souvent plus les populations démunies que le régime<br />

lui-même (Sachs, 2005).<br />

L’éducation et la santé sont <strong>de</strong>ux barrières importantes <strong>au</strong> développement. Selon Sachs, <strong>de</strong>s<br />

t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> fertilité trop élevés diminuent <strong>au</strong>ssi les chances <strong>de</strong> croissance économique car les<br />

familles ne peuvent se permettre d’éduquer tous leurs enfants (Sachs, 2005). Par ailleurs, les<br />

21 La population <strong>de</strong> l’ordre d’un milliard <strong>de</strong> personnes qui est coincée dans une trappe <strong>de</strong> p<strong>au</strong>vreté.<br />

39


maladies, bien plus proéminentes en Afrique qu’ailleurs, sont également un frein <strong>au</strong><br />

développement. Esther Duflo (2010) affirme que la santé et la p<strong>au</strong>vreté sont fortement liées.<br />

Une m<strong>au</strong>vaise santé peut plonger dans la p<strong>au</strong>vreté et la p<strong>au</strong>vreté ne permet pas <strong>de</strong> soigner une<br />

m<strong>au</strong>vaise santé. Elle prône l’utilisation <strong>de</strong> la métho<strong>de</strong> <strong>de</strong>s essais cliniques pour l’évaluation<br />

<strong>de</strong>s politiques relatives à la santé et à l’éducation.<br />

Il s’agit d’une liste non exh<strong>au</strong>stive <strong>de</strong>s principales c<strong>au</strong>ses rencontrées dans la littérature sur le<br />

sous-développement <strong>de</strong>s pays d’Afrique subsaharienne. S’il est intéressant <strong>de</strong> se rendre<br />

compte <strong>de</strong>s c<strong>au</strong>ses évoquées dans la littérature, il est encore plus intéressant d’analyser les<br />

solutions proposées, ce qui est l’objet du chapitre suivant.<br />

2.3 Les solutions proposées<br />

Ici, les visions <strong>de</strong> plusieurs économistes mo<strong>de</strong>rnes du développement seront étudiées. Chacun<br />

d’entre eux a défini <strong>de</strong>s solutions pour lutter contre le sous-développement. Leurs visions<br />

sont souvent divergentes, ce qui permet <strong>de</strong> se rendre compte <strong>de</strong> la difficulté d’atteindre un<br />

consensus sur cette question.<br />

Pour certains économistes, l’ai<strong>de</strong> <strong>au</strong> développement est un levier nécessaire <strong>au</strong><br />

développement <strong>de</strong>s pays d’Afrique. Sachs et <strong>de</strong> manière plus modérée Duflo et Rid<strong>de</strong>l en sont<br />

par exemple <strong>de</strong>s partisans.<br />

Selon Sachs, l’ai<strong>de</strong> <strong>au</strong> développement est indispensable pour permettre <strong>au</strong>x pays sous-<br />

développés <strong>de</strong> sortir <strong>de</strong> la « trappe <strong>de</strong> p<strong>au</strong>vreté » dans laquelle ils sont emprisonnés (Sachs,<br />

2005). William Easterly est l’un <strong>de</strong>s princip<strong>au</strong>x opposants à la vision <strong>de</strong> « trappe <strong>de</strong><br />

p<strong>au</strong>vreté » <strong>de</strong> Sachs. Il démontre à plusieurs reprises dans ses ouvrages que <strong>de</strong> nombreux pays<br />

ont réussi à se développer sans bénéficier <strong>de</strong>s montants mirobolants d’ai<strong>de</strong> que Sachs propose.<br />

Easterly convient que l’assistance <strong>de</strong>s pays occi<strong>de</strong>nt<strong>au</strong>x peut jouer un rôle en diminuant les<br />

souffrances <strong>de</strong>s plus p<strong>au</strong>vres, si toutefois cela est fait humblement (Easterly, 2006,<br />

p.364). « Le but <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong>vrait être d’améliorer les conditions <strong>de</strong> vie d’individus et non <strong>de</strong><br />

transformer <strong>de</strong>s gouvernements ou sociétés » (Easterly, 2006, p.368). Selon Easterly, il est<br />

temps <strong>de</strong> laisser tomber l’hypocrite et paternaliste conditionnalité <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong>. Il affirme que la<br />

croissance économique est une priorité pour le développement car c’est le meilleur moyen <strong>de</strong><br />

réduire la p<strong>au</strong>vreté. Selon lui, les organismes d’ai<strong>de</strong> <strong>au</strong> développement doivent être plus<br />

sélectifs dans leur allocation d’ai<strong>de</strong>. « L’ai<strong>de</strong> ne <strong>de</strong>vrait être allouée qu’<strong>au</strong>x gouvernements<br />

qui ont démontré leur engagement pour le développement <strong>de</strong> la société dans son ensemble,<br />

apportant le bien-être à la majorité <strong>de</strong> la société » 22 .<br />

22 Interview with William Easterly (January/February 2002), The Failure of Economic Development, Challenge, vol. 45, no.<br />

1, p. 88–103<br />

40


Amartya Sen est en accord avec l’analyse d’Easterly sur les problèmes <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong> bien qu’il lui<br />

reproche également <strong>de</strong> ne pas correctement distinguer les différents problèmes et <strong>de</strong> manquer<br />

<strong>de</strong> clarté (Sen, 2006).<br />

Esther Duflo, quant à elle, se concentre particulièrement sur la recherche <strong>de</strong> solutions pour<br />

lutter contre la p<strong>au</strong>vreté. Elle affirme que la santé et l’éducation ont un rôle important à jouer<br />

et qu’il f<strong>au</strong>t trouver <strong>de</strong>s moyens <strong>de</strong> rendre l’accès à ces services abordables pour les<br />

populations. D’après Esther Duflo, même si certains pensent qu’il est temps <strong>de</strong> laisser les<br />

pays p<strong>au</strong>vres gérer eux-mêmes leur lutte contre la p<strong>au</strong>vreté, ils oublient <strong>de</strong> tenir compte du<br />

fait que les p<strong>au</strong>vres n’ont bien souvent pas les capacités <strong>de</strong> le faire (Duflo, 2010). Il est donc<br />

nécessaire d’ai<strong>de</strong>r les plus p<strong>au</strong>vres à s’en sortir.<br />

Rid<strong>de</strong>ll (2008), bien que favorable à l’ai<strong>de</strong> <strong>au</strong> développement, affirme qu’il est cependant<br />

difficile d’avoir la preuve <strong>de</strong> son effet. En effet, il est difficile d’isoler l’impact <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong> car<br />

on ne sait pas quel <strong>au</strong>rait été le résultat sans ai<strong>de</strong>. Néanmoins, il pointe les étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> Hansen<br />

et Tarp (2000, 2001) qui montrent que dans une majorité <strong>de</strong> cas, la relation entre les montants<br />

d’ai<strong>de</strong> et la croissance est positive. Rid<strong>de</strong>ll est également partisan <strong>de</strong> l’assistance technique, si<br />

tant est qu’elle soit adaptée <strong>au</strong>x besoins réels, ce qui est loin d’avoir toujours été le cas. Il<br />

i<strong>de</strong>ntifie <strong>de</strong>s facteurs qui diminuent l’efficacité <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong> <strong>comme</strong> les conflits, <strong>de</strong>s institutions<br />

gouvernementales faibles, la m<strong>au</strong>vaise gouvernance, le manque d’engagement <strong>de</strong>s<br />

gouvernements, l’instabilité macroéconomique et politique, les chocs extérieurs ainsi que la<br />

volatilité et imprévisibilité <strong>de</strong>s montants d’ai<strong>de</strong> accordés. Le nombre important <strong>de</strong> donneurs et<br />

la corruption sont d’<strong>au</strong>tres facteurs diminuant l’impact <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong>. Il i<strong>de</strong>ntifie également <strong>de</strong>s<br />

effets pervers pouvant être induits par l’ai<strong>de</strong> <strong>comme</strong> la diminution <strong>de</strong>s recettes <strong>de</strong>s taxes et<br />

<strong>de</strong>s investissements (la consommation <strong>au</strong>gmente à la place <strong>de</strong>s investissements, les<br />

gouvernements prélèvent moins <strong>de</strong> taxes), le syndrome hollandais (pressions à la h<strong>au</strong>sse sur le<br />

t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> change lorsque l’ai<strong>de</strong> pousse la consommation à la h<strong>au</strong>sse et qu’on importe donc plus<br />

que ce qu’on exporte, réduisant ainsi la compétitivité <strong>de</strong> l’économie), la décroissance <strong>de</strong><br />

l’efficacité <strong>de</strong>s montants d’ai<strong>de</strong> (diminution <strong>de</strong> l’utilité marginale), la volatilité <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong>.<br />

Cependant, il pointe <strong>de</strong>s exemples, pour chacun <strong>de</strong> ces effets, prouvant qu’on peut y faire face<br />

et que ce n’est pas une raison pour ne plus fournir d’ai<strong>de</strong>.<br />

P<strong>au</strong>l Collier est également un <strong>au</strong>teur phare <strong>de</strong> la théorie du développement. Son travail a été<br />

comparé à celui <strong>de</strong> Sachs et d’Easterly dans le journal The Economist : « In the past two<br />

years, two famously opposing clarion calls, one from the aid-loving left, the other from the<br />

aid-is-always-wasted skeptical right, have been trumpeted. The one, Jeffrey Sachs's “The End<br />

of Poverty”, exaggerates the value of aid, especially in the massive dollops he proposes. The<br />

other, William Easterly's “The White Man's Bur<strong>de</strong>n”, rightly mocks the <strong>de</strong>lusions of the aid<br />

lobby but exaggerates the negative aspect. Mr. Collier, though tending towards the second<br />

41


view, steers a masterly course between the two” 23 (The Economist, 2 août 2007). Selon lui,<br />

l’ai<strong>de</strong> a accru la croissance annuelle <strong>de</strong>s pays du « bottom billion» d’un pourcent <strong>au</strong> cours <strong>de</strong>s<br />

30 <strong>de</strong>rnières années, ce qui a permis à ces pays à croissance annuelle nulle <strong>de</strong> ne pas tomber<br />

dans le déclin (Collier, 2008). Il considère que, plus particulièrement, l’assistance technique a<br />

un rôle très positif à jouer dans l’ai<strong>de</strong> <strong>au</strong> pays p<strong>au</strong>vres, mais qu’elle doit être réorganisée pour<br />

ne plus être orientée sur l’offre mais bien sur la réponse à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong>. « L’ai<strong>de</strong> n’est<br />

cependant pas l’unique solution, elle souffre <strong>de</strong> problèmes sérieux et d’importantes<br />

limitations. A elle seule, elle ne suffit pas (….) mais elle fait partie <strong>de</strong> la solution plutôt que du<br />

problème. » (Collier, 2008, p.100). On voit donc effectivement qu’il se positionne <strong>au</strong><br />

carrefour <strong>de</strong>s visions d’Easterly et <strong>de</strong> Sachs.<br />

D’<strong>au</strong>tres <strong>au</strong>teurs envisagent le développement futur <strong>de</strong> l’Afrique d’un <strong>au</strong>tre angle, sans entrer<br />

dans le débat <strong>de</strong> l’efficacité <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong>. Kremer et Chamon (2006) ont développé un modèle<br />

selon lequel le futur <strong>de</strong>s pays en voie <strong>de</strong> développement dépend <strong>de</strong> leur intégration dans<br />

l’économie mondiale. Lorsqu’un pays en voie <strong>de</strong> développement <strong>au</strong>ra réussi à se développer,<br />

ses coûts <strong>de</strong> main d’œuvre vont <strong>au</strong>gmenter et il importera <strong>de</strong>s produits venant d’<strong>au</strong>tres pays<br />

en voie <strong>de</strong> développement qui seront alors dans la « file pour le développement ». La<br />

croissance dans un pays serait donc liée <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> d’évolution <strong>de</strong> l’économie mondiale. Cette<br />

vision est sans doute quelque peu réductrice et pourrait laisser penser qu’il « suffit »<br />

d’attendre son tour pour se développer.<br />

Finalement, <strong>de</strong>s alternatives à l’ai<strong>de</strong> traditionnelle sont recherchées par certains <strong>au</strong>teurs. C’est<br />

le cas <strong>de</strong> Jean-Philippe Platte<strong>au</strong> qui analyse une forme particulière <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong> qui est l’ai<strong>de</strong><br />

décentralisée afin <strong>de</strong> voir si elle <strong>au</strong>rait un effet plus favorable que l’ai<strong>de</strong> traditionnelle. L’ai<strong>de</strong><br />

décentralisée est celle offerte directement <strong>au</strong>x gouvernements loc<strong>au</strong>x ou <strong>au</strong>x commun<strong>au</strong>tés<br />

locales. Cependant, le résultat <strong>de</strong> ses recherches montre que l’ai<strong>de</strong> décentralisée, bien que<br />

prometteuse, doit faire face à un risque important d’appropriation par les élites locales<br />

(Platte<strong>au</strong>, 2003). Une solution pour diminuer ce risque doit donc être trouvée pour que cette<br />

forme d’ai<strong>de</strong> puisse démontrer son potentiel dans le futur.<br />

2.4 La place <strong>de</strong> l’initiative dans la littérature sur le développement<br />

Il est intéressant <strong>de</strong> remarquer le manque <strong>de</strong> réel intérêt que l’initiative privée a généré dans la<br />

littérature portant sur le développement <strong>au</strong> cours <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rnières années. Be<strong>au</strong>coup d’intérêt<br />

est porté <strong>au</strong>x c<strong>au</strong>ses du sous-développement et à l’ai<strong>de</strong> venant <strong>de</strong> l’extérieur, mais peu<br />

d’intérêt est porté à l’initiative <strong>comme</strong> levier du développement. En effet, il est rare qu’un<br />

chapitre d’un livre soit consacré à l’initiative seule : en général, on retrouve tout <strong>au</strong> plus la<br />

23 Traduction personnelle : « Au cours <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux années passées, on a entendu <strong>de</strong>ux sons <strong>de</strong> cloche qui s’opposaient. L’un<br />

venait <strong>de</strong> la g<strong>au</strong>che, qui prêche l’ai<strong>de</strong> ; l’<strong>au</strong>tre <strong>de</strong> la droite plus sceptique qui considère l’ai<strong>de</strong> <strong>comme</strong> toujours vaine. À<br />

g<strong>au</strong>che, Jeffrey Sachs, <strong>au</strong>teur <strong>de</strong> “La Fin <strong>de</strong> la P<strong>au</strong>vreté”, exagère la valeur <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong>. À droite, William Easterly, <strong>au</strong>teur <strong>de</strong><br />

“Le Far<strong>de</strong><strong>au</strong> <strong>de</strong> l’homme blanc”, pointe avec raison les désillusions <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong> mais exagère ses aspects négatifs. Mr. Collier,<br />

bien qu’il ten<strong>de</strong> vers le <strong>de</strong>uxième point <strong>de</strong> vue, plai<strong>de</strong> un juste milieu entre les <strong>de</strong>ux ».<br />

42


mention <strong>de</strong> celle-ci dans d’<strong>au</strong>tres chapitres. Cependant, dans les politiques nationales et celles<br />

<strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s institutions, l’initiative prend petit à petit une place importante. Il ne serait donc<br />

pas étonnant que la littérature y fasse plus souvent référence dans les années à venir. Voyons<br />

maintenant ce qui a tout <strong>de</strong> même été dit sur l’initiative dans la littérature <strong>au</strong>jourd’hui.<br />

Sachs (2005) cite brièvement la nécessité <strong>de</strong> favoriser l’initiative privée sans toutefois trop s’y<br />

attar<strong>de</strong>r. Il annonce que le développement économique est peu probable si le gouvernement ne<br />

parvient pas à i<strong>de</strong>ntifier correctement les infrastructures et services les plus nécessaires <strong>au</strong><br />

développement, à les rendre disponibles à l’ensemble <strong>de</strong> la population et à créer un<br />

environnement stimulant les investissements privés en inst<strong>au</strong>rant la paix et la sécurité. Cet<br />

environnement doit permettre <strong>au</strong>x investisseurs privés d’espérer obtenir <strong>de</strong>s revenus<br />

financiers <strong>de</strong> leurs investissements. De plus, l’État doit maintenir un système judiciaire<br />

garantissant la propriété privée et protégeant le territoire national et l’honnête exécution <strong>de</strong>s<br />

contrats.<br />

William Easterly accor<strong>de</strong> déjà plus d’importance à l’initiative privée. Selon lui, l’ai<strong>de</strong> peut<br />

ai<strong>de</strong>r les p<strong>au</strong>vres, mais elle ne peut « entraîner la fin <strong>de</strong> la p<strong>au</strong>vreté, seul un développement<br />

<strong>de</strong> type endogène basé sur les entreprises et les individus le peut » (Easterly, 2005, p.368).<br />

Easterly ajoute également qu’« il n’existe pas d’élixir magique à la quête <strong>de</strong> la croissance. La<br />

prospérité ne prend racine que lorsque tous les acteurs répon<strong>de</strong>nt à <strong>de</strong>s saines incitations »<br />

(Easterly, 2001, p.318). Le développement d’un pays nécessite la mise en place d’un système<br />

d’incitant qui permet à chacun <strong>de</strong> voir une valeur ajoutée dans l’effort fourni, d’attendre <strong>de</strong>s<br />

revenus <strong>de</strong> ses investissements et <strong>de</strong> jouir pleinement <strong>de</strong> la propriété <strong>de</strong> ses biens. Il<br />

s’intéresse donc <strong>au</strong> cadre à mettre en place pour permettre à l’initiative d’apparaître et <strong>de</strong> se<br />

développer.<br />

Jean-Michel Severino pense que « l’une <strong>de</strong>s clefs du développement semble se trouver dans<br />

la façon, toujours singulière, dont ces sociétés parviennent à structurer les interactions entre<br />

les individus <strong>de</strong> façon à réduire les incertitu<strong>de</strong>s, tout en préservant un espace vital pour les<br />

initiatives individuelles. Plus que le choix <strong>de</strong> telle ou telle politique, elle est donc à chercher<br />

en amont, à la jonction <strong>de</strong>s ordres politiques et économiques, dans la qualité <strong>de</strong> leurs<br />

institutions et la capacité <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rnières à assurer la fourniture <strong>de</strong>s biens publics essentiels<br />

que sont la stabilité politique, la sécurité humaine, les droits <strong>de</strong> propriété et une orientation<br />

économique claire » (Severino & Ray, 2010, p. 213). L’initiative privée peut jouer un rôle <strong>de</strong><br />

taille si les conditions nécessaires à son essor sont rassemblées.<br />

De plus Stiglitz (1990) affirme qu’à la suite <strong>de</strong>s « échecs <strong>de</strong>s politiques publiques <strong>de</strong><br />

substitution <strong>au</strong>x importations, <strong>de</strong>s différentes interventions sur les marchés qui ont freiné le<br />

développement <strong>de</strong>s entreprises en Afrique et <strong>de</strong>s déséquilibres <strong>de</strong>s finances publiques, c’est<br />

sur l’initiative privée et l’entrepreneuriat individuel que reposent maintenant les espoirs <strong>de</strong><br />

croissance dans les régions en développement » (Bodson & Roy, 2003, p.145). Nicolas<br />

43


Meisel et Jacques Ould Aoudia ajoutent que « la subtile alchimie du développement ne peut<br />

être qu’endogène » (Meisel & Ould, 2008) 24 .<br />

Si, pour Camilleri (2007, p.139), «les entrepreneuri<strong>au</strong>x ne sont pas en mesure d'exploiter les<br />

opportunités économiques par manque <strong>de</strong> moyens financiers : ces p<strong>au</strong>vres ont l'esprit<br />

d'entreprise c'est-à-dire <strong>de</strong>s capacités <strong>de</strong> courage, <strong>de</strong> ténacité, <strong>de</strong> flexibilité et <strong>de</strong> créativité»,<br />

d’<strong>au</strong>tres <strong>au</strong>teurs sont plus sceptiques quant à cette affirmation. Esther Duflo, bien que<br />

considérant le microcrédit <strong>comme</strong> un outil important <strong>de</strong> la lutte contre la p<strong>au</strong>vreté, est peu<br />

convaincue par la vision selon laquelle les p<strong>au</strong>vres seraient par nature <strong>de</strong>s entrepreneurs,<br />

vision popularisée par Mohammed Yunus et Hernando <strong>de</strong> Soto. Elle affirme que « La vision<br />

romantique d’un milliard d’entrepreneurs <strong>au</strong>x pieds nus est probablement une illusion dans<br />

la mesure où le microcrédit est plus adapté à <strong>de</strong>s activités familiales qui vivotent qu’à <strong>de</strong>s<br />

véritables entreprises qui créent <strong>de</strong> l’emploi » (Interview d’E. Duflo, 2010).<br />

Marek Hudon étudie le domaine <strong>de</strong> l’accès <strong>au</strong> crédit <strong>de</strong>s plus p<strong>au</strong>vres qui est selon lui une <strong>de</strong>s<br />

contraintes les plus lour<strong>de</strong>s à l’entreprenariat dans les pays en voie <strong>de</strong> développement. Il<br />

analyse d’abord le concept <strong>de</strong> «droit <strong>au</strong> crédit» que prônait Muhammad Yunus qui avait<br />

affirmé qu’il était nécessaire <strong>de</strong> définir un droit <strong>au</strong> crédit en raison du rôle important qu’il a à<br />

jouer dans le développement économique et la réduction <strong>de</strong> la p<strong>au</strong>vreté. Marek Hudon quant à<br />

lui affirme que, bien que l’idée <strong>de</strong> base soit louable et que l’accès <strong>au</strong> crédit soit effectivement<br />

nécessaire <strong>au</strong> développement, faire du crédit un droit peut <strong>au</strong>ssi entraîner un certain nombre<br />

<strong>de</strong> distorsions (Hudon, 2007). Il s’agit notamment du fait que le crédit ne mène pas toujours<br />

<strong>au</strong> succès et donc mène <strong>au</strong>ssi <strong>au</strong> suren<strong>de</strong>ttement <strong>de</strong>s populations. Il s’interroge également sur<br />

les crédits <strong>au</strong>x plus p<strong>au</strong>vres et l’honnêteté <strong>de</strong>s intérêts <strong>de</strong>mandés (Hudon & Sandberg, 2011).<br />

On voit donc que <strong>de</strong> plus en plus d’<strong>au</strong>teurs <strong>comme</strong>ncent à s’intéresser <strong>au</strong> thème <strong>de</strong> l’initiative<br />

privée <strong>comme</strong> moteur <strong>de</strong> développement. Cependant, le débat n’en est qu’<strong>au</strong>x prémisses et ne<br />

bénéficie pas encore <strong>de</strong> tout l’intérêt <strong>au</strong>quel il pourrait prétendre.<br />

Section 3 : La littérature sur l’entrepreneuriat et l’initiative<br />

La <strong>de</strong>uxième partie <strong>de</strong> l’analyse théorique se base sur <strong>de</strong>s articles scientifiques traitant <strong>de</strong><br />

l’initiative et <strong>de</strong> l’entrepreneuriat. Le lien entre l’entrepreneuriat, la croissance économique,<br />

le développement économique et la p<strong>au</strong>vreté sont étudiés.<br />

3.1 L’entrepreneuriat et la croissance économique<br />

Le premier groupe d’articles utilisés traite <strong>de</strong> l’entrepreneuriat et <strong>de</strong> la croissance<br />

économique. Les articles inclus dans ce groupe sont ceux <strong>de</strong> B<strong>au</strong>mol, Kirzner, Carree, Thurik,<br />

Acs, Feldman, Audretsch et Reynolds.<br />

24 Cité dans SEVERINO & RAY (2010), Le temps <strong>de</strong> l’Afrique, Editions Odile Jacob, p. 207<br />

44


Pour introduire cette partie théorique, <strong>comme</strong>nçons par un bref rappel <strong>de</strong> la vision <strong>de</strong><br />

l’entrepreneur par Schumpeter (1934, 1942) qui a par la suite eu une influence considérable<br />

sur la littérature pendant <strong>de</strong> nombreuses années : l’entrepreneur est une personne qui crée un<br />

déséquilibre en introduisant <strong>de</strong> nouvelles technologies. Il parle <strong>de</strong> « <strong>de</strong>struction créative ».<br />

Acs et Audretsch (1990, 2003), dans la lignée <strong>de</strong> Schumpeter, affirment que les entrepreneurs<br />

innovent en introduisant <strong>de</strong> nouve<strong>au</strong>x produits ou processus <strong>de</strong> production et peuvent donc<br />

bouleverser le statut quo.<br />

Le lien entre l’entrepreneuriat, l’innovation et la croissance a continuellement été revisité par<br />

les <strong>au</strong>teurs bien que difficilement incorporé dans les modèles économiques.<br />

En effet, pendant bien longtemps, l’importance <strong>de</strong> l’entrepreneuriat a été absente <strong>de</strong>s théories<br />

économiques. B<strong>au</strong>mol (1968) explique cela par la difficulté <strong>de</strong> capturer l’entrepreneuriat dans<br />

<strong>de</strong>s équations mathématiques. Kirzner (1973) quant à lui évoque la réductivité <strong>de</strong>s modèles<br />

néo-classiques qui ne permettaient pas <strong>de</strong> s’approcher suffisamment du nombre <strong>de</strong> choix<br />

décisionnels <strong>au</strong>xquels sont confrontés les entrepreneurs.<br />

Plus récemment, <strong>de</strong> nombreux <strong>au</strong>teurs ont exploré plus en profon<strong>de</strong>ur l’impact <strong>de</strong><br />

l’entrepreneuriat sur la croissance et l’innovation. Carree et Thurik (2003) reconnaissaient le<br />

rôle important <strong>de</strong>s entrepreneurs dans la croissance économique. Les transferts <strong>de</strong><br />

connaissances d’une entreprise à l’<strong>au</strong>tre et la volonté <strong>de</strong>s entrepreneurs <strong>de</strong> travailler toujours<br />

plus ont <strong>au</strong>ssi été i<strong>de</strong>ntifiés <strong>comme</strong> moteurs <strong>de</strong> croissance par <strong>de</strong> nombreux <strong>au</strong>teurs <strong>comme</strong><br />

Audretsch et Feldman (1996) et Audretsch et Thurik (2003) notamment. Selon Audretsch<br />

(1995), les petites firmes ont le potentiel <strong>de</strong> jouer un rôle crucial d’ « agents du changement ».<br />

Elles veulent croître, et c’est pourquoi elles ont <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s chances d’ai<strong>de</strong>r à la croissance<br />

globale.<br />

Audretsch et Thurik (2004) ont i<strong>de</strong>ntifié 3 façons par lesquelles l’entrepreneuriat affecte la<br />

croissance. Il s’agit <strong>de</strong>s transferts <strong>de</strong> connaissances, <strong>de</strong> l’<strong>au</strong>gmentation du nombre<br />

d’entreprises et donc <strong>de</strong> la concurrence, et enfin <strong>de</strong> la diversification du type d’entreprises.<br />

Enfin, dans les articles <strong>de</strong> Reynolds et al. (2000, 2001, 2002), l’entrepreneuriat et la<br />

croissance sont démontrés <strong>comme</strong> étant positivement corrélés.<br />

3.2 L’entrepreneuriat et le développement économique<br />

Le <strong>de</strong>uxième groupe d’articles utilisés traite du lien entre l’entrepreneuriat et le nive<strong>au</strong> <strong>de</strong><br />

développement économique. Comme expliqué dans la définition du développement, cette<br />

notion est fortement liée à la croissance car la croissance engendre souvent le développement.<br />

Des modèles d’analyses liant entrepreneuriat, croissance et développement économique seront<br />

également étudiés afin <strong>de</strong> définir ceux qui pourraient être utilisés dans ce présent document.<br />

45


Les premiers modèles <strong>de</strong> développement endogène ont été introduits dans les années 80 par<br />

Romer (1986) et Lucas (1988). Ensuite, Schmitz (1989) a démontré que le nive<strong>au</strong><br />

d’entrepreneuriat optimal socialement est supérieur <strong>au</strong> t<strong>au</strong>x d’équilibre du marché. De ce fait,<br />

il justifiait la promotion <strong>de</strong> l’entrepreneuriat <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> réglementaire pour favoriser le<br />

développement socio-économique.<br />

Suite à cela, l’entrepreneuriat et son lien avec le développement a été <strong>de</strong> plus en plus étudié.<br />

La recherche visait principalement à définir un indice permettant <strong>de</strong> comparer les<br />

performances entrepreneuriales <strong>de</strong> différents pays. Cette recherche a porté ses fruits car<br />

différents indices ont été définis.<br />

Premièrement, l’indice <strong>de</strong> compétitivité développé par Michael Porter pour le Forum<br />

Économique Mondial (WEF) évalue les facteurs politiques et institutionnels influençant la<br />

compétitivité <strong>de</strong>s nations. Ensuite, l’indice <strong>de</strong> liberté économique créé en 1995 est un élément<br />

d’analyse important pour mesurer le nive<strong>au</strong> <strong>de</strong> liberté <strong>de</strong>s individus dans le cadre <strong>de</strong> l’activité<br />

économique.<br />

De plus, les rapports « Doing business » <strong>de</strong> la Banque Mondiale permettent d’élaborer un<br />

classement <strong>de</strong> la facilité d’entreprendre dans les différents pays du mon<strong>de</strong> et <strong>de</strong> se rendre<br />

compte <strong>de</strong> l’impact <strong>de</strong>s régulations, <strong>de</strong>s procédures et <strong>de</strong>s infrastructures sur les firmes.<br />

Le Global Entrepreneurship Monitor (1999) a fait avancer la recherche <strong>de</strong> manière<br />

considérable en créant l’indice <strong>de</strong> début d’activité entrepreneuriale totale (TEA) et le cadre <strong>de</strong><br />

conditions entrepreneuriales (EFCs). Ce qu’on peut reprocher à l’indice du GEM, c’est qu’il<br />

va permettre d’élaborer un classement <strong>de</strong>s différents pays basé uniquement sur la quantité<br />

d’entrepreneurs et non sur la qualité <strong>comme</strong> le montrent Acs et Szerb (2009). C’est l’indice<br />

du GEM qui sera utilisé par la suite et les raisons <strong>de</strong> ce choix seront détaillées dans la partie<br />

méthodologique <strong>de</strong> ce document.<br />

L’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> Thurik, Carree et Van Stel (2004), réalisée sur les bases <strong>de</strong> données du GEM,<br />

s’oppose partiellement à l’une <strong>de</strong>s hypothèses <strong>de</strong> ce document. En effet, elle démontre que<br />

l’activité entrepreneuriale affecte la croissance économique, mais que l’effet diffère selon le<br />

nive<strong>au</strong> <strong>de</strong> revenu par habitant. Cela suggère donc que le rôle <strong>de</strong> l’entrepreneuriat ne sera pas<br />

similaire dans <strong>de</strong>s pays à <strong>de</strong>s sta<strong>de</strong>s <strong>de</strong> développement économique différents. Le résultat le<br />

plus surprenant est que l’impact <strong>de</strong> l’entrepreneuriat sur la croissance du PIB pour les pays en<br />

voie <strong>de</strong> développement étudiés est négatif. Thurik, Carree et Van Stel notent tout <strong>de</strong> même<br />

que « ce n’est pas parce que les pays plus p<strong>au</strong>vres n’arrivent pas à bénéficier <strong>de</strong> leurs<br />

activités entrepreneuriales qu’elles <strong>de</strong>vraient être découragées. Cela peut être l’indication<br />

d’un manque <strong>de</strong> firmes <strong>de</strong> plus gran<strong>de</strong>s tailles dans ces pays qui empêche <strong>de</strong> bénéficier<br />

d’économies d’échelles, <strong>de</strong> former les entrepreneurs et <strong>de</strong> servir <strong>de</strong> clients et/ou fournisseurs<br />

<strong>au</strong>x plus petites firmes ». Cela peut s’expliquer par le fait que <strong>de</strong> nombreux petits<br />

46


entrepreneurs seraient plus productifs s’ils travaillaient <strong>comme</strong> salariés pour une gran<strong>de</strong><br />

compagnie (Carree et al. 2002). Mais en l’absence <strong>de</strong> travail pour <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s firmes qui<br />

seraient complémentaires <strong>au</strong>x plus petites firmes (Nooteboom, 1994), l’entrepreneuriat est<br />

une solution.<br />

Enfin, l’indice développé le plus récemment est l’indice global <strong>de</strong> l’entrepreneuriat et du<br />

développement (GEINDEX). Cet indice permet <strong>de</strong> capturer la nature multidimensionnelle <strong>de</strong><br />

l’entrepreneuriat et d’incorporer <strong>de</strong>s aspects tant quantitatifs que qualitatifs (Acs et Szerb,<br />

2009). Le GEINDEX démontre une relation positive entre l’entrepreneuriat et le<br />

développement économique (Acs et Szerb, 2009).<br />

En <strong>de</strong>hors du cadre <strong>de</strong> ces modèles, <strong>de</strong>s <strong>au</strong>teurs ont parallèlement analysé le lien entre<br />

l’entrepreneuriat et le développement économique. Selon Adam Szirmai, Wim N<strong>au</strong>dé et<br />

Micheline Goedhuys (2008), les PMEs jouent un rôle important dans les pays en voie <strong>de</strong><br />

développement car elles emploient un grand nombre <strong>de</strong> personnes. Cependant, <strong>de</strong> nombreux<br />

entrepreneurs le sont par « nécessité » et non par « opportunité » et sont bloqués notamment<br />

par <strong>de</strong> m<strong>au</strong>vaises infrastructures, un manque <strong>de</strong> financement ou encore <strong>de</strong> capacités. Selon<br />

Stam et Van Stel (2011), les petites firmes gérées par leur propriétaire joueront un rôle<br />

prépondérant dans les pays en voie <strong>de</strong> développement en étant les acteurs princip<strong>au</strong>x du<br />

processus <strong>de</strong> changement structurel.<br />

Une fois le lien entre entrepreneuriat et croissance établi, <strong>de</strong>s <strong>au</strong>teurs <strong>comme</strong> Thorton et<br />

Flynne (2003) et Saxenian (1994) se sont penchés sur l’environnement entrepreneurial et les<br />

manières <strong>de</strong> le développer. Ils affirment que, lorsque le cadre institutionnel lie les individus à<br />

<strong>de</strong>s sources d’apprentissage et <strong>de</strong> ressources, l’environnement est favorable à<br />

l’entrepreneuriat. Des <strong>au</strong>teurs <strong>comme</strong> North et Thomas (1973) ou Mokyr (1990) ont i<strong>de</strong>ntifié<br />

que <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> propriété clairement définis à la base étaient nécessaires pour un<br />

développement <strong>de</strong> l’activité entrepreneuriale à long terme.<br />

Pour finir, Adam Smith affirmait dans son ouvrage « the Wealth of Nations » que les<br />

entrepreneurs, en quête <strong>de</strong> profits, peuvent bénéficier à la société dans son ensemble.<br />

Cependant, selon le mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> fonctionnement et la taille <strong>de</strong>s marchés, ils vont plus ou moins<br />

s’investir et innover. Ceci implique que les marchés jouent un rôle décisif dans la croissance<br />

et le développement. Le problème <strong>de</strong> nombreux pays en voie <strong>de</strong> développement, c’est que les<br />

marchés ne remplissent pas leur rôle car ils sont trop petits, fragmentés et incertains. Ils<br />

manquent d’infrastructures, n’ont pas les réglementations adéquates, la stabilité politique<br />

nécessaire, la transparence, les droits <strong>de</strong> propriétés, la paix, etc. Ceci induit trop <strong>de</strong> risques<br />

pour les entrepreneurs.<br />

47


3.3 La croissance et la réduction <strong>de</strong> la p<strong>au</strong>vreté<br />

D’après Bourguignon (1998), il y a un lien mécanique entre le t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> p<strong>au</strong>vreté, l’évolution<br />

du revenu moyen par habitant et la distribution <strong>de</strong>s revenus. On est ici dans une situation <strong>de</strong><br />

réactions en chaîne où la croissance entraîne <strong>de</strong>s changements dans la distribution <strong>de</strong>s revenus<br />

qui ont un impact sur la p<strong>au</strong>vreté, mais <strong>au</strong>ssi à nouve<strong>au</strong> sur la croissance (CAPOD, 2009).<br />

Des <strong>au</strong>teurs <strong>comme</strong> Alesina et Rodrik (1994) avaient montré que l’inégalité <strong>de</strong> revenus et<br />

d’accès à la terre avait un impact négatif sur la croissance économique. Ravaillon (1997) et<br />

Heltberg (2002) ont montré que la croissance diminue plus fortement la p<strong>au</strong>vreté si les<br />

inégalités sont faibles. Aghion (2004) ajoute que, bien que la croissance soit essentielle pour<br />

réduire la p<strong>au</strong>vreté, lorsque la productivité croît, cela entraîne souvent une <strong>au</strong>gmentation <strong>de</strong>s<br />

inégalités. Par après, Kalwij et Verschoor (2007) montraient que la diminution <strong>de</strong>s inégalités<br />

peut directement diminuer le nive<strong>au</strong> <strong>de</strong> p<strong>au</strong>vreté (CAPOD, 2009). Cependant, Henner avait<br />

établi que « la modification <strong>de</strong> la répartition d’un PIB constant, si elle peut paraître<br />

séduisante a priori par ses effets immédiats, et peut constituer un substitut à la croissance,<br />

conduit très rapi<strong>de</strong>ment à <strong>de</strong>s troubles soci<strong>au</strong>x et à une diminution <strong>de</strong> la richesse nationale,<br />

tant par la fuite <strong>de</strong>s capit<strong>au</strong>x que par la désincitation <strong>au</strong> travail » (Henner, 2002, p.11).<br />

Pour Bourguignon, « la réduction <strong>de</strong>s inégalités génère un « double divi<strong>de</strong>n<strong>de</strong> » : non<br />

seulement elle contribue à réduire la p<strong>au</strong>vreté à travers un pur effet <strong>de</strong> redistribution, mais <strong>de</strong><br />

plus cette baisse entraîne une accélération du rythme <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong> la p<strong>au</strong>vreté, car<br />

l’élasticité du t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> p<strong>au</strong>vreté <strong>au</strong> revenu moyen dépend <strong>de</strong> façon étroite et négative du <strong>de</strong>gré<br />

d’inégalité <strong>de</strong>s revenus » (Mourji & Plane, 2006, p. 37). Bourguignon a ajouté (2003) que<br />

« La mise en évi<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> ce « double divi<strong>de</strong>n<strong>de</strong> » conduit à ne plus négliger la diminution<br />

<strong>de</strong>s inégalités <strong>comme</strong> levier <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong> la p<strong>au</strong>vreté » (CAPOD, 2009, p.16).<br />

Selon Attanasio et Binelli (2004), « pour être efficaces, les stratégies <strong>de</strong> lutte contre la<br />

p<strong>au</strong>vreté <strong>de</strong>vraient être soutenues par une politique redistributive appropriée » (CAPOD,<br />

2009, p.16). L’approche <strong>de</strong>s « capabilités » <strong>de</strong> Sen (1985) est relativement semblable, en<br />

considérant toutefois <strong>au</strong>ssi les inégalités en capital humain. Enfin, selon Henner (2002, p.3)<br />

« (…) une plus gran<strong>de</strong> croissance économique doit permettre <strong>de</strong> distribuer à l’ensemble <strong>de</strong> la<br />

population une quantité plus importante <strong>de</strong> biens et <strong>de</strong> services, ce qui <strong>de</strong>vrait entraîner une<br />

amélioration du nive<strong>au</strong> moyen <strong>de</strong> vie dans le pays, à condition que la population présente sur<br />

le territoire n’<strong>au</strong>gmente pas plus vite que le produit intérieur brut ».<br />

Section 4 : Conclusion <strong>de</strong> l’analyse <strong>de</strong> la littérature<br />

Pour conclure, il est intéressant <strong>de</strong> remarquer que, si la littérature scientifique établit <strong>de</strong>s liens<br />

entre l’entrepreneuriat, la croissance et le développement économique, ces liens ne semblent<br />

pas avoir été pris en compte par les grands <strong>au</strong>teurs <strong>de</strong> livres sur la thématique du<br />

48


développement. En effet, ces <strong>au</strong>teurs semblent à ce jour être restés principalement concentrés<br />

sur l’analyse <strong>de</strong>s politiques d’ai<strong>de</strong> <strong>au</strong> développement ou encore l’analyse <strong>de</strong>s multiples<br />

trappes condamnant l’Afrique <strong>au</strong> sous-développement.<br />

Plusieurs raisons peuvent expliquer cela. D’une part, si l’impact <strong>de</strong>s budgets d’ai<strong>de</strong> alloués <strong>au</strong><br />

pays en voie <strong>de</strong> développement peut être observé, analysé et quantifié, il n’est pas évi<strong>de</strong>nt<br />

d’analyser l’impact <strong>de</strong> l’initiative privée sur le développement. L’ampleur <strong>de</strong> l’économie<br />

informelle et l’absence <strong>de</strong> statistiques rend ce type d’analyse complexe.<br />

Par ailleurs, l’ai<strong>de</strong> <strong>comme</strong> levier <strong>au</strong> développement peut être considérée <strong>comme</strong> le paradigme<br />

dominant <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rnières années. Ceci a permis <strong>au</strong>x <strong>au</strong>teurs d’étudier la question en<br />

profon<strong>de</strong>ur et sous différents angles. Khun disait « l'établissement d'un paradigme permet à<br />

une commun<strong>au</strong>té scientifique <strong>de</strong> choisir <strong>de</strong>s problèmes dont on suppose qu'ils ont une solution<br />

dans le cadre du dit paradigme ». 25<br />

Les <strong>au</strong>teurs ayant étudié <strong>de</strong>s questions <strong>comme</strong> l’efficacité <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong> ou encore tenté<br />

d’i<strong>de</strong>ntifier les trappes dans lesquelles l’Afrique se trouve coincée, ont du mal à laisser ces<br />

questions <strong>de</strong> côté pour étudier le rôle <strong>de</strong> l’initiative privée. Cependant, ces <strong>de</strong>ux questions<br />

sont en fait liées, car, même si l’initiative privée en venait à jouer pleinement son rôle <strong>de</strong><br />

moteur <strong>de</strong> développement, cela ne veut pas dire que l’ai<strong>de</strong> <strong>au</strong> développement <strong>de</strong>viendrait<br />

immédiatement désuète. Son rôle est simplement amené à évoluer pour accompagner<br />

l’<strong>au</strong>tonomisation <strong>de</strong>s pays africains et la création d’environnements favorables à l’initiative<br />

privée. L’évolution <strong>de</strong> ce rôle et le développement <strong>de</strong> nouvelles formes d’ai<strong>de</strong>, plus proches<br />

<strong>de</strong>s besoins <strong>de</strong>s pays africains, sont <strong>de</strong>s thèmes que les grands <strong>au</strong>teurs du développement en<br />

viendront sans doute à étudier.<br />

25 Le terme <strong>de</strong> paradigme est utilisé par Thomas Kuhn pour désigner « l'ensemble <strong>de</strong>s croyances, <strong>de</strong> valeurs reconnues et <strong>de</strong><br />

techniques qui sont communes <strong>au</strong>x membres d'un groupe donné ». Cité dans Belissaire (2009), les révolutions scientifiques,<br />

sur le site :<br />

http://philosophie.philisto.fr/cours-9-les-revolutions-scientifiques.html<br />

49


Partie II : Méthodologie<br />

Chapitre 8 : Présentation <strong>de</strong> la méthodologie<br />

Section 1 : Gestion du temps et <strong>de</strong> la métho<strong>de</strong><br />

Afin que l’étu<strong>de</strong> se déroule <strong>au</strong>ssi scientifiquement que possible, il était pertinent d’établir et<br />

<strong>de</strong> suivre une méthodologie d’enquête. Pour ceci, plusieurs démarches ont été nécessaires :<br />

- Des ouvrages méthodologiques ont été consultés pour définir les outils <strong>de</strong> la recherche<br />

et du recueil <strong>de</strong> données.<br />

- Un plan a été établi pour fixer et tenter <strong>de</strong> respecter certaines échéances. Dans<br />

l’ensemble, ces échéances ont été suivies, même si certains débor<strong>de</strong>ments ont permis<br />

d’accroître la qualité du travail en prenant plus <strong>de</strong> recul.<br />

Le sujet a été défini et affiné dans le courant du mois <strong>de</strong> septembre. Pour ce faire, <strong>de</strong><br />

nombreuses recherches ont déjà été effectuées. Cette échéance a été respectée, bien que le<br />

titre du mémoire fût encore modifié dans le courant du mois d’avril.<br />

La recherche théorique s’est déroulée <strong>de</strong> manière intensive <strong>de</strong> septembre à février. D’<strong>au</strong>tres<br />

journées ont été consacrées par la suite à la recherche théorique pour compléter les données<br />

récoltées et analyser d’<strong>au</strong>tres facettes <strong>de</strong> la littérature qui avaient initialement été ignorées.<br />

Des recherches méthodologiques ont également été effectuées dans le courant du mois <strong>de</strong><br />

septembre dans le but <strong>de</strong> définir la structure et le plan du mémoire.<br />

En novembre, un plan <strong>de</strong> communication a été défini dans le but d’adopter tout <strong>au</strong> long <strong>de</strong> la<br />

recherche une métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> communication adaptée, respectueuse et <strong>au</strong>ssi professionnelle que<br />

possible (cf. annexes).<br />

Les grilles <strong>de</strong> questions pour les interviews ont été réalisées dès le mois d’août, pour être<br />

précisées après les premières rencontres <strong>de</strong> septembre, et encore <strong>au</strong> fur et à mesure <strong>de</strong><br />

l’avancée <strong>de</strong>s recherches jusqu’à fin novembre où elles ont pris leur forme définitive.<br />

La collecte <strong>de</strong> données s’est déroulée du mois <strong>de</strong> septembre <strong>au</strong> mois d’avril et a comporté<br />

trois étapes principales qui seront détaillées par la suite. Premièrement, <strong>de</strong>s interviews dites <strong>de</strong><br />

« pilotage informel » ont été réalisées. Ensuite, <strong>de</strong>s interviews qualitatives ont eu lieu en<br />

Belgique. Finalement, <strong>de</strong>s interviews qualitatives et basées sur un questionnaire ont été<br />

réalisées <strong>au</strong> <strong>Bénin</strong>.<br />

L’analyse <strong>de</strong>s données recueillies s’est déroulée petit à petit <strong>au</strong> fur et à mesure <strong>de</strong> la collecte<br />

<strong>de</strong>s informations. Cependant, un effort important d’analyse a été effectué <strong>au</strong> cours du mois<br />

d’avril lorsque la collecte <strong>de</strong> données avait été achevée.<br />

50


L’écriture du mémoire a réellement <strong>comme</strong>ncé en février. Fin mars, diverses parties avaient<br />

déjà été finalisées, les parties restantes nécessitaient l’obtention <strong>de</strong>s résultats <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

terrain. Elle a été finalisée <strong>au</strong> début du mois <strong>de</strong> mai après la fin <strong>de</strong> la pério<strong>de</strong> d’analyse <strong>de</strong>s<br />

données.<br />

Le mois <strong>de</strong> mai a principalement été celui <strong>de</strong> la révision du mémoire, <strong>de</strong> l’amélioration <strong>de</strong>s<br />

principales failles décelées, <strong>de</strong> la réorganisation <strong>de</strong>s éléments pour arriver à un ensemble<br />

structuré et cohérent et enfin <strong>de</strong> la mise en page.<br />

Finalement, à la fin du mois <strong>de</strong> mai, la présentation du mémoire a été préparée dans le but <strong>de</strong><br />

le présenter à la fin du mois <strong>de</strong> juin.<br />

Section 2 : Cadre théorique<br />

Pour orienter ce mémoire, la métho<strong>de</strong> hypothético-déductive fut choisie, c’est-à-dire que « la<br />

construction part du postulat ou concept postulé <strong>comme</strong> modèle d’interprétation du<br />

phénomène étudié. Ce modèle génère, par un travail logique, <strong>de</strong>s hypothèses, <strong>de</strong>s concepts et<br />

<strong>de</strong>s indicateurs <strong>au</strong>xquels il f<strong>au</strong>dra rechercher <strong>de</strong>s correspondants dans les faits » (Quivy &<br />

Van Campenhoudt 2006, p. 133).<br />

De par cette métho<strong>de</strong>, le raisonnement va du général <strong>au</strong> particulier, du principe à la<br />

conséquence (Jacobs, 2011, p.34). En effet, tout est parti du constat que, malgré les<br />

importants montants d’ai<strong>de</strong> accordés <strong>au</strong>x pays d’Afrique subsaharienne, leur nive<strong>au</strong> <strong>de</strong><br />

développement n’avait pas évolué <strong>de</strong> manière significative <strong>au</strong> cours <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rnières<br />

décennies. 26 Suite à cela, l’idée qu’un développement endogène porté par les populations<br />

puisse être la solution fut postulée. Ce postulat fut resserré par la suite pour finalement lier<br />

l’initiative privée et le développement économique du <strong>Bénin</strong>. Ensuite, en se basant sur <strong>de</strong>s<br />

recherches dans la littérature et sur une analyse logique, <strong>de</strong>s hypothèses ont été établies.<br />

Finalement, la collecte et l’analyse <strong>de</strong> données ont eu pour but <strong>de</strong> tenter <strong>de</strong> les vérifier ou <strong>de</strong>s<br />

les infirmer.<br />

Section 3 : Le choix du type <strong>de</strong> recherche<br />

Un choix important à faire était celui du type <strong>de</strong> recherche réalisée, qualitative ou<br />

quantitative. Face à ce choix, une solution intermédiaire fut sélectionnée. La recherche sera<br />

qualitative avec toutefois une part d’analyse quantitative intégrée à celle-ci. Ce choix ce<br />

justifie par la volonté <strong>de</strong> bénéficier <strong>de</strong>s atouts <strong>de</strong> chacune <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux formes <strong>de</strong> recherche.<br />

L’utilisation <strong>de</strong> la méthodologie du National Expert Survey du Global Entrepreneurship<br />

Monitor fut utile pour obtenir <strong>de</strong>s données <strong>de</strong> type quantitatives. En effet, cette méthodologie<br />

se base sur une échelle <strong>de</strong> valeur sur laquelle les répondants vont se positionner selon leur<br />

26 Comme expliqué dans la parite « contexte »<br />

51


accord ou désaccord (relatifs) vis-à-vis d’un certain nombre d’affirmations. Combiner cette<br />

approche avec les données <strong>de</strong> type qualitatives recueillies permettait d’approcher la question<br />

<strong>de</strong> recherche sous différents angles.<br />

Section 4 : Les outils <strong>de</strong> la collecte <strong>de</strong> données<br />

4.1 Introduction<br />

Ce mémoire a été écrit sur la base d’une revue <strong>de</strong> la littérature sur le développement et sur son<br />

lien avec l’entrepreneuriat, <strong>de</strong> la littérature <strong>de</strong> type méthodologique, <strong>de</strong> l’analyse <strong>de</strong> rapports<br />

du gouvernement béninois ou <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s institutions, sur la base d’interviews semi-<br />

directives réalisées en Belgique et <strong>au</strong> <strong>Bénin</strong> pour ses aspects qualitatifs et d’interviews<br />

d’experts <strong>au</strong>tour du questionnaire du Global Entrepreneurship Monitor pour ses aspects<br />

quantitatifs.<br />

La multitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> sources utilisées vise à obtenir une vue globale sur la question étudiée. Ces<br />

différentes sources ont été utilisées à <strong>de</strong>s fins différentes <strong>au</strong>x différentes étapes <strong>de</strong> la<br />

recherche ; tantôt pour mieux cerner le sujet et préciser la problématique, tantôt pour affiner<br />

les outils <strong>de</strong> la recherche, et tantôt à <strong>de</strong>s fins d’analyses. Les différents outils seront analysés<br />

dans la partie suivante pour en expliquer plus précisément et individuellement le rôle.<br />

4.2 L’analyse <strong>de</strong> la littérature<br />

L’analyse <strong>de</strong> la littérature est nécessairement l’une <strong>de</strong>s premières étapes d’un travail <strong>de</strong><br />

recherche. Cette étape vient juste après le choix du sujet <strong>de</strong> recherche, bien qu’elle ait<br />

<strong>comme</strong>ncé pour ce travail avant le choix <strong>de</strong> celui-ci. L’objectif premier <strong>de</strong> l’analyse <strong>de</strong> la<br />

littérature fut <strong>de</strong> permettre <strong>de</strong> diriger ce choix et « <strong>de</strong> construire l’objet <strong>de</strong> recherche sur lequel<br />

portera éventuellement le mémoire ». Cette analyse préalable <strong>de</strong> la littérature a représenté un<br />

enjeu <strong>de</strong> taille : « i<strong>de</strong>ntifier l’écart entre ce qui est connu et ce qui est à connaître pour<br />

ensuite établir la pertinence et l’originalité du sujet choisi ». (Olivier, Bédard & Ferron,<br />

2005, p. 12).<br />

La littérature sur la thématique du développement a permis <strong>de</strong> comprendre le contexte général<br />

dans lequel évolue l’initiative, <strong>de</strong> découvrir l’histoire du développement en Afrique<br />

subsaharienne, d’analyser la situation actuelle et d’i<strong>de</strong>ntifier les différents acteurs et leur rôle.<br />

Elle a permis également <strong>de</strong> percevoir certaines barrières empêchant le développement <strong>de</strong><br />

l’Afrique selon les <strong>au</strong>teurs. Il était intéressant <strong>de</strong> comprendre le point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> grands<br />

<strong>au</strong>teurs du développement, d’i<strong>de</strong>ntifier les divergences entre <strong>au</strong>teurs et <strong>de</strong> les mettre en<br />

rapport avec la situation réelle. Plus la recherche avançait, plus l’information recherchée était<br />

précise. De surcroît, chaque ouvrage menait à la lecture <strong>de</strong> plusieurs <strong>au</strong>tres ouvrages.<br />

Cependant, un effort <strong>de</strong> sélection a finalement dû être fait sans lequel ce rapport eût été sans<br />

fin.<br />

52


4.3 Les ouvrages méthodologiques<br />

La littérature méthodologique a permis <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s choix réfléchis quant <strong>au</strong>x métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong><br />

recueil et d’analyse <strong>de</strong> données choisies. Certains ouvrages ont été très utiles <strong>comme</strong> celui <strong>de</strong>s<br />

Dr Loraine Blaxter, Christina Hughes et Malcom Tight. Le « recueil <strong>de</strong> nouvelles métho<strong>de</strong>s<br />

d’Analyse <strong>de</strong>s données qualitatives » d’A. Michael Huberman et Matthew B. Miles a<br />

également été d’une gran<strong>de</strong> ai<strong>de</strong>. Parallèlement, l’ouvrage <strong>de</strong> Quivy et Van Campenhoudt a<br />

été d’un soutien précieux ainsi que celui <strong>de</strong> Corrine Glesnek & Alan Peshkin. Enfin, pour que<br />

ce mémoire répon<strong>de</strong> <strong>au</strong>x exigences scientifiques, les ouvrages <strong>de</strong> Dépelte<strong>au</strong>, Loubet Del<br />

Bayle et Duflos furent consultés. Ces recherches sur les méthodologies <strong>de</strong> la recherche <strong>de</strong><br />

données ont été très utiles pour créer les grilles d’entretien, établir le plan <strong>de</strong> communication<br />

ainsi que pour définir la manière d’étudier la littérature.<br />

4.4 L’analyse <strong>de</strong>s rapports<br />

De nombreux rapports sur le développement <strong>de</strong> l’Afrique ou spécifiquement sur le <strong>Bénin</strong> ont<br />

été lus. Ceci a permis d’une part <strong>de</strong> découvrir <strong>de</strong>s applications concrètes <strong>de</strong> ce qui avait été<br />

analysé dans la littérature et d’<strong>au</strong>tre part d’i<strong>de</strong>ntifier <strong>de</strong>s exemples <strong>de</strong> bonnes pratiques et<br />

succès passés ainsi que les raisons <strong>de</strong> nombreux échecs. Cependant, l’abondance <strong>de</strong> ceux-ci a<br />

été un obstacle <strong>au</strong>quel il a fallu faire face car la volonté <strong>de</strong> tout traiter empêchait la précision<br />

du sujet et créait la confusion. C’est ce qu’on appelle parfois la « gloutonnerie livresque ou<br />

statistique » (Quivy et Van Campenhoudt, 1995). Ajoutons pour finir qu’il a fallu les utiliser<br />

avec pru<strong>de</strong>nce et vérifier les informations en combinant plusieurs rapports car il y a un risque<br />

<strong>de</strong> biais <strong>de</strong> ces rapports sous influences politiques.<br />

4.5 Les articles scientifiques<br />

L’utilisation d’articles scientifiques fut utile pour trouver <strong>de</strong>s informations tant récentes que<br />

plus anciennes qui ont permis d’élaborer l’analyse. Les rapports scientifiques offrent parfois<br />

une approche bien plus précise que les livres ou <strong>au</strong>tres ouvrages et furent particulièrement<br />

utiles pour analyser le lien entre l’entrepreneuriat, la croissance, la p<strong>au</strong>vreté et le<br />

développement économique. Les articles scientifiques présentent également l’avantage d’être<br />

généralement fiables car ils sont établis dans un contexte <strong>de</strong> recherche scientifique et ne sont<br />

donc pas influencés par <strong>de</strong>s tiers intéressés (Le gui<strong>de</strong> du Mémoire 2011-2012, SBSEM).<br />

4.6 Le National Expert Survey du GEM<br />

Suite à la découverte, dans la partie théorique, <strong>de</strong> différentes métho<strong>de</strong>s et indices visant à<br />

évaluer l’impact <strong>de</strong> l’entrepreneuriat sur le développement économique, le choix d’un ou<br />

plusieurs <strong>de</strong> ces modèles <strong>comme</strong> base d’analyse s’imposa. La volonté d’utiliser l’un <strong>de</strong> ces<br />

modèles se justifiait par le fait qu’ils permettent d’introduire <strong>de</strong>s données <strong>de</strong> type<br />

quantitatives dans la recherche. Bien que les indices <strong>de</strong> Doing Business, <strong>de</strong> compétitivité et <strong>de</strong><br />

53


liberté économique soient <strong>de</strong>s éléments importants sur lesquels cette étu<strong>de</strong> pouvait s’appuyer,<br />

refaire une étu<strong>de</strong> similaire n’<strong>au</strong>rait rien apporté <strong>de</strong> nouve<strong>au</strong>. C’est pourquoi l’idée <strong>de</strong> réaliser<br />

ce type <strong>de</strong> recherches fut immédiatement abandonnée.<br />

Le modèle le plus approprié <strong>au</strong>rait sans doute été celui du GEINDEX, bien qu’il se soit avéré<br />

impossible d’en suivre la méthodologie en raison du manque d’informations disponibles. La<br />

métho<strong>de</strong> du Global Entrepreneurship Monitor était finalement celle dont les objectifs<br />

concordaient le mieux avec les objectifs <strong>de</strong> ce document. Suite à la prise <strong>de</strong> contact avec les<br />

<strong>au</strong>torités en charge du GEM, un accord fut obtenu pour exploiter les questions du NES qui<br />

sont habituellement non-divulguées. Cet accord fut un important coup <strong>de</strong> pouce à cette<br />

recherche car le GEM partage trois <strong>de</strong>s objectifs princip<strong>au</strong>x <strong>de</strong> cette recherche qui sont :<br />

- « Mesurer les différences dans le nive<strong>au</strong> d’entrepreneuriat entre différents pays,<br />

- découvrir quels facteurs mènent à <strong>de</strong>s nive<strong>au</strong>x d’entrepreneuriat appropriés,<br />

- suggérer <strong>de</strong>s réglementations qui pourraient améliorer le nive<strong>au</strong> d’activité<br />

entrepreneuriale nationale. » 27<br />

La méthodologie du NES définit un cadre <strong>de</strong> conditions entrepreneuriales (EFCs) qui sont<br />

nécessaires pour permettre la création d’entreprises, <strong>au</strong>-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> la capacité entrepreneuriale ou<br />

encore <strong>de</strong> l’opportunité. Ces conditions sont <strong>au</strong> nombre <strong>de</strong> 9 et se rapportent à <strong>de</strong>s<br />

caractéristiques spécifiques du milieu socio-économique, à savoir :<br />

- Le financement : du financement est-il disponible pour une personne qui voudrait lancer<br />

une entreprise ou pour une PME ? Facilement ? Sous certaines conditions ?<br />

Difficilement ? Quel type <strong>de</strong> financement ? Quelle “qualité” ? (intérêts,..)<br />

- Les réglementations gouvernementales : Est-ce que les régulations et le système <strong>de</strong><br />

taxation favorisent les PME ? Sont neutres? Défavorisent?<br />

- Les programmes gouvernement<strong>au</strong>x : <strong>de</strong>s programmes d’ai<strong>de</strong> <strong>au</strong>x PME ou <strong>au</strong>x nouvelles<br />

entreprises existent-ils ? Sont-ils <strong>de</strong> qualité ? Sont-ils existants <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> national,<br />

régional et/ou municipal ?<br />

- L’éducation en entrepreneuriat et la formation : évalue le nive<strong>au</strong> d’incorporation <strong>de</strong><br />

formations pour la création et la gestion <strong>de</strong> PME dans la formation pendant les étu<strong>de</strong>s<br />

primaires, secondaires et supérieures.<br />

- Les transferts <strong>de</strong> R&D : évalue si la R&D nationale mène à <strong>de</strong>s innovations à débouchés<br />

<strong>comme</strong>rci<strong>au</strong>x et à quel point ils sont accessibles <strong>au</strong>x PME.<br />

- Les infrastructures <strong>comme</strong>rciales et professionnelles : y a-t-il <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> propriétés bien<br />

établis ? Existe-t-il <strong>de</strong>s organismes qui soutiennent les PME <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong>comme</strong>rcial,<br />

comptable ou législatif ?<br />

27 Comme décrit sur le site du GEM<br />

http://www.gemconsortium.org/What-is-GEM<br />

54


- L’ouverture du marché interne : y a-t-il <strong>de</strong>s barrières à l’entrée pour une nouvelle<br />

entreprise ? Est-ce que le marché se transforme considérablement d’une année à l’<strong>au</strong>tre ?<br />

- Les infrastructures physiques et les services : est-il facile d’avoir accès à la terre, <strong>au</strong>x<br />

moyens <strong>de</strong> communication, <strong>au</strong>x transports, etc., lorsqu’on est une PME ?<br />

- Les normes culturelles et sociales : à quel point les normes culturelles et sociales<br />

favorisent-elles la création <strong>de</strong> valeur et l’enrichissement personnel ?<br />

Comme cela fut expliqué dans la partie théorique <strong>de</strong> ce document, le problème du GEM est le<br />

manque d’intérêt porté <strong>au</strong>x aspects qualitatifs. Pour pallier ce manque, <strong>de</strong>s interviews semi-<br />

directives ont visé à analyser <strong>de</strong>s aspects plus qualitatifs liés à l’environnement <strong>de</strong> l’initiative<br />

privée <strong>au</strong> <strong>Bénin</strong>.<br />

4.7 L’interview<br />

« L’interview peut être une technique très utile pour collecter <strong>de</strong>s données qui ne seraient pas<br />

accessibles en utilisant <strong>de</strong>s techniques telles que le questionnaire et l’observation » (Blaxter,<br />

Hughes & Thight, 1996, p.153).<br />

Dans le cadre <strong>de</strong> cette recherche, elle permettait d’obtenir les informations qualitatives<br />

nécessaires à l’analyse d’une manière plus libre que celle orientée par le NES. Au <strong>Bénin</strong>, la<br />

première partie <strong>de</strong> l’entretien a souvent consisté en une interview pour ensuite passer à<br />

l’évaluation du NES lorsque la personne était considérée <strong>comme</strong> experte dans l’un <strong>de</strong>s EFCs.<br />

En Belgique et à Paris, toutes les interviews ont été uniquement qualitatives.<br />

4.7.1 L’interview semi-directive<br />

Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> la décision <strong>de</strong> procé<strong>de</strong>r à <strong>de</strong>s interviews, il a fallu définir le type d’interview et<br />

c’est la métho<strong>de</strong> <strong>de</strong>s entretiens semi-directifs qui fut sélectionnée.<br />

L’avantage <strong>de</strong> l’entretien semi-directif est qu’il permet à la personne interviewée <strong>de</strong> dérouler<br />

le fil <strong>de</strong> sa pensée <strong>de</strong> manière plus libre que s’il s’agissait d’entretiens dirigés. En effet,<br />

l’entretien semi-directif permet « d’obtenir à la fois un discours librement formé par<br />

l’interviewé, et un discours répondant <strong>au</strong>x questions <strong>de</strong> la recherche » (Blanchet et Gotman<br />

2010, p. 62). Il s’agit donc d’une métho<strong>de</strong> adaptée pour une analyse qualitative et pour une<br />

démarche hypothético-déductive. Dans le contexte <strong>de</strong> ce travail, l’entretien permet <strong>de</strong> «<br />

découvrir le sens et les finalités que <strong>de</strong>s acteurs associent à leur situation ou à leurs actions »<br />

(Dépelte<strong>au</strong> 2010, p.334).<br />

Il s’agit, selon Quivy et Van Campenhoudt, d’une métho<strong>de</strong> d’observation indirecte c’est-à-<br />

dire que les données sont obtenues verbalement et non directement. (Quivy et Van<br />

Campenhoudt 2006, p.152). La personne interrogée répond à <strong>de</strong>s questions qui ne sont ni<br />

ouvertes, ni fermées et peut elle-même parler <strong>de</strong> certains thèmes sans que la question ait été<br />

55


posée. On peut dire que l’entretien semi-directif « n’est ni entièrement ouvert, ni canalisé par<br />

un grand nombre <strong>de</strong> questions précises » (Quivy et Van Campenhoudt 2006, p.174).<br />

4.7.2 La grille <strong>de</strong> questions d’interview<br />

Une importance particulière a été accordée à l’écriture <strong>de</strong>s questions d’interviews afin<br />

qu’elles permettent d’obtenir <strong>de</strong>s réponses à la question <strong>de</strong> recherche. Selon Blanchet et<br />

Gotman (2010, p.58), « c’est un premier travail <strong>de</strong> traduction <strong>de</strong>s hypothèses en indicateurs<br />

concrets ». Les questions ont été définies sur la base <strong>de</strong> l’analyse <strong>de</strong> la littérature et sur la base<br />

<strong>de</strong> la question <strong>de</strong> recherche et <strong>de</strong>s hypothèses <strong>de</strong> recherche. De plus, ces questions ont été<br />

adaptées à l’intervenant et à la plage horaire réservée à l’entretien. Une logique d’organisation<br />

<strong>de</strong>s questions a bien entendu été recherchée afin d’optimiser la collecte d’information. En<br />

effet, il s’agit d’un outil essentiel <strong>de</strong> la collecte <strong>de</strong> données par entretiens semi-directifs et elle<br />

doit pouvoir « produire toutes les informations adéquates et nécessaires afin <strong>de</strong> tester les<br />

hypothèses » (Quivy et Van Campenhoudt 2006, p.165).<br />

4.7.3 Le déroulement pratique <strong>de</strong>s entretiens<br />

« L’entretien scientifique est une démarche préparée, qui s’inscrit dans un plan préétabli et<br />

qui obéit à <strong>de</strong>s règles relativement précises pour en faire un outil d’observation répondant,<br />

<strong>au</strong>tant que faire se peut, <strong>au</strong>x exigences d’objectivité et <strong>de</strong> rigueur <strong>de</strong> la métho<strong>de</strong> scientifique »<br />

(Loubet Del Bayle, 2000, p.47).<br />

La majorité <strong>de</strong>s entretiens se sont déroulés <strong>de</strong> manière relativement similaire dans la forme.<br />

Le plan <strong>de</strong> communication a été suivi pour prendre contact avec les personnes sélectionnées<br />

en Belgique. Cependant, pour obtenir <strong>de</strong>s entretiens <strong>au</strong> <strong>Bénin</strong>, il était nécessaire <strong>de</strong> passer par<br />

<strong>de</strong>s intermédiaires ayant <strong>de</strong>s contacts pour arriver à entrer dans les différentes structures.<br />

Enfin, <strong>de</strong>s rencontres fortuites ont également permis d’obtenir certains ren<strong>de</strong>z-vous clés.<br />

Les ren<strong>de</strong>z-vous ont chaque fois <strong>comme</strong>ncé par une brève explication du sujet <strong>de</strong> la<br />

recherche, la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’<strong>au</strong>torisation d’enregistrer la conversation lorsque désiré et la<br />

vérification <strong>de</strong>s contraintes horaires à respecter. L’enregistrement <strong>de</strong> l’entretien facilitait<br />

l’adoption d’une attitu<strong>de</strong> d’écoute et d’ouverture car cela permettait <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>r un contact<br />

visuel avec l’interviewé. Si la situation ne s’y prêtait pas ou si la personne interviewée ne<br />

désirait pas être enregistrée, <strong>de</strong>s notes manuscrites étaient prises.<br />

4.7.4 Les interviews initiales<br />

Des interviews initiales ou « exploratoires » ont été réalisées visant non seulement à vérifier<br />

la bonne compréhension du sujet et à tester et affiner les questions posées pour petit à petit<br />

améliorer la qualité du recueil d’informations. C’est la phase qu’on peut appeler le « pilotage<br />

informel » et qui se déroula <strong>au</strong> cours du mois <strong>de</strong> septembre. Suite à cela, les questions et<br />

56


également partiellement le sujet <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> furent modifiés. Ces interviews ont joué un rôle<br />

crucial, car c’est à travers elle que la maitrise <strong>de</strong> l’entretien fut acquise et que <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s<br />

furent décelées pour gui<strong>de</strong>r l’entretien en évitant d’y injecter <strong>de</strong> l’interprétation.<br />

4.7.5 Les interviews d’experts<br />

Par la suite, les interviews d’experts réalisées en Belgique ont déjà permis d’obtenir <strong>de</strong>s<br />

informations utiles à l’analyse et les interviews d’experts réalisées <strong>au</strong> <strong>Bénin</strong> ont achevé le<br />

processus <strong>de</strong> collecte <strong>de</strong> données. Elles ont permis d’abor<strong>de</strong>r les aspects plus qualitatifs <strong>de</strong><br />

l’environnement <strong>de</strong> l’initiative privée <strong>au</strong> <strong>Bénin</strong>, d’obtenir <strong>de</strong>s données chiffrées qui n’avaient<br />

pas été trouvées dans les rapports et qui étaient nécessaires à l’élaboration <strong>de</strong> la « carte<br />

d’i<strong>de</strong>ntité du <strong>Bénin</strong> dans le cadre <strong>de</strong> l’initiative » et enfin d’obtenir plus <strong>de</strong> détails quant <strong>au</strong>x<br />

barrières, moteurs et pistes <strong>de</strong> recommandations pour le futur <strong>de</strong> l’initiative <strong>au</strong> <strong>Bénin</strong>.<br />

4.7.6 Les interviews <strong>au</strong> sein <strong>de</strong> l’ONG Songhaï<br />

La décision <strong>de</strong> se rendre à l’ONG Songhaï se justifie <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux manières. Premièrement, par le<br />

fait qu’il s’agit clairement d’un exemple d’initiative réussie et d’un modèle national et<br />

régional. Ensuite, car il s’agit également d’une application réelle d’un modèle <strong>de</strong><br />

développement endogène et intégré basé sur l’entrepreneuriat qui est, qui plus est, appelé à se<br />

propager. Cette ONG a permis <strong>de</strong> former et donner une vision à <strong>de</strong>s centaines <strong>de</strong> jeunes. Elle<br />

a également été approchée par les gouvernements <strong>de</strong> nombreux pays d’Afrique <strong>de</strong> l’Ouest qui<br />

ont vu en elle l’espoir d’un futur plus favorable pour l’Afrique et l’exemple d’une belle<br />

réussite africaine.<br />

« Songhaï a donné matière à l’espoir et à offert une vision pour l’Afrique : la création d’une<br />

génération exceptionnellement volontaire et innovante <strong>de</strong> jeunes entrepreneurs agricoles sera<br />

un <strong>de</strong>s piliers du développement pour le continent » (NZAMUJO, 2007, p.5).<br />

L’ONG Songhaï reçoit chaque année be<strong>au</strong>coup <strong>de</strong> jeunes apprentis désireux <strong>de</strong> lancer leur<br />

entreprise ou encore d’améliorer les ren<strong>de</strong>ments <strong>de</strong> leur exploitation. Il semblait intéressant <strong>de</strong><br />

rencontrer le fondateur Godfrey Nzamujo ainsi que les membres actifs <strong>de</strong> l’organisation et les<br />

apprentis présents. Les interviews <strong>au</strong> sein <strong>de</strong> l’ONG visaient d’une part à comprendre ce qui<br />

pousse les <strong>Bénin</strong>ois à entreprendre et d’<strong>au</strong>tre part à recueillir la vision <strong>de</strong>s apprentis présents à<br />

Songhaï concernant l’environnement <strong>de</strong> l’initiative privée <strong>au</strong> <strong>Bénin</strong>, afin d’avoir une vue<br />

extérieure et décalée par rapport à celle venant <strong>de</strong> membres du gouvernement ou d’<strong>au</strong>tres<br />

types d’organisations.<br />

La création <strong>de</strong> Songhaï est partie <strong>de</strong> plusieurs constats qui mènent à penser que le secteur <strong>de</strong><br />

l’agriculture <strong>de</strong>vra jouer un rôle <strong>de</strong> taille dans le futur. Premièrement, que l’agriculture en<br />

Afrique connait <strong>de</strong>s ren<strong>de</strong>ments très faibles. Deuxièmement, que l’explosion démographique<br />

entraîne un accroissement important <strong>de</strong>s populations urbaines qui doivent être nourries.<br />

57


Troisièmement, que le marché <strong>de</strong> l’emploi et la création d’entreprises ne répon<strong>de</strong>nt qu’à une<br />

faible part <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’emploi.<br />

Bien que fondée sur l’agriculture, Songhaï veut développer une culture d’entreprise liée avec<br />

le développement <strong>au</strong> sens large et donc <strong>au</strong>ssi à l’industrie et <strong>au</strong> <strong>comme</strong>rce. Songhaï vise à<br />

« développer les capacités intérieures <strong>de</strong> l’homme dans toutes ses dimensions culturelle,<br />

sociale, technique, organisationnelle, économique…pour que chacun retrouve son i<strong>de</strong>ntité<br />

culturelle propre, afin <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir un acteur à part entière » (NZAMUJO, 2007, p.9).<br />

4.8 L’utilisation d’un carnet <strong>de</strong> note/ journal <strong>de</strong> recherche<br />

Au <strong>Bénin</strong>, un « journal <strong>de</strong> recherche » a été constamment mis à jour. Celui-ci contient<br />

principalement 3 parties :<br />

a. Les notes d’observations qui reprennent le récit d’expériences d’observations et d’écoute.<br />

« Elles contiennent <strong>au</strong>ssi peu d’interprétation que possible et leur fiabilité dépend <strong>de</strong> la<br />

capacité <strong>de</strong> l’observateur à limiter l’interprétation » (Schatzman & Str<strong>au</strong>ss 1973, p.146).<br />

b. Les notes méthodologiques qui contenaient les choses faites et à faire. Elles reprenaient<br />

tout <strong>au</strong> long du séjour l’état d’avancement du projet <strong>de</strong> recherche ainsi que les doutes émis<br />

quant à la méthodologie suivie et le déroulement <strong>de</strong>s événements. Ces notes furent utiles à<br />

l’écriture <strong>de</strong>s parties dédiées à la méthodologie et <strong>au</strong>x limites <strong>de</strong> la recherche.<br />

c. Les notes théoriques dont le but principal était <strong>de</strong> <strong>comme</strong>ncer l’analyse <strong>de</strong>s données<br />

recueillies. Des schémas d’analyse possibles y étaient <strong>au</strong> fur et à mesure repris.<br />

4.9 Un relevé photographique et <strong>de</strong>s enregistrements <strong>au</strong>dio<br />

Au centre Songhaï, <strong>de</strong>s photographies ont été prises dans le but <strong>de</strong> figer certaines situations ou<br />

éléments afin <strong>de</strong> pouvoir se les remémorer lors <strong>de</strong> l’analyse <strong>de</strong>s données recueillies. Jones<br />

mentionnait dans son ouvrage que «<strong>de</strong>s notes écrites <strong>de</strong>vront également être complétées par<br />

<strong>de</strong>s photos, <strong>de</strong>s diapositives, <strong>de</strong>s enregistrements <strong>au</strong>dio et vidéo, ainsi que par <strong>de</strong>s interviews<br />

effectuées formellement ou informellement (...)» et c’est suite à la lecture <strong>de</strong> ces quelques<br />

lignes que la décision <strong>de</strong> photographier <strong>de</strong>s situations fut prise. (Jones, 2000, p.56)<br />

58


Chapitre 9 : Présentation <strong>de</strong> l’échantillon<br />

Section 1 : Introduction<br />

Etant donné la nécessité <strong>de</strong> rencontrer <strong>de</strong>s experts dans le domaine <strong>de</strong> l’initiative privée <strong>au</strong><br />

<strong>Bénin</strong>, une métho<strong>de</strong> d’échantillonnage aléatoire ou empirique n’<strong>au</strong>rait pas permis d’obtenir<br />

<strong>de</strong>s informations <strong>de</strong> qualité suffisante. De ce fait, la métho<strong>de</strong> ayant été utilisée est celle du<br />

« handpicked sampling » qui consiste pour le chercheur à sélectionner lui-même les personnes<br />

ayant une expertise adaptée à la recherche sur base d’un choix raisonné. Cette métho<strong>de</strong> a<br />

consisté à i<strong>de</strong>ntifier les personnes clés à interviewer pour obtenir <strong>de</strong>s informations sur <strong>de</strong>s<br />

points particuliers <strong>de</strong> la recherche et pour tester les hypothèses émises. De plus, les personnes<br />

interviewées étaient en fin d’interview invitées à lister <strong>de</strong>s contacts qu’ils considéraient<br />

<strong>comme</strong> experts dans le domaine <strong>de</strong> la recherche afin d’enclencher un effet boule <strong>de</strong> neige.<br />

Section 2 : Les experts rencontrés en Belgique<br />

Cet échantillon est composé <strong>de</strong> Belges travaillant en Afrique, <strong>de</strong> membres d’institutions,<br />

d’ONG et d’organismes <strong>de</strong> développement qui ont été i<strong>de</strong>ntifiés soit avec l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> Monsieur<br />

Platte<strong>au</strong>, soit à la suite <strong>de</strong> recherches sur certains organismes, soit encore sur le conseil d’un<br />

interviewé précé<strong>de</strong>nt.<br />

Section 3 : Les experts rencontrés <strong>au</strong> <strong>Bénin</strong><br />

3.1 Au sein <strong>de</strong> l’ONG Songhaï<br />

Lors <strong>de</strong> la première journée <strong>au</strong> sein <strong>de</strong> l’ONG, un plan <strong>de</strong> rencontre a été réalisé en<br />

collaboration avec M. Sessou Léonce en tenant compte <strong>de</strong>s centres d’intérêts particuliers <strong>de</strong> la<br />

recherche. Suite à cela, il a organisé tous les ren<strong>de</strong>z-vous souhaités et nécessaires à la<br />

recherche avec les responsables et membres <strong>de</strong>s organes <strong>de</strong> formation, microcrédit,<br />

production, transformation ainsi qu’avec le fondateur <strong>de</strong> l’ONG. Certaines personnes y ont été<br />

interviewées et d’<strong>au</strong>tres, considérées <strong>comme</strong> experts dans l’un <strong>de</strong>s EFC, ont également été<br />

invitées à participer <strong>au</strong> NES.<br />

3.2 À Cotonou<br />

De nombreuses personnes ont été interviewées à Cotonou. Des institutions précises avaient<br />

été sélectionnées dans le cadre <strong>de</strong> la recherche et grâce à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> contacts sur place et <strong>de</strong><br />

l’ONG Songhaï, <strong>de</strong>s ren<strong>de</strong>z-vous ont été programmés. De plus, d’<strong>au</strong>tres ren<strong>de</strong>z-vous avaient<br />

déjà été fixés à Bruxelles et concernaient <strong>de</strong>s institutions <strong>comme</strong> la Banque Mondiale ou<br />

encore l’Agence Nationale pour l’Emploi. Afin <strong>de</strong> respecter la méthodologie du GEM, seuls<br />

<strong>de</strong>s <strong>Bénin</strong>ois considérés <strong>comme</strong> experts dans l’un <strong>de</strong>s EFCs ont été soumis <strong>au</strong> GEM, les<br />

59


<strong>au</strong>tres personnes ayant uniquement répondu à l’interview semi-directive <strong>de</strong> type qualitative.<br />

De ce fait, 16 experts ont pu être soumis <strong>au</strong> questionnaire.<br />

Section 4: Conclusion sur l’échantillon<br />

Pour conclure, cet échantillon est constitué <strong>de</strong> personnes venant <strong>de</strong> et résidant dans diverses<br />

zones géographiques, ayant <strong>de</strong>s fonctions ou statuts divers, se trouvant dans <strong>de</strong>s situations<br />

diverses et ayant <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> vie diverses. L’échantillonnage a cherché à être le plus<br />

représentatif <strong>de</strong> l’avis <strong>de</strong>s experts nation<strong>au</strong>x possible étant entendu que la recherche <strong>de</strong><br />

représentativité est <strong>de</strong> toute manière une opération délicate dans une démarche qualitative<br />

(K<strong>au</strong>fmann, 2007).<br />

Selon Blanchet et Gotman, pour que les données récoltées lors <strong>de</strong>s entretiens soient<br />

pertinentes il f<strong>au</strong>t « déterminer les acteurs dont on estime qu’ils sont en position <strong>de</strong> produire<br />

<strong>de</strong>s réponses <strong>au</strong>x questions que l’on se pose » (Blanchet et Gotman, 2010, p. 46). C’est ce qui<br />

a été fait et qui a mené l’échantillon à répondre <strong>au</strong>x nécessités <strong>de</strong> la recherche.<br />

Grâce à cet échantillon, <strong>de</strong>s éléments <strong>de</strong> réponse à la question <strong>de</strong> recherche ont été obtenus.<br />

Une fois traitées, ces données ont mis en évi<strong>de</strong>nce <strong>de</strong>s éléments récurrents et ont pu donner<br />

lieu à <strong>de</strong>s généralisations. Il f<strong>au</strong>t cependant gar<strong>de</strong>r à l’esprit les limites <strong>de</strong> cette métho<strong>de</strong>.<br />

60


Partie III : Métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> traitement et d’analyse <strong>de</strong>s données<br />

Chapitre 10 : Présentation <strong>de</strong> la métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> traitement <strong>de</strong>s données<br />

Le traitement et l’analyse <strong>de</strong>s données a été une étape tant cruciale que complexe. Etant donné<br />

la multitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> données recueillies <strong>de</strong> par la lecture <strong>de</strong> rapports et la recherche <strong>de</strong> terrain,<br />

traiter ces données en conservant leur substance ne fut pas une mince affaire. « L’analyse <strong>de</strong>s<br />

données est une opération qui consiste à faire parler l’entretien, à sélectionner et à extraire<br />

les données susceptibles <strong>de</strong> permettre la confrontation <strong>de</strong>s hypothèses <strong>au</strong>x faits » (Blanchet et<br />

Gotman, 2010, p. 89).<br />

La métho<strong>de</strong> choisie fut celle <strong>de</strong> l’analyse <strong>de</strong> contenu. L’analyse <strong>de</strong> contenu est « une métho<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> classification ou <strong>de</strong> codification dans diverses catégories <strong>de</strong>s éléments du document<br />

analysé pour en faire ressortir les différentes caractéristiques en vue d’en mieux comprendre<br />

le sens exact et précis» (Dépelte<strong>au</strong>, 2000). 28 Cette métho<strong>de</strong> fut choisie car elle permet<br />

l’analyse <strong>de</strong>s données <strong>de</strong> la manière la plus fiable et objective possible (Andreani & Conchon,<br />

2005).<br />

Les différentes étapes <strong>de</strong> l’analyse <strong>de</strong> contenu sont les suivantes :<br />

Retranscription <strong>de</strong>s<br />

données<br />

Premièrement, il a fallu retranscrire les interviews pour qu’elles soient prêtes à être analysées.<br />

Lors <strong>de</strong> cette étape, une attention particulière a été portée à l’évaluation <strong>de</strong> la sincérité et <strong>de</strong> la<br />

validité <strong>de</strong>s données (Dépelte<strong>au</strong>, 2000).<br />

codage Traitement<br />

Une fois les données prêtes à l’analyse, il a fallu les co<strong>de</strong>r. Un co<strong>de</strong> est un « symbole<br />

appliqué à un groupe <strong>de</strong> mots permettant d’i<strong>de</strong>ntifier, <strong>de</strong> rassembler et <strong>de</strong> classer les<br />

différentes informations obtenues par entrevue, observation ou tout <strong>au</strong>tre moyen »<br />

(Dépelte<strong>au</strong>, 2000) 29 . Dans cette étu<strong>de</strong>, un codage <strong>de</strong> type « fermé » fut utilisé. On suit alors<br />

« une procédure close et fermée, dans laquelle la grille d’analyse est prédéfinie avant l’étu<strong>de</strong>.<br />

La grille est là pour vali<strong>de</strong>r les hypothèses et les théories <strong>au</strong>xquelles l’enquête se réfère <strong>de</strong><br />

façon à priori » (Andreani & Conchon, 2005, p.5). Les thèmes ou plus précisément les<br />

catégories (EFCs) du questionnaire du NES furent utilisées pour co<strong>de</strong>r les données. De plus,<br />

les interviews qualitatives ont été réparties selon les différents thèmes pour permettre une<br />

analyse groupée <strong>de</strong>s différentes sources d’informations. Cependant, pour que toutes les<br />

28 L’ÉCUYER, R. (1988), l’analyse <strong>de</strong> contenu : notion et étapes, dans DÉPELTEAU, F (2000), la démarche d’une<br />

recherche en sciences humaines : <strong>de</strong> la question <strong>de</strong> départ à la communication <strong>de</strong>s résultats, De Boek Université, p. 295<br />

29 DESLAURIERS, J.-P., Recherche qualitative : Gui<strong>de</strong> pratique, dans DÉPELTEAU, F (2000), la démarche d’une recherche<br />

en sciences humaines : <strong>de</strong> la question <strong>de</strong> départ à la communication <strong>de</strong>s résultats, De Boek Université, p. 305<br />

61


données recueillies puissent être catégorisées et afin <strong>de</strong> pouvoir vérifier ou infirmer chacune<br />

<strong>de</strong>s hypothèses, d’<strong>au</strong>tres thèmes ont été ajoutés sur base <strong>de</strong>s questions d’analyse qualitatives.<br />

Il s’agit notamment du rôle <strong>de</strong>s différents acteurs (bailleurs <strong>de</strong> fonds, gouvernements, ONG,<br />

etc.) et <strong>de</strong> l’impact <strong>de</strong> l’initiative sur la croissance et sur le développement.<br />

Une fois codées, les informations étaient fin-prêtes à être traitées. Les données réparties en<br />

catégories ont été relues et réorganisées à plusieurs reprises pour en dégager le sens et les<br />

idées clés. C’est ce qu’on appelle le sta<strong>de</strong> analytique. Il «approfondit les idées <strong>de</strong> base (les<br />

sous-catégories). Il intervient après le codage pour étudier les associations d’idées qu’elles<br />

contiennent » (Andreani & Conchon, 2005, p.9).<br />

Enfin, les relations entre les différentes catégories ont été analysées et les hypothèses <strong>de</strong> la<br />

recherche ont été comparées <strong>au</strong>x données recueillies. Les données ont ensuite été interprétées.<br />

« La procédure d’interprétation <strong>de</strong>s résultats fournit une lecture globale <strong>de</strong>s données en<br />

éclairant et en complétant ses conclusions à la lumière <strong>de</strong>s objectifs <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> » (Andreani &<br />

Conchon, 2005, p.14). Les résultats ont été <strong>comme</strong>ntés et analysés du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong>s<br />

questions et <strong>de</strong>s hypothèses <strong>de</strong> la recherche. Un diagnostic <strong>de</strong> la situation a été établi ainsi que<br />

<strong>de</strong>s recommandations qui ont été prioritisées.<br />

62


Partie IV. Présentation <strong>de</strong>s résultats<br />

Chapitre 11 : Présentation <strong>de</strong> l’analyse et <strong>de</strong>s résultats<br />

Section 1 : Carte d’i<strong>de</strong>ntité du <strong>Bénin</strong> dans le cadre <strong>de</strong> l’initiative privée<br />

Dans cette section, la situation actuelle du <strong>Bénin</strong> dans le cadre <strong>de</strong> l’initiative privée sera<br />

analysée. Plusieurs sources ont été consultées pour écrire cette section, mais le recensement<br />

général <strong>de</strong>s entreprises (RGE) <strong>de</strong> 2008 ainsi que son rapport <strong>de</strong> suivi <strong>de</strong> 2011, réalisés par<br />

l’INSAE, furent particulièrement utiles.<br />

1.1 Des sociétés individuelles, peu diversifiées, informelles et <strong>de</strong> petite taille<br />

Premièrement, l’économie béninoise est peu diversifiée. En effet, il y avait, en 2008, 137.863<br />

entreprises <strong>au</strong> <strong>Bénin</strong> réparties en 145.078 établissements selon RGE 30 . Parmi ces<br />

établissements, 49% sont <strong>de</strong>s unités <strong>de</strong> production artisanales et 43% sont <strong>de</strong>s unités<br />

<strong>comme</strong>rciales. On remarque donc la faible représentation <strong>de</strong>s <strong>au</strong>tres branches d’activités telles<br />

que les unités <strong>de</strong> production agricole représentant 0,03% <strong>de</strong>s établissements recensés en 2008,<br />

les établissements spécialisés dans les transports représentant quant à eux 0,06% et les unités<br />

<strong>de</strong> transformation industrielle représentant seulement 0,4%. Selon le rapport <strong>de</strong> suivi <strong>de</strong> 2011,<br />

les activités <strong>comme</strong>rciales ten<strong>de</strong>nt à se rapprocher en importance <strong>de</strong>s activités artisanales avec<br />

47,2% <strong>de</strong>s établissements qui sont <strong>de</strong>s unités <strong>de</strong> production artisanales et 45,4% qui sont <strong>de</strong>s<br />

unités <strong>comme</strong>rciales. Les unités <strong>de</strong> transformation industrielle ont encore perdu en importance<br />

en 2011, passant à 0,2% <strong>de</strong>s établissements recensés en raison d’un manque d’investissements<br />

dans ces unités dû à un manque <strong>de</strong> capit<strong>au</strong>x disponibles pour faire <strong>de</strong>s investissements<br />

productifs (RGE, 2008, 2011). La faiblesse du secteur <strong>de</strong> la transformation est une<br />

caractéristique pénalisante <strong>de</strong> l’économie béninoise qui l’empêche <strong>de</strong> créer <strong>de</strong> la valeur<br />

ajoutée.<br />

Deuxièmement, l’économie béninoise est principalement informelle. En effet, une entreprise<br />

est formelle si elle est enregistrée <strong>au</strong> registre du <strong>comme</strong>rce, dispose d’un i<strong>de</strong>ntifiant INSAE<br />

ou un I<strong>de</strong>ntifiant Fiscal Unique (IFU) 31 et est inscrite à la Caisse Nationale <strong>de</strong> sécurité sociale.<br />

Au <strong>Bénin</strong>, presque 98% <strong>de</strong>s entreprises recensées sont actives <strong>au</strong> sein du secteur informel tant<br />

en 2008 qu’en 2011 malgré un léger recul (RGE 2008, 2011). De ce fait, il n’est pas étonnant<br />

<strong>de</strong> remarquer, selon la liste <strong>de</strong>s entreprises à jour <strong>de</strong> la Chambre <strong>de</strong> Commerce et D’industrie,<br />

qu’en 2010, seulement 8835 établissements y sont répertoriés. 32 L’artisanat et le <strong>comme</strong>rce<br />

sont <strong>de</strong>s domaines presque exclusivement informels atteignant respectivement à peine 1,1% et<br />

30 Les établissements considérés sont ceux qui disposent d’un local fixe i<strong>de</strong>ntifiable<br />

31 L’i<strong>de</strong>ntifiant Fiscal Unique remplace le numéro INSAE pour toute entreprise créée à partir du 1 er janvier 2008.<br />

32 Sur le site <strong>de</strong> la chambre du <strong>comme</strong>rce et <strong>de</strong> l’industrie du <strong>Bénin</strong>,<br />

http://www.ccibenin.org/in<strong>de</strong>x.php?option=com_docman&task=cat_view&gid=29&Itemid=138<br />

63


3,2% <strong>de</strong> formalité en 2011. D’<strong>au</strong>tres secteurs sont plus formalisés <strong>comme</strong> celui <strong>de</strong>s BTP dont<br />

75% <strong>de</strong>s entreprises sont formelles en 2008, <strong>de</strong>s transports dont 45% <strong>de</strong>s entreprises sont<br />

formelles en 2008, et les TIC dont 21% <strong>de</strong>s entreprises sont formelles en 2008 (RGE 2008,<br />

2011). L’informalité se manifeste d’une part par le faible nive<strong>au</strong> d’inscription <strong>de</strong>s entreprises<br />

<strong>au</strong> Registre du <strong>comme</strong>rce (5,8% en 2008 et 7,6% en 2011), bien que ce t<strong>au</strong>x d’inscription<br />

atteigne 95% dans les BTP, 70% dans les transports et 67% dans l’industrie en 2008. D’<strong>au</strong>tre<br />

part, seules 50% <strong>de</strong>s entreprises inscrites <strong>au</strong> Registre du <strong>comme</strong>rce disposent d’un i<strong>de</strong>ntifiant<br />

INSAE (90% dans les BTP). Si l’on se réfère à la disposition d’un IFU, on observe une très<br />

légère amélioration car 95,3% <strong>de</strong>s entreprises sont dans l’informel en 2011, alors que 97,1%<br />

l’étaient en 2008 (RGE, 2011).<br />

Troisièmement, le secteur privé béninois ne se développe que lentement avec peu <strong>de</strong> grosses<br />

entreprises nationales. En effet, le capital <strong>de</strong>s entreprises béninoises atteint seulement 6,4<br />

millions FCFA en moyenne. De plus, seules 0,16% <strong>de</strong>s entreprises béninoises ont un capital<br />

social surpassant 100 millions FCFA et seulement 11,87% <strong>de</strong>s entreprises ont un capital qui<br />

surpasse 1 million FCFA (RGE 2008). Presque 90% <strong>de</strong>s entreprises sont donc constituées<br />

avec un capital social <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 1 million <strong>de</strong> FCFA. Le chiffre d’affaires <strong>de</strong> ces entreprises<br />

est également relativement faible, atteignant en moyenne 37 millions FCFA en 2007 pour les<br />

entreprises tenant une comptabilité formelle et 13 millions <strong>de</strong> FCFA pour les entreprises ne<br />

tenant pas <strong>de</strong> comptabilité formelle. Si on agrège ces montants pour le total <strong>de</strong>s entreprises,<br />

on obtient donc un chiffre d’affaires moyen <strong>de</strong> 14,4 millions FCFA en 2007. Ça représente<br />

une <strong>au</strong>gmentation d’un pourcent par rapport à 2006 (RGE, 2008). Cette croissance provient<br />

<strong>de</strong>s secteurs en pleine explosion <strong>comme</strong> les TIC, l’hôtellerie et l’éducation qui connaissent<br />

respectivement une croissance <strong>de</strong> 74%, 81% et 89%. Ces secteurs contrebalancent<br />

l’affaiblissement <strong>de</strong>s <strong>au</strong>tres services et <strong>de</strong> l’artisanat qui connaissent une décroissance <strong>de</strong> 30%<br />

et 2% respectivement. Enfin, on remarque qu’en 2011, 41,2% <strong>de</strong>s établissements existent<br />

<strong>de</strong>puis <strong>au</strong> moins 5 ans, ce qui démontre une certaine stabilité <strong>de</strong>s activités sur le marché<br />

(ANPME, 2011, p.22). Les entreprises <strong>au</strong>raient donc tendance à survivre sans toutefois se<br />

développer fortement.<br />

Quatrièmement, les entreprises béninoises formelles ou non sont souvent créées sous la forme<br />

<strong>de</strong> sociétés individuelles (97,6% en 2008, 97,3% en 2011), ce qui rejoint la considération<br />

précé<strong>de</strong>nte portant sur la petite taille <strong>de</strong>s entreprises béninoise. Encore une fois, les sociétés<br />

<strong>de</strong>s secteurs souvent plus formels et créant plus d’emplois <strong>comme</strong> les transports et l’industrie<br />

sont celles qui se constituent plus souvent sous la forme <strong>de</strong> sociétés anonymes,<br />

respectivement 10% et 6% d’entre-elles. Les transports et les BTP se constituent plus<br />

fréquemment sous la forme <strong>de</strong> sociétés à responsabilité limitée, respectivement 31% et 30%<br />

d’entre elles (RGE 2008, 2011). Cependant, la faible représentation <strong>de</strong> ces secteurs <strong>au</strong> sein <strong>de</strong><br />

l’économie béninoise explique la proportion importante <strong>de</strong> sociétés individuelles <strong>au</strong> <strong>Bénin</strong>.<br />

64


Ces quatre caractéristiques <strong>de</strong>s entreprises béninoises expliquent les difficultés qu’on observe<br />

actuellement sur le marché <strong>de</strong> l’emploi béninois et le rôle important <strong>de</strong> l’initiative privée pour<br />

la population. Ce sera l’objet <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux points suivants.<br />

1.2 Des entreprises offrant peu <strong>de</strong> débouchés à la jeunesse béninoise<br />

Les facteurs démographiques jouent en faveur du développement économique du pays. En<br />

effet, la population béninoise a atteint 9,1 millions en 2011 et atteindra un nive<strong>au</strong> <strong>de</strong> 14,6<br />

millions en 2030 selon les estimations du Human Development Report du PNUD. La<br />

population active béninoise est, quant à elle, estimée en 2007 à 4,9 millions <strong>de</strong> personnes dont<br />

61% ont moins <strong>de</strong> 35 ans (Politique Nationale <strong>de</strong> l’Emploi, 2011). De plus, en 2010, 43,7%<br />

<strong>de</strong> la population se situe dans la tranche d’âge 0-14 ans, 53,27% <strong>de</strong> la population a entre 15 et<br />

64 ans, et enfin, seulement 3,04% <strong>de</strong> la population a 65 ans et plus. En 2011, l’âge médian <strong>de</strong><br />

la population est <strong>de</strong> 17,9 ans (PNUD, 2011). La proportion <strong>de</strong> la population active est donc<br />

amenée à s’accroître dans les prochaines années, cela crée <strong>de</strong>s opportunités que le <strong>Bénin</strong> doit<br />

saisir pour accélérer son développement.<br />

La part <strong>de</strong>s jeunes dans la population est importante et c’est une situation très favorable pour<br />

accélérer le développement du pays. Cependant, on observe actuellement que le t<strong>au</strong>x <strong>de</strong><br />

croissance démographique (2,91% en 2011) 33 est supérieur <strong>au</strong> t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> croissance économique<br />

(t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> croissance du PIB <strong>de</strong> 2,5% en 2011) 34 . Ceci fait pression sur le marché <strong>de</strong> l’emploi<br />

qui n’offre pas suffisamment <strong>de</strong> débouchés pour cette jeunesse en croissance. La croissance<br />

démographique est donc une opportunité mais également une menace pour le pays.<br />

En effet, étant donné que les entreprises béninoises sont souvent <strong>de</strong>s sociétés individuelles,<br />

informelles et <strong>de</strong> petites tailles, elles ne génèrent que très peu d’emplois. En 2008, seules<br />

0,07% <strong>de</strong>s entreprises béninoises emploient plus <strong>de</strong> 50 personnes, 1% <strong>de</strong>s établissements en<br />

emploient <strong>au</strong> moins 10, et moins <strong>de</strong> 10% <strong>de</strong>s entreprises en emploient <strong>au</strong> moins une. Le<br />

pourcentage <strong>de</strong>s établissements ayant <strong>de</strong>s employés à temps plein est donc extrêmement faible<br />

(RGE, 2008). On remarque que certains secteurs ont tendance à employer plus <strong>de</strong> main<br />

d’œuvre <strong>comme</strong> les BTP dont 60% <strong>de</strong>s établissements recensés ont <strong>au</strong> moins un employé<br />

permanent. Les secteurs <strong>de</strong> l’industrie et <strong>de</strong>s transports sont les plus gros créateurs d’emplois<br />

car 61% <strong>de</strong>s établissements industriels recensés ont <strong>au</strong> moins un employé permanent et<br />

environ 15% <strong>de</strong>s établissements industriels ou <strong>de</strong> transport ont plus <strong>de</strong> 9 employés<br />

permanents (RGE, 2008). Cependant, la part <strong>de</strong> ces secteurs dans l’économie est relativement<br />

faible actuellement. Le développement <strong>de</strong> ces secteurs pourrait donc bien être clé pour saisir<br />

l’opportunité qui rési<strong>de</strong> dans la croissance démographique.<br />

33 Sur le site : http://www.in<strong>de</strong>xmundi.com/fr/benin/population_profil.html<br />

34 African Economic Outlook, consulté le 2 mai sur le site <strong>de</strong> l’African Economic Outlook,<br />

http://www.africaneconomicoutlook.org/fr/countries/west-africa/benin/<br />

65


Par ailleurs, même les emplois occasionnels sont rares <strong>au</strong> <strong>Bénin</strong>. En effet, seuls 4% <strong>de</strong>s unités<br />

<strong>de</strong> production ont fait appel <strong>au</strong>x services d’un ou plusieurs employés occasionnels en 2006 et<br />

2007. Ces établissements sont souvent actifs dans les BTP, l’industrie ou l’hôtellerie, secteurs<br />

dans lesquels 35% <strong>de</strong>s entreprises recensées ont fait appel à un ou plusieurs salariés<br />

occasionnels (RGE, 2008).<br />

Cette faible création d’emplois pose problème car il manque d’opportunités sur le marché <strong>de</strong><br />

l’emploi pour les jeunes diplômés.<br />

D’après l’EMICoV, le t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> chômage atteint 2,2% en 2006 et 0,7% en 2007. Cette baisse<br />

du t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> chômage a été généralisée à l’ensemble du territoire et <strong>au</strong>x <strong>de</strong>ux sexes, le t<strong>au</strong>x <strong>de</strong><br />

chômage <strong>de</strong>s hommes étant resté 2 fois supérieur que celui <strong>de</strong>s femmes et le t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> chômage<br />

urbain étant resté 5 fois supérieur <strong>au</strong> t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> chômage rural. De plus, le t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> chômage<br />

s’accroît pour les personnes formées, passant <strong>de</strong> 0,22% pour les analphabètes 35 à 1,9% pour<br />

ceux qui atteignent le 1 er cycle d’enseignement secondaire général et à 7,3% pour ceux qui ont<br />

atteint un nive<strong>au</strong> d’étu<strong>de</strong>s supérieures. (PNAE, 2011). Les personnes les plus formées<br />

n’arrivent pas à trouver du travail, car leur formation ne correspond bien souvent pas <strong>au</strong><br />

besoin du marché. Du fait <strong>de</strong> ce manque d’adéquation formation-emploi, une proportion<br />

importante <strong>de</strong>s formés se voit contrainte d’accepter <strong>de</strong> travailler à <strong>de</strong>s nive<strong>au</strong>x <strong>de</strong> qualification<br />

plus faibles.<br />

En effet, en raison <strong>de</strong>s faiblesses <strong>de</strong> la protection sociale et principalement <strong>de</strong> l’absence<br />

d’allocations <strong>de</strong> chômage, les t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> chômage officiels sont faibles dans les pays africains<br />

<strong>comme</strong> le <strong>Bénin</strong>, mais les faibles opportunités d’emploi se traduisent dans la réalité par <strong>de</strong>s<br />

t<strong>au</strong>x élevés <strong>de</strong> sous-emploi. Le sous-emploi, <strong>de</strong> fait, approche 70% en 2007 <strong>au</strong> <strong>Bénin</strong> (PNAE,<br />

2011). Si on analyse le marché <strong>de</strong> l’emploi, en 2011, 95% <strong>de</strong>s actifs occupés le sont dans le<br />

secteur informel et 5% sont salariés dont 2,94% dans l’administration. On voit donc que<br />

l’emploi salarié n’est accessible qu’à une faible part <strong>de</strong> la population active béninoise et que<br />

plus <strong>de</strong> la moitié <strong>de</strong> ces emplois sont <strong>de</strong>s emplois dans l’administration. (PNE, 2011). Face à<br />

ce manque cruel d’opportunités, les chercheurs d’emplois se retrouvent bien souvent dans<br />

l’économie informelle à s’<strong>au</strong>to-employer ou à travailler bien en <strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> leur nive<strong>au</strong> <strong>de</strong><br />

qualification.<br />

Par ailleurs, on observe que les jeunes sont les principales victimes du chômage et du sous-<br />

emploi. En effet, 40% <strong>de</strong>s chômeurs béninois sont <strong>de</strong>s primo-<strong>de</strong>man<strong>de</strong>urs d’emploi. (Feliho &<br />

Sacramento, 2011). Il est donc primordial <strong>de</strong> trouver <strong>de</strong>s solutions pour permettre à ces jeunes<br />

d’effectivement jouer leur rôle <strong>de</strong> moteur du développement en luttant contre le chômage et le<br />

sous-emploi. Selon le GECA, 110.000 emplois <strong>de</strong>vraient être créés pour les jeunes pour régler<br />

35 Le t<strong>au</strong>x d’alphabétisation <strong>de</strong>s adultes à partir <strong>de</strong> 15 ans reste peu élevé, atteignant 53,1% en 2007 mais la gratuité <strong>de</strong><br />

l’accès à l’enseignement primaire lutte contre cet analphabétisme élevé pour les générations futures. Sur le site :<br />

http://www.statistiques-mondiales.com/benin.htm, consulté le 14 mars 2012.<br />

66


les problèmes actuels d’emploi (GECA, 2007). « Le chômage est un chômage <strong>de</strong> première<br />

insertion : les jeunes restent <strong>au</strong> chômage plus <strong>de</strong> trois ans en moyenne. Le risque à craindre<br />

est la déqualification <strong>de</strong>s jeunes et donc leur non employabilité » (GECA, 2007, p. 17).<br />

De plus, « les tendances mondiales sur l’emploi publiées en 2006 par le BIT ont révélé que<br />

les jeunes sans emploi représentent 45% <strong>de</strong>s chômeurs recensés dans le mon<strong>de</strong>. 85% d’entre<br />

eux vivent dans les pays en voie <strong>de</strong> développement et souvent dans <strong>de</strong>s conditions d’extrême<br />

p<strong>au</strong>vreté et d’exclusion sociale. En Afrique subsaharienne, la situation est préoccupante car<br />

avec 11% <strong>de</strong> la population mondiale, elle compte actuellement 20% <strong>de</strong>s jeunes chômeurs<br />

recensés dans le mon<strong>de</strong>. (…). Le constat préoccupant est que les jeunes recherchant<br />

actuellement un emploi ont <strong>de</strong>ux à trois fois moins <strong>de</strong> chance d’en trouver que ceux <strong>de</strong>s<br />

générations précé<strong>de</strong>ntes. » (Houngbo, 2007, p.3-4).<br />

De ce fait, le gouvernement béninois a fait <strong>de</strong> la lutte contre le chômage et le sous-emploi une<br />

<strong>de</strong> ses priorités. C’est suite à cela que l’Agence Nationale pour la Promotion <strong>de</strong> l’Emploi<br />

(ANPE) fut créée et que <strong>de</strong> nombreux programmes furent mis en place, liant bien souvent<br />

promotion <strong>de</strong> l’emploi et entrepreneuriat, <strong>comme</strong> par exemple le Projet d’Appui à la<br />

Promotion <strong>de</strong> l’Entrepreneuriat et <strong>de</strong> l’Emploi <strong>de</strong>s Jeunes (PAPEEJ). De plus, la politique<br />

nationale <strong>de</strong> l’emploi a choisi la promotion et la pérennisation <strong>de</strong>s PME/PMI <strong>comme</strong> l’un <strong>de</strong><br />

ses 9 axes stratégiques (PNAE, 2011). Améliorer l’environnement <strong>de</strong> l’initiative privée<br />

pourrait bien permettre <strong>de</strong> saisir l’opportunité qui rési<strong>de</strong> dans la croissance démographique,<br />

c’est l’objet du point suivant.<br />

1.3 L’initiative privée pour saisir les multiples opportunités existantes<br />

Au <strong>Bénin</strong>, 88,4% <strong>de</strong>s chercheurs d’emplois i<strong>de</strong>ntifiés par l’enquête EMICoV ont pour objectif<br />

<strong>de</strong> trouver un emploi salarié, ce qui est un indicateur du faible attrait du travail indépendant<br />

pour les populations. Cependant, dans les pays en voie <strong>de</strong> développement, pour sortir <strong>de</strong> la<br />

p<strong>au</strong>vreté, créer une entreprise est souvent nécessaire à déf<strong>au</strong>t <strong>de</strong> trouver un emploi (Narayan<br />

et al. 2000). Etant donné l’importance <strong>de</strong> l’informel dans l’économie béninoise, la forte<br />

prépondérance <strong>de</strong>s entreprises individuelles et les rares opportunités d’emploi salarié,<br />

l’entrepreneuriat joue <strong>au</strong> un rôle primordial <strong>au</strong> sein <strong>de</strong> l’économie béninoise qui est dominée<br />

par <strong>de</strong>s PME ainsi que par <strong>de</strong>s micros acteurs dans le secteur informel. La participation <strong>de</strong> ces<br />

acteurs dans le développement économique et social national est importante, si bien qu’ils<br />

sont à l’origine <strong>de</strong> 45,5% du PIB en 2010 (Rapport <strong>de</strong> suivi RGE, 2011).<br />

La promotion <strong>de</strong> l’entreprenariat dans le but <strong>de</strong> le rendre attractif <strong>au</strong> regard <strong>de</strong>s populations et<br />

<strong>de</strong>s jeunes diplômés peut permettre <strong>de</strong> résoudre les problèmes <strong>de</strong> chômage, <strong>de</strong> sous-emploi et<br />

d’amoindrir les inégalités. En effet, la création d’entreprise est souvent l’unique solution pour<br />

les jeunes pour éviter le chômage. De ce fait, selon le RGE <strong>de</strong> 2008, 80,4% <strong>de</strong>s chefs<br />

d’entreprise ont entre 21 et 45 ans. Malgré le fait qu’à ce jour, les entreprises créées vont<br />

67


l’être souvent par nécessité, ces jeunes entrepreneurs ouvrent néanmoins la porte à une<br />

créativité accrue <strong>au</strong> sein <strong>de</strong>s entreprises béninoises.<br />

Par ailleurs, plusieurs opportunités peuvent être saisies pour amplifier la création d’entreprises<br />

<strong>au</strong> <strong>Bénin</strong>.<br />

Premièrement, on observe actuellement <strong>au</strong> <strong>Bénin</strong> l’émergence d’une classe moyenne.<br />

Différentes approches sont utilisées pour définir la classe moyenne, dont l’approche <strong>de</strong>s<br />

revenus et l’approche <strong>de</strong>s actifs (Arrar, 2008). Selon l’analyse du CAPOD (2009), la classe<br />

moyenne béninoise engloberait 45,73% <strong>de</strong>s ménages selon l’approche <strong>de</strong>s revenus contre<br />

36,25% pour la classe <strong>de</strong>s p<strong>au</strong>vres et 18,02% pour la classe <strong>de</strong>s riches. Selon l’approche <strong>de</strong>s<br />

actifs, elle est estimée à 38,04% contre 38,34% pour les p<strong>au</strong>vres et 23,62% pour les riches.<br />

Cependant, la classe moyenne béninoise ne joue actuellement pas encore son rôle <strong>de</strong> moteur<br />

économique car la plupart <strong>de</strong> ses membres ont <strong>de</strong>s difficultés à accé<strong>de</strong>r <strong>au</strong> crédit, sont non-<br />

instruits, travaillent dans le secteur informel et s’<strong>au</strong>to-emploient (CAPOD, 2009).<br />

Une amélioration <strong>de</strong> l’environnement <strong>de</strong> l’initiative privée pourrait leur permettre, <strong>comme</strong><br />

cela fut le cas dans d’<strong>au</strong>tres pays en voie <strong>de</strong> développement, <strong>de</strong> « jouer un rôle important<br />

dans la politique économique <strong>de</strong> leur pays » 36 et d’exercer un «effet locomotive sur la<br />

croissance et le développement économique ». 37 Donner l’opportunité à cette classe moyenne<br />

naissante <strong>de</strong> créer <strong>de</strong>s entreprises et <strong>de</strong>s emplois pourrait être la voie vers la fin <strong>de</strong> la p<strong>au</strong>vreté.<br />

«Il est impérieux pour le <strong>Bénin</strong> <strong>de</strong> promouvoir les investissements privés non seulement pour<br />

relever les défis <strong>de</strong> la mondialisation <strong>de</strong> l’économie, mais surtout pour favoriser une<br />

croissance soutenue <strong>de</strong> l’économie nationale <strong>au</strong>x fins <strong>de</strong> la création d’un plus grand nombre<br />

d’emplois qualifiés et durables ». (GECA, 2007, p. 4)<br />

Deuxièmement, une opportunité importante pour le <strong>Bénin</strong> rési<strong>de</strong> dans la promotion <strong>de</strong><br />

l’entrepreneuriat agricole. En effet, actuellement, <strong>de</strong> nombreux jeunes fuient les régions<br />

rurales dans l’espoir souvent vain <strong>de</strong> trouver du travail dans les villes. La p<strong>au</strong>vreté est<br />

actuellement <strong>de</strong> 29,8 % en zone urbaine contre 38,4 % en milieu rural 38 , mais cet exo<strong>de</strong> rural<br />

entraîne un accroissement <strong>de</strong> la p<strong>au</strong>vreté urbaine et <strong>de</strong>s inégalités. Fuir les zones rurales n’est<br />

donc pas la solution, car on ne fait que déplacer la p<strong>au</strong>vreté <strong>de</strong>s zones rurales <strong>au</strong>x zones<br />

urbaines.<br />

En 2011, 58% <strong>de</strong> la population vit en zone rurale 39 et l’agriculture représente 70% <strong>de</strong>s<br />

emplois <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> national (FIDA, 2011, p.2). Ceci permet <strong>de</strong> se rendre compte <strong>de</strong><br />

36<br />

Voir l’étu<strong>de</strong> photographique et sociologique coordonnée par Joan Bar<strong>de</strong>letti : « Les classes moyennes en Afrique », site :<br />

www.classesmoyennes-afrique.org<br />

37<br />

Propos tenus par Georges Serre, Directeur Général Adjoint - Direction Générale <strong>de</strong> la Mondialisation, du <strong>Développement</strong><br />

et <strong>de</strong>s Partenariats - Ministère <strong>de</strong>s Affaires Étrangères et Européennes<br />

38<br />

Selon la Note consultative conjointe sur le Document <strong>de</strong> stratégie pour la réduction <strong>de</strong> la p<strong>au</strong>vreté élaborée par le FMI en<br />

septembre 2011. Sur le site du FMI, http://www.imf.org/external/french/pubs/ft/scr/2011/cr11312f.pdf<br />

39<br />

Donnée <strong>de</strong> la Banque Mondiale, http://donnees.banquemondiale.org/indicateur/SP.RUR.TOTL.ZS<br />

68


l’importance du secteur primaire pour les populations. Cependant, « <strong>de</strong>puis 1960, la<br />

production alimentaire mondiale a <strong>au</strong>gmenté <strong>de</strong> 145 %, mais en Afrique subsaharienne, elle a<br />

baissé <strong>de</strong> 10 %, largement à c<strong>au</strong>se du sous-investissement dans ce secteur » (Finances et<br />

développement, décembre 2011, p.11).<br />

Redynamiser le secteur primaire béninois permettrait d’améliorer les conditions <strong>de</strong> vie <strong>de</strong><br />

millions <strong>de</strong> personnes. En effet, l’agriculture mo<strong>de</strong>rne <strong>de</strong>vrait pouvoir créer un grand nombre<br />

d’emplois, car l’explosion démographique et l’urbanisation croissante vont amplifier les<br />

besoins nation<strong>au</strong>x en <strong>de</strong>nrées alimentaires. Comme le disait Esther Boserup en 1980 : « Le<br />

développement démographique est le facteur déterminant <strong>de</strong>s changements technologiques<br />

survenus en agriculture ». 40 L’accroissement <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> en produits agricoles provenant<br />

<strong>de</strong>s zones urbaines va offrir <strong>au</strong>x zones rurales les moteurs <strong>de</strong> leur mo<strong>de</strong>rnisation. Des<br />

stratégies <strong>de</strong> développement <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> local et <strong>de</strong>s politiques publiques assurant les bonnes<br />

relations entre villes et campagnes sont nécessaires pour permettre <strong>de</strong> créer <strong>de</strong>s emplois et<br />

assurer la sécurité alimentaire. Il f<strong>au</strong>t valoriser le milieu agricole en le rendant plus attractif<br />

<strong>au</strong>x yeux <strong>de</strong>s jeunes, en facilitant l’accès <strong>au</strong> crédit rural et en offrant <strong>de</strong> meilleures formations<br />

<strong>au</strong>x agriculteurs. C’est pourquoi la priorité du gouvernement béninois <strong>au</strong>jourd’hui, c’est<br />

l’entrepreneuriat agricole. Cette réforme du secteur agricole est d’<strong>au</strong>tant plus nécessaire que le<br />

potentiel agricole non-exploité est énorme (Devèze et al. 2008).<br />

Enfin, une <strong>au</strong>tre opportunité à saisir rési<strong>de</strong> dans la valorisation <strong>de</strong> la large population active<br />

féminine. En 2009, 51,1% <strong>de</strong> la population béninoise était féminine selon l’INSAE. Il est<br />

donc important pour le développement économique et social du pays que les femmes se<br />

voient offrir <strong>de</strong>s opportunités <strong>de</strong> contribuer <strong>au</strong> marché du travail et à l’économie dans son<br />

ensemble. On constate que 67,4% <strong>de</strong> la population active féminine, c'est-à-dire <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 15<br />

ans, et 77,9% <strong>de</strong> la population active masculine s’engagent dans le marché <strong>de</strong> l’emploi en<br />

2009. Les femmes sont donc moins représentées, mais la tendance est à une représentation<br />

croissante <strong>de</strong>s femmes sur le marché <strong>de</strong> l’emploi. Si, en 2008, 54% <strong>de</strong>s chefs d’entreprise<br />

recensées lors du RGE (p.28) étaient <strong>de</strong>s hommes, on notait déjà que les femmes dominaient<br />

dans le secteur du <strong>comme</strong>rce. C’est la faiblesse <strong>de</strong> la gente féminine dans <strong>de</strong>s domaines tels<br />

que l’agriculture (7%) et l’industrie (6%) qui affaiblit sa position <strong>au</strong> sein du mon<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

l’entreprise béninois. En 2011, la situation s’égalise avec 49,3% <strong>de</strong>s chefs d’entreprise qui<br />

sont <strong>de</strong>s femmes. Cependant, cette prise <strong>de</strong> position <strong>de</strong> la femme est plus courante dans le<br />

secteur informel où les femmes représentent 49,8% <strong>de</strong>s chefs d’entreprise que dans le secteur<br />

formel où les femmes représentent seulement 21,7% <strong>de</strong>s chefs d’entreprise en 2011 (RGE,<br />

2011). Ceci est en partie dû à la plus faible formation <strong>de</strong>s femmes ce qui les empêche<br />

d’accé<strong>de</strong>r à un certain nombre d’emplois salariés ou <strong>de</strong> remplir les formalités<br />

d’enregistrement <strong>de</strong> leur entreprise. Il f<strong>au</strong>t donc trouver <strong>de</strong>s solutions pour accroître l’accès<br />

40 BOSERUP, E. (1970) citée dans DEVÈZE et al. (2008), Défis agricoles africains, éditions Karthala, p.30<br />

69


<strong>de</strong>s femmes <strong>au</strong> crédit et renforcer leurs capacités notamment par l’éducation. Il est également<br />

primordial <strong>de</strong> promouvoir l’<strong>au</strong>tonomisation économique <strong>de</strong> la femme.<br />

1.4 Conclusion sur la situation actuelle <strong>de</strong> l’initiative privée <strong>au</strong> <strong>Bénin</strong><br />

Pour conclure, l’analyse <strong>de</strong> la situation actuelle du <strong>Bénin</strong> dans le cadre <strong>de</strong> l’initiative privée a<br />

permis <strong>de</strong> se rendre compte que les entreprises béninoises sont généralement petites,<br />

informelles, <strong>comme</strong>rciales ou artisanales et constituées sous la forme <strong>de</strong> sociétés<br />

individuelles. Ceci pose <strong>de</strong> multiples problèmes dont celui du chômage et du sous-emploi.<br />

L’initiative privée, donc la création d’entreprise ou l’<strong>au</strong>to-emploi, est souvent l’unique<br />

solution pour éviter le chômage. Il semblerait cependant nécessaire <strong>de</strong> développer certains<br />

secteurs plus fortement générateurs d’emplois, d’orienter la jeunesse vers <strong>de</strong>s formations<br />

spécifiques à ces secteurs et d’encadrer les créateurs d’entreprises. De plus, la classe<br />

moyenne, les femmes et les jeunes ainsi que les entrepreneurs agricoles ont le potentiel d’être<br />

d’importants moteurs <strong>de</strong> développement. Il f<strong>au</strong>t cependant inst<strong>au</strong>rer un cadre qui leur<br />

permettent <strong>de</strong> jouer leur rôle et pour cela, il est important <strong>de</strong> comprendre ce qui les en a<br />

empêché jusqu’ici. C’est l’objet <strong>de</strong> la section suivante.<br />

Section 2 : Les barrières et moteurs <strong>de</strong> l’initiative privée<br />

Selon la distinction utilisée par le GEM, les pays sont répartis en économies conduites par les<br />

facteurs, par l’efficience et par l’innovation. Le <strong>Bénin</strong> fait partie <strong>de</strong> la première catégorie. Il<br />

est primordial pour le pays que les besoins fondament<strong>au</strong>x soient remplis et cela est nécessaire<br />

à la création d’un environnement adapté à la création d’entreprise. En effet, le cadre <strong>de</strong><br />

conditions entrepreneuriales (EFC) développés par le GEM fonctionne à tout nive<strong>au</strong> <strong>de</strong><br />

développement bien qu’il risque d’être moins efficace si les besoins <strong>de</strong> base ne sont pas<br />

remplis. Ceci met donc l’accent sur l’importance <strong>de</strong> fournir <strong>de</strong>s efforts importants pour<br />

remplir ces besoins fondament<strong>au</strong>x qui sont notamment l’accès à l’éducation, <strong>au</strong>x soins <strong>de</strong><br />

santé, la stabilité macroéconomique et le développement <strong>de</strong>s institutions et <strong>de</strong>s infrastructures.<br />

Pour i<strong>de</strong>ntifier à quel point les conditions entrepreneuriales sont favorables ou non, 16 experts<br />

nation<strong>au</strong>x ont répondus <strong>au</strong>x questions du NES. Ils ont marqué leur accord (score <strong>de</strong> 5 ou 4 si<br />

relatif) ou désaccord (1 ou 2 si relatif) ou encore leur neutralité (3) quant à un certain nombre<br />

d’affirmations et ont finalement pu discuter ouvertement <strong>de</strong>s 3 barrières principales à<br />

l’initiative privée, <strong>de</strong>s 3 moteurs princip<strong>au</strong>x qui la facilitent actuellement ainsi que <strong>de</strong> fournir<br />

les 3 recommandations principales à mettre en place prioritairement selon eux. Ces résultats<br />

vont servir à structurer cette partie d’analyse. En plus <strong>de</strong>s réponses <strong>au</strong> NES, les nombreuses<br />

interviews qualitatives sont également utilisées pour corroborer l’information ou la nuancer.<br />

70


2.1 Financement<br />

Cette condition décrit « La disponibilité, l’accessibilité et la qualité <strong>de</strong>s ressources<br />

financières pour les nouvelles firmes et firmes en croissance » (GEM) 41 .<br />

2.1.1 Statistiques et interprétations<br />

Le financement est un outil primordial <strong>de</strong> promotion <strong>de</strong> l’initiative privée. Sans financement,<br />

il est impossible pour la plupart <strong>de</strong>s entrepreneurs <strong>de</strong> saisir les opportunités du marché. Le<br />

table<strong>au</strong> qui suit montre son importance dans le cadre <strong>de</strong> l’initiative privée selon les répondants<br />

et met en évi<strong>de</strong>nce que <strong>de</strong>s efforts <strong>de</strong>vraient être faits. En effet, 75% <strong>de</strong>s interviewés l’ont<br />

i<strong>de</strong>ntifié <strong>comme</strong> étant l’une <strong>de</strong>s 3 barrières principales à l’initiative privée, 25% d’entre eux<br />

ont cité <strong>de</strong>s initiatives d’ai<strong>de</strong> <strong>au</strong> financement <strong>comme</strong> étant <strong>de</strong>s moteurs princip<strong>au</strong>x qui la<br />

facilitent et enfin, 81,25% <strong>de</strong>s répondants ont cité la facilitation <strong>de</strong> l’accès <strong>au</strong> financement<br />

parmi leurs recommandations principales.<br />

Table<strong>au</strong> 1: Proportion <strong>de</strong>s interviewés ayant cité le financement parmi les barrières, moteurs et<br />

recommandations principales<br />

Barrière 75%<br />

<strong>Moteur</strong> 25%<br />

Recommandation 81,25%<br />

Face à ce constat, il est intéressant d’i<strong>de</strong>ntifier les sources <strong>de</strong> financement existantes,<br />

d’analyser plus en détail à quel point il est facile ou difficile d’obtenir du financement et<br />

enfin, <strong>de</strong> définir les princip<strong>au</strong>x obstacles rencontrés par les entrepreneurs en quête <strong>de</strong><br />

financement. Cette analyse mène à i<strong>de</strong>ntifier, sur base <strong>de</strong>s recommandations <strong>de</strong>s interviewés<br />

et <strong>de</strong> rapports fournis par ceux-ci, certaines pistes <strong>de</strong> solutions qui permettraient <strong>de</strong> rendre<br />

l’accès <strong>au</strong> financement moins problématique.<br />

2.1.2 Les sources <strong>de</strong> financement existantes<br />

En 2009, on recense <strong>au</strong> <strong>Bénin</strong> 12 banques et une institution financière approuvées par la<br />

BCEAO (BCEAO, 2009). Le marché bancaire est fortement concentré et dominé par 4 acteurs<br />

qui possè<strong>de</strong>nt 75% <strong>de</strong>s parts du marché. De plus, les acteurs internation<strong>au</strong>x possè<strong>de</strong>nt une<br />

gran<strong>de</strong> part du marché. Il y a une trentaine d’Instituts <strong>de</strong> Micro-Finance enregistrés à la<br />

BCEAO <strong>au</strong> <strong>Bénin</strong> 42 et ces IMF sont soumis à <strong>de</strong>s réglementations communes <strong>au</strong>x Etats<br />

membres <strong>de</strong> l’UEMOA 43 <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> global et à celles du ministère béninois <strong>de</strong>s finances <strong>au</strong><br />

nive<strong>au</strong> national. Le marché <strong>de</strong> la microfinance est également fort concentré avec les cinq<br />

organismes princip<strong>au</strong>x qui détiennent 95% du marché (PNUD, 2007). Cependant, il y a plus<br />

41 Les définitions <strong>de</strong>s EFCs du GEM sont disponibles sur leur site internet, http://www.gemconsortium.org<br />

42 BCEAO online information, "La microfinance dans l'UMOA". Sur le site: http://www.bceao.int/internet/sfd.nsf/wfrasfd.<br />

43 Loi du Programme d'Appui à la Réglementation sur les Mutuelles d'Epargne et <strong>de</strong> Crédit (PARMEC).<br />

71


<strong>de</strong> 700 institutions offrant <strong>de</strong>s services <strong>de</strong> microfinance sans être enregistrés <strong>comme</strong> IMF. Des<br />

montants annuels <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 85 milliards <strong>de</strong> FCFA sont attribués sous forme <strong>de</strong> crédits par<br />

les IMF et <strong>au</strong>tres organismes (PNUD, 2007).<br />

Une <strong>au</strong>tre source courante <strong>de</strong> financement <strong>de</strong>s activités productives <strong>au</strong> <strong>Bénin</strong> est le fruit <strong>de</strong><br />

solidarités familiales ou <strong>de</strong> groupes formant <strong>de</strong>s tontines ou <strong>au</strong>tres types d’organisations<br />

informelles. De plus, la diaspora béninoise joue également un rôle important <strong>comme</strong><br />

fournisseur <strong>de</strong> fonds, ce qui permet à <strong>de</strong>s familles <strong>de</strong> survivre et d’entreprendre. Selon la<br />

BCEAO, 50 milliards <strong>de</strong> FCFA sont envoyés annuellement par la diaspora béninoise, sans<br />

compter les importants transferts informels. Enfin, <strong>de</strong>s efforts gouvernement<strong>au</strong>x ont été<br />

observés avec notamment la création du Fonds National pour la Promotion <strong>de</strong> l’Entreprise et<br />

<strong>de</strong> l’Emploi <strong>de</strong>s jeunes (FNPEEJ) qui vise à appuyer les initiatives privées <strong>de</strong>s jeunes béninois<br />

en leur permettant d’accé<strong>de</strong>r à <strong>de</strong>s fonds prêtés par le gouvernement et le programme <strong>de</strong><br />

Microcrédit <strong>au</strong>x plus p<strong>au</strong>vres (MCPP).<br />

2.1.3 La facilité à obtenir du financement<br />

Les interviewés ont été amenés à évaluer la disponibilité et l’accessibilité du support financier<br />

sous ses diverses formes. Il en ressort que l’accès <strong>au</strong>x fonds pour la création d’entreprises <strong>au</strong><br />

<strong>Bénin</strong> est un réel problème. En effet, les répondants s’accor<strong>de</strong>nt sur le fait qu’il n’y a <strong>de</strong><br />

manière globale pas suffisamment <strong>de</strong> capital disponible ou du moins accessible pour les<br />

entreprises nouvelles et en croissance. Le constat est similaire pour ce qui est <strong>de</strong>s fonds<br />

disponibles par emprunts et <strong>de</strong>s subsi<strong>de</strong>s gouvernement<strong>au</strong>x. Lorsqu’on considère les fonds<br />

disponibles provenant d’investisseurs privés, <strong>de</strong> capital à risque ou encore d’une potentielle<br />

introduction en bourse, les répondants déplorent fréquemment leur quasi-inexistence. Cette<br />

situation freine le développement <strong>de</strong> l’initiative privée et l’économie dans son ensemble.<br />

Graphique 1 : Disponibilité <strong>de</strong>s moyens financiers selon les interviewés<br />

5<br />

4<br />

3<br />

2<br />

1<br />

0<br />

1 2 3 4 5 6<br />

Ordonnée : 1= Totalement f<strong>au</strong>x, 3= ni<br />

vrai, ni f<strong>au</strong>x, 5= Totalement vrai<br />

Abscisse :<br />

1 suffisamment <strong>de</strong> capital disponible pour <strong>de</strong>s nouvelles<br />

entreprises et celles en croissance.<br />

2 suffisamment <strong>de</strong> fonds disponibles par emprunt pour les<br />

nouvelles entreprises et celles en croissance.<br />

3 suffisamment <strong>de</strong> subsi<strong>de</strong>s gouvernement<strong>au</strong>x disponibles<br />

pour les nouvelles entreprises et celles en croissance.<br />

4 suffisamment <strong>de</strong> fonds disponibles provenant<br />

d’investisseurs privés (<strong>au</strong>tres que les fondateurs) pour les<br />

nouvelles entreprises et celles en croissance.<br />

5 suffisamment <strong>de</strong> fonds provenant <strong>de</strong> capital à risque<br />

disponible pour les nouvelles entreprises et celles en<br />

pleine croissance.<br />

6 suffisamment <strong>de</strong> fonds disponibles par le biais d’une<br />

introduction en bourse pour les nouvelles entreprises et<br />

celles en croissance.<br />

72


L’accès difficile <strong>au</strong> financement est également souligné dans le rapport « <strong>Bénin</strong> Alafia ». De<br />

plus, dans le rapport « Doing Business », le <strong>Bénin</strong> se place 126 e en ce qui concerne<br />

l’obtention <strong>de</strong> prêts en 2012. On remarque cependant une amélioration <strong>de</strong> la situation car le<br />

<strong>Bénin</strong> gagne 26 places en 2012 par rapport à 2011. Entre 2008 et 2011, 11,8% <strong>de</strong>s entreprises<br />

béninoises ont obtenu un prêt (RGE, 2008). Selon le RGE <strong>de</strong> 2008, les entreprises les mieux<br />

soutenues sont celles actives dans les BTP, l’éducation et l’industrie qui ont eu accès <strong>au</strong> crédit<br />

pour respectivement 19%, 18% et 17% d’entre elles. Par ailleurs, l’artisanat est un secteur<br />

d’activité dans lequel seulement 8% <strong>de</strong>s entreprises ont eu accès <strong>au</strong> crédit en 2006 et 2007.<br />

Selon la BCEAO (2009), 55% <strong>de</strong>s prêts accordé par les banques sont <strong>de</strong>s prêts à court terme<br />

et donc bien souvent pas <strong>de</strong>s prêts finançant <strong>de</strong>s investissements productifs (BCEAO, 2009).<br />

De plus, ces prêts sont généralement <strong>de</strong> montants limités. Le montant moyen obtenu est <strong>de</strong> 3,1<br />

millions FCFA bien que les montants prêtés soient significativement différents entre le<br />

secteur formel (21,2 millions FCFA) et le secteur informel (1,4 millions FCFA) selon le<br />

rapport <strong>de</strong> suivi du RGE (2011).<br />

L’accès <strong>au</strong> crédit bancaire reste donc impossible pour une gran<strong>de</strong> part <strong>de</strong> la population. Pour<br />

pallier à cela, la microfinance est souvent considérée <strong>comme</strong> étant la seule solution pour les<br />

micros entreprises et PME mais elle ne répond en fait qu’à une partie infime <strong>de</strong>s besoins.<br />

Dans bien <strong>de</strong>s cas, pour financer les initiatives privées, les caisses solidaires <strong>comme</strong> les<br />

tontines, la solidarité familiale ou encore la création <strong>de</strong> groupements jouent un rôle<br />

considérable. Dans certains domaines <strong>comme</strong> l’agriculture, le financement est souvent<br />

inexistant et quand bien même il serait possible d’y accé<strong>de</strong>r, il est inadapté car il ne tient pas<br />

compte <strong>de</strong>s caractéristiques <strong>de</strong> ce domaine d’activité. En effet, un prêt agricole à court terme<br />

n’a pas <strong>de</strong> sens car les ren<strong>de</strong>ments <strong>de</strong> la terre nécessitent un investissement à long terme.<br />

Selon les interviewés, <strong>de</strong>s mesures spécifiques doivent être prises pour favoriser l’accès <strong>au</strong><br />

crédit <strong>de</strong>s micro-entreprises et PME. Il est également nécessaire <strong>de</strong> diversifier les sources <strong>de</strong><br />

financement existantes sur le marché béninois. De nouvelles institutions <strong>de</strong> financement<br />

<strong>de</strong>vraient voir le jour <strong>comme</strong> une banque ou IMF spécialement créé pour financer les primo-<br />

entrepreneurs, ce qui n’existe actuellement pas. Une banque agricole ou un IMF agricole qui<br />

offrirait <strong>de</strong>s prêts plus souples combinés à <strong>de</strong>s t<strong>au</strong>x d’intérêt plus faibles est également<br />

nécessaire.<br />

2.1.4 Les obstacles à l’obtention <strong>de</strong> financement<br />

Les princip<strong>au</strong>x obstacles <strong>au</strong> financement perçues par les personnes interviewées par le MCA<br />

sont les garanties excessives (24%), les t<strong>au</strong>x d’intérêts élevés (24%), les procédures longues<br />

et chères (19%), les frais <strong>de</strong> services élevés (18%) (MCA, 2007). Ces obstacles ont été cités à<br />

<strong>de</strong> nombreuses reprises par les experts interviewés dans le cadre du NES et lors <strong>de</strong>s<br />

interviews qualitatives.<br />

73


2.1.4.1 La <strong>de</strong>man<strong>de</strong> excessive <strong>de</strong> garanties<br />

Le manque <strong>de</strong> garanties dont dispose l’emprunteur l’empêche bien souvent d’avoir accès <strong>au</strong><br />

crédit. Selon 42,3% <strong>de</strong>s chefs d’entreprise ayant essayé d’obtenir un crédit en vain, le manque<br />

<strong>de</strong> garantie en est la c<strong>au</strong>se principale (rapport <strong>de</strong> suivi RGE, 2011)<br />

Selon l’étu<strong>de</strong> Doing Business 2012, le <strong>Bénin</strong> a un score <strong>de</strong> 6 pour l’indice <strong>de</strong> fiabilité <strong>de</strong><br />

garanties 44 , similaire à la moyenne <strong>de</strong> l’Afrique subsaharienne et légèrement inférieur à celui<br />

<strong>de</strong> l’OCDE (7). Cet indice a doublé <strong>de</strong>puis 2011 et c’est ce qui explique en gran<strong>de</strong> partie<br />

l’amélioration du classement du pays pour l’obtention <strong>de</strong> prêts. En effet, <strong>de</strong>s réformes ont été<br />

prises pour étendre les possibilités <strong>de</strong> garanties en les rendant possibles sur <strong>de</strong>s biens futurs ou<br />

encore en les étendant <strong>au</strong>x fruits du bien originel afin d’en <strong>au</strong>gmenter la valeur (Doing<br />

Business 2011). La difficulté d’accès <strong>au</strong> foncier joue un rôle <strong>de</strong> taille dans la fiabilité <strong>de</strong>s<br />

garanties et est bien souvent un obstacle à l’obtention d’un prêt. En effet, 65% <strong>de</strong>s chefs<br />

d’entreprise recensés lors du RGE n’ont pas connaissance du statut foncier <strong>de</strong> la parcelle sur<br />

laquelle ils sont installés et ceux qui en ont connaissance ne disposent pas <strong>de</strong> titre foncier pour<br />

80% d’entre eux (RGE, 2008).<br />

Le Millenium Challenge Account a récemment fait une étu<strong>de</strong> dont le but était <strong>de</strong> déterminer<br />

un certain nombre <strong>de</strong> produits financiers qui <strong>de</strong>vraient être développés pour répondre <strong>au</strong>x<br />

besoins <strong>de</strong>s micro-petites et moyennes entreprises béninoises. Parmi leurs recommandations,<br />

le « crédit solidaire à garantie limitée » semble être une solution intéressante pour répondre<br />

<strong>au</strong>x problèmes <strong>de</strong> garanties précités. Dans ce système, <strong>de</strong>s groupes <strong>de</strong> 5 à 7 emprunteurs<br />

seraient constitués et chaque membre du groupe pourrait emprunter le montant dont il a<br />

besoin tout en épargnant <strong>au</strong> préalable un pourcentage <strong>de</strong> ce montant qui servira <strong>de</strong> garantie<br />

(par exemple 25%). Si l’un <strong>de</strong>s membres du groupe n’est pas capable <strong>de</strong> rembourser, l’IF se<br />

remboursera en puisant dans la garantie <strong>de</strong>s différents membres. Les membres du groupe<br />

choisissent <strong>de</strong> s’associer avec <strong>de</strong>s personnes <strong>de</strong> confiance et vont notifier leur accord quant à<br />

montant emprunté par chacun. Les pressions sociales mènent à <strong>de</strong> h<strong>au</strong>ts t<strong>au</strong>x <strong>de</strong><br />

remboursement et le risque encouru par les emprunteurs est limité à leur garantie. D’<strong>au</strong>tres<br />

types <strong>de</strong> produits intéressants sont développés <strong>comme</strong> par exemple le «crédit stockage » ou<br />

encore les « assurances agricoles » pour les exploitations agricoles. (MCA, 2007, p.76-80)<br />

Les mécanismes <strong>de</strong> fonds <strong>de</strong> garantie pourraient également répondre <strong>au</strong>x problèmes <strong>de</strong><br />

manque <strong>de</strong> garantie <strong>de</strong>s emprunteurs. Actuellement, <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong>de</strong>s nations, le Fonds Africain<br />

<strong>de</strong> Garantie et <strong>de</strong> Coopération Economique (FAGACE) offre <strong>au</strong>x pays les plus p<strong>au</strong>vres <strong>de</strong>s<br />

garanties <strong>de</strong> prêts à moyen et long terme, <strong>de</strong>s prêts à court terme, <strong>de</strong>s bonifications du t<strong>au</strong>x<br />

d’intérêt, <strong>de</strong>s allongements <strong>de</strong> la durée du crédit, le financement d’activités spécifiques et la<br />

gestion <strong>de</strong> fonds pour le compte <strong>de</strong> tiers. Le Fonds International <strong>de</strong> Garantie (FIG) ai<strong>de</strong> quant<br />

44 L’indice <strong>de</strong> fiabilité <strong>de</strong>s garanties « mesure le <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> protection <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong>s emprunteurs et <strong>de</strong>s prêteurs, et donc la<br />

facilitation <strong>de</strong> l’obtention <strong>de</strong> prêts, conféré par les lois sur les garanties et sur les faillites » (Doing Business).<br />

74


à lui les populations les plus p<strong>au</strong>vres à obtenir <strong>de</strong>s crédits. Pour ce faire, ce fonds ai<strong>de</strong> les IMF<br />

et les coopératives à être financièrement <strong>au</strong>tonomes pour leur permettre d’être en mesure <strong>de</strong><br />

répondre à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> prêts <strong>de</strong>s entrepreneurs. Ce fonds fournit <strong>de</strong>s garanties <strong>au</strong>x IMF<br />

pour qu’elles puissent obtenir <strong>de</strong>s prêts bancaires avantageux (MCA, 2007). Pour compléter<br />

cela, la mise en place d’un « fonds <strong>de</strong> garantie institutionnel partagé » est également une<br />

solution intéressante proposée par le MCA. Ce type <strong>de</strong> fonds permettrait <strong>au</strong>x IF <strong>de</strong> partager<br />

les risques avec l’emprunteur qui doit épargner une partie du montant emprunté. Enfin, le<br />

MCA propose également la mise en place d’un « fonds <strong>de</strong> crédit partagé » qui permettrait <strong>au</strong>x<br />

IF d’obtenir les liquidités nécessaires pour répondre à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> crédits tout en gardant<br />

une structure financière répondant <strong>au</strong>x normes légales. L’institution financière engagerait<br />

50% <strong>de</strong>s fonds et les 50% restants seraient pris en charge par le fonds financé par <strong>de</strong>s<br />

bailleurs <strong>de</strong> fonds (MCA, 2007).<br />

2.1.4.2 Les lour<strong>de</strong>s formalités administratives<br />

La lour<strong>de</strong>ur administrative est <strong>au</strong>ssi un obstacle à l’obtention <strong>de</strong> financement fréquemment<br />

cité. Les <strong>de</strong>ux stratégies possibles proposées par le MCA pour améliorer l’accès <strong>de</strong>s MPME<br />

<strong>au</strong>x services financiers sont le renforcement <strong>de</strong>s capacités <strong>de</strong>s entrepreneurs béninois et<br />

l’amélioration <strong>de</strong> l’efficience <strong>de</strong>s institutions financières (MCA, 2007). Ils ont en effet<br />

i<strong>de</strong>ntifié que les longs délais d’obtention d’un crédit sont liés <strong>au</strong> manque d’informations<br />

fournies par les <strong>de</strong>man<strong>de</strong>urs. Si les dossiers étaient mieux constitués, les crédits seraient<br />

accordés plus rapi<strong>de</strong>ment et à plus <strong>de</strong> mon<strong>de</strong>, et la constitution d’un bon dossier mènerait à un<br />

t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> réussite plus important. Ils conseillent donc <strong>de</strong> « mettre à disposition <strong>de</strong>s <strong>de</strong>man<strong>de</strong>urs<br />

un kit d’accompagnement d’une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> financement » (MCA, 2007, p.13). De plus,<br />

former le personnel <strong>de</strong>s IF leur permettra d’être à même <strong>de</strong> travailler plus efficacement et<br />

donc rapi<strong>de</strong>ment mais également <strong>de</strong> dégager <strong>de</strong>s marges supplémentaires ce qui leur<br />

permettra <strong>de</strong> baisser leurs t<strong>au</strong>x d’intérêts (MCA, 2007). Les charges administratives sont en<br />

effet élevées représentant 62% <strong>de</strong>s frais <strong>de</strong> gestion d’un crédit (PNUD, 2007).<br />

2.1.4.3 Les t<strong>au</strong>x d’intérêt<br />

Parallèlement à l’obtention <strong>de</strong> crédit, un <strong>au</strong>tre bémol se situe <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong>de</strong>s t<strong>au</strong>x d’intérêts<br />

souvent extrêmement élevés <strong>au</strong> sein <strong>de</strong>s banques et IMF. Afin <strong>de</strong> limiter la contrainte<br />

financière supportée par les emprunteurs, il est important dans le futur d’enclencher un<br />

mécanisme <strong>de</strong> libéralisation <strong>de</strong>s t<strong>au</strong>x d’intérêts. Cependant, selon le MCA, les t<strong>au</strong>x d’intérêts<br />

<strong>de</strong>mandés par les IF peuvent difficilement être réduits dans le contexte d’une économie <strong>de</strong><br />

marché. Actuellement, les raisons qui sous-ten<strong>de</strong>nt les t<strong>au</strong>x élevés <strong>de</strong>s prêts bancaires sont la<br />

prise <strong>de</strong> risque importante <strong>de</strong>s banques en raison du manque d’information disponible et <strong>de</strong> la<br />

faiblesse <strong>de</strong>s garanties. On est ici dans une situation typique <strong>de</strong> sélection adverse car<br />

l’emprunteur risque fort <strong>de</strong> ne pas fournir toutes les informations à l’organisme financier, et<br />

d’aléa moral car l’emprunteur risque <strong>de</strong> ne pas utiliser les fonds dans le but défini<br />

75


initialement. Ce sont ces obstacles <strong>au</strong> financement qui, même lorsqu’un financement est tout<br />

<strong>de</strong> même obtenu, ren<strong>de</strong>nt celui-ci trop cher (t<strong>au</strong>x d’intérêts élevés) et donc inadapté <strong>au</strong><br />

développement d’une activité. On est ici dans une réaction en chaîne car ce t<strong>au</strong>x d’intérêt<br />

élevé va également <strong>au</strong>gmenter les risques <strong>de</strong> déf<strong>au</strong>t <strong>de</strong> remboursement et donc limiter la<br />

somme prêtée et encore <strong>au</strong>gmenter le t<strong>au</strong>x d’intérêt.<br />

En offrant <strong>de</strong>s frais d’administration plus faibles, les IMF contribuent à rendre le crédit plus<br />

abordable. C’est pourquoi le gouvernement béninois a choisi <strong>de</strong> faire <strong>de</strong> la microfinance un<br />

outil stratégique tant pour le développement du pays que pour la lutte contre la p<strong>au</strong>vreté. C’est<br />

dans cette optique que le Fonds National <strong>de</strong> Microfinance a été créé pour renforcer les<br />

capacités financières et opérationnelles <strong>de</strong>s IMF et leur permettre <strong>de</strong> prêter plus, à <strong>de</strong>s t<strong>au</strong>x<br />

d’intérêts plus faibles. À ce jour, les t<strong>au</strong>x d’intérêt restent cependant trop élevés. Les t<strong>au</strong>x<br />

d’intérêts sur <strong>de</strong>s crédits à un an sont dans la plupart <strong>de</strong>s IMF supérieurs <strong>au</strong> t<strong>au</strong>x d’usure <strong>de</strong><br />

27% qui est le t<strong>au</strong>x maximum acceptable selon la réglementation (PNUD, 2007). Les écarts<br />

avec le t<strong>au</strong>x d’usure atteignent jusqu’à parfois 30%. Cependant, si les IMF respectaient cette<br />

limite <strong>de</strong> t<strong>au</strong>x, bon nombre d’entre elles seraient contraintes <strong>de</strong> fermer car leur activité ne<br />

serait plus profitable.<br />

Table<strong>au</strong> 2 : T<strong>au</strong>x effectif annuel du crédit type d’une échéance <strong>de</strong> 12 mois <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong>de</strong> 2 IMF béninoises<br />

Montant prêté (FCFA) 50.000 125.000 500.000<br />

PADME T<strong>au</strong>x effectif annuel 35% 54,5% 54,5%<br />

Ecart du t<strong>au</strong>x d’usure 8% 27,5% 27,5%<br />

PAPME T<strong>au</strong>x effectif annuel 59,7% 60% 55,9<br />

Ecart du t<strong>au</strong>x d’usure 32,7% 33% 28,9%<br />

Source : PNUD (2007, p 26) 45<br />

Un meilleur système d’information sur le crédit permettrait <strong>de</strong> réduire les problèmes d’aléa<br />

moral et <strong>de</strong> sélection adverse. En effet, dans le classement « Doing Business », le <strong>Bénin</strong> a un<br />

score très bas pour l’indice <strong>de</strong> l’étendue <strong>de</strong> l’information sur le crédit 46 , inférieur à la<br />

moyenne <strong>de</strong> l’Afrique subsaharienne (2) et très inférieur à l’OCDE (5). Le <strong>Bénin</strong> a un score<br />

plus élevé que la moyenne <strong>de</strong> l’OCDE (9,5% <strong>de</strong>s adultes) et <strong>de</strong> l’Afrique subsaharienne<br />

(3,2%) pour l’indice <strong>de</strong> la couverture par les registres publics 47 , ce score n’étant cependant<br />

pas très élevé (10,7%). Cependant, le <strong>Bénin</strong> a un score nul pour ce qui est <strong>de</strong> la couverture par<br />

45 Sur le site du PNUD, consulté le 2 mai 2012<br />

http://www.bj.undp.org/New%20Docs/publications/Diagnostic%20du%20secteur%20<strong>de</strong>%20la%20microfinance%20<strong>au</strong>%20<br />

Benin.pdf<br />

46 L’indice <strong>de</strong> l’information sur le crédit « mesure les règles et les pratiques qui affectent la couverture, l’étendue et<br />

l’accessibilité <strong>de</strong>s renseignements sur le crédit disponibles <strong>au</strong> moyen soit d’un registre public du crédit soit d’un registre<br />

privé d’informations sur le crédit » (Doing Business).<br />

47 L’indice <strong>de</strong> la couverture par les registres publics « rend compte du nombre d’individus et d’entreprises inscrits dans un<br />

registre public du crédit comportant <strong>de</strong>s renseignements sur leurs antécé<strong>de</strong>nts <strong>de</strong> crédit <strong>au</strong> cours <strong>de</strong>s 5 <strong>de</strong>rnières années »<br />

(Doing Business).<br />

76


les bure<strong>au</strong>x privés 48 alors qu’il est <strong>de</strong> 63,9% pour l’OCDE et <strong>de</strong> 5% pour la moyenne <strong>de</strong><br />

l’Afrique subsaharienne. On voit donc un manque flagrant <strong>de</strong> couverture <strong>de</strong> l’information sur<br />

les antécé<strong>de</strong>nts <strong>de</strong> crédit. C’est en partie pour couvrir ce risque dû <strong>au</strong> manque d’information<br />

que les t<strong>au</strong>x d’intérêt <strong>de</strong>s emprunts sont élevés. Il est primordial <strong>de</strong> mettre en place <strong>au</strong> nive<strong>au</strong><br />

national un système, public ou privé <strong>de</strong> couverture d’information sur les antécé<strong>de</strong>nts <strong>de</strong> crédit.<br />

2.1.4.4 l’ampleur du secteur informel<br />

La forte prédominance <strong>de</strong>s entreprises informelles est citée <strong>comme</strong> barrière à l’obtention <strong>de</strong><br />

crédit par 34% <strong>de</strong>s chefs d’entreprises (RGE, 2008). Les entreprises informelles ont moins<br />

facilement accès <strong>au</strong> crédit et, quand bien même elles y ont accès, les montants obtenus sont<br />

bien inférieurs atteignant 21,2 millions FCFA en moyenne dans le secteur formel et à peine<br />

1,4 millions FCFA en moyenne dans le secteur informel selon le rapport <strong>de</strong> suivi du RGE <strong>de</strong><br />

2011.<br />

2.1.5 Pistes pour améliorer la situation<br />

2.1.5.1 Mobiliser l’épargne et <strong>de</strong>s investissements étrangers<br />

Parallèlement à l’amélioration <strong>de</strong> l’accès <strong>au</strong>x fonds bancaires, il f<strong>au</strong>t mettre en œuvre <strong>de</strong>s<br />

mécanismes incitatifs pour que les dépôts à vue se convertissent en investissements productifs<br />

par exemple en allouant <strong>de</strong>s t<strong>au</strong>x d’intérêts élevés à <strong>de</strong>s dépôts bancaires à moyen et long<br />

terme. En effet, actuellement l’épargne privée est faible et bien souvent à court terme. Il<br />

f<strong>au</strong>drait stimuler cette épargne privée <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong>de</strong>s banques ou par exemple à travers <strong>de</strong>s<br />

emprunts obligataires ou <strong>de</strong>s actions. Le MCA (2007) émet l’idée <strong>de</strong> créer <strong>de</strong>s « comptes à<br />

ren<strong>de</strong>ments croissants » qui permettraient <strong>de</strong> stimuler l’épargne en la rendant productive.<br />

Pour ce qui est <strong>de</strong>s investissements étrangers, il f<strong>au</strong>t sécuriser et stabiliser l’environnement<br />

pour les attirer. En effet, il f<strong>au</strong>t créer un cadre incitatif qui, en plus d’ai<strong>de</strong>r les nation<strong>au</strong>x à<br />

créer leur entreprise, attirerait également les capit<strong>au</strong>x étrangers dans le pays. Des entreprises<br />

étrangères créeront non seulement <strong>de</strong>s emplois, mais également <strong>de</strong>s opportunités <strong>de</strong><br />

collaboration avec les entreprises nationales. En raison notamment <strong>de</strong>s diminutions <strong>de</strong>s<br />

montants d’ai<strong>de</strong> <strong>au</strong> développement <strong>au</strong> cours <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rnières années, les investisseurs<br />

étrangers ont un rôle important à jouer dans le développement du <strong>Bénin</strong>.<br />

2.1.5.2 Financer plus particulièrement les jeunes et les femmes<br />

Pour promouvoir l’entrepreneuriat, il f<strong>au</strong>t promouvoir un système <strong>de</strong> financement allégé pour<br />

que les jeunes et les femmes puissent créer <strong>de</strong>s entreprises. En effet, <strong>comme</strong> cela fut décrit<br />

48 L’indice <strong>de</strong> la couverture par les bure<strong>au</strong>x privés rend compte du nombre d’individus et d’entreprises enregistrés par un<br />

registre centralisé privé d’information sur le crédit disposant <strong>de</strong> renseignements sur leurs antécé<strong>de</strong>nts <strong>de</strong> crédit <strong>au</strong> cours <strong>de</strong>s<br />

5 <strong>de</strong>rnières années (Doing Business).<br />

77


plus h<strong>au</strong>t, ces acteurs économiques sont souvent empêchés <strong>de</strong> jouer le rôle qui <strong>de</strong>vrait être le<br />

leur. Le Fonds National <strong>de</strong> Promotion <strong>de</strong> l’Entreprise et <strong>de</strong> l’Emploi <strong>de</strong>s Jeunes (FNPEEJ) est<br />

un fonds qui a été mis en place en 2007 par le ministère <strong>de</strong> la Microfinance, <strong>de</strong> l’Emploi <strong>de</strong>s<br />

Jeunes et <strong>de</strong>s Femmes. Cette structure visait à financer les primo-entrepreneurs et nouvelles<br />

entreprises <strong>de</strong>s jeunes. Cependant, le résultat escompté n’a pas été atteint car une partie<br />

considérable <strong>de</strong> ces fonds a été détournée <strong>de</strong> l’usage pour lequel ils avaient été alloués. Le<br />

t<strong>au</strong>x d’échec s’est élevé à approximativement 80% et ce système <strong>de</strong> financement est<br />

actuellement en p<strong>au</strong>se dans le but <strong>de</strong> trouver une nouvelle manière d’attribuer les fonds pour<br />

obtenir <strong>de</strong> meilleurs résultats. L’un <strong>de</strong>s <strong>comme</strong>ntaires princip<strong>au</strong>x <strong>au</strong> cours <strong>de</strong>s interviews est<br />

que les structures <strong>de</strong> financement créées pour améliorer l’environnement <strong>de</strong>s affaires doivent<br />

être neutres. C’est la politisation <strong>de</strong>s structures <strong>comme</strong> le FNPEEJ qui les a fait courir à leur<br />

perte. De plus, un système <strong>de</strong> suivi doit être mis en place pour que non seulement le jeune soit<br />

encadré et aidé pour faire face <strong>au</strong>x éventuelles difficultés lors <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux premières années<br />

d’existence <strong>de</strong> l’entreprise, mais également pour vérifier que les fonds soient bien utilisés à ce<br />

pourquoi ils ont été attribués. Le Fonds <strong>de</strong> Microcrédit <strong>au</strong>x plus P<strong>au</strong>vres quant à lui ai<strong>de</strong><br />

principalement <strong>de</strong>s femmes à lancer leur micro-entreprise. Cependant, étant donné<br />

l’extrêmement faible montant accordé, <strong>de</strong>s doutes sont émis par les interviewés quant à<br />

l’impact réel d’un tel programme.<br />

2.1.5.3 Profiter <strong>de</strong>s liens avec la diaspora<br />

Annuellement, 38 milliards <strong>de</strong> dollars sont transférés par la diaspora vers le continent africain<br />

<strong>au</strong> nive<strong>au</strong> formel, et environ 60 milliards si l’on inclut les transferts informels. C’est donc <strong>au</strong><br />

nive<strong>au</strong> Africain une source importante <strong>de</strong> financement qui dépasse <strong>de</strong> loin les 25 milliards<br />

d’ODA annuels dont l’Afrique bénéficie (Finances et <strong>Développement</strong>, décembre 2010). Pour<br />

bénéficier encore davantage <strong>de</strong> cette source <strong>de</strong> fonds, il f<strong>au</strong>drait en faciliter le transfert. En<br />

effet, <strong>au</strong> <strong>Bénin</strong>, <strong>de</strong> nombreuses contraintes existent actuellement (Coopération UE-<strong>Bénin</strong>,<br />

2006) qui expliquent que ces transferts <strong>de</strong> fonds soient moindres par rapport à ceux d’<strong>au</strong>tres<br />

pays et inférieurs à ce qu’ils pourraient être. Premièrement, les <strong>Bénin</strong>ois <strong>de</strong> la diaspora<br />

s’intègrent généralement bien dans leurs pays d’accueil et préfèrent y investir plutôt que dans<br />

leur pays d’origine. Deuxièmement, les <strong>Bénin</strong>ois <strong>de</strong> la diaspora sont souvent <strong>de</strong>s intellectuels<br />

et sont moins solidaires avec leur village. Ensuite, certains <strong>Bénin</strong>ois <strong>de</strong> la diaspora finissent<br />

exploités dans leur pays d’accueil et sont donc incapables d’envoyer <strong>de</strong>s fonds. Enfin et<br />

surtout, l’environnement est peu favorable <strong>au</strong>x transferts d’argent et à l’investissement <strong>au</strong><br />

<strong>Bénin</strong> (Coopération UE-<strong>Bénin</strong>, 2006). Une solution pour créer <strong>de</strong>s liens plus forts avec la<br />

diaspora et les pousser à investir <strong>au</strong> <strong>Bénin</strong> est <strong>de</strong> faciliter les transferts <strong>de</strong> fonds et d’en<br />

diminuer les coûts. Ceci permettra à d’importantes quantités <strong>de</strong> fonds <strong>de</strong> transiter <strong>de</strong> manière<br />

formelle, par exemple par virement bancaire, et non plus par convoiement en espèces.<br />

78


2.2 Réglementations gouvernementales<br />

Cette condition évalue « à quel point les réglementations gouvernementales nationales et<br />

régionales encouragent ou découragent les nouvelles firmes et celles en croissance en termes<br />

<strong>de</strong> taxes, régulations et administration » (GEM).<br />

2.2.1 Statistiques et interprétations<br />

Les réglementations gouvernementales et parmi celles-ci principalement les taxes et les<br />

lour<strong>de</strong>urs administratives sont citées <strong>comme</strong> barrière par 50% <strong>de</strong>s répondants. Par ailleurs,<br />

81,25% <strong>de</strong>s répondants soulignent les efforts ayant été faits <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong>de</strong>s règlementations<br />

gouvernementales pour faciliter l’initiative. Enfin, 75% <strong>de</strong>s interviewés pensent cependant<br />

que <strong>de</strong>s efforts <strong>de</strong> taille doivent encore être faits et citent donc certaines règlementations<br />

gouvernementales parmi leurs 3 recommandations principales.<br />

Table<strong>au</strong> 3 : Proportion <strong>de</strong>s interviewés ayant cité les règlementations gouvernementales parmi les barrières,<br />

moteurs et recommandations principales<br />

Barrière 50%<br />

<strong>Moteur</strong> 81,25%<br />

Recommandation 75%<br />

Les réglementations gouvernementales ont été analysées selon divers aspects qu’il est<br />

important <strong>de</strong> détailler. C’est l’objet du graphique et <strong>de</strong>s explications <strong>de</strong>s points suivants.<br />

Graphique 2 : Rôle joué par les règlementations gouvernementales dans l’environnement <strong>de</strong> l’initiative<br />

privée selon les interviewés<br />

5<br />

4,5<br />

4<br />

3,5<br />

3<br />

2,5<br />

2<br />

1,5<br />

1<br />

0,5<br />

0<br />

1 2 3 4 5 6 7<br />

Ordonnée : 1= Totalement f<strong>au</strong>x, 3=<br />

ni vrai, ni f<strong>au</strong>x, 5= Totalement vrai<br />

Abscisse :<br />

SUPPORT<br />

1. Les règlementations gouvernementales favorisent<br />

constamment les nouvelles entreprises.<br />

2. Le support <strong>au</strong>x nouvelles entreprises et <strong>au</strong>x entreprises en<br />

croissance est une priorité <strong>de</strong>s règlementations<br />

gouvernementales <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> national<br />

3. Le support <strong>au</strong>x nouvelles entreprises et <strong>au</strong>x entreprises en<br />

croissance est une priorité <strong>de</strong>s règlementations <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong>de</strong>s<br />

gouvernements loc<strong>au</strong>x.<br />

REGLEMENTATION<br />

4. Les nouvelles entreprises peuvent obtenir la majorité <strong>de</strong>s<br />

permis et licences nécessaires en environ une semaine<br />

5. Le montant <strong>de</strong> taxes n’est PAS un obstacle pour les nouvelles<br />

entreprises et celles qui sont en pleine croissance.<br />

6. Les taxes et les <strong>au</strong>tres régulations gouvernementales<br />

s’appliquent <strong>au</strong>x nouvelles entreprises et à celles qui sont en<br />

pleine croissance d’une manière prédictible et consistante.<br />

7. Faire face à la bure<strong>au</strong>cratie gouvernementale, <strong>au</strong>x régulations<br />

et à la nécessité d’obtenir <strong>de</strong>s licences n’est pas<br />

excessivement difficile pour les nouvelles entreprises et<br />

celles qui sont en pleine croissance.<br />

79


2.2.2 Le support à l’entrepreneuriat<br />

On remarque que la moyenne <strong>de</strong> réponses <strong>de</strong>s répondants tend vers « ni-vrai, ni-f<strong>au</strong>x »<br />

lorsque l’on considère l’affirmation « les réglementations gouvernementales favorisent<br />

constamment les nouvelles entreprises ». L’explication évoquée par bon nombre<br />

d’interviewés est que le gouvernement a la volonté <strong>de</strong> favoriser l’initiative privée et se montre<br />

très impliqué verbalement ou encore sur papier, mais ce qui manque réellement c’est une<br />

traduction <strong>de</strong> ceci dans les faits. En effet, selon les interviewés, même lorsque <strong>de</strong>s<br />

réglementations sont votées pour faciliter et supporter l’initiative privée, leur application n’est<br />

à ce jour que très faiblement et inefficacement mise en place.<br />

Diverses c<strong>au</strong>ses peuvent être i<strong>de</strong>ntifiées pour expliquer ce manque d’application <strong>de</strong>s mesures<br />

gouvernementales. Premièrement, même lorsque <strong>de</strong>s nouvelles réglementations sont mises en<br />

place, <strong>de</strong> nombreux acteurs n’en tiennent pas compte car ils ne sont tout simplement pas<br />

informés <strong>de</strong> leurs existence. De plus, le support <strong>au</strong>x nouvelles entreprises a be<strong>au</strong> être une<br />

priorité nationale, c’est loin d’être le cas <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong>de</strong>s gouvernements décentralisés. En effet,<br />

<strong>au</strong>cun transfert <strong>de</strong> compétences, <strong>de</strong> moyens et d’objectifs concrets n’est organisé <strong>de</strong> l’Etat <strong>au</strong>x<br />

communes et mairies pour permettre une réelle application sur le terrain <strong>de</strong>s décisions<br />

étatiques. Au nive<strong>au</strong> <strong>de</strong>s localités, les interviewés ont souvent affirmé que « le support à<br />

l’entreprise est totalement absent <strong>de</strong> l’agenda politique et qu’<strong>au</strong>cun budget ne lui est<br />

consacré ». Pour améliorer l’environnement <strong>de</strong>s affaires, les localités <strong>de</strong>vraient être<br />

sensibilisées et formées <strong>au</strong> rôle qu’elles ont à jouer dans l’application <strong>de</strong>s mesures nationales<br />

<strong>au</strong> nive<strong>au</strong> local. De plus, les capacités et moyens financiers nécessaires <strong>de</strong>vraient leur être<br />

transmis. En effet, l’impôt local est bien trop maigre pour permettre à ces localités <strong>de</strong> mettre<br />

ces réformes en œuvre.<br />

2.2.3 Les formalités <strong>de</strong> création d’une entreprise<br />

Face à l’affirmation, « les entreprises peuvent obtenir la majorité <strong>de</strong>s permis et licences<br />

nécessaires en environ une semaine », les réponses furent tranchées. Ceci n’est pas étonnant<br />

car une réforme touchant ce volet a été mise en œuvre <strong>au</strong> moment du recueil <strong>de</strong> données <strong>de</strong> ce<br />

travail.<br />

Si jusqu’ici il était probablement difficile d’obtenir les permis et licences nécessaires en une<br />

semaine, <strong>de</strong>puis le début du mois d’avril 2012, cela est <strong>de</strong>venu possible. Le <strong>Bénin</strong> avait déjà<br />

gagné 4 places par rapport à 2011 dans le classement « Doing Business » suite à l’annulation<br />

<strong>de</strong> l’obligation d’obtenir un extrait <strong>de</strong> casier judiciaire et l’acceptation d’une simple<br />

déclaration sur l’honneur, mais c’est la mise en œuvre récente d’un Guichet unique <strong>de</strong><br />

Formalité <strong>de</strong>s Entreprises qui permettra sans doute <strong>au</strong> <strong>Bénin</strong> <strong>de</strong> s’élever dans ce classement.<br />

Le <strong>Bénin</strong> occupait en 2012 la 154 e place en ce qui concerne la création d’entreprises et a fait<br />

d’importants efforts <strong>de</strong>puis quelques années pour remonter dans le classement. En 2009, le<br />

80


centre <strong>de</strong> formalités <strong>de</strong>s entreprises (CFE), créé en 1997 et responsable <strong>de</strong>s formalités liées à<br />

la création, la modification ou la dissolution d’une entreprise 49 , a été évalué et c’est suite à<br />

cela que la fenêtre unique pour les formalités business (GUFE) a été mise en place 50 pour<br />

remplacer le CFE et diminuer le nombre <strong>de</strong> formalités à respecter pour créer, modifier ou<br />

dissoudre une entreprise. L’obstacle principal du CFE était que les diverses procédures<br />

<strong>de</strong>vaient être approuvées par les diverses administrations partenaires qui n’avaient pas <strong>de</strong><br />

représentant physique <strong>au</strong> CFE.<br />

Au nive<strong>au</strong> du nombre <strong>de</strong> procédures, il f<strong>au</strong>t en moyenne en 2012, selon Doing Business, 6<br />

procédures 51 officielles différentes pour qu’un entrepreneur puisse créer et gérer formellement<br />

une entreprise, qu’elle soit industrielle ou <strong>comme</strong>rciale. Ces procédures sont par exemple<br />

l’obtention <strong>de</strong> licences et/ou permis et l’accomplissement <strong>de</strong>s formalités requises <strong>comme</strong> les<br />

notifications, vérifications et inscriptions. Avec la création du GUFE, les procédures <strong>de</strong><br />

formalisation d’une entreprise sont « consolidées en un seul point d’accès, permettant ainsi<br />

<strong>au</strong>x entrepreneurs <strong>de</strong> faire toutes les démarches <strong>de</strong> création d’entreprise à un même endroit<br />

et en même temps» 52 . Les obligations procédurales ne sont donc pas éliminées mais sont<br />

déléguées à une agence unique, ce qui simplifie gran<strong>de</strong>ment le processus <strong>de</strong> création<br />

d’entreprise. Cette interface, opérationnelle <strong>de</strong>puis avril 2012, permet <strong>de</strong> créer une entreprise<br />

en 24h et d’effectuer les formalités d’exercice en 24h également. Cette amélioration a été<br />

rendue possible grâce à l’attachement physique <strong>au</strong> sein du GUFE d’un représentant <strong>de</strong> chaque<br />

administration partenaire, du greffe et du service IFU qui permettent en 24h l’immatriculation<br />

<strong>au</strong> Registre <strong>de</strong> <strong>comme</strong>rce et <strong>de</strong> crédit mobilier, l’émission <strong>de</strong> l’attestation d’un i<strong>de</strong>ntifiant<br />

fiscal unique (IFU) et la publication dans un journal d’annonces légales du Registre du<br />

<strong>comme</strong>rce et du crédit mobilier.<br />

Selon le rapport « Doing Business 2012», il fallait 29 jours pour créer une entreprise <strong>au</strong><br />

<strong>Bénin</strong> 53 . Dès à présent, une fois les documents notari<strong>au</strong>x obtenus, il ne f<strong>au</strong>t plus que 24h pour<br />

remplir les formalités <strong>de</strong> création et 24h supplémentaires pour remplir les formalités<br />

d’exercice. Dans le futur, selon le représentant du GUFE, l’objectif est <strong>de</strong> ne même plus avoir<br />

à passer <strong>au</strong> préalable par un notaire, ce qui rendrait le processus complet effectif en 48h.<br />

Le coût <strong>de</strong> création d’une entreprise, 149% du revenu moyen par habitant, est très élevé<br />

(Doing Business, 2012). Il représente presque le double du coût moyen en Afrique<br />

subsaharienne (81,2%) et plus <strong>de</strong> 30 fois le coût moyen pour l’OCDE (4,7%). Ce coût élevé,<br />

49 Decret No. 97-292, 19 Juin 1997.<br />

50 20 Octobre 2009 - Decret No. 2009-542: setting up the single window for business formalities (GUFE)<br />

51 Notons qu’une procédure est définie <strong>comme</strong> « une interaction entre les créateurs <strong>de</strong> l’entreprise et les partenaires externes<br />

(organismes gouvernement<strong>au</strong>x, avocats, <strong>au</strong>diteurs, notaires, etc. » (Doing Business).<br />

52 Sur le site <strong>de</strong> la Chambre du <strong>comme</strong>rce et <strong>de</strong> l’industrie du <strong>Bénin</strong>,<br />

http://www.ccibenin.org/in<strong>de</strong>x.php?option=com_content&view=article&id=469:mise-en-service-du-guichet-unique-<strong>de</strong>formalisation-<strong>de</strong>s-entreprises-lassainissement-du-climat-<strong>de</strong>s-affaires-<strong>au</strong>-benin-unerealite&catid=16:actualitevments&Itemid=55,<br />

consulté le 2 mai. 2012<br />

53 Sur le site <strong>de</strong> Doing Business, http://francais.doingbusiness.org/data/exploreeconomies/benin#starting-a-business, consulté<br />

le 12 mars. 2012<br />

81


combiné à <strong>de</strong>s difficultés d’obtenir du financement, entrave le développement <strong>de</strong> l’activité<br />

dans le secteur formel. Cela explique en partie l’important t<strong>au</strong>x d’informalité <strong>de</strong>s entreprises<br />

béninoises. Le GUFE a également permis <strong>de</strong> diminuer fortement les coûts <strong>de</strong> procédures.<br />

Enfin, le capital minimum <strong>de</strong>vant être versé avant l’enregistrement dans une banque ou chez<br />

un notaire et immobilisé jusqu’à parfois 3 mois après celui-ci représente 280,4% du revenu<br />

par habitant du pays, c’est-à-dire plus du double du capital minimum versé en % du revenu<br />

par habitant en Afrique subsaharienne (129,8%) et plus <strong>de</strong> 20 fois celui <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> l’OCDE<br />

(14,1%). Ce capital minimum a cependant baissé chaque année entre 2004, où il atteignait<br />

352,1%, et 2012.<br />

2.2.4 La lour<strong>de</strong>ur administrative<br />

Les lour<strong>de</strong>urs administratives ont souvent été citées <strong>comme</strong> barrières par les interviewés. De<br />

plus, selon le rapport <strong>Bénin</strong> Alafia, les difficultés principales i<strong>de</strong>ntifiées par les populations<br />

sont celles <strong>de</strong>s formalités lour<strong>de</strong>s et longues à remplir. En effet, 73,5% <strong>de</strong>s interviewés<br />

trouvent l’administration publique trop bure<strong>au</strong>cratique. Cependant, récemment, une charte <strong>de</strong><br />

bonne gouvernance a été signée <strong>au</strong> <strong>Bénin</strong> dans le but d’ « imprimer à l’administration<br />

publique une forte dimension éthique et apolitique pour en faire un vecteur <strong>de</strong><br />

développement » (Nouvelle Expression, 2012). Ceci permettra d’améliorer la situation en<br />

réduisant les obstacles bure<strong>au</strong>cratiques <strong>au</strong>xquels les entreprises sont confrontées. Le GUFE<br />

est déjà un bon exemple <strong>de</strong> pratique qui permettra <strong>de</strong> réduire les contraintes administratives<br />

liées à la création d’entreprise.<br />

Un <strong>au</strong>tre problème est celui <strong>de</strong> la corruption <strong>de</strong>s membres <strong>de</strong> l’administration. En 2010, le<br />

<strong>Bénin</strong> se classe 106 e dans le classement <strong>de</strong> l’indice <strong>de</strong> la perception <strong>de</strong> la corruption élaboré<br />

par Transparency International avec un indice <strong>de</strong> 2,9 sur 10 qui dénote d’un nive<strong>au</strong> <strong>de</strong><br />

corruption élevé. De plus, selon l’évaluation du climat <strong>de</strong>s investissements (2004), environ<br />

85% <strong>de</strong>s entreprises se sont dites bloquées dans leurs activités par la corruption. Lors <strong>de</strong>s<br />

interviews réalisées dans le cadre <strong>de</strong> ce travail, les problèmes <strong>de</strong> corruption furent également<br />

cités à <strong>de</strong> nombreuses reprises. Dans un environnement où les représentants du pouvoir<br />

abusent <strong>de</strong> leur position pour servir leurs intérêts personnels, toute réforme, <strong>au</strong>ssi utile soit<br />

elle, est vouée à l’échec. Des réformes sont donc nécessaires pour lutter contre la corruption.<br />

« L’élimination <strong>de</strong>s barrières administratives et une plus gran<strong>de</strong> efficacité <strong>de</strong> l’administration<br />

peuvent faciliter la formalisation <strong>de</strong> l’activité économique et par conséquent, élargir le<br />

nombre d’entrepreneurs béninois qui pourraient légalement saisir les opportunités offertes<br />

par la croissance économique » (Hertveldt, 2008) 54 . En plus <strong>de</strong> ces réformes <strong>de</strong><br />

54 Propos tenus par Sabine Hertveldt, spécialiste du développement du secteur privé à la SFI consulté le 2 avril sur :<br />

http://web.worldbank.org/WBSITE/EXTERNAL/ACCUEILEXTN/NEWSFRENCH/0,,contentMDK:21495712~menuPK:51<br />

200699~pagePK:34370~piPK:34424~theSitePK:1074931,00.html<br />

82


l’administration, pour que les entreprises en viennent à se formaliser, le système <strong>de</strong> taxation<br />

<strong>de</strong>vra également être allégé, c’est l’objet du point suivant.<br />

2.2.5 Le système <strong>de</strong> taxation<br />

Selon les répondants du NES, le système <strong>de</strong> taxation semble être un obstacle <strong>de</strong> taille à la<br />

création formelle d’entreprises <strong>au</strong> <strong>Bénin</strong>. Le <strong>Bénin</strong> est un pays qui est fort dépendant <strong>de</strong> la<br />

taxation du <strong>comme</strong>rce pour financer son gouvernement. En effet, les revenus fisc<strong>au</strong>x<br />

représentent largement plus <strong>de</strong> la moitié <strong>de</strong>s revenus du gouvernement (Ianchovichina, 2008).<br />

Ainsi, en 2011, les recettes fiscales atteignent 532,1 milliards <strong>de</strong> FCFA alors que les recettes<br />

totales <strong>de</strong> l’Etat atteignent 604,2 milliards <strong>de</strong> FCFA. 55 Ceci s’explique notamment par la<br />

position géographique du pays qui l’a mené à baser son économie sur le <strong>comme</strong>rce <strong>de</strong> transit,<br />

principalement vers le Nigéria. De plus, la prédominance <strong>de</strong> l’économie informelle tire les<br />

revenus fisc<strong>au</strong>x vers le bas et ceci est amplifié par la corruption qui mène à <strong>de</strong>s exemptions <strong>de</strong><br />

taxation non justifiées pour certains acteurs et font supporter le poids <strong>de</strong> la taxation à un<br />

nombre limité d’entreprises (WorldBank, 2005). Si un système <strong>de</strong> taxation moins défavorable<br />

<strong>au</strong>x entreprises et moins corrompu était mis en place, les revenus <strong>de</strong> la taxation pourraient<br />

bien s’en voir <strong>au</strong>gmentés.<br />

En effet, le montant <strong>de</strong>s taxes pousse <strong>de</strong> nombreuses entreprises à se créer dans l’informel, en<br />

se cachant <strong>au</strong>x yeux <strong>de</strong>s percepteurs d’impôts, ce qui décroît simultanément leurs chances <strong>de</strong><br />

succès <strong>comme</strong>rcial. Dans le rapport <strong>Bénin</strong> Alafia, 37,1% <strong>de</strong>s interviewés parlent <strong>de</strong> pressions<br />

fiscales trop fortes qui découragent l’entreprise. Selon le RGE, 40% <strong>de</strong>s chefs d’entreprises<br />

béninoises estiment que le nombre d’impôts <strong>au</strong>xquels ils sont soumis est trop élevé. Nuançons<br />

ceci en insistant sur le fait que 36% <strong>de</strong>s entreprises ont répondu trouver ce nombre acceptable<br />

(RGE, 2008). Un système <strong>de</strong> fiscalité allégée <strong>de</strong>vrait, selon <strong>de</strong> nombreux interviewés, être mis<br />

en œuvre. De plus, un support <strong>au</strong>x entreprises formelles <strong>de</strong>vrait exister pour qu’elles tirent<br />

avantage <strong>de</strong> cette formalisation.<br />

À ce jour, afin <strong>de</strong> favoriser la création d’entreprises formelles, <strong>de</strong>s exemptions <strong>de</strong> taxation ont<br />

été mises en place. Le système <strong>de</strong> taxation s’est considérablement amélioré ces <strong>de</strong>rnières<br />

années en raison <strong>de</strong> son informatisation et <strong>de</strong> la mise en place du numéro unique <strong>de</strong> taxation<br />

(IFU). 56 En 2009, les taxes sur les profits ont été supprimées pour la première année<br />

d’existence ainsi que les précomptes professionnels et les taxes sur les salaires. De plus, <strong>de</strong>s<br />

incitants ont été mis en place pour que les start-up puissent engager leurs premiers employés 57<br />

déclarés <strong>au</strong> Fonds National <strong>de</strong> Sécurité Sociale. 58 Ceci a permis d’<strong>au</strong>gmenter fortement le<br />

55<br />

Données obtenues lors du ren<strong>de</strong>z-vous avec le Chef <strong>de</strong> service <strong>de</strong> la programmation économique et financière <strong>au</strong> sein <strong>de</strong> la<br />

direction <strong>de</strong> la prévision et <strong>de</strong> la conjoncture<br />

56<br />

Decret No. 2006-201 of 8 May 2006: creating the single tax i<strong>de</strong>ntification number (IFU) and the national directory of<br />

persons, institutions and associations. According to this <strong>de</strong>cree's provisions, the <strong>au</strong>thorities and the natural and legal<br />

persons concerned had to have an IFU by 30 June 2006 (Article 9).<br />

57<br />

WTO, Tra<strong>de</strong> policy review, Annexe 1: <strong>Bénin</strong><br />

58 Loi No. 2008-09, 2 janvier 2009.<br />

83


nombre <strong>de</strong> personnes enregistrées selon les <strong>au</strong>torités. 59 Cependant, ces efforts n’ont pas été<br />

suffisants car, ne sachant pas ou ne désirant pas faire face à la taxation, <strong>de</strong> nombreuses<br />

entreprises ont cessé d’exister après la première année, pour bien souvent se recréer sous un<br />

<strong>au</strong>tre nom et bénéficier à nouve<strong>au</strong> <strong>de</strong> l’exonération fiscale. Suite à cela, la nouvelle loi <strong>de</strong>s<br />

finances <strong>de</strong> 2012 a changé les règles. Une exonération fiscale <strong>de</strong> 25% est offerte <strong>au</strong>x<br />

nouvelles entreprises la première année et <strong>de</strong> 50% <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux années suivantes dans le but<br />

d’éviter cette <strong>de</strong>struction d’entreprises <strong>au</strong>x motifs purement fisc<strong>au</strong>x. Cependant, une<br />

exonération <strong>de</strong> 25% la première année d’activité est considérée par <strong>de</strong> nombreux répondants<br />

<strong>comme</strong> trop faible, le montant <strong>de</strong> la taxation mettant les nouvelles entreprises à ru<strong>de</strong> épreuve.<br />

On peut également souligner le fait que l’impôt pour les entreprises <strong>comme</strong>rciales et<br />

industrielles est passé <strong>de</strong> 48% à 38% (Ianchovichina, 2008) et que l’impôt sur les salaires est<br />

passé <strong>de</strong> 8% à 4%, et ce pour toutes les entreprises. De plus, <strong>au</strong> <strong>Bénin</strong>, un montant fixe<br />

minimum d’impôt <strong>de</strong>vait jusque récemment être payé par toute entreprise, indépendamment<br />

du fait qu’elle soit ou non profitable. L’existence <strong>de</strong> ce montant fixe minimum d’impôts est<br />

considéré par be<strong>au</strong>coup <strong>comme</strong> trop contraignant car, <strong>de</strong> ce fait, même en cas <strong>de</strong> résultats<br />

négatifs, l’entreprise est soumise à ce montant <strong>de</strong> taxation, ce qui, « <strong>au</strong> lieu <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong>r à<br />

remonter la pente, lui enfonce encore un peu plus la tête sous l’e<strong>au</strong> ». Cependant, la<br />

contribution annuelle obligatoire <strong>au</strong> Fonds National d’Investissement a été supprimée ainsi<br />

que l’impôt minimum forfaitaire sur le Bénéfice (Ianchovichina, 2008). Ajoutons que d’<strong>au</strong>tres<br />

taxes ont été supprimées pour supporter l’économie béninoise <strong>comme</strong> celle sur les produits<br />

exportés, s<strong>au</strong>f pour certains produits <strong>comme</strong> les mét<strong>au</strong>x précieux, le cacao et le pétrole.<br />

Finalement, les interviewés s’accor<strong>de</strong>nt généralement sur la prédictibilité du montant d’impôt<br />

à payer, citant cependant le récent changement <strong>de</strong>s règlementations sur la taxation <strong>de</strong>s<br />

nouvelles entreprises <strong>comme</strong> exemple <strong>de</strong>s risques liés à un changement <strong>de</strong> règles <strong>de</strong> taxation.<br />

2.2.6 Le système juridique<br />

Dans le rapport <strong>Bénin</strong> Alafia, on déplore le système judiciaire encore très fragile pour ce qui<br />

est du mon<strong>de</strong> <strong>de</strong>s affaires. Les lois et règles existent mais elles ne sont pas respectées, en<br />

partie car la justice est corrompue. Le système législatif et judiciaire n’a pas été géré <strong>de</strong><br />

manière transparente ces <strong>de</strong>rnières années en raison notamment <strong>de</strong>s fortes influences<br />

politiques (Ianchovichina, 2008). Seuls 55% <strong>de</strong>s répondants <strong>au</strong>x questions du MCA ont<br />

exprimé avoir un nive<strong>au</strong> <strong>de</strong> confiance dans le système judiciaire se situant entre « moyen » et<br />

« très bon ». Les raisons <strong>de</strong> ce manque <strong>de</strong> confiance en la justice sont, pour les entreprises<br />

formelles, « la corruption (62%), la méfiance (27%), le système trop orienté pro-riches (7%),<br />

la politisation <strong>de</strong> la justice (4%), la lenteur du système et la trahison <strong>de</strong>s avocats (1%) ».<br />

(MCA, 2008, p.12). Suite <strong>au</strong>x recherches du MCA, <strong>de</strong>s réformes du système juridique ont été<br />

59 Directorat Géneral <strong>de</strong> la Taxation et <strong>de</strong> la Propriété Publique (2009)<br />

84


mises en place, notamment avec la création d’un centre <strong>de</strong> documentation juridique, afin<br />

d’accroître la confiance <strong>de</strong>s acteurs économiques vis-à-vis du système judiciaire.<br />

2.3 Programmes gouvernement<strong>au</strong>x<br />

Cette condition évalue « l’accessibilité <strong>de</strong>s programmes gouvernement<strong>au</strong>x, leur adéquation et<br />

leur efficacité pour le support <strong>au</strong>x nouvelles firmes et celles en croissance à tous nive<strong>au</strong>x<br />

(national, régional, municipal) » (GEM).<br />

2.3.1 Statistiques et interprétations<br />

Les programmes gouvernement<strong>au</strong>x ont été cités par 18,75% <strong>de</strong>s répondants <strong>comme</strong> étant une<br />

barrière à l’initiative privée. Cependant, les programmes existants démontrent une réelle<br />

volonté <strong>de</strong> supporter l’initiative privée selon 68,75% <strong>de</strong>s répondants. Enfin, 25% <strong>de</strong>s<br />

répondants ont émis <strong>de</strong>s recommandations liées <strong>au</strong>x programmes gouvernement<strong>au</strong>x<br />

Table<strong>au</strong> 4 : Proportion <strong>de</strong>s interviewés ayant cité les programmes gouvernement<strong>au</strong>x parmi les barrières,<br />

moteurs et recommandations principales<br />

Barrière 18,75%<br />

<strong>Moteur</strong> 68,75%<br />

Recommandation 25%<br />

Les programmes gouvernement<strong>au</strong>x ont été analysés selon divers aspects dont leur<br />

disponibilité, leur accessibilité et leur efficacité.<br />

Graphique 3 : Rôle joué par les programmes gouvernement<strong>au</strong>x dans l’environnement <strong>de</strong> l’initiative privée<br />

selon les interviewés<br />

5<br />

4<br />

3<br />

2<br />

1<br />

0<br />

1 2 3 4 5 6<br />

Ordonnée : 1= Totalement f<strong>au</strong>x,<br />

3= ni vrai, ni f<strong>au</strong>x,<br />

5= Totalement vrai<br />

Abscisse :<br />

1. Une large variété d’assistances gouvernementales peuvent être<br />

obtenues par les nouvelles entreprises et celles en croissance en<br />

prenant contact avec une agence unique.<br />

2. Les parcs scientifiques et les incubateurs <strong>de</strong> business<br />

fournissent un support efficace <strong>au</strong>x nouvelles entreprises et<br />

celles en croissance.<br />

3. Il y a un nombre adéquat <strong>de</strong> programmes gouvernement<strong>au</strong>x<br />

pour les nouvelles entreprises et celles en croissance.<br />

4. Les personnes travaillant pour <strong>de</strong>s agences gouvernementales<br />

sont compétentes et efficaces dans leur soutien <strong>au</strong>x nouvelles<br />

entreprises et à celles en croissance.<br />

5. Presque chaque personne qui a besoin d’ai<strong>de</strong> d’un programme<br />

gouvernemental pour une nouvelle entreprise ou en croissance<br />

peut trouver ce dont il a besoin.<br />

6. Les programmes gouvernement<strong>au</strong>x supportant les nouvelles<br />

entreprises et celles en croissance sont efficaces.<br />

85


2.3.2 Le manque d’information sur les programmes gouvernement<strong>au</strong>x<br />

Selon le rapport <strong>Bénin</strong> Alafia, le manque <strong>de</strong> politiques d’incitants à l’initiative et le manque<br />

d’encadrement <strong>de</strong> l’État est déploré par les populations. À l’opposé, les experts interviewés<br />

étaient pour la plupart relativement d’accord avec l’affirmation selon laquelle il y <strong>au</strong>rait un<br />

nombre adéquat <strong>de</strong> programmes gouvernement<strong>au</strong>x pour les nouvelles entreprises et celles en<br />

croissances. Selon eux, ce n’est non pas leur inexistence mais leur inaccessibilité et<br />

l’inaccessibilité <strong>de</strong> l’information les concernant qui est problématique. Cela limite leur<br />

efficacité car les personnes qui <strong>au</strong>raient besoin <strong>de</strong> ces programmes ne savent pas où chercher<br />

<strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong>. De plus, le manque <strong>de</strong> centralisation <strong>de</strong>s informations entraîne une duplication <strong>de</strong>s<br />

activités <strong>de</strong> ces organismes et limite leur impact.<br />

Il f<strong>au</strong>drait centraliser l’information sur les structures existantes et leurs caractéristiques en un<br />

point unique et établir un plan <strong>de</strong> communication pour que toute personne recherchant <strong>de</strong><br />

l’ai<strong>de</strong> puisse savoir où la trouver. La création <strong>de</strong> centres <strong>de</strong> ressources région<strong>au</strong>x est une<br />

réforme sur laquelle le gouvernement béninois se penche actuellement en collaboration avec<br />

le PNUD. Ces réformes sont importantes car les entrepreneurs ont, selon les interviewés,<br />

réellement besoin <strong>de</strong> soutien dans le processus <strong>de</strong> création et <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong> leur entreprise. Il<br />

f<strong>au</strong>drait mettre en place davantage <strong>de</strong> formations et <strong>de</strong> structures <strong>de</strong> conseils <strong>de</strong> gestion, ai<strong>de</strong>r<br />

les entrepreneurs dans l’élaboration <strong>de</strong> plans financiers, <strong>de</strong> plans d’affaires ainsi que dans le<br />

processus d’obtention <strong>de</strong> financement.<br />

2.3.3 Les programmes gouvernement<strong>au</strong>x existants<br />

Il s’agit d’une part du Programme <strong>de</strong> relance du secteur privé qui fut mis en place en 1994<br />

dans le but <strong>de</strong> faire du secteur privé un moteur <strong>de</strong> la croissance économique <strong>au</strong> <strong>Bénin</strong>. Ce<br />

programme visait à améliorer l’environnement réglementaire pour qu’il soit plus adapté à<br />

l’entreprise, à faciliter le dialogue public-privé, à dynamiser l’appui <strong>au</strong>x entreprises et à<br />

renforcer leurs capacités.<br />

Ensuite, en 2001, le programme spécial <strong>de</strong> promotion <strong>de</strong>s PME et PMI a été mis en place dans<br />

le but <strong>de</strong> promouvoir les PME/PMI dans les différentes localités suite à la décentralisation <strong>de</strong><br />

l’économie, d’<strong>au</strong>gmenter leurs capacités, <strong>de</strong> promouvoir certains marchés, d’améliorer<br />

l’environnement institutionnel et <strong>de</strong> faciliter l’accès <strong>au</strong> crédit.<br />

Enfin, la Banque Mondiale a mis en place le Projet <strong>de</strong> Compétitivité et <strong>de</strong> Croissance Intégré<br />

(ProCCI) qui a pour but <strong>de</strong> favoriser l’initiative privée en rendant les infrastructures<br />

physiques et <strong>comme</strong>rciales disponibles, principalement pour faciliter la création d’entreprises<br />

<strong>de</strong> valorisation et transformation <strong>de</strong>s ressources nationales créant <strong>de</strong> la valeur ajoutée (RGE,<br />

2008).<br />

86


Suite à l’accès <strong>au</strong> pouvoir du Prési<strong>de</strong>nt Boni Yayi en 2006, l’accent a été mis sur la promotion<br />

<strong>de</strong>s entreprises et la création d’un environnement adapté à l’initiative privée <strong>au</strong> <strong>Bénin</strong> dans<br />

divers programmes gouvernement<strong>au</strong>x. En effet, les orientations stratégiques <strong>de</strong><br />

développement 2006-2011 ont <strong>comme</strong> 4 e axe la promotion <strong>de</strong> l’initiative <strong>de</strong>s jeunes. De plus,<br />

parmi les 9 stratégies <strong>de</strong> la Politique Nationale <strong>de</strong> l’Emploi se trouvent la promotion et la<br />

pérennisation <strong>de</strong>s PME/PMI. L’Agenda pour un <strong>Bénin</strong> Emergent 2006-2011 et le projet <strong>de</strong><br />

société 2011-2016 du Prési<strong>de</strong>nt Boni Yayi enten<strong>de</strong>nt également soutenir la création <strong>de</strong> micro<br />

projets et <strong>de</strong> PME/PMI <strong>au</strong>ssi bien en milieu rural que urbain, prendre <strong>de</strong>s mesures qui<br />

s’imposent pour le développement <strong>de</strong>s <strong>au</strong>to-entreprises, faire <strong>de</strong>s jeunes <strong>de</strong>s créateurs<br />

d’emplois, etc. (Politique Nationale <strong>de</strong> l’emploi, 2011). Le document <strong>de</strong>s actes du Forum<br />

National sur l’Emploi <strong>de</strong>s Jeunes compte notamment parmi ses recommandations <strong>de</strong><br />

« développer et renforcer l’aptitu<strong>de</strong> à l’emploi <strong>de</strong>s jeunes béninois par la formation et<br />

l’apprentissage, <strong>de</strong> développer l’esprit d’entreprise et le lea<strong>de</strong>rship <strong>de</strong>s jeunes, <strong>de</strong> faciliter<br />

l’accès <strong>de</strong>s jeunes <strong>au</strong> crédit et <strong>au</strong> foncier par la mise en place <strong>de</strong> mécanismes appropriés<br />

répondant <strong>au</strong>x spécificités <strong>de</strong>s jeunes, d’améliorer le système d’information sur le marché du<br />

travail, etc. » (Houngbo, 2007). Dans le cadre <strong>de</strong> l’implémentation <strong>de</strong> ces programmes,<br />

diverses structures d’ai<strong>de</strong> <strong>au</strong>x nouvelles entreprises ont été créées <strong>comme</strong> par exemple<br />

l’ANPME, le CEPED, le CePEPE, le PAPME, et le CDEL.<br />

Enfin, le Plan Cadre <strong>de</strong>s Nations Unies pour l’Assistance <strong>au</strong> <strong>Développement</strong> (UNDAF 2009-<br />

2013) a notamment pour objectifs <strong>de</strong> « reconstruire une administration mo<strong>de</strong>rne et efficace,<br />

<strong>au</strong> service <strong>de</strong> l’intérêt général et du développement du secteur privé, (…), <strong>de</strong> développer les<br />

infrastructures nécessaires à l’accroissement <strong>de</strong>s investissements privés et <strong>de</strong> renforcer le<br />

capital humain pour améliorer la productivité <strong>de</strong> l’économie nationale » (PNUD, 2006, p.7).<br />

2.3.4 L’efficacité du support<br />

Quelques doutes ont également été émis quant <strong>au</strong>x compétences et à la motivation du<br />

personnel <strong>de</strong>s différentes administrations. En effet, il est nécessaire que le personnel<br />

administratif partage les priorités du gouvernement pour que celles-ci en viennent à être mises<br />

en pratique sur le terrain. Si la plupart <strong>de</strong>s interviewés sont convaincus <strong>de</strong>s compétences du<br />

personnel, <strong>de</strong>s doutes subsistent quant à leur implication et leur volonté réelle. Actuellement,<br />

la sensibilisation du personnel administratif à l’importance <strong>de</strong>s PME pour l’économie<br />

béninoise est encore un maillon manquant <strong>de</strong> la chaîne. De plus, il est important <strong>de</strong> dépolitiser<br />

les administrations car cette politisation les empêche d’être réellement efficaces. Enfin, les<br />

fonds limités <strong>de</strong>s organes <strong>de</strong> supports <strong>au</strong>x entrepreneurs ne leur permettent pas d’être<br />

pleinement efficaces et la corruption empêche l’allocation <strong>de</strong>s fonds là où ils seraient le plus<br />

utiles. Les programmes <strong>de</strong> support gouvernement<strong>au</strong>x <strong>de</strong>vraient offrir davantage <strong>de</strong><br />

possibilités <strong>de</strong> suivi <strong>de</strong>s nouvelles entreprises. En effet, l’échec du FNPEEJ qui s’est soldé<br />

<strong>comme</strong> expliqué précé<strong>de</strong>mment par 80% <strong>de</strong> déf<strong>au</strong>ts <strong>de</strong> remboursement s’explique en bonne<br />

87


partie par un manque d’implication à long terme, <strong>de</strong> suivi et support du gouvernement dans<br />

les projets sélectionnés pour bénéficier <strong>de</strong>s fonds.<br />

Par ailleurs, selon les experts interviewés, l’efficacité du soutien <strong>au</strong>x firmes en croissance<br />

rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong>vrait être intensifiée. Les organismes <strong>de</strong> support <strong>de</strong>vraient en effet être préparés à<br />

ai<strong>de</strong>r les entreprises à potentiel <strong>de</strong> croissance rapi<strong>de</strong> et <strong>de</strong>vraient les ai<strong>de</strong>r en priorité pour<br />

qu’elles puissent stimuler la croissance et le développement économique. Pour ce faire, il<br />

serait utile <strong>de</strong> former les membres <strong>de</strong>s organismes <strong>de</strong> support à l’initiative <strong>au</strong> soutien<br />

spécifique <strong>au</strong>x entreprises à fort potentiel.<br />

Graphique 4 : évaluation par les interviewés du support <strong>au</strong>x activités entrepreneuriales à forte croissance<br />

5<br />

4<br />

3<br />

2<br />

1<br />

0<br />

1 2 3 4 5<br />

Ordonnée : 1= Totalement f<strong>au</strong>x, 3=<br />

ni vrai, ni f<strong>au</strong>x, 5= Totalement vrai<br />

Abscisse :<br />

1. Il y a <strong>de</strong> nombreuses initiatives <strong>de</strong> support qui sont<br />

spécialement développées pour ai<strong>de</strong>r les activités<br />

entrepreneuriales à forte croissance.<br />

2. Les réglementaires sont <strong>au</strong> courant <strong>de</strong> l’importance <strong>de</strong>s<br />

activités entrepreneuriales à forte croissance.<br />

3. Les personnes travaillant dans les initiatives <strong>de</strong> support à<br />

l’entreprenariat ont les compétences et capacités suffisantes<br />

pour supporter les entreprises à fortes croissance.<br />

4. Le potentiel <strong>de</strong> croissance rapi<strong>de</strong> est souvent utilisé <strong>comme</strong><br />

critère <strong>de</strong> selection quand on choisit les receveurs <strong>de</strong><br />

support entreprenarial.<br />

5. Le support <strong>au</strong>x enterprises en croissance rapi<strong>de</strong> est une <strong>de</strong>s<br />

priorités <strong>de</strong>s règlementations <strong>de</strong> l’entrepreneuriat.<br />

2.3.5 La nécessité <strong>de</strong> mettre en place un programme <strong>de</strong> développement intégré<br />

Une politique <strong>de</strong> développement intégré <strong>de</strong>vrait être mise en place pour assurer un<br />

développement harmonieux <strong>de</strong> l’économie béninoise. Ceci implique <strong>de</strong> régler les problèmes<br />

<strong>de</strong> manque <strong>de</strong> coordination qui s’observent d’une part entre les différents ministères mettant<br />

en place <strong>de</strong>s réformes non concertées, parfois redondantes voire même contradictoires, et<br />

d’<strong>au</strong>tre part entre les différents secteurs <strong>de</strong> l’économie. Un modèle <strong>de</strong> développement intégré<br />

dans lequel ce qui est produit dans le secteur primaire serait transformé dans le secteur<br />

secondaire et distribué par le secteur tertiaire permettrait <strong>au</strong> <strong>Bénin</strong> <strong>de</strong> se sortir <strong>de</strong> sa situation<br />

<strong>de</strong> dépendance vis-à-vis <strong>de</strong> l’extérieur. Au <strong>Bénin</strong>, le secteur agricole est un secteur <strong>de</strong><br />

subsistance. L’efficacité et la productivité <strong>de</strong> ce secteur sont faibles et les risques liés <strong>au</strong>x<br />

aléas climatiques sont élevés notamment en raison <strong>de</strong> la faible diversification. L’agro-<br />

industrie est peu développée, ce qui explique que les produits agricoles soient généralement<br />

non transformés. Ceci empêche la valorisation <strong>de</strong>s produits agricoles. « La seule manière <strong>de</strong><br />

combattre la p<strong>au</strong>vreté, c’est <strong>de</strong> transformer la masse en véritables producteurs. » (Songhaï)<br />

La mise en place d’un développement <strong>de</strong> type intégré nécessite tout d’abord que le secteur<br />

primaire soit réformé. Le secteur primaire <strong>de</strong>vrait être mo<strong>de</strong>rnisé, les paysans mieux encadrés<br />

88


et l’agriculture plus diversifiée. Il est nécessaire <strong>de</strong> rendre l’accès <strong>au</strong> crédit possible pour les<br />

agriculteurs et d’adapter les infrastructures <strong>de</strong> communication et <strong>de</strong> transport pour évoluer<br />

vers le développement <strong>de</strong> l’agro-industrie. La transformation <strong>de</strong>s produits agricole permettra<br />

<strong>au</strong> <strong>Bénin</strong> <strong>de</strong> diversifier ses exportations et sa production et <strong>de</strong> se protéger d’une éventuelle<br />

détérioration <strong>de</strong>s termes <strong>de</strong> l’échange. La compétitivité <strong>de</strong> l’agriculture permettra <strong>au</strong>x<br />

commun<strong>au</strong>tés rurales <strong>de</strong> lutter efficacement contre la p<strong>au</strong>vreté et <strong>de</strong> se développer. En effet,<br />

« l’agriculture est le moteur <strong>de</strong> développement, c’est une arme <strong>de</strong> construction massive ».<br />

(Songhaï)<br />

L’ONG Songhaï est la preuve qu’un développement intégré est possible. Cette ONG a été<br />

créée en 1985 et a <strong>comme</strong>ncé à former <strong>de</strong>s jeunes en 1989 à Porto Novo. En 1993, un<br />

nouve<strong>au</strong> centre est ouvert à Lokossa-Kinwédji et le rése<strong>au</strong> <strong>de</strong> support entre fermiers Songhaï<br />

est lancé. En 1999, les centres <strong>de</strong> Parakou et Savalou ouvrent leurs portes. En 2002, le modèle<br />

s’internationalise pour la première fois puisqu’un centre modèle Songhaï est ouvert <strong>au</strong><br />

Nigéria.<br />

Le centre Songhaï <strong>de</strong> Porto Novo c’est 300 stagiaires par an, c’est un rése<strong>au</strong> <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 1500<br />

entrepreneurs agricoles, c’est 2650 diplômés entre 1989 et 2008, c’est 1748 entrepreneurs<br />

formés qui se ont lancé leur activité et ont <strong>au</strong> moins un employé, c’est 148 fermes pilotes qui<br />

emploient en permanence une dizaine <strong>de</strong> personnes et en viennent à répliquer le modèle <strong>de</strong><br />

formation appris à Songhaï dans leur localité. C’est donc bien plus encore si on considère tous<br />

les centres existants. Songhaï, c’est l’exemple d’une belle réussite africaine qui engendre<br />

l’espoir pour le futur.<br />

En 2008, le Projet Régional Songhaï <strong>de</strong> <strong>Développement</strong> <strong>de</strong> l’Entrepreneuriat Agricole est<br />

lancé avec le soutien <strong>de</strong>s Nations Unies pour étendre l’initiative en Afrique <strong>de</strong> l’Ouest. Les<br />

Nations Unies ont également promu Songhaï « Centre d’Excellence pour l’Afrique ». Le<br />

modèle <strong>de</strong> développement intégré et décentralisé prôné par Songhaï <strong>au</strong> <strong>Bénin</strong> est <strong>au</strong>jourd’hui<br />

en réplication dans 12 <strong>au</strong>tre pays : le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Gabon, le Ghana, la<br />

Guinée, le Kenya, le Libéria, le Nigéria, la Sierra Léone, le Malawi, le Togo et la Zambie.<br />

Au nive<strong>au</strong> national, <strong>de</strong>s centres modèles Songhaï vont être développés dans différentes<br />

localités. De plus, les centres <strong>de</strong> Parakou, Savalou, Kinwédji et <strong>de</strong>s fermes d’entrepreneurs<br />

Songhaï vont être promues en pôles région<strong>au</strong>x dans le but d’optimiser les atouts <strong>de</strong>s<br />

différentes zones agro-écologiques du pays. Diverses plateformes entrepreneuriales vont être<br />

créées et <strong>de</strong>s systèmes d’appui <strong>au</strong>x producteurs vont être mis en place. Les différentes filières<br />

agricoles vont être développées pour complémenter la filière du coton. Songhaï enclenche<br />

également une dynamique sociale en revalorisant la vocation agricole, en professionnalisant<br />

l’agriculture à travers l’entrepreneuriat agricole, en replaçant l’agriculture <strong>comme</strong> moteur <strong>de</strong><br />

développement dans la vision <strong>de</strong>s politiques et déci<strong>de</strong>urs, en ré-attirant les jeunes vers le<br />

secteur agricole et en mettant en place un vaste rése<strong>au</strong> d’entrepreneurs agricoles.<br />

89


2.4 Education et formation<br />

Cette condition évalue « la qualité du système d’éducation et son utilité pour le lancement et<br />

le management d’une activité entrepreneuriale petite, nouvelle ou en pleine croissance »<br />

(GEM).<br />

2.4.1 Statistiques et interprétations<br />

Le système éducatif est considéré par 62,5% <strong>de</strong>s répondants <strong>comme</strong> étant une barrière à<br />

l’initiative privée. En effet, selon la majorité <strong>de</strong>s interviewés (75%), <strong>de</strong>s réformes <strong>de</strong> ce<br />

système sont nécessaires pour que les jeunes aient développé l’esprit entrepreneurial, les<br />

compétences et les capacités nécessaires pour créer une entreprise <strong>au</strong> terme <strong>de</strong> leurs étu<strong>de</strong>s.<br />

Certaines formations existantes et initiatives <strong>de</strong> formation dans les écoles ont été citées<br />

<strong>comme</strong> moteurs à l’initiative par 18,75% <strong>de</strong>s interviewés.<br />

Table<strong>au</strong> 5 : Proportion <strong>de</strong>s interviewés ayant cité l’éducation et la formation parmi les barrières, moteurs et<br />

recommandations principales<br />

Barrière 62,5%<br />

<strong>Moteur</strong> 18,75%<br />

Recommandation 75%<br />

L’éducation a été étudiée selon divers critères, <strong>de</strong>s pistes <strong>de</strong> solutions pour améliorer la<br />

situation ont été i<strong>de</strong>ntifiées et les efforts récents du gouvernement ont été évalués.<br />

2.4.2 Des programmes scolaires inadaptés<br />

Graphique 5 : évaluation par les interviewés du rôle joué par l’enseignement dans la stimulation <strong>de</strong><br />

l’initiative privée<br />

5<br />

4<br />

3<br />

2<br />

1<br />

0<br />

1 2 3 4 5 6<br />

Ordonnée : 1= Totalement f<strong>au</strong>x, 3=<br />

ni vrai, ni f<strong>au</strong>x, 5= Totalement vrai<br />

Abscisse :<br />

ENSEIGNEMENT PRIMAIRE ET SECONDAIRE<br />

1. L’enseignement primaire et secondaire encourage la<br />

créativité, l’indépendance et l’initiative personnelle.<br />

2. L’enseignement primaire et secondaire fournit les bonnes<br />

leçons <strong>de</strong>s principes <strong>de</strong> l’économie <strong>de</strong> marché.<br />

3. L’enseignement primaire et secondaire porte assez d’attention<br />

à l’entreprenariat et à la création d’entreprise.<br />

ENSEIGNEMENT UNIVERSITAIRE ET DE GESTION<br />

4. Les collèges et les universités fournissent une préparation<br />

adéquate pour créer une entreprise et la faire croître.<br />

5. Le nive<strong>au</strong> <strong>de</strong> l’éducation en gestion et en business prépare<br />

bien à la création d’entreprise et à faire croître une entreprise.<br />

6. Le système d’éducation et <strong>de</strong> formation professionnelle<br />

fournit une préparation adaptée pour lancer une entreprise et<br />

la faire croître.<br />

D’une part, le programme <strong>de</strong> l’enseignement primaire et secondaire est largement reconnu<br />

<strong>comme</strong> étant inadapté. Il n’encourage pas suffisamment la créativité, l’indépendance et<br />

90


l’initiative personnelle, ne fournit pas les bonnes leçons <strong>de</strong> principe <strong>de</strong> l’économie <strong>de</strong> marché<br />

et enfin ne porte pas assez d’attention à l’entrepreneuriat. D’<strong>au</strong>tre part, le programme<br />

d’enseignement universitaire n’est généralement pas non plus considéré <strong>comme</strong> adapté à la<br />

création d’entreprise. Les raisons <strong>de</strong> cette situation sont historiques. En effet, les premières<br />

universités avaient pour but <strong>de</strong> former <strong>de</strong>s fonctionnaires postcoloni<strong>au</strong>x. C’est pourquoi la<br />

formation offerte était be<strong>au</strong>coup plus traditionnelle que technique.<br />

« Le système formel d’éducation délivre une formation be<strong>au</strong>coup plus générale que<br />

spécifique. (…). Une telle situation a une forte influence sur la productivité. En effet, sur la<br />

pério<strong>de</strong> 1985-2003, la productivité globale moyenne du travail (tous secteurs d’emplois<br />

confondus) n’a pas progressé <strong>au</strong> <strong>Bénin</strong> (863$ en 2003 contre 860$ en 1985) » (PNAE, 2011,<br />

p.13).<br />

Cette stagnation <strong>de</strong> la performance démontre la nécessité d’une plus forte spécialisation <strong>de</strong>s<br />

formations. À tous nive<strong>au</strong>x, on parle d’un réel manque d’adéquation formation-emploi. Les<br />

jeunes ne sont pas formés dans le but d’exercer une fonction spécifique ou encore <strong>de</strong> créer<br />

une entreprise mais uniquement dans le but d’obtenir un diplôme. Cependant, la formation<br />

professionnelle et la formation en gestion sont considérées <strong>comme</strong> étant légèrement plus<br />

adaptées à la création d’entreprise.<br />

Du fait <strong>de</strong> ce système éducatif inadéquat, selon les experts interviewés, un très faible<br />

pourcentage <strong>de</strong> la population a les capacités suffisantes pour créer et gérer une entreprise. Ils<br />

n’ont pas non plus les capacités <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong> ressources nécessaires et ne sont pas préparés à<br />

saisir les opportunités se présentant sur le marché.<br />

5<br />

4<br />

3<br />

2<br />

1<br />

0<br />

Graphique 6 : Capacité <strong>de</strong>s béninois à créer et gérer une entreprise selon les interviewés<br />

1 2 3 4 5<br />

Ordonnée : 1= Totalement f<strong>au</strong>x, 3= ni vrai,<br />

ni f<strong>au</strong>x, 5= Totalement vrai<br />

Abscisse :<br />

1. De nombreuses personnes savent <strong>comme</strong>nt lancer et<br />

gérer une entreprise à forte croissance.<br />

2. De nombreuses personnes savent <strong>comme</strong>nt<br />

<strong>comme</strong>ncer et gérer une petite entreprise.<br />

3. De nombreuses personnes ont <strong>de</strong> l’expérience dans la<br />

création d’entreprise.<br />

4. De nombreuses personnes peuvent réagir rapi<strong>de</strong>ment<br />

à <strong>de</strong> bonnes opportunités <strong>de</strong> création d’une nouvelle<br />

entreprise<br />

5. De nombreuses personnes ont les capacités<br />

d’organisation <strong>de</strong>s ressources nécessaires pour un<br />

business.<br />

Une fois diplômé, le jeune n’a pas une idée précise <strong>de</strong> ce qu’il pourrait faire pour valoriser<br />

son diplôme. Il n’a pas non plus développé <strong>de</strong> compétences qui lui permettent d’exercer un<br />

métier. De plus, les formations suivies ne répon<strong>de</strong>nt bien souvent pas <strong>au</strong>x besoins du marché<br />

91


<strong>de</strong> l’emploi. Tout ceci explique les t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> chômage et surtout <strong>de</strong> sous-emploi élevés. Dans le<br />

rapport <strong>Bénin</strong> Alafia, le nive<strong>au</strong> d’éducation et la formation inadaptée avaient déjà été<br />

i<strong>de</strong>ntifiés <strong>comme</strong> problématiques. En effet, 95% <strong>de</strong>s personnes interrogées avaient déploré<br />

que les formations suivies soient souvent inadaptées.<br />

2.4.3 Réformer l’enseignement<br />

Une réforme <strong>de</strong> l’enseignement est nécessaire pour que, dès l’enfance, le jeune comprenne<br />

qu’il <strong>de</strong>vra se prendre en main, qu’il développe en plus <strong>de</strong>s savoirs, <strong>de</strong>s savoir-être, savoir-<br />

faire et savoir-faire faire. Depuis 2000, «l’approche par compétence» 60 se généralise <strong>au</strong> <strong>Bénin</strong><br />

et vise à mener les jeunes à savoir se prendre en charge. Il s’agit d’un premier pas qui<br />

démontre une prise <strong>de</strong> conscience relativement récente <strong>de</strong> l’inadéquation du système éducatif.<br />

Au cours d’étu<strong>de</strong>s supérieures, le jeune <strong>de</strong>vrait développer <strong>de</strong>s compétences qu’il pourra<br />

valoriser sur le marché <strong>de</strong> l’emploi ou en créant son entreprise. Les outils doivent lui être<br />

transmis pour qu’il puisse choisir sa voie en tout état <strong>de</strong> c<strong>au</strong>se et s’y préparer correctement.<br />

Cette préparation implique d’apprendre <strong>au</strong>x jeunes à saisir les opportunités qui se présentent<br />

et à mettre en pratique leurs acquis théoriques. De plus, les jeunes <strong>de</strong>vraient être orientés en<br />

priorité vers les secteurs porteurs que le <strong>Bénin</strong> a défini dans son plan <strong>de</strong> développement pour<br />

2025. Il f<strong>au</strong>t orienter les jeunes vers les filières i<strong>de</strong>ntifiées <strong>comme</strong> moteurs du développement<br />

futur du <strong>Bénin</strong> afin qu’ils puissent trouver <strong>de</strong> l’emploi ou en créer et participer <strong>au</strong><br />

développement du pays et à la réalisation <strong>de</strong> la vision<br />

Actuellement, les jeunes veulent obtenir leur diplôme pour <strong>de</strong>venir fonctionnaires et c’est<br />

donc un réel bouleversement du système éducatif qui est nécessaire. Il f<strong>au</strong>t remettre en c<strong>au</strong>se<br />

la structure qui pousse les jeunes à rêver d’un travail <strong>de</strong> fonctionnaire et ouvrir les yeux à la<br />

jeunesse sur les nombreuses opportunités à saisir en incluant dans la formation <strong>de</strong>s jeunes une<br />

sensibilisation à la création d’entreprise et cela dès les primaires. Il f<strong>au</strong>t inculquer la culture<br />

entrepreneuriale à l’école et introduire <strong>de</strong>s cours sur l’entrepreneuriat dans les programmes<br />

universitaires. Il est nécessaire <strong>de</strong> changer les mentalités et <strong>de</strong> mener les <strong>Bénin</strong>ois à aspirer à<br />

l’indépendance et à la satisfaction personnelle que peut offrir l’entrepreneuriat.<br />

2.4.4 Une prise <strong>de</strong> conscience récente et <strong>de</strong>s améliorations embryonnaires<br />

Actuellement, les filières professionnelles sont les seules à former réellement les jeunes à un<br />

métier. L’accès à ces filières est difficile car très cher et n’est donc possible que pour une<br />

faible part <strong>de</strong> la population. Par ailleurs, <strong>de</strong> nombreuses universités tant publiques que privées<br />

<strong>comme</strong>ncent à mettre en place <strong>de</strong>s services d’insertion professionnelle.<br />

60 « L’Approche par Compétences s’est avant tout construite sur le rejet <strong>de</strong> la pédagogie par objectifs (PPO) et <strong>au</strong>tour <strong>de</strong><br />

l’objectif <strong>de</strong> résolution du problème cuisant <strong>de</strong> l’échec scolaire. Elle s’affiche dans les textes officiels <strong>comme</strong> une métho<strong>de</strong><br />

articulant le processus d’enseignement-apprentissage <strong>au</strong>tour d’un noy<strong>au</strong> <strong>de</strong> compétences (<strong>de</strong> base pour certains,<br />

disciplinaires et transversales pour d’<strong>au</strong>tres) relatives à <strong>de</strong>s domaines géner<strong>au</strong>x <strong>de</strong> formation ». (AfD et al. 2009)<br />

92


Parallèlement, <strong>de</strong> nombreuses associations s’attèlent à la tâche <strong>de</strong> tenter d’éveiller un esprit<br />

entrepreneurial ou <strong>au</strong> moins une vision métier chez les jeunes. C’est notamment le cas du<br />

CDEL qui met en place <strong>de</strong>s clubs d’entrepreneuriat étudiant en partenariat avec Oxfam<br />

Québec. Le Ministère <strong>de</strong> la microfinance, <strong>de</strong> l’emploi <strong>de</strong>s jeunes et <strong>de</strong>s femmes a également<br />

mis en place un programme 3P (projets professionnels personnels) qui vise à sensibiliser les<br />

jeunes <strong>au</strong>x difficultés du marché <strong>de</strong> l’emploi. Une <strong>au</strong>tre initiative est celle du « samedi <strong>de</strong><br />

l’emploi » organisé par l’ANPE qui a pour but <strong>de</strong> mener les jeunes à raisonner métier et non<br />

diplôme. Des fonds ont été alloués à ces structures pour pallier <strong>au</strong> manque <strong>de</strong> profils<br />

entrepreneuri<strong>au</strong>x parmi les jeunes <strong>Bénin</strong>ois en leur offrant <strong>de</strong>s formations en entrepreneuriat<br />

afin qu’ils acquièrent les compétences nécessaires à la gestion d’une entreprise, apprennent à<br />

réaliser un plan d’affaires et un plan financier et qu’ils comprennent qu’ils sont maîtres <strong>de</strong><br />

leur <strong>de</strong>stin. Des journées <strong>de</strong> sensibilisation <strong>de</strong>s jeunes à l’esprit d’entreprise sont organisées<br />

dans un cadre extra-scolaire et pourraient être envisagées dans les années à venir en milieu<br />

scolaire. Entre 2006 et 2011, 1097 jeunes ont été formés à l’entrepreneuriat, 59 à<br />

l’entrepreneuriat agricole à Songhaï et 192 à l’artisanat (Feliho & Sacramento, 2011). De<br />

plus, le Ministère <strong>de</strong> la Jeunesse, <strong>de</strong>s Sports et <strong>de</strong>s Loisirs a mis en place un programme <strong>de</strong><br />

formation <strong>de</strong>s jeunes à l’entrepreneuriat et un Fonds d’Insertion <strong>de</strong>s Jeunes (FIJ) dans le but<br />

<strong>de</strong> former les jeunes à l’insertion professionnelle, à la création d’entreprise, et <strong>de</strong><br />

subventionner leurs projets.<br />

2.5 Transferts <strong>de</strong> R&D<br />

Cette condition décrit « le nive<strong>au</strong> <strong>au</strong>quel les transferts <strong>de</strong> R&D mènent à <strong>de</strong> nouvelles<br />

opportunités <strong>comme</strong>rciales et si les transferts <strong>de</strong> R&D sont disponibles pour les petites firmes<br />

et celles en croissance ». (GEM)<br />

2.5.1 Statistiques et interprétations<br />

Les problèmes et avancées liés <strong>au</strong>x transferts <strong>de</strong> recherche et développement n’ont pas été<br />

jugés <strong>comme</strong> primordi<strong>au</strong>x par les répondants du NES. Ceci ne veut pas dire que résoudre ces<br />

problèmes est sans importance, mais seulement que d’<strong>au</strong>tres problèmes sont considérés<br />

<strong>comme</strong> étant plus urgents.<br />

Table<strong>au</strong> 6 : Proportion <strong>de</strong>s interviewés ayant cité les transferts <strong>de</strong> R&D parmi les barrières, moteurs et<br />

recommandations principales<br />

Barrière 0%<br />

<strong>Moteur</strong> 0%<br />

Recommandation 0%<br />

La perception que les interviewés ont <strong>de</strong>s transferts <strong>de</strong> R&D a été analysée selon divers<br />

aspects qui sont la fréquence <strong>de</strong>s transferts <strong>de</strong> R&D du privé <strong>au</strong> public, l’intérêt <strong>de</strong>s<br />

93


consommateurs pour l’innovation et la confiance accordée <strong>au</strong> respect <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> propriétés<br />

intellectuelle.<br />

2.5.2 La fréquence <strong>de</strong>s transferts <strong>de</strong> R&D<br />

Graphique 7 : Rôle actuel joué par les transferts <strong>de</strong> R&D selon les interviewés<br />

Abscisse :<br />

5<br />

1. Les nouvelles technologies, la science et les <strong>au</strong>tres<br />

4,5<br />

formes <strong>de</strong> connaissance sont transférées <strong>de</strong> manière<br />

efficace <strong>de</strong>s universités et centres <strong>de</strong> recherche publics<br />

4<br />

<strong>au</strong>x entreprises nouvelles et en croissance<br />

3,5<br />

2. Les entreprises nouvelles et en croissance ont <strong>au</strong>tant<br />

3<br />

accès <strong>au</strong>x nouvelles recherches et technologies que les<br />

entreprises déjà établies.<br />

2,5<br />

3. Les entreprises nouvelles et en croissance peuvent se<br />

2<br />

permettre d’intégrer les nouvelles technologies.<br />

1,5<br />

4. Il existe suffisament <strong>de</strong> subsi<strong>de</strong>s du gouvernement<br />

pour ai<strong>de</strong>r les nouvelles entreprises et celles en<br />

1<br />

croissance à acquérir les nouvelles technologies.<br />

0,5<br />

0<br />

1 2 3 4 5 6<br />

5.<br />

6.<br />

La science et la technologie supportent efficacement la<br />

création <strong>de</strong> nouvelles entreprises innovantes basées sur<br />

les nouvelles technologies dans <strong>au</strong> moins un domaine.<br />

Les scientifiques et ingénieurs sont supportés pour que<br />

Ordonnée : 1= Totalement f<strong>au</strong>x, 3= leurs idées soient <strong>comme</strong>rcialisées par <strong>de</strong> nouvelles<br />

ni vrai, ni f<strong>au</strong>x, 5= Totalement vrai<br />

entreprises et <strong>de</strong>s entreprises en croissance.<br />

Premièrement, selon les répondants, <strong>au</strong>cun canal <strong>de</strong> transmission <strong>de</strong>s connaissances du mon<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> la recherche <strong>au</strong> secteur privé n’est défini. Il est donc utile et nécessaire <strong>de</strong> renforcer les<br />

liens entre le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> la recherche et le secteur privé. Les informations sont accessibles, par<br />

exemple dans les bibliothèques universitaires, mais c’est l’entreprise qui doit prendre<br />

l’initiative <strong>de</strong> la chercher car <strong>au</strong>cun organe <strong>de</strong> facilitation n’existe.<br />

Par ailleurs, le manque <strong>de</strong> coopération entre le secteur privé et la recherche n’est pas<br />

considéré par les répondants <strong>comme</strong> étant spécifique <strong>au</strong>x nouvelles entreprises mais plutôt<br />

<strong>comme</strong> étant un problème général. Les nouvelles entreprises ne sont donc pas défavorisées<br />

par rapport <strong>au</strong>x entreprises établies et elles pourraient selon les répondants se permettre<br />

d’intégrer les nouvelles technologies. Cependant, pour intégrer les nouvelles technologies, les<br />

entreprises ont besoin <strong>de</strong> fonds et il n’existe pas suffisamment <strong>de</strong> subventions<br />

gouvernementales dans ce domaine. Le seul effort reconnu du gouvernement est en fait<br />

l’absence <strong>de</strong> taxation sur le matériel informatique.<br />

Un <strong>au</strong>tre constat est que les nouvelles technologies et les résultats <strong>de</strong> la recherche<br />

n’aboutissent souvent à rien en pratique, car les scientifiques et ingénieurs ne sont pas<br />

supportés pour que leurs idées soient <strong>comme</strong>rcialisées. La recherche doit être promue et<br />

valorisée afin qu’elle <strong>de</strong>vienne plus attractive et qu’elle débouche sur <strong>de</strong>s avancées dont<br />

l’économie dans son ensemble pourrait bénéficier. Il serait également utile <strong>de</strong> faire plus <strong>de</strong><br />

94


echerche et développement dans la direction <strong>de</strong>s axes <strong>de</strong> développement du <strong>Bénin</strong> pour que<br />

la recherche soit utile <strong>au</strong> développement du pays. Les résultats <strong>de</strong> ces recherches <strong>de</strong>vraient<br />

ensuite être transférés vers les entreprises qui pourraient les exploiter.<br />

Des structures ont été créées pour tenter d’améliorer la situation. Il existe <strong>au</strong> sein du ministère<br />

<strong>de</strong> l’enseignement supérieur et <strong>de</strong> la recherche scientifique une Direction Générale <strong>de</strong> la<br />

Stratégie et du développement Scientifique et Technique (DSDST) qui a notamment pour but<br />

<strong>de</strong> concevoir une politique <strong>de</strong> valorisation <strong>de</strong>s résultats <strong>de</strong> la recherche en « favorisant la mise<br />

en place d’incubateurs et <strong>de</strong> structures d’interface et la création d’entreprises innovantes ». De<br />

plus, on observe actuellement que <strong>de</strong>s “concours <strong>de</strong> créativité” sont organisés pour tenter <strong>de</strong><br />

lancer une dynamique <strong>de</strong> création d’entreprise <strong>au</strong>tour <strong>de</strong>s résultats <strong>de</strong> la recherche. Des<br />

programmes <strong>de</strong> subventions sont également <strong>de</strong> plus en plus mis en place, <strong>comme</strong> la<br />

subvention ROCARE pour la recherche dans le domaine <strong>de</strong> l’éducation. Ces efforts sont très<br />

positifs et <strong>de</strong>vraient être intensifiés.<br />

2.5.3 L’intérêt <strong>de</strong>s consommateurs pour l’innovation<br />

Selon les répondants, tant les entreprises que les consommateurs sont généralement<br />

relativement intéressés par la nouve<strong>au</strong>té et l’innovation. Ceci ouvre donc <strong>de</strong>s opportunités<br />

pour les nouvelles entreprises qui peuvent facilement attirer <strong>de</strong> nouve<strong>au</strong>x consommateurs et<br />

les séduire si le produit est innovant.<br />

Graphique 8 : Intérêt porté à l’innovation selon les interviewés<br />

5<br />

4<br />

3<br />

2<br />

1<br />

0<br />

1 2 3 4 5 6<br />

Ordonnée : 1= Totalement f<strong>au</strong>x, 3=<br />

ni vrai, ni f<strong>au</strong>x, 5= Totalement vrai<br />

Le problème est le manque d’informations entrepreneuriales. disponibles sur les besoins <strong>de</strong>s populations, ce qui<br />

empêche les entrepreneurs <strong>de</strong> saisir les multiples opportunités existantes. De plus, l’intérêt<br />

pour l’innovation est limité par <strong>de</strong>s contraintes budgétaires, les consommateurs béninois<br />

attribuant davantage d’importance <strong>au</strong> prix d’un produit qu’à ses caractéristiques innovantes<br />

selon <strong>de</strong> nombreux répondants.<br />

Abscisse :<br />

1. Les entreprises aiment expérimenter avec <strong>de</strong> nouvelles<br />

technologies et <strong>de</strong> nouve<strong>au</strong>x moyens <strong>de</strong> faire les choses.<br />

2. Les consommateurs aiment essayer <strong>de</strong> nouve<strong>au</strong>x produits et<br />

services.<br />

3. Les entreprises attribuent be<strong>au</strong>coup <strong>de</strong> valeur à l’innovation.<br />

4. Les consommateurs attribuent be<strong>au</strong>coup <strong>de</strong> valeur à<br />

l’innovation.<br />

5. Les entreprises établies sont ouvertes à l’utilisation<br />

d’entreprises nouvelles, entrepreneuriales <strong>comme</strong><br />

fournisseurs.<br />

6. Les consommateurs sont ouverts à l’option d’acheter <strong>de</strong>s<br />

produits et services provenant d’entreprises nouvelles et<br />

95


2.5.4 La confiance vis-à-vis du respect <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> propriété intellectuelle<br />

Graphique 9 : Rôle actuel joué par les droits <strong>de</strong> propriété intellectuelle selon les interviewés<br />

5<br />

4<br />

3<br />

2<br />

1<br />

0<br />

Une <strong>au</strong>tre barrière à l’innovation est celle <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> propriétés intellectuelle. Les<br />

répondants ont pour la plupart admis que la réglementation sur les droits <strong>de</strong> propriété<br />

intellectuelle existe. Cependant, <strong>comme</strong> pour be<strong>au</strong>coup d’<strong>au</strong>tres réglementations <strong>au</strong> <strong>Bénin</strong>,<br />

c’est son application qui est plus problématique. En effet, le manque d’information, les t<strong>au</strong>x<br />

élevés d’analphabétisme <strong>de</strong>s populations et le manque <strong>de</strong> confiance dans les organes visant à<br />

protéger les droits d’<strong>au</strong>teurs, brevets et marques mènent <strong>de</strong> nombreux inventeurs ou artistes à<br />

ne pas s’enregistrer <strong>au</strong> Bure<strong>au</strong> <strong>Bénin</strong>ois <strong>de</strong>s Droits d’Auteurs (BUBEDRA) ou <strong>au</strong> Centre<br />

National pour la Propriété Industrielle (CENAPI). De plus, la présence frontalière du Nigeria,<br />

« temple <strong>de</strong> la contrefaçon », ne permet pas <strong>au</strong>x artistes, chercheurs et <strong>comme</strong>rçants béninois<br />

d’avoir confiance en le respect <strong>de</strong> leurs droits.<br />

C’est en réponse à cette situation que le Centre <strong>Bénin</strong>ois <strong>de</strong> Recherche Scientifique et<br />

technique a récemment organisé <strong>de</strong>s formations <strong>de</strong> sensibilisation à l’importance et à la<br />

gestion <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> propriété intellectuelle.<br />

2.6 Infrastructures <strong>comme</strong>rciales et <strong>de</strong> services<br />

Cette condition comprend « les droits <strong>de</strong> propriétés, les services <strong>comme</strong>rci<strong>au</strong>x, comptables et<br />

lég<strong>au</strong>x et le support <strong>de</strong>s institutions promouvant les PMEs » (GEM).<br />

2.6.1 Statistiques et interprétations<br />

Les répondants n’ont pour la plupart pas mentionné les infrastructures <strong>comme</strong>rciales et <strong>de</strong><br />

service <strong>comme</strong> étant <strong>de</strong>s barrières ou moteurs princip<strong>au</strong>x ni <strong>comme</strong> recommandations<br />

principales.<br />

1 2 3 4 5<br />

Ordonnée : 1= Totalement f<strong>au</strong>x, 3= ni vrai, ni<br />

f<strong>au</strong>x, 5= Totalement vrai<br />

Abscisse :<br />

1. La législation sur les droits <strong>de</strong> propriété<br />

intellectuelle est complète et détaillée<br />

2. La legislation sur les droits <strong>de</strong> propriété<br />

intellectuelle est appliqué <strong>de</strong> manière efficace.<br />

3. La vente ilégale <strong>de</strong> logiciels, CDs, vidéos et<br />

d’<strong>au</strong>tres produits <strong>de</strong> marque ou ayant <strong>de</strong>s droits<br />

d’<strong>au</strong>teurs n’est pas considérablement élevée.<br />

4. Les entreprises nouvelles et en croissance peuvent<br />

avoir confiance en le fait que leurs brevets, droits<br />

d’<strong>au</strong>teurs, marques vont être respectés.<br />

5. On reconnait largement que les droits <strong>de</strong> l’inventeur<br />

sur son invention doivent être respectés.<br />

96


Table<strong>au</strong> 7 : Proportion <strong>de</strong>s interviewés ayant cité les infrastructures <strong>comme</strong>rciales et <strong>de</strong> services parmi les<br />

barrières, moteurs et recommandations principales<br />

Barrière 0%<br />

<strong>Moteur</strong> 0%<br />

Recommandation 6,25%<br />

La perception que les interviewés ont <strong>de</strong> l’existence d’infrastructures <strong>comme</strong>rciales et <strong>de</strong><br />

services a été étudiée selon différents aspects qui sont principalement la présence,<br />

l’accessibilité et la qualité <strong>de</strong>s fournisseurs, consultants, services lég<strong>au</strong>x, comptables et<br />

banquiers.<br />

Comme on peut le voir dans le graphique ci-<strong>de</strong>ssous, <strong>de</strong> manière générale, les infrastructures<br />

<strong>comme</strong>rciales et <strong>de</strong> service existant <strong>au</strong> <strong>Bénin</strong> semblent relativement satisfaisantes selon les<br />

répondants. Ce qui empêche <strong>de</strong> nombreuses PME d’obtenir ces services est leur coût <strong>au</strong>quel<br />

ces entreprises à faibles moyens ont du mal à faire face. Cependant, <strong>de</strong> nombreuses initiatives<br />

<strong>de</strong> support <strong>comme</strong> par exemple le PAPME, le CePEPE, le CDEL et bien d’<strong>au</strong>tres offrent <strong>de</strong>s<br />

services <strong>de</strong> support <strong>au</strong>x entreprises gratuitement ou à faible coût. Comme ce fut développé<br />

plus tôt, si les informations quant à ces structures étaient rendues plus facilement accessibles,<br />

les PME pourraient plus facilement en bénéficier.<br />

Graphique 10 : Perception <strong>de</strong>s infrastructures <strong>comme</strong>rciales <strong>comme</strong> support à l’initiative privée selon les<br />

interviewés<br />

5<br />

4,5<br />

4<br />

3,5<br />

3<br />

2,5<br />

2<br />

1,5<br />

1<br />

0,5<br />

0<br />

1 2 3 4 5<br />

Ordonnée : 1= Totalement f<strong>au</strong>x, 3=<br />

ni vrai, ni f<strong>au</strong>x, 5= Totalement vrai<br />

2.7 Ouverture du marché<br />

Cette condition comprend « les dynamiques <strong>de</strong> marchés qui évaluent l’évolution du marché<br />

d’année en année et l’ouverture du marché qui évalue la liberté <strong>de</strong>s nouvelles firmes d’entrer<br />

sur <strong>de</strong>s marchés existants » (GEM).<br />

Abscisse :<br />

1. Il y a suffisamment <strong>de</strong> sous-traitants, fournisseurs et<br />

consultants pour assister les nouvelles entreprises et celles<br />

en croissance.<br />

2. Les nouvelles entreprises et celles en croissance peuvent<br />

se permettre financièrement d’utiliser <strong>de</strong>s sous-traitants,<br />

fournisseurs et consultants.<br />

3. Il est facile pour les nouvelles entreprises et celles en<br />

croissance <strong>de</strong> faire appel à <strong>de</strong> bons sous-traitants,<br />

fournisseurs et consultants.<br />

4. Il est facile pour les nouvelles entreprises et celles en<br />

croissance <strong>de</strong> faire appel à <strong>de</strong> bons services lég<strong>au</strong>x et<br />

comptables professionnels<br />

5. Il est facile pour les nouvelles entreprises et celles en<br />

croissance <strong>de</strong> faire appel à <strong>de</strong> bons services banquiers<br />

(vérification <strong>de</strong>s comptes, échanges <strong>de</strong> <strong>de</strong>vises, lettres <strong>de</strong><br />

crédit, etc.)<br />

97


2.7.1 Statistiques et interprétations<br />

L’ouverture du marché n’est <strong>de</strong> manière générale pas ressortie <strong>comme</strong> étant l’une <strong>de</strong>s<br />

principales barrières, ni l’un <strong>de</strong>s princip<strong>au</strong>x moteurs, ni encore l’un <strong>de</strong>s princip<strong>au</strong>x domaines<br />

sur lesquels se concentrer pour améliorer la situation.<br />

Table<strong>au</strong> 8 : Proportion <strong>de</strong>s interviewés ayant cité l’ouverture du marché parmi les barrières, moteurs et<br />

recommandations principales<br />

Barrière 6,25%<br />

<strong>Moteur</strong> 6,25%<br />

Recommandation 0%<br />

À nouve<strong>au</strong>, la perception que les interviewés ont <strong>de</strong> l’ouverture du marché a été évaluée sur<br />

base d’une analyse <strong>de</strong>s opportunités <strong>de</strong> création d’entreprise, <strong>de</strong> la faciliter à entrer dans <strong>de</strong><br />

nouve<strong>au</strong>x marchés et <strong>de</strong> l’évolution <strong>de</strong>s marchés <strong>au</strong> cours du temps.<br />

2.7.2 Les opportunités <strong>de</strong> création d’entreprise<br />

Graphique 11 : évaluation <strong>de</strong>s opportunités <strong>de</strong> création d’entreprise selon les interviewés<br />

5<br />

4<br />

3<br />

2<br />

1<br />

0<br />

1 2 3 4 5<br />

Ordonnée : 1= Totalement f<strong>au</strong>x, 3= ni<br />

vrai, ni f<strong>au</strong>x, 5= Totalement vrai<br />

Abscisse :<br />

1. Il y a <strong>de</strong> nombreuses bonnes opportunités pour la<br />

création <strong>de</strong> nouvelles entreprises.<br />

2. Il y a plus <strong>de</strong> bonnes opportunités pour la création<br />

<strong>de</strong> nouvelles enterprises qu’il y a <strong>de</strong> personnes<br />

capables <strong>de</strong> prendre avantage <strong>de</strong> ces opportunités.<br />

3. Les bonnes opportunités pour les nouvelles<br />

enterprises ont considérablement <strong>au</strong>gmenté <strong>au</strong><br />

cours <strong>de</strong> ces 5 <strong>de</strong>rnières années.<br />

4. Les individus peuvent facilement poursuivre <strong>de</strong>s<br />

opportunités entrepreneuriales.<br />

5. Il y a <strong>de</strong> nombreuses bonnes opportunités <strong>de</strong> créer<br />

<strong>de</strong>s entreprises à croissance réellement élevée.<br />

Selon les répondants, les opportunités <strong>de</strong> création d’entreprise sont nombreuses et variées.<br />

L’intérêt <strong>de</strong> vivre dans un pays en voie <strong>de</strong> développement est que be<strong>au</strong>coup reste encore à<br />

faire. De plus, la position géographique favorable du <strong>Bénin</strong> accroît encore davantage le<br />

nombre d’opportunités. La proximité du Nigéria, pays riche, peuplé et extrêmement<br />

importateur est une situation dont le <strong>Bénin</strong> peut tirer avantage. L’inst<strong>au</strong>ration d’un cadre plus<br />

propice à l’initiative privée permettra à <strong>de</strong> nombreux acteurs <strong>de</strong> saisir les multiples<br />

opportunités existantes. On assisterait donc à l’apparition d’une multitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> petites et<br />

moyennes entreprises qui <strong>de</strong>vront s’efforcer d’être compétitives en offrant <strong>de</strong>s biens et<br />

services diversifiés, <strong>de</strong> qualité, et en s’adaptant <strong>au</strong>x nouvelles opportunités.<br />

98


« En effet, les PME/PMI sont reconnues <strong>de</strong> par le mon<strong>de</strong> <strong>comme</strong> les entreprises susceptibles<br />

d'assurer le décollage et <strong>de</strong> propulser l'économie <strong>au</strong> rang <strong>de</strong>s économies compétitives et il<br />

existe sur le marché béninois <strong>de</strong> nombreuses opportunités non encore exploitées qui pourront<br />

permettre <strong>au</strong>x PME/PMI <strong>de</strong> se développer » (Ministère <strong>de</strong> la prospective, du développement,<br />

<strong>de</strong> l’évaluation <strong>de</strong>s politiques publiques et <strong>de</strong> la coordination <strong>de</strong> l’action gouvernementale,<br />

2000, p.220).<br />

Un <strong>de</strong>s problèmes <strong>au</strong> <strong>Bénin</strong>, c’est que, bien que le pays regorge <strong>de</strong> ressources, celles-ci ne<br />

sont pas valorisées. Les <strong>Bénin</strong>ois <strong>de</strong>vraient croire davantage en leurs propres produits et<br />

ressources et moins en celles <strong>de</strong> l’extérieur. Ils n’attribuent pas assez <strong>de</strong> valeur <strong>au</strong>x produits<br />

loc<strong>au</strong>x qui pourraient être valorisés. En effet, « Rien ne se perd, tout se transforme » 61 . Il f<strong>au</strong>t<br />

promouvoir les produits loc<strong>au</strong>x <strong>au</strong> <strong>Bénin</strong> et promouvoir l’export <strong>de</strong> produits transformés pour<br />

offrir <strong>de</strong> nouvelles voies d’écoulement <strong>au</strong>x producteurs loc<strong>au</strong>x. Pour cela, <strong>comme</strong> cela fut<br />

développé précé<strong>de</strong>mment, il est important <strong>de</strong> fournir <strong>au</strong>x jeunes les informations sur les<br />

besoins du marché et sur les opportunités encore non exploitées afin qu’ils puissent les saisir.<br />

2.7.3 La facilité à entrer dans <strong>de</strong> nouve<strong>au</strong>x marchés et l’évolution <strong>de</strong>s marchés<br />

Graphique 12 : évaluation <strong>de</strong> l’ouverture du marché selon les interviewés<br />

5<br />

4<br />

3<br />

2<br />

1<br />

0<br />

1 2 3 4 5 6<br />

Ordonnée : 1= Totalement f<strong>au</strong>x, 3= ni vrai,<br />

ni f<strong>au</strong>x, 5= Totalement vrai<br />

Abscisse :<br />

1. Le marché <strong>de</strong>s biens <strong>de</strong> consommation et <strong>de</strong>s<br />

services change fortement d’année en année.<br />

2. Le marché <strong>de</strong>s biens et services entre entreprises<br />

change fortement d’année en année.<br />

3. Les nouvelles entreprises et celles en croissance<br />

peuvent facilement entrer <strong>de</strong> nouve<strong>au</strong>x marchés.<br />

4. Les nouvelles entreprises et celles en croissance<br />

peuvent supporter le coût d’entrée dans un marché.<br />

5. Les nouvelles entreprises et celles en croissance<br />

peuvent entrer <strong>de</strong>s marchés sans en être<br />

déloyalement empêchées par les entreprises<br />

établies.<br />

6. Les législations anti-monopoles sont efficaces et<br />

bien appliquées.<br />

Selon l’Article 13 du Co<strong>de</strong> <strong>de</strong>s investissements, « dans le but <strong>de</strong> faire jouer la libre<br />

concurrence, il est garanti que les entreprises publiques, privées, <strong>de</strong> nationalité béninoise ou<br />

étrangère bénéficient <strong>au</strong> titre du présent Co<strong>de</strong> <strong>de</strong>s mêmes droits et sont également soumises<br />

<strong>au</strong>x mêmes obligations ». 62<br />

61 Devise <strong>de</strong> l’ONG Songhaï<br />

62 Sur le site <strong>de</strong> l’ambassa<strong>de</strong> du <strong>Bénin</strong>, consulté le 26 avril 2012.<br />

http://www.ambassa<strong>de</strong>-benin.<strong>de</strong>/fr/investir-<strong>au</strong>-benin/<strong>comme</strong>nt-investir-<strong>au</strong>-benin/cadre-juridique.html<br />

99


Néanmoins, une caractéristique <strong>de</strong> l’économie béninoise est qu’un entrepreneur peut<br />

facilement se voir mettre <strong>de</strong>s bâtons dans les roues, ce qui ralentit l’évolution <strong>de</strong>s marchés.<br />

D’une part, en raison <strong>de</strong> la corruption importante régnant <strong>au</strong> sein <strong>de</strong> l’économie béninoise, si<br />

une entreprise établie veut empêcher une nouvelle entreprise <strong>de</strong> lui faire concurrence et<br />

qu’elle a <strong>de</strong>s contacts h<strong>au</strong>ts placés, elle peut facilement empêcher cette nouvelle entreprise <strong>de</strong><br />

réussir. La corruption s’observe même <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong>de</strong>s contrats <strong>de</strong> l’État. En effet, étant donné<br />

que la plupart <strong>de</strong>s gros contrats <strong>de</strong> l’Etat sont <strong>de</strong>s contrats nation<strong>au</strong>x qui doivent respecter<br />

certaines règles s’ils dépassent un certain montant <strong>comme</strong> par exemple l’obligation <strong>de</strong> faire<br />

un appel d’offre public, une libre concurrence <strong>de</strong>vrait être inst<strong>au</strong>rée. Cependant, il f<strong>au</strong>drait<br />

que les marchés publics soient offerts <strong>de</strong> manière plus transparente, car, dans les faits, la<br />

corruption existe et chacun n’a pas les mêmes chances d’obtenir le contrat. De plus, le co<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>s marchés publics exige souvent que les entreprises postulant pour ces marchés aient <strong>au</strong><br />

moins 3 ans d’ancienneté, ce qui bloque une partie <strong>de</strong>s PME et les empêche <strong>de</strong> se développer<br />

en obtenant <strong>de</strong> nouve<strong>au</strong>x marchés (ANPME, 2011). Notons également que tous les marchés<br />

ne sont pas accessibles <strong>de</strong> manière égale. En effet, <strong>de</strong>s taxes spécifiques s’appliquent à<br />

certains secteurs et y ren<strong>de</strong>nt donc l’accès plus difficile.<br />

D’<strong>au</strong>tre part, la présence importante <strong>de</strong> produits importés à moindre coût fait concurrence <strong>au</strong>x<br />

produits nation<strong>au</strong>x à tel point qu’on peut considérer cette concurrence <strong>comme</strong> déloyale. En<br />

effet, la présence du port <strong>de</strong> Cotonou et l’importance <strong>de</strong>s volumes <strong>de</strong> produits importés fait<br />

concurrence <strong>au</strong>x produits nation<strong>au</strong>x ce qui empêche le développement d’une réelle industrie<br />

<strong>de</strong> transformation nationale. Étant donné l’état embryonnaire <strong>de</strong> l’industrie béninoise, il est<br />

difficile pour les PME nationales <strong>de</strong> faire face à la concurrence <strong>de</strong> l’extérieur. De ce fait,<br />

l’économie béninoise est actuellement une économie basée principalement sur l’import-<br />

export. La majorité <strong>de</strong>s biens consommés sont importés <strong>de</strong> pays où ils sont produits à moindre<br />

coûts. Par exemple, selon les données <strong>de</strong>s entreprises enregistrées à la Chambre <strong>de</strong><br />

Commerce, 1649 <strong>de</strong>s 4227 63 entreprises enregistrées à Cotonou sont <strong>de</strong>s entreprises<br />

d’importation, soit 38% d’entre elles. De plus, si on ajoute à cela les entreprises d’ «achat et<br />

vente », on obtient 66% <strong>de</strong>s entreprises présentes à Cotonou. Par contre, les entreprises <strong>de</strong><br />

fabrication ne représentent que 0,3% <strong>de</strong>s entreprises et, si on leur ajoute les entreprises <strong>de</strong><br />

transformation, on arrive à 0,5% <strong>de</strong>s entreprises <strong>de</strong> Cotonou, soit une part infime <strong>de</strong> celles-ci.<br />

Selon les interviewés, <strong>de</strong>s conditions fiscales favorables <strong>de</strong>vraient être inst<strong>au</strong>rées pour<br />

favoriser les secteurs porteurs i<strong>de</strong>ntifiés par le gouvernement, c’est-à-dire les transports, le<br />

coton, l’agro-industrie, l’artisanat et les BTP. On pourrait mettre en place une taxation<br />

alourdie <strong>de</strong> certains produits importés pour qu’ils ne concurrencent pas déloyalement les<br />

produits nation<strong>au</strong>x. Cela permettrait <strong>de</strong> favoriser les entreprises nationales et en même temps<br />

d’<strong>au</strong>gmenter les recettes fiscales <strong>de</strong> l’Etat. De plus, les populations doivent être sensibilisées à<br />

63 http://www.ccibenin.org/in<strong>de</strong>x.php?option=com_docman&task=cat_view&gid=29&Itemid=138<br />

100


la consommation <strong>de</strong> produits béninois et non importés. Pour rendre cela possible, <strong>de</strong>s<br />

programmes d’ai<strong>de</strong> <strong>au</strong>x entreprises nationales <strong>de</strong>vraient être mis en place pour qu’elles<br />

arrivent à répondre <strong>au</strong>x normes <strong>de</strong> qualité et l’Etat <strong>de</strong>vrait mettre en place <strong>de</strong>s initiatives <strong>de</strong><br />

support <strong>au</strong>x produits loc<strong>au</strong>x.<br />

À l’ONG Songhaï, on dirait « Gardons notre i<strong>de</strong>ntité : valorisons nos ressources locales et<br />

intégrons les apports extérieurs par une absorption sélective » ou encore « Utilisons ce que<br />

nous avons pour produire ce que nous voulons ! » 64<br />

2.8 Infrastructures physiques<br />

Cette condition évalue « l’accessibilité et la qualité <strong>de</strong>s ressources physiques pour les<br />

nouvelles firmes et celles en croissance. Cela comprend la facilité d’accès <strong>au</strong>x ressources<br />

(communication, services <strong>de</strong> base, transports, terre) à un prix non discriminant pour les<br />

PME » (GEM).<br />

2.8.1 Statistiques et interprétations<br />

Les infrastructures physiques ont été citées <strong>comme</strong> moteur par 18,75% <strong>de</strong>s répondants qui ont<br />

souligné les efforts réalisés par l’État <strong>au</strong> cours <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rnières années, notamment <strong>au</strong> nive<strong>au</strong><br />

<strong>de</strong>s infrastructures routières. Bien que la situation soit encore loin d’être parfaite, ces mesures<br />

ont permis <strong>au</strong>x infrastructures <strong>de</strong> ne plus être une barrière <strong>de</strong> taille à l’initiative privée.<br />

D’ailleurs, <strong>au</strong>cun <strong>de</strong>s répondants n’a cité les infrastructures parmi les 3 barrières principales et<br />

seulement 6,25% d’entre eux les ont citées parmi leurs recommandations principales.<br />

Table<strong>au</strong> 9 : Proportion <strong>de</strong>s interviewés ayant cité les infrastructures physiques parmi les barrières, moteurs<br />

et recommandations principales<br />

Barrière 0%<br />

<strong>Moteur</strong> 18,75%<br />

Recommandation 6,25%<br />

La perception que les interviewés ont <strong>de</strong>s infrastructures était également intéressante à<br />

analyser, c’est l’objet <strong>de</strong> l’analyse qui suit.<br />

Selon le rapport <strong>Bénin</strong> Alafia (2000), il est grand temps que les infrastructures socio-<br />

économiques, <strong>de</strong> transport et <strong>de</strong> communication nécessaires soient mises en place. Ceci<br />

permettrait à chaque région, sur base <strong>de</strong> sa dotation en ressources, <strong>de</strong> se spécialiser dans les<br />

secteurs dans lesquels elle pourrait développer un avantage compétitif. C’est également<br />

nécessaire <strong>au</strong> développement du secteur privé, pour lui permettre d’enfin jouer son rôle <strong>de</strong><br />

créateur d’emploi et d’investisseur, rôle qu’il ne remplit pas à ce jour selon 69% <strong>de</strong>s<br />

personnes interviewées. Les répondants du NES ont, quant à eux, souligné les efforts qui ont<br />

64 Phrases extraites <strong>de</strong> la documentatation reçue dans l’ONG Songhaï<br />

101


été faits, mais également ceux qu’il reste à faire dans différents domaines liés <strong>au</strong>x<br />

infrastructures physiques <strong>au</strong> <strong>Bénin</strong>.<br />

Graphique 13 : Perception <strong>de</strong>s infrastructures physiques <strong>comme</strong> support à l’initiative privée selon les<br />

interviewés<br />

5<br />

4<br />

3<br />

2<br />

1<br />

0<br />

1 2 3 4 5<br />

Ordonnée : 1= Totalement f<strong>au</strong>x, 3=<br />

ni vrai, ni f<strong>au</strong>x, 5= Totalement vrai<br />

Les infrastructures routières, fortement améliorées dans les zones urbaines, ne <strong>de</strong>sservent pas<br />

encore suffisamment les zones rurales. En effet, le rése<strong>au</strong> routier s’est considérablement<br />

amélioré ces <strong>de</strong>rnières années. Si, en 2000 il y avait seulement 1 406 km <strong>de</strong> routes bitumées,<br />

il y en a 1 821,5 km en 2005 (CPI, p.23). Le transport ferroviaire quant à lui, est toujours<br />

non compétitif, vétuste et limité par la seule voie Cotonou-Parakou. Des efforts importants<br />

doivent donc encore être faits pour améliorer la situation dans ce secteur. Le transport aérien<br />

reste également un problème et un nouvel aéroport international doit être construit. En ce qui<br />

concerne le port <strong>de</strong> Cotonou, la situation s’améliore actuellement avec notamment<br />

l’informatisation <strong>de</strong>s activités <strong>de</strong> la chaîne portuaire, la mise en œuvre d’un guichet unique<br />

pour accélérer les procédures d’enlèvement <strong>de</strong>s marchandises et d’<strong>au</strong>tres réformes mises en<br />

œuvre avec l’ai<strong>de</strong> du MCA.<br />

Abscisse :<br />

1. Les infrastructures physiques (routes, services, dépôt <strong>de</strong>s<br />

déchets, communications) fournissent un bon support <strong>au</strong>x<br />

nouvelles entreprises et à celles en pleine croissance.<br />

2. Il n’est pas trop cher pour une nouvelle entreprise ou une<br />

entreprise en croissance d’avoir un bon accès <strong>au</strong>x moyens<br />

<strong>de</strong> communication (téléphone, internet, ect.)<br />

3. Une nouvelle entreprise ou une entreprise en croissance<br />

peut obtenir un bon accès <strong>au</strong>x moyens <strong>de</strong> communication<br />

(téléphone, internet, etc.) en environ une semaine.<br />

4. Une nouvelle entreprise ou une entreprise en croissance<br />

peut se permettre <strong>de</strong> payer le prix pour obtenir les services<br />

<strong>de</strong> base (gaz, e<strong>au</strong>, électricité, système d’égouts)<br />

5. Une nouvelle entreprise ou une entreprise en croissance<br />

peut obtenir un bon accès <strong>au</strong>x services <strong>de</strong> base (gaz, e<strong>au</strong>,<br />

électricité, système d’égouts) en environ un mois.<br />

Il en est <strong>de</strong> même pour les services <strong>de</strong> base <strong>comme</strong> l’accès <strong>au</strong> rése<strong>au</strong> électrique ou à l’e<strong>au</strong><br />

potable. Le rése<strong>au</strong> électrique béninois est encore un gros problème <strong>au</strong>quel il f<strong>au</strong>t faire face,<br />

car, dans son état actuel, il ne <strong>de</strong>ssert qu’une partie du territoire et souffre <strong>de</strong> coupures<br />

fréquentes. Selon l’ANPME, « l’électricité chère et instable est un obstacle important pour<br />

les PME » (ANPME, 2011, p.33). Le coût d’accès à l’électricité est élevé, car le <strong>Bénin</strong> dépend<br />

d’importations pour <strong>de</strong>sservir son rése<strong>au</strong> électrique. C’est la libéralisation future <strong>de</strong> ce secteur<br />

suite à la cession du monopole d’État actuel qui permettra sans doute à la situation <strong>de</strong><br />

s’améliorer. La libéralisation du secteur <strong>de</strong> l’électricité permettra également <strong>de</strong> limiter la<br />

corruption qui règne actuellement dans ce secteur et qui oblige les opérateurs économiques à<br />

payer <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> table pour avoir accès <strong>au</strong> rése<strong>au</strong> en moins d’un mois.<br />

102


Les Nouvelles Technologies <strong>de</strong> l’Information et <strong>de</strong> la Communication se sont, ces <strong>de</strong>rnières<br />

années, be<strong>au</strong>coup répandues. Le téléphone est le moyen <strong>de</strong> communication le plus facilement<br />

accessible, surtout sous sa forme portable. Ceci permet d’<strong>au</strong>gmenter la quantité d’information<br />

accessible <strong>au</strong>x entrepreneurs et la facilité d’obtention <strong>de</strong> l’information. L’enquête du MCA a<br />

évalué le matériel informatique et <strong>de</strong> télécommunications disponibles dans les MPME<br />

formelles. Les équipements les plus couramment utilisés sont le téléphone (63 %) et le micro-<br />

ordinateur et ses périphériques (33,1 %). La télécopie et la connexion Internet sont très peu<br />

utilisées (7,6 et 6,5 %). Notons que 31% <strong>de</strong>s MPME du secteur formel interviewées ne<br />

disposaient ni du téléphone, ni d’un ordinateur. Ce sont pour la plupart <strong>de</strong>s micro-entreprises<br />

(84%), sinon <strong>de</strong>s petites entreprises (MCA, 2007).<br />

Les répondants du NES ont cité la décentralisation parmi les principales réformes nécessaires<br />

dans le domaine <strong>de</strong>s infrastructures. Des rése<strong>au</strong>x ferroviaires, routiers et électriques sur toute<br />

l’étendue du territoire sont nécessaires <strong>au</strong> développement d’une industrie nationale en<br />

substitution à l’importation.<br />

2.9 Normes culturelles et sociales<br />

Cette condition examine « à quel point les normes culturelles et sociales encouragent <strong>de</strong>s<br />

actions menant à <strong>de</strong> nouvelles métho<strong>de</strong>s ou activités qui peuvent potentiellement accroître les<br />

revenus » (GEM).<br />

2.9.1 Statistiques et interprétations<br />

Le problème culturel est un problème qui est revenu fréquemment lors <strong>de</strong>s différentes<br />

interviews et qui a été i<strong>de</strong>ntifié <strong>comme</strong> l’une <strong>de</strong>s barrières principales à l’initiative privée par<br />

62,5% <strong>de</strong>s répondants. 6,25% d’entre eux ont cité la culture <strong>comme</strong> moteur <strong>de</strong> l’initiative<br />

privée et enfin 25% d’entre eux ont cité les changements culturels <strong>comme</strong> recommandations<br />

principales pour favoriser l’initiative privée.<br />

Table<strong>au</strong> 10 : Proportion <strong>de</strong>s interviewés ayant cité les normes culturelles et sociales parmi les barrières,<br />

moteurs et recommandations principales<br />

Barrière 62,5%<br />

<strong>Moteur</strong> 6,25%<br />

Recommandation 25%<br />

La perception <strong>de</strong>s normes culturelles a également été analysée sous divers aspects dont les<br />

résultats sont exposés ci-<strong>de</strong>ssous.<br />

103


2.9.2 L’impact <strong>de</strong> la culture béninoise sur l’initiative privée<br />

Graphique 14 : Rôle actuel <strong>de</strong>s normes culturelles et sociales dans le cadre <strong>de</strong> l’initiative privée<br />

5<br />

4<br />

3<br />

2<br />

1<br />

0<br />

1 2 3 4 5<br />

Ordonnée : 1= Totalement f<strong>au</strong>x, 3=<br />

ni vrai, ni f<strong>au</strong>x, 5= Totalement vrai<br />

Premièrement, selon les interviewés, on observe <strong>au</strong> <strong>Bénin</strong> un réel manque <strong>de</strong> support <strong>au</strong><br />

succès individuel. Une <strong>de</strong>s caractéristiques fréquemment citée <strong>de</strong> la « culture » béninoise est<br />

que l’on préfère vivre tous <strong>au</strong> même « nive<strong>au</strong> <strong>de</strong> médiocrité ». Le <strong>Bénin</strong>ois n’aime pas voir<br />

l’<strong>au</strong>tre réussir et le « dépasser », ce qui mène les gens à toujours tirer les <strong>au</strong>tres vers le bas. On<br />

ne fait pas assez la promotion <strong>de</strong>s meilleurs et bien trop celle <strong>de</strong>s parvenus qui arrivent à<br />

s’enrichir par <strong>de</strong>s voies illégales. On peut parler d’une culture <strong>de</strong> « nivellement par le bas » et<br />

non <strong>de</strong> support <strong>au</strong> succès individuel.<br />

Abscisse :<br />

Deuxièmement, un <strong>au</strong>tre problème évoqué fut celui du manque <strong>de</strong> confiance <strong>de</strong>s <strong>Bénin</strong>ois en<br />

leurs pairs. « Le manque <strong>de</strong> confiance en les <strong>au</strong>tres empêche les transactions entre les agents<br />

économiques, ce qui a un impact négatif sur la croissance » (Ianchovichina, Afrobarometer<br />

survey, 2005, p.33). Cela amoindrit la création <strong>de</strong> richesse car cela empêche la coopération et<br />

l’intégration. Son origine peut provenir <strong>de</strong>s différentes pério<strong>de</strong>s historiques du <strong>Bénin</strong> qui sont<br />

l’esclavagisme, le colonialisme et le marxisme.<br />

1. La culture nationale supporte fortement le succès<br />

individuel atteint par le biais d’efforts propres à une<br />

personne.<br />

2. La culture nationale met l’accent sur l’<strong>au</strong>tonomie,<br />

l’indépendance, et l’initiative personnelle.<br />

3. La culture nationale encourage la prise <strong>de</strong> risque<br />

entrepreneuriale.<br />

4. La culture nationale encourage la créativité et l’innovation.<br />

5. La culture nationale met l’accent sur la responsabilité que<br />

l’individu a (et non la collectivité) dans la gestion <strong>de</strong> sa<br />

vie.<br />

Si on fait un parallélisme avec la théorie <strong>de</strong>s jeux et plus particulièrement le dilemme du<br />

prisonnier, <strong>au</strong> <strong>Bénin</strong>, les acteurs ne sont pas incités à coopérer. En effet, chaque transaction<br />

est généralement unique car les contrats <strong>de</strong> longue durée et répétitifs sont rares. Si les <strong>de</strong>ux<br />

parties coopéraient, elles tireraient toutes <strong>de</strong>ux un avantage <strong>de</strong> la coopération. Cependant, si<br />

l’une coopérait et que l’<strong>au</strong>tre décidait <strong>de</strong> la « tromper », celui qui <strong>au</strong>rait trompé tirerait un<br />

avantage plus important <strong>de</strong> la situation. Dans une telle situation, la tentation <strong>de</strong>s parties <strong>de</strong><br />

faire déf<strong>au</strong>t est gran<strong>de</strong> même s’ils gagneraient à coopérer. De ce fait, les <strong>de</strong>ux parties en<br />

viennent généralement à faire déf<strong>au</strong>t et un équilibre <strong>de</strong> « Nash » où chacun gagne la même<br />

chose, mais moins que si ils avaient coopéré, est atteint. Cependant, lorsque la relation entre<br />

les acteurs est répétée, ils savent que, si l’<strong>au</strong>tre fait déf<strong>au</strong>t, ils <strong>au</strong>ront l’occasion <strong>de</strong> le « punir »<br />

104


et cela mène donc les acteurs à coopérer. En effet, lorsque l’incitation à « tromper » l’<strong>au</strong>tre est<br />

inférieure à ce que l’on risque du fait <strong>de</strong> la punition, on en vient à coopérer.<br />

Troisièmement, une <strong>au</strong>tre caractéristique culturelle <strong>de</strong> la population béninoise est son manque<br />

d’<strong>au</strong>tonomie. Selon les interviewés, en partie en raison <strong>de</strong> l’héritage historique du pays, la<br />

population attend <strong>de</strong> l’Etat qu’il les supporte. En effet, l’époque colonialiste sous les Français<br />

était l’ère <strong>de</strong> l’Etat provi<strong>de</strong>nce où l’Etat était là pour veiller sur la population. Suite à cela, le<br />

<strong>Bénin</strong> a vécu l’époque marxiste, donc encore une fois principalement non <strong>au</strong>tonome. C’est<br />

pourquoi l’<strong>au</strong>tonomie, l’esprit d’initiative et le goût d’entreprendre doivent être inculqués <strong>au</strong>x<br />

populations à travers la formation. Il f<strong>au</strong>t faire basculer les mentalités vers une culture<br />

d’<strong>au</strong>tonomie et <strong>de</strong> prise en charge, ce qui prendra du temps et <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ra be<strong>au</strong>coup d’efforts.<br />

Pour permettre à l’initiative d’éclore, une culture d’entreprise doit être mise en place, c’est-à-<br />

dire une culture qui « prépare l’homme à saisir les opportunités pour se valoriser et valoriser<br />

son environnement » (Benin Alafia, 2000).<br />

Quatrièmement, la culture béninoise pousse les gens à chercher la facilité et à rejeter le risque<br />

selon les interviewés. Les jeunes veulent <strong>de</strong>venir fonctionnaires pour avoir un emploi stable et<br />

leur aversion <strong>au</strong> risque est élevée. La faiblesse <strong>de</strong> la sécurité sociale joue bien entendu un rôle<br />

dans cet état <strong>de</strong> fait. De plus, selon le rapport sur le développement humain <strong>de</strong> 2011, l’indice<br />

<strong>de</strong> sécurité humaine <strong>au</strong> <strong>Bénin</strong> est <strong>de</strong> 0,76. Ceci veut dire que 76% <strong>de</strong>s ménages se considèrent<br />

<strong>comme</strong> étant en situation d’insécurité humaine. (PNUD, 2006). 65 Dans le rapport <strong>Bénin</strong><br />

Alafia, on affirmait déjà que 45,1% <strong>de</strong>s interviewés avaient déploré la forte aversion <strong>au</strong> risque<br />

<strong>de</strong>s <strong>Bénin</strong>ois.<br />

Ajoutons que, selon les répondants du NES, l’aversion <strong>au</strong> risque <strong>de</strong>s <strong>Bénin</strong>ois mène à un<br />

certain mimétisme ou suivisme entrepreneurial. Personne ne veut prendre le risque <strong>de</strong> lancer<br />

une nouvelle activité, mais, quand quelqu’un y arrive et que ça marche, les <strong>au</strong>tres foncent sur<br />

l’opportunité <strong>de</strong> le copier, ce qui tue le succès <strong>de</strong> l’entrepreneur initial.<br />

L’environnement et l’éducation inadaptés influencent également ces résultats. En effet, dans<br />

un environnement où la création d’entreprise et l’accès <strong>au</strong>x capit<strong>au</strong>x seraient simples et où la<br />

population <strong>au</strong>rait les compétences requises pour gérer une entreprise, les populations seraient<br />

be<strong>au</strong>coup plus énergiques et moins frileuses face <strong>au</strong> risque.<br />

Enfin, une <strong>au</strong>tre caractéristique <strong>de</strong> l’entrepreneur béninois est sa tendance à gérer son<br />

entreprise en ne se souciant que du présent. La gestion <strong>de</strong> l’entreprise ne se base généralement<br />

pas sur une vision et ne prend pas souvent en compte les besoins réels <strong>de</strong>s populations. La<br />

gestion est donc souvent « dépourvue d’outils <strong>de</strong> planification et <strong>de</strong> stratégies <strong>de</strong> marché,<br />

65 Agenda pour un <strong>Bénin</strong> émergent, consulté le 24 mars 2012, sur le site :<br />

http://www.bj.undp.org/docs/Benin_emergent.pdf<br />

105


utilise peu <strong>de</strong> main d’œuvre qualifiée et offre peu <strong>de</strong> perspectives <strong>de</strong> carrière <strong>au</strong> personnel »<br />

(MCA, 2007).<br />

2.9.3 L’image sociale <strong>de</strong> l’entrepreneuriat<br />

Graphique 15 : L’image sociale <strong>de</strong> l’entrepreneuriat selon les interviewés<br />

5<br />

4<br />

3<br />

2<br />

1<br />

0<br />

1 2 3 4 5<br />

Ordonnée : 1= Totalement f<strong>au</strong>x, 3= ni vrai, ni<br />

f<strong>au</strong>x, 5= Totalement vrai<br />

Bien que la majorité <strong>de</strong>s gens ne désirent pas être entrepreneurs car ils ne veulent pas en<br />

prendre le risque, ils concè<strong>de</strong>nt cependant que, lorsqu’on ose et qu’on se donne les moyens <strong>de</strong><br />

réussir, avoir sa propre affaire doit être agréable.<br />

Au <strong>Bénin</strong>, on juge la valeur d’une personne en fonction <strong>de</strong> sa richesse. Il est donc évi<strong>de</strong>nt<br />

qu’un entrepreneur à succès sera respecté s’il a réussi à s’enrichir. Cependant, lorsqu’un<br />

entrepreneur <strong>comme</strong>nce à s’en sortir, les pressions familiales apparaissent, tout le mon<strong>de</strong> veut<br />

en profiter, ce qui en vient parfois à tuer l’initiative.<br />

Ajoutons que, <strong>de</strong> plus en plus, on voit dans les médias les histoires <strong>de</strong> personnes qui ont<br />

entrepris et ont réussi à s’enrichir. Cette médiatisation croissante pourrait jouer un rôle dans le<br />

changement culturel <strong>de</strong>vant être mis en œuvre et mène <strong>de</strong> nombreuses personnes à considérer<br />

le succès <strong>de</strong> manière plus positive.<br />

De plus, il est généralement admis que les femmes exercent <strong>de</strong>s activités entrepreneuriales.<br />

Selon les interviewés, la création d’entreprise est un choix <strong>de</strong> carrière accepté pour les<br />

femmes, les opportunités sont similaires pour les femmes et les hommes. De nombreux<br />

interviewés ont cependant déploré la faiblesse <strong>de</strong>s services soci<strong>au</strong>x disponibles pour ai<strong>de</strong>r les<br />

femmes à combiner vie <strong>de</strong> famille et travail.<br />

Abscisse :<br />

1. La création <strong>de</strong> nouvelles enterprises est considérée<br />

<strong>comme</strong> un bon moyen <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir riche.<br />

2. La majorité <strong>de</strong>s gens considèrent que <strong>de</strong>venir un<br />

entrepreneur est un choix <strong>de</strong> carrière <strong>de</strong>sirable.<br />

3. Les entrepreneurs à succès ont un statut élevé et sont<br />

fortement respectés.<br />

4. On voit souvent dans les medias <strong>de</strong>s histoires à propos<br />

d’entrepreneurs à succès.<br />

5. La majorité <strong>de</strong>s gens pensent que les entrepreneurs<br />

sont <strong>de</strong>s personnes compétentes et pleines <strong>de</strong><br />

ressources.<br />

106


Graphique 16: Support <strong>au</strong>x femmes dans le cadre <strong>de</strong> l’initiative privée selon les interviewés<br />

5<br />

4<br />

3<br />

2<br />

1<br />

0<br />

1 2 3 4 5<br />

Ordonnée : 1= Totalement f<strong>au</strong>x, 3=<br />

ni vrai, ni f<strong>au</strong>x, 5= Totalement vrai<br />

2.9.4 Conditions <strong>de</strong> base pour permettre le changement<br />

Certaines conditions doivent être mises en place pour permettre à un changement <strong>de</strong> mentalité<br />

d’éclore. Il s’agit notamment <strong>de</strong> la satisfaction <strong>de</strong>s besoins essentiels <strong>comme</strong> la santé,<br />

l’alimentation ou encore l’éducation. En effet, si les besoins <strong>de</strong> base ne sont pas satisfaits, les<br />

populations ne sont pas en position <strong>de</strong> prendre <strong>de</strong>s risques et d’entreprendre. Si l’on analyse<br />

cela <strong>au</strong> regard <strong>de</strong> la pyrami<strong>de</strong> <strong>de</strong> Maslow, si les besoins physiologiques et <strong>de</strong> sécurité ne sont<br />

pas remplis, les besoins d’ordres supérieurs <strong>comme</strong> par exemple le besoin d’accomplissement<br />

et d’estime <strong>de</strong> soi pouvant mener les individus à prendre <strong>de</strong>s initiatives ont peu <strong>de</strong> chance<br />

d’être une priorité.<br />

C’est pourquoi il est primordial d’élargir la présence <strong>de</strong>s infrastructures sociocommun<strong>au</strong>taires<br />

à la totalité du territoire. De plus, les services <strong>de</strong> base <strong>de</strong>vraient être accessibles à <strong>de</strong>s prix<br />

raisonnables, la couverture sociale <strong>de</strong>vrait être élargie et <strong>de</strong>s emplois plus facilement<br />

accessibles. Les soins <strong>de</strong> santé doivent également permettre <strong>de</strong> réduire la prévalence <strong>de</strong>s<br />

maladies qui enferment les populations dans la p<strong>au</strong>vreté. Enfin, les formations doivent être<br />

mieux ciblées pour répondre <strong>au</strong>x besoins du marché du travail ou permettre la création<br />

d’entreprises.<br />

Abscisse :<br />

Section 3 : I<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong>s actions prioritaires<br />

3.1 Bref rappel <strong>de</strong>s barrières et moteurs princip<strong>au</strong>x<br />

Préalablement à l’établissement du classement <strong>de</strong>s recommandations prioritaires, il semblait<br />

intéressant <strong>de</strong> brièvement rappeler le classement obtenu <strong>de</strong>s barrières et moteurs princip<strong>au</strong>x à<br />

l’initiative privée <strong>au</strong> <strong>Bénin</strong> selon les répondants du NES.<br />

1. Il y a suffisament <strong>de</strong> services soci<strong>au</strong>x disponibles qui<br />

permettent <strong>au</strong>x femmes <strong>de</strong> continuer à travailler après<br />

avoir fondé une famille.<br />

2. Lancer un nouve<strong>au</strong> business est un choix <strong>de</strong> carrière<br />

accepté socialement pour les femmes.<br />

3. Les femmes sont encouragées à <strong>de</strong>venir <strong>au</strong>toemployées<br />

ou à lancer un nouve<strong>au</strong> business.<br />

4. Les hommes et les femmes sont généralement exposés<br />

à <strong>de</strong> bonnes opportunités <strong>de</strong> créer une entreprise.<br />

5. Les hommes et les femmes sont équitablement capables<br />

<strong>de</strong> lancer un nouve<strong>au</strong> business.<br />

Les barrières principales sont en première position l’accès <strong>au</strong> financement, en <strong>de</strong>uxième<br />

position l’éducation et la culture et en troisième position les réglementations<br />

107


gouvernementales. Ensuite viennent les programmes gouvernement<strong>au</strong>x et enfin l’ouverture du<br />

marché. Les infrastructures et la recherche n’ont jamais été citées <strong>comme</strong> barrières<br />

principales.<br />

Graphique 17 : Classement <strong>de</strong>s barrières principales<br />

Transferts <strong>de</strong> R&D<br />

Infrastructures physiques<br />

Infrastructures <strong>comme</strong>rciales et <strong>de</strong> service<br />

Ouverture du marché<br />

Programmes gouvernement<strong>au</strong>x<br />

Réglementations gouvernementales<br />

Normes culturelles et sociales<br />

Education et formation<br />

Finance<br />

Les moteurs princip<strong>au</strong>x <strong>de</strong> l’initiative privée sont les réglementations gouvernementales en<br />

première position, les programmes gouvernement<strong>au</strong>x en <strong>de</strong>uxième position, suivi <strong>de</strong>s efforts<br />

<strong>de</strong> facilitation <strong>de</strong> l’accès <strong>au</strong> financement. Ensuite viennent les efforts fournis <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong>de</strong><br />

l’éducation et <strong>de</strong>s infrastructures physiques. Enfin, la culture et l’ouverture du marché ont<br />

également été citées <strong>comme</strong> moteurs tandis que la recherche et les infrastructures<br />

<strong>comme</strong>rciales n’ont jamais été mentionnées.<br />

Graphique 18 : Classement <strong>de</strong>s moteurs princip<strong>au</strong>x<br />

3.2 Les recommandations principales<br />

0 2 4 6 8 10 12 14<br />

Abscisse : Nombre <strong>de</strong> répondants ayant cité l’EFC parmis les barrières principales à l’initiative privée<br />

Infrastructures <strong>comme</strong>rciales et <strong>de</strong> services<br />

Transferts <strong>de</strong> R&D<br />

Ouverture du marché<br />

Normes culturelles et sociales<br />

Infrastructures physiques<br />

Education et Formation<br />

Finance<br />

Programmes gouvernement<strong>au</strong>x<br />

Réglementations gouvernementales<br />

0 2 4 6 8 10 12 14<br />

Abscisse : Nombre <strong>de</strong> répondants ayant cité l’EFC parmis les moteurs princip<strong>au</strong>x <strong>de</strong> l’initiative privée<br />

Le but recherché ici est d’i<strong>de</strong>ntifier les domaines <strong>de</strong> recommandations prioritaires et non plus<br />

<strong>de</strong> rentrer dans les détails <strong>de</strong>s différents domaines ayant été analysés <strong>au</strong> préalable. Afin <strong>de</strong><br />

108


classer par nive<strong>au</strong> d’urgence les recommandations <strong>de</strong> ce travail, il fut <strong>de</strong>mandé <strong>au</strong>x experts<br />

nation<strong>au</strong>x d’i<strong>de</strong>ntifier les 3 principales recommandations qu’ils fourniraient <strong>au</strong> gouvernement<br />

si on leur <strong>de</strong>mandait leur avis. Ces recommandations <strong>de</strong>vaient porter sur <strong>de</strong>s réformes à<br />

mettre en place dans l’un ou l’<strong>au</strong>tre domaine.<br />

Ce classement est important car il établit les domaines <strong>de</strong>s réformes à mettre en place <strong>de</strong><br />

manière prioritaire pour améliorer l’environnement <strong>de</strong> l’initiative privée <strong>au</strong> <strong>Bénin</strong>. Le besoin<br />

d’i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong>s priorités avait déjà été établi dans le plan stratégique <strong>de</strong> l’ANPME :<br />

« Face <strong>au</strong>x difficultés rencontrées par les PME et tenant compte <strong>de</strong>s ressources limitées, il<br />

urge qu’une i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong>s actions prioritaires et porteuses d’impacts significatifs soit<br />

faite afin <strong>de</strong> répondre <strong>au</strong>x préoccupations <strong>de</strong>s PME ». (ANPME, 2011, p.35)<br />

Graphique 19 : Classement <strong>de</strong>s recommandations principales<br />

Transferts <strong>de</strong> R&D<br />

Ouverture du marché<br />

Infrastructures <strong>comme</strong>rciales et <strong>de</strong> services<br />

Infrastructures physiques<br />

Normes culturelles et sociales<br />

Programmes gouvernement<strong>au</strong>x<br />

Réglementation gouvernementales<br />

Education et Formation<br />

Finance<br />

0 2 4 6 8 10 12 14<br />

Abscisse : Nombre <strong>de</strong> répondants ayant cité l’EFC parmis les recommandations principales pour améliorer<br />

l’environnement <strong>de</strong> l’initiative privée<br />

La recommandation principale qui fut émise porte sur l’accessibilité du financement. Ceci<br />

semble logique puisque le financement avait également été i<strong>de</strong>ntifié <strong>comme</strong> barrière<br />

principale à l’initiative privée. Les mécanismes <strong>de</strong> fonds <strong>de</strong> garantie tels que définis par le<br />

MCA, la création d’une banque pour les PME et d’une banque agricole ou encore le<br />

renforcement <strong>de</strong>s liens avec la diaspora et les investisseurs étrangers sont <strong>de</strong>s mesures sur<br />

lesquelles le gouvernement béninois <strong>de</strong>vrait se pencher en priorité.<br />

Ensuite, la réforme <strong>de</strong> l’éducation est classée <strong>de</strong>uxième recommandation principale <strong>de</strong>s<br />

interviewés. Tout porte à croire qu’une réforme du système éducatif <strong>au</strong>rait également un<br />

impact positif sur la culture à long terme. La culture était <strong>au</strong> même nive<strong>au</strong> que l’éducation sur<br />

la <strong>de</strong>uxième marche du podium <strong>de</strong>s barrières principales à l’initiative privée. Un changement<br />

<strong>de</strong> culture n’est pas quelque chose qui se réalise du jour <strong>au</strong> len<strong>de</strong>main ni quelque chose qu’un<br />

gouvernement peut facilement planifier et c’est l’une <strong>de</strong>s raisons pour laquelle l’éducation fut<br />

favorisée dans les recommandations. Des jeunes mieux formés qui comprennent l’importance<br />

<strong>de</strong> l’entrepreneuriat, savent prendre <strong>de</strong>s initiatives et comprennent qu’ils sont maîtres <strong>de</strong> leur<br />

109


<strong>de</strong>stin <strong>au</strong>ront tendance à transmettre ces valeurs à leurs enfants, entraînant un changement<br />

culturel progressif.<br />

Troisièmement, les réglementations gouvernementales doivent favoriser davantage la création<br />

d’entreprise. Le système <strong>de</strong> taxation doit être repensé pour ne plus être dans le futur une<br />

barrière à la création d’entreprise. Les réglementations gouvernementales étaient également<br />

classées en troisième position en tant que barrière à l’initiative privée. Il est donc cohérent <strong>de</strong><br />

s’attaquer en priorité à ce domaine. Notons également que les <strong>de</strong>ux moteurs princip<strong>au</strong>x <strong>de</strong><br />

l’initiative privée concernaient les programmes gouvernement<strong>au</strong>x et les réglementations<br />

gouvernementales. La volonté marquée du gouvernement <strong>de</strong> créer un environnement<br />

favorable à l’initiative privée est reconnue par presque tous, la traduction <strong>de</strong> cette volonté <strong>au</strong><br />

nive<strong>au</strong> <strong>de</strong>s réglementations est également considérée <strong>comme</strong> étant extrêmement favorable ;<br />

mais le réel problème qui explique que l’un <strong>de</strong>s moteurs princip<strong>au</strong>x <strong>de</strong> l’initiative soit<br />

également l’une <strong>de</strong>s barrières et recommandations principales rési<strong>de</strong> dans le manque<br />

d’application <strong>de</strong>s réglementations définies sur papier. Les efforts <strong>de</strong> définition <strong>de</strong> ces<br />

réglementations sont salués par tous, mais ce que tous atten<strong>de</strong>nt, c’est <strong>de</strong> voir ces textes<br />

appliqués et donc <strong>de</strong> voir <strong>de</strong>s efforts du gouvernement tant pour informer les populations <strong>de</strong><br />

l’existence <strong>de</strong> ces textes que pour s’assurer <strong>de</strong> leur application effective. L’État doit jouer un<br />

rôle <strong>de</strong> régulateur et facilitateur du développement pour permettre <strong>au</strong> secteur privé <strong>de</strong> jouer<br />

son rôle <strong>de</strong> moteur <strong>de</strong> la croissance et <strong>de</strong> créateur d’emploi et il est nécessaire que l’économie<br />

béninoise soit mieux gérée, c'est-à-dire que l’administration soit rendue moins bure<strong>au</strong>cratique<br />

et corrompue pour faciliter la mise en pratique <strong>de</strong>s programmes.<br />

Enfin, les efforts du gouvernement pour améliorer les infrastructures leur ont permis d’être<br />

dès à présent plus considérées <strong>comme</strong> moteur que <strong>comme</strong> barrière à l’initiative privée. L’Etat<br />

<strong>de</strong>vrait maintenir ces infrastructures en état et investir dans quelques projets spécifiques qui<br />

pourront supporter l’initiative privée, <strong>comme</strong> par exemple dans <strong>de</strong>s grosses unités <strong>de</strong><br />

transformation <strong>de</strong> produits agricoles.<br />

Si ces recommandations principales sont mise en œuvre, l’environnement <strong>de</strong> l’initiative<br />

privée en sera sans <strong>au</strong>cun doute gran<strong>de</strong>ment amélioré. En créant un environnement favorable<br />

<strong>au</strong>x initiatives privées, le gouvernement béninois crée un moteur d’évolution <strong>de</strong> l’économie<br />

du secteur informel vers le secteur formel. Ceci est bénéfique <strong>au</strong> pays, car les entreprises<br />

enregistrées sont également celles qui vont payer <strong>de</strong>s taxes et donc remplir les caisses <strong>de</strong><br />

l’Etat. Il f<strong>au</strong>t créer <strong>de</strong>s conditions dans lesquelles les entreprises voient un avantage dans leur<br />

formalisation et non seulement un désavantage <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> fiscal. C’est pourquoi les entreprises<br />

formellement constituées <strong>de</strong>vraient être supportées par l’Etat pour leur permettre <strong>de</strong> se<br />

développer et <strong>de</strong> créer <strong>de</strong> la valeur.<br />

110


Section 4 : Détails <strong>de</strong> la mise en œuvre<br />

Premièrement, il est nécessaire <strong>de</strong> clarifier le rôle <strong>de</strong>s différents intervenants dans la création<br />

d’un environnement plus stable et favorable à l’initiative privée qui assurerait une certaine<br />

sécurité et la disponibilité <strong>de</strong>s services nécessaires <strong>au</strong> bon fonctionnement <strong>de</strong> l’activité.<br />

L’Etat <strong>au</strong>ra pour rôle <strong>de</strong> mettre en œuvre les recommandations précitées pour créer un<br />

environnement adapté à l’initiative. Il est nécessaire qu’un mécanisme <strong>de</strong> coordination soit<br />

mis en place pour que les plans gouvernement<strong>au</strong>x soient appliqués et soient modifiés si besoin<br />

est. Pour ce faire, il est fondamental <strong>de</strong> « disposer d’une entité efficace et fonctionnelle pour<br />

exploiter et créer <strong>de</strong>s synergies entre tous les apports et toutes les valeurs dans un<br />

environnement multipartenarial » 66 . Les différentes entités impliquées dans la promotion <strong>de</strong><br />

l’initiative privée doivent être capables <strong>de</strong> coordonner la planification à l’échelle nationale,<br />

régionale et locale et <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong>de</strong>s différents secteurs selon une vision commune. De plus,<br />

« <strong>au</strong>cun plan préétabli ne peut résoudre tous les problèmes soci<strong>au</strong>x, économiques, et<br />

physiques qui découlent <strong>de</strong> la réalité dans laquelle ce plan est <strong>de</strong>stiné à fonctionner » 67 . De ce<br />

fait, la planification est un processus dynamique qui doit être suffisamment flexible pour<br />

évoluer si cela est nécessaire. Les différents organes impliqués <strong>de</strong>vront se réunir fréquemment<br />

pour analyser la situation par rapport <strong>au</strong>x objectifs glob<strong>au</strong>x. Pour que cela soit possible, les<br />

budgets alloués pour l’amélioration <strong>de</strong> l’environnement <strong>de</strong> l’initiative privée doivent être<br />

flexibles également pour que, si un domaine d’activité en vient à nécessiter plus ou moins <strong>de</strong><br />

fonds, le montant lui étant alloué soit adapté.<br />

Le secteur privé <strong>au</strong>ra quant à lui pour rôle <strong>de</strong> saisir les opportunités existantes et <strong>de</strong> créer <strong>de</strong><br />

l’emploi ainsi que d’exprimer <strong>au</strong> gouvernement les nouvelles règles nécessaires pour<br />

permettre la croissance <strong>de</strong> la productivité. Il peut mener le secteur public à adopter <strong>de</strong>s<br />

réformes qui permettent d’améliorer la compétitivité <strong>de</strong>s entreprises, la création d’entreprises<br />

et qui facilitent la création d’emploi par exemple. Le secteur privé <strong>de</strong>vra <strong>au</strong>ssi supporter les<br />

règlementations mises en place pour qu’elles fonctionnent efficacement.<br />

Enfin, le rôle <strong>de</strong>s donneurs internation<strong>au</strong>x est crucial dans un pays en voie <strong>de</strong> développement<br />

<strong>comme</strong> le <strong>Bénin</strong>. Sans ces fonds, le gouvernement ne parviendrait pas à mettre en œuvre les<br />

politiques socio-économiques nécessaires <strong>au</strong> développement du pays. Le <strong>Bénin</strong> a bénéficié<br />

selon l’OCDE <strong>de</strong> 2,715 millions <strong>de</strong> dollars d’ODA entre 2005 et 2008 (World tra<strong>de</strong><br />

Organisation, 2010). Ces fonds sont utiles pour financer les programmes et budgets<br />

gouvernement<strong>au</strong>x. Le <strong>Bénin</strong> a également bénéficié <strong>de</strong> support supplémentaire <strong>comme</strong> par<br />

exemple un allègement <strong>de</strong> la <strong>de</strong>tte en mars 2009. Notons également que be<strong>au</strong>coup <strong>de</strong><br />

partenaires techniques et financiers s’intéressent <strong>de</strong> plus en plus <strong>au</strong> secteur <strong>de</strong>s PME et y<br />

66 Extrait <strong>de</strong> documents reçus à l’ONG Songhaï<br />

67 Extrait <strong>de</strong> documents reçus à l’ONG SonghaÏ<br />

111


consacrent donc <strong>de</strong> plus en plus <strong>de</strong> fonds. Il s’agit notamment <strong>de</strong> l’UE, d’USAID, <strong>de</strong> l’AFD,<br />

la Banque Mondiale, l’ACDI, la CTB, etc. (ANPME, 2011)<br />

Le gouvernement béninois a jusqu’ici été peu efficace pour absorber les montants d’ai<strong>de</strong><br />

venant <strong>de</strong>s donneurs internation<strong>au</strong>x et c’est pourquoi il développe une « politique nationale <strong>de</strong><br />

l’ai<strong>de</strong> » avec l’UNDP. Le but recherché est <strong>de</strong> mieux être capable d’évaluer les besoins du<br />

pays, et <strong>de</strong> gérer les montants reçus <strong>de</strong> manière cohérente par rapport <strong>au</strong>x priorités nationales.<br />

Il s’agit <strong>de</strong> définir et <strong>de</strong> suivre une vision pour lutter contre le problème principal <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong><br />

internationale actuelle, c'est-à-dire son manque d’adaptation <strong>au</strong>x besoins réels du pays. Ici<br />

encore, la définition <strong>de</strong>s mécanismes <strong>de</strong> collaboration et <strong>de</strong> coopération entre les différents<br />

donneurs, les différents ministères et entre le secteur public et privé doivent être définis.<br />

Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong> purement financière, l’assistance technique doit être repensée pour<br />

permettre <strong>de</strong> favoriser le passage vers plus <strong>de</strong> coopération entre les différents organes<br />

béninois et non plus l’empêcher. En effet, le problème <strong>de</strong> l’assistance technique, c’est qu’elle<br />

est fournie sur une base sectorielle. « La plupart <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s organisations sont structurées<br />

selon le modèle conventionnel <strong>de</strong>s différents ministères du gouvernement » (Songhaï). Le<br />

spécialiste envoyé dans les pays en développement est donc généralement en contact avec un<br />

secteur en particulier ou une seule branche ou partie <strong>de</strong> branche et ne travaille souvent pas en<br />

équipe. De ce fait, une gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> l’effort d’assistance technique sert à renforcer la<br />

structure sectorielle conventionnelle, ce qui a pour effet d’accroître le manque actuel <strong>de</strong><br />

coordination et d’intensifier le déséquilibre <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong>de</strong> la détermination <strong>de</strong>s priorités en<br />

matière <strong>de</strong> développement. L’expert ne peut donc être utile que s’il opère dans le cadre d’une<br />

équipe complète <strong>de</strong> prospection et selon une stratégie globale. Le défi peut se résumer <strong>comme</strong><br />

suit : « <strong>comme</strong>nt transférer <strong>de</strong>s compétences externes, et <strong>au</strong>gmenter la ban<strong>de</strong> passante<br />

entrepreneuriale <strong>de</strong> la population locale <strong>de</strong> façon à lui permettre d’abor<strong>de</strong>r et d’intégrer les<br />

différents aspects du développement d’une manière équilibrée et durable ? » (Songhaï).<br />

Section 5 : Impact sur la croissance et le développement<br />

L’impact <strong>de</strong> la promotion <strong>de</strong> l’initiative privée sur le développement, la croissance et la<br />

réduction <strong>de</strong> la p<strong>au</strong>vreté est difficile à évaluer. Cependant, selon le FMI, l’amélioration <strong>de</strong>s<br />

conditions d’entreprise peuvent avoir un impact important sur l’atteinte <strong>de</strong>s objectifs <strong>de</strong><br />

croissance, « Eu égard <strong>au</strong> potentiel agricole du <strong>Bénin</strong>, à sa situation géographique<br />

stratégique et à l’esprit d’entreprise <strong>de</strong>s <strong>Bénin</strong>oises et <strong>de</strong>s <strong>Bénin</strong>ois, un environnement assaini<br />

et porteur pourrait aisément libérer les potentialités du secteur privé <strong>comme</strong> élément moteur<br />

<strong>de</strong> la croissance et <strong>de</strong> la prospérité économiques. » 68<br />

68 Note consultative conjointe sur le Document <strong>de</strong> stratégie pour la réduction <strong>de</strong> la p<strong>au</strong>vreté élaborée par le FMI en septembre<br />

2011. Voir http://www.imf.org/external/french/pubs/ft/scr/2011/cr11312f.pdf, consulté le 12 mars 2012<br />

112


Partie IV. Conclusion<br />

Chapitre 12: Retour sur la problématique, question <strong>de</strong> recherche, hypothèses<br />

Ce mémoire analyse le rôle <strong>de</strong> l’initiative privée dans la croissance socio-économique <strong>au</strong><br />

<strong>Bénin</strong>. L’initiative privée étudiée est tant sociale, que culturelle ou économique afin <strong>de</strong><br />

couvrir les multiples facettes du développement. En effet, <strong>comme</strong> cela fut défini dans le<br />

travail, « le développement est un processus global dont les multiples dimensions –<br />

économiques, sociales et culturelles – s'influencent mutuellement » (Banque Mondiale, 1992,<br />

p.12).<br />

Cette étu<strong>de</strong> s’est basée sur l’interview <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> trente experts en Belgique, en France et <strong>au</strong><br />

<strong>Bénin</strong> afin <strong>de</strong> définir le rôle joué par l’initiative privée <strong>au</strong> <strong>Bénin</strong> et d’i<strong>de</strong>ntifier les princip<strong>au</strong>x<br />

moteurs et principales barrières existant actuellement. Cette étu<strong>de</strong> est sans précé<strong>de</strong>nt, car peu<br />

d’étu<strong>de</strong>s se sont à ce jour intéressées à l’initiative privée <strong>au</strong> <strong>Bénin</strong> et <strong>au</strong>cune <strong>au</strong>tre étu<strong>de</strong><br />

n’avait cherché à i<strong>de</strong>ntifier et classer les principales barrières et les moteurs <strong>de</strong> l’initiative<br />

privée. L’initiative privée est vue par une gran<strong>de</strong> part <strong>de</strong>s experts interviewés <strong>comme</strong> la<br />

solution pour faire face <strong>au</strong>x problèmes du pays <strong>comme</strong> l’insuffisance alimentaire, la<br />

dépendance vis-à-vis <strong>de</strong> l’extérieur, l’exo<strong>de</strong> rural, la fuite <strong>de</strong>s cerve<strong>au</strong>x, la perte d’espoir <strong>de</strong>s<br />

jeunes en l’avenir et la dégradation progressive <strong>de</strong> l’environnement. Elle est également vue<br />

<strong>comme</strong> la clé pour permettre <strong>au</strong> <strong>Bénin</strong> <strong>de</strong> saisir les opportunités existantes provenant <strong>de</strong> sa<br />

position géographique avantageuse, <strong>de</strong> la jeunesse <strong>de</strong> sa population, <strong>de</strong> sa croissance<br />

démographique et <strong>de</strong> l’émergence d’une classe moyenne. Son potentiel a été ignoré par les<br />

politiques <strong>de</strong> développement jusqu’ici, mais est <strong>au</strong>jourd’hui <strong>au</strong> cœur <strong>de</strong>s préoccupations<br />

gouvernementales.<br />

La question <strong>de</strong> recherche principale avait été définie <strong>comme</strong> suit : « Comment favoriser<br />

l’émergence d’initiatives entrepreneuriales <strong>au</strong> <strong>Bénin</strong>, qu’elles soient économiques, sociales<br />

ou culturelles ? » Ce rapport a clairement permis <strong>de</strong> répondre à cette question en i<strong>de</strong>ntifiant<br />

une série <strong>de</strong> barrières, <strong>de</strong> moteurs et <strong>de</strong> recommandations et en définissant parmi les<br />

recommandations, celles qui doivent être mises en œuvre à court terme.<br />

Au nive<strong>au</strong> <strong>de</strong>s barrières, il est apparu que les hypothèses émises initialement étaient<br />

relativement correctes. Cependant, certaines supposées barrières, <strong>comme</strong> par exemple le<br />

nive<strong>au</strong> d’infrastructures, se sont finalement avérées être plutôt <strong>de</strong>s moteurs favorisant<br />

l’initiative privée selon les interviewés. Un <strong>au</strong>tre résultat inattendu est que le microcrédit n’est<br />

que rarement accessible <strong>au</strong>x primo-entrepreneurs et ne joue donc pas actuellement un rôle<br />

<strong>au</strong>ssi important qu’imaginé initialement. Parmi les moteurs <strong>de</strong> l’initiative, l’implication<br />

gouvernementale avait été sous-estimée. En effet, les princip<strong>au</strong>x moteurs i<strong>de</strong>ntifiés sont les<br />

réglementations et programmes gouvernement<strong>au</strong>x ainsi que les fonds mis à disposition <strong>de</strong>s<br />

113


entrepreneurs par le gouvernement, ceci <strong>de</strong>puis l’accession <strong>de</strong> Boni Yayi à la prési<strong>de</strong>nce en<br />

2006. Cependant, il est nécessaire d’imprimer cette volonté <strong>de</strong> soutenir l’initiative privée <strong>au</strong><br />

nive<strong>au</strong> <strong>de</strong>s gouvernements loc<strong>au</strong>x qui ne sont qu’insuffisamment informés et impliqués dans<br />

les programmes définis <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> national. Sans cela, bien <strong>de</strong>s efforts sont vains, ce qui<br />

explique le manque d’application <strong>de</strong>s réglementations et programmes à l’échelle nationale.<br />

Au nive<strong>au</strong> <strong>de</strong>s recommandations, d’une part, il f<strong>au</strong>t se pencher activement sur une réforme du<br />

système financier béninois pour rendre le financement plus facilement accessible. La création<br />

d’une Institution Financière dédiée <strong>au</strong>x PME et la mise en place <strong>de</strong> fonds <strong>de</strong> garanties sont<br />

<strong>de</strong>s réformes nécessaires. À court terme, le développement d’un kit d’accompagnement d’une<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> financement, la formation du personnel <strong>de</strong>s institutions financières et<br />

l’amplification du système d’information sur les antécé<strong>de</strong>nts <strong>de</strong> crédit doivent être mis en<br />

place. Par ailleurs, il est nécessaire <strong>de</strong> réformer le système <strong>de</strong> l’éducation en y injectant une<br />

préparation à la création d’entreprise. En attendant que ces réformes soient opérationnelles,<br />

les organismes offrant <strong>de</strong>s formations ou sensibilisations à l’entrepreneuriat en parallèle <strong>au</strong><br />

programme scolaire doivent être soutenus. De plus, l’information concernant leur existence<br />

doit être rendue accessible. Enfin, les réglementations gouvernementales doivent être adaptées<br />

pour soutenir l’initiative privée. Il f<strong>au</strong>t mettre en place un système dans lequel les entreprises<br />

trouvent un avantage dans la formalisation, notamment <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> du support disponible et<br />

dans lequel le nive<strong>au</strong> <strong>de</strong> taxation et les contraintes administratives sont allégées.<br />

Il a également été établi, ce qui confirme l’une <strong>de</strong>s hypothèses initiales, que certains secteurs<br />

<strong>comme</strong> le secteur agricole nécessitent une réglementation et <strong>de</strong>s services <strong>de</strong> support et<br />

financier spécifiques car les produits génér<strong>au</strong>x ne leurs sont pas adaptés. Par ailleurs, les<br />

femmes, souvent moins scolarisées et plus souvent en situation <strong>de</strong> p<strong>au</strong>vreté, <strong>de</strong>vraient être<br />

davantage aidées, tout <strong>comme</strong> la vaste population <strong>de</strong> jeunes arrivant sur le marché <strong>de</strong><br />

l’emploi, qui se retrouve plus fréquemment contrainte <strong>au</strong> chômage ou <strong>au</strong> sous-emploi que la<br />

population adulte. Cependant, ceci doit être nuancé, car, il y a presque <strong>au</strong>tant <strong>de</strong> femmes que<br />

d’hommes entrepreneurs, et les chefs d’entreprises sont pour la plupart âgés <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 45<br />

ans. Les barrières, si elles ne se situent pas toujours <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong>de</strong> la création d’entreprise, se<br />

situent alors à d’<strong>au</strong>tres nive<strong>au</strong>x <strong>comme</strong> ceux <strong>de</strong> la formalisation ou encore <strong>de</strong> l’accès <strong>au</strong><br />

financement. Les initiatives mises en place <strong>comme</strong> par exemple la création du Ministère dédié<br />

à l’Emploi <strong>de</strong>s Jeunes et <strong>de</strong>s Femmes, la création du Fonds <strong>de</strong> Microcrédit <strong>au</strong>x Plus P<strong>au</strong>vres<br />

et du Fonds National <strong>de</strong> Promotion <strong>de</strong> l’Entreprise et <strong>de</strong> l’Emploi <strong>de</strong>s Jeunes (FNPEEJ),<br />

doivent être poursuivies et amplifiées.<br />

Parallèlement à ces recommandations, les sous-questions <strong>de</strong> la recherche visaient à définir<br />

l’impact que l’initiative pourrait avoir sur le développement du pays et à évaluer l’impact que<br />

cela <strong>au</strong>rait sur les populations. L’hypothèse se rapportant à cette question qui considérait<br />

l’initiative privée <strong>comme</strong> un moteur <strong>de</strong> développement et <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong> la p<strong>au</strong>vreté est<br />

114


vérifiée. En effet, bien qu’une vérification quantifiée ne soit pas possible, il est clair, selon les<br />

différents rapports gouvernement<strong>au</strong>x, qu’il existe une réelle volonté <strong>de</strong> faire <strong>de</strong> l’initiative<br />

privée un moteur <strong>de</strong> croissance économique, <strong>de</strong> création d’emplois et <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong> la<br />

p<strong>au</strong>vreté. De plus, les PME contribuent déjà à près <strong>de</strong> la moitié du PIB et permettent à plus <strong>de</strong><br />

la moitié <strong>de</strong> la population <strong>de</strong> subvenir à leurs besoins. De ce fait, l’initiative privée a, selon le<br />

gouvernement, le potentiel <strong>de</strong> sortir le <strong>Bénin</strong> <strong>de</strong> sa situation actuelle <strong>de</strong> sous-développement.<br />

Cependant, étant donné les caractéristiques <strong>de</strong>s entreprises béninoises (informelles,<br />

individuelles, peu diversifiées et <strong>de</strong> petite taille), on peut dire qu’actuellement elles sont loin<br />

<strong>de</strong> remplir leur plein potentiel. Leur chiffre d’affaires est faible, elles restent cloisonnées dans<br />

l’import export et elles créent très peu d’emplois. D’une part, les recommandations précitées<br />

permettront, en améliorant l’environnement <strong>de</strong> l’initiative privée, <strong>de</strong> faire basculer les<br />

entreprises dans le secteur formel, ce qui leur permettra également <strong>de</strong> se développer<br />

davantage. D’<strong>au</strong>tre part, pour amplifier l’impact <strong>de</strong> l’initiative privée sur le développement du<br />

pays, il f<strong>au</strong>t promouvoir l’initiative en suivant une vision. Cette vision est l’élément clé qui a<br />

manqué jusqu’ici <strong>au</strong>x politiques <strong>de</strong> développement <strong>de</strong> l’Afrique. Cette vision doit s’appuyer<br />

sur les besoins fondament<strong>au</strong>x <strong>de</strong>s hommes et être suivie en respectant <strong>de</strong>s principes mor<strong>au</strong>x et<br />

éthiques. C’est un réel changement <strong>de</strong> mentalité et <strong>de</strong> modèle <strong>de</strong> développement qui est<br />

nécessaire. Il est temps que la population béninoise se ren<strong>de</strong> compte <strong>de</strong>s ressources immenses<br />

dont elle dispose, qu’elle comprenne que le développement du <strong>Bénin</strong> ne peut être<br />

qu’endogène et que le pays se soustraie <strong>de</strong> sa dépendance vis-à-vis <strong>de</strong> l’extérieur pour<br />

valoriser les richesses nationales et entrer dans une dynamique <strong>de</strong> développement intégré. La<br />

vision <strong>de</strong> Songhaï qui est <strong>de</strong> « constituer une plateforme entrepreneuriale et <strong>de</strong><br />

développement intégré, un espace <strong>de</strong> vulgarisation, porteur <strong>de</strong> solutions techniques,<br />

organisationnelles, économiques, sociales et morales pour sortir les populations africaines<br />

d’une logique <strong>de</strong> p<strong>au</strong>vreté, les entrainant ainsi vers une prise en charge et un développement<br />

socio-économique durable » 69 est une logique qui <strong>de</strong>vrait s’appliquer <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> national.<br />

En conclusion finale, après avoir<br />

- interviewé <strong>de</strong>s experts ici en Europe et sur place <strong>au</strong> <strong>Bénin</strong><br />

- analysé en détail les résultats <strong>de</strong>s questionnaires et interviews<br />

- été témoin d’une initiative <strong>au</strong>ssi unique que l’ONG Songhaï,<br />

il ressort que les programmes gouvernement<strong>au</strong>x et initiatives privées <strong>de</strong>vraient être mis en<br />

place selon une vision intégrée pour permettre <strong>au</strong> <strong>Bénin</strong> développer une économie nationale<br />

soli<strong>de</strong>, indépendante, inclusive et cohérente. Le cas <strong>de</strong> l’ONG Songhaï qui a été décrit dans ce<br />

travail permet <strong>de</strong> se rendre compte que la réussite est possible si l’on s’en donne les moyens<br />

et qu’une Afrique fière, forte, qui relève la tête 70 est à portée <strong>de</strong> main.<br />

69 Site <strong>de</strong> l’ONG Songhaï, http://www.songhai.org/in<strong>de</strong>x.php?option=com_alphacontent&section=12&Itemid=1<br />

70 Devise <strong>de</strong> Songhaï<br />

115


Chapitre 13 : Limites et pistes <strong>de</strong> recherches complémentaires<br />

Introduction<br />

Bien que la recherche ait été réalisée dans la volonté d’être le plus scientifique possible, en<br />

raison du caractère humain <strong>de</strong> la personne réalisant la recherche ainsi qu’en raison <strong>de</strong>s<br />

contraintes temporelles et spatiales, elle présente <strong>de</strong>s limites qu’il est important <strong>de</strong> souligner.<br />

Les biais côté enquêteur<br />

Le premier biais du côté <strong>de</strong> l’enquêteur se situe <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong>de</strong> sa neutralité. Lors <strong>de</strong>s<br />

interviews, une attitu<strong>de</strong> ouverte était adoptée et une attention particulière était portée à la<br />

façon <strong>de</strong> formuler <strong>de</strong>s questions dans le but <strong>de</strong> ne pas influencer les interviewés et <strong>de</strong> ne pas<br />

injecter du contenu dans la discussion. Cependant, une parfaite neutralité est difficile à obtenir<br />

et l’on ne peut réfuter totalement la possibilité qu’un léger biais provienne <strong>de</strong> la non-parfaite<br />

neutralité <strong>de</strong> l’enquêteur.<br />

Biais du côté <strong>de</strong>s enquêtés<br />

La position particulière <strong>de</strong> l’enquêteur par rapport <strong>au</strong>x personnes qu’il rencontre peut<br />

également quelque peu biaiser les résultats. Au nive<strong>au</strong> <strong>de</strong>s interviews d’experts, il se peut<br />

qu’ils aient cru bon <strong>de</strong> répondre <strong>de</strong> la manière la plus favorable possible ou encore d’omettre<br />

certaines informations afin <strong>de</strong> transmettre une image positive <strong>de</strong> leur pays à une personne<br />

étrangère ayant choisi <strong>de</strong> s’y intéresser. De plus, les personnes interviewées ne sont pas<br />

toujours totalement objectives. En effet, « les perceptions <strong>de</strong>s personnes ont tendance à être<br />

idéologiques : ils reflètent les intérêts associés à leur position sociale » (Jacobs, Initiation <strong>au</strong>x<br />

métho<strong>de</strong>s quantitatives, p 13). L’humain a tendance à refouler les choses qu’il ne veut pas<br />

admettre et a <strong>de</strong>s difficultés à faire la distinction entre faits et valeurs.<br />

Les biais liés <strong>au</strong>x métho<strong>de</strong>s d’enquêtes<br />

En raison <strong>de</strong> la durée limitée passée sur le terrain, un nombre limité <strong>de</strong> personnes ont pu être<br />

rencontrées. Notamment dans le cadre <strong>de</strong> l’application <strong>de</strong> la méthodologie du GEM, les<br />

contraintes temporelles et spatiales n’ont pas permis une réplication parfaite <strong>de</strong> cette<br />

méthodologie. En effet seulement 16 et non 36 experts ont été interviewés. De plus, la<br />

méthodologie du GEM est <strong>de</strong> combiner le NES avec une enquête pour les populations adultes<br />

(APS) qui évalue les attitu<strong>de</strong>s, les activités et les aspirations <strong>de</strong>s individus. Il <strong>au</strong>rait été<br />

intéressant <strong>de</strong> réaliser l’Adult Population Survey pour mieux comprendre les attitu<strong>de</strong>s,<br />

activités et aspirations entrepreneuriales <strong>de</strong> la population béninoise, mais en raison <strong>de</strong><br />

l’échantillon important à rassembler (2000 personnes) et <strong>de</strong> la nécessité d’une répartition <strong>de</strong>s<br />

répondants sur la totalité du territoire il n’a pas pu être réalisé.<br />

116


Pistes <strong>de</strong> recherche complémentaires<br />

Ce travail n’a pas la prétention <strong>de</strong> fournir la solution magique qui permettra <strong>au</strong> <strong>Bénin</strong> <strong>de</strong><br />

s’élever parmi les pays dits « développés » dans le futur. De plus, il n’a pas non plus la<br />

prétention d’avoir mis le doigt sur le meilleur moyen <strong>de</strong> favoriser l’initiative privée <strong>au</strong> <strong>Bénin</strong>.<br />

Il peut par la suite être complété <strong>de</strong> diverses manières. L’une <strong>de</strong>s suites logiques à ce travail<br />

serait par exemple d’évaluer les aspirations, attitu<strong>de</strong>s et activités entrepreneuriales <strong>de</strong> la<br />

population béninoise, dans la lignée <strong>de</strong> l’Adult Population Survey du Global Entrepreneurship<br />

Monitor. De plus, il serait intéressant <strong>de</strong> réaliser un travail du même genre que celui-ci chaque<br />

année pour pouvoir suivre l’évolution <strong>de</strong> la situation <strong>au</strong> fil du temps. Il serait également<br />

intéressant d’étudier en profon<strong>de</strong>ur les barrières et les moteurs <strong>de</strong> l’initiative privée pour<br />

établir <strong>de</strong>s solutions plus complètes et ciblées. De surcroît, une étu<strong>de</strong> chiffrée <strong>de</strong> l’impact <strong>de</strong><br />

l’initiative privée sur le développement et la réduction <strong>de</strong> la p<strong>au</strong>vreté <strong>au</strong> <strong>Bénin</strong> est l’une <strong>de</strong>s<br />

lacunes <strong>de</strong> ce travail qu’il serait bon <strong>de</strong> combler si toutefois il était possible d’obtenir ces<br />

données. De nombreuses statistiques nécessaires à cette évaluation semblent en effet être<br />

inexistantes et sont difficiles à estimer en raison <strong>de</strong> la prédominance du secteur informel dans<br />

l’économie béninoise.<br />

Pour conclure, la question <strong>de</strong> l’initiative privée <strong>au</strong> <strong>Bénin</strong> et en Afrique sera sans <strong>au</strong>cun doute<br />

étudiée <strong>de</strong> maintes façons dans le futur et si ce rapport peut ne serait-ce que participer <strong>au</strong><br />

grand débat qui va s’enclencher, alors les objectifs <strong>de</strong> ce travail <strong>au</strong>ront été pleinement atteints.<br />

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World Bank (2011), From Africa <strong>de</strong>velopment indicators : The little data book on Africa, sur<br />

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World Bank (2011), 50 faits intéressants concernant l’Afrique subsaharienne, sur le site <strong>de</strong> la<br />

Banque Mondiale, consulté le 03 jan. 2012.<br />

http://web.worldbank.org/WBSITE/EXTERNAL/ACCUEILEXTN/PAYSEXTN/AFRICAIN<br />

FRENCHEXT/0,,contentMDK:21612048~pagePK:146736~piPK:226340~theSitePK:488775,<br />

00.html<br />

World Bank (2009), Youth and Unemployment in Africa: The Potential, the Problem, the<br />

Promise, Washington, D.C.: The World Bank.<br />

World Economic Forum (2010), The Global Competitiveness Report<br />

World Bank (2011), Migration and Remittances Factbook, sur le site <strong>de</strong> la Banque mondiale.<br />

Consulté le 23 déc. 2011.<br />

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World Bank & the African Development Bank (2011), The Africa Competitiveness Report<br />

2011, Sur le site du World Economic Forum, consulté le 15 jan. 2012<br />

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World Tra<strong>de</strong> Organisation (2010), Tra<strong>de</strong> policy review: Report by the secretariat<br />

WorldWatch Institute (2010), State of the world: transforming cultures, Other<br />

Norton/Worldwatch Books 268 p.<br />

WorldWatch Institute (2010), State of the world: Innovations that nourish the planet, Other<br />

Norton/Worldwatch Books 270 p.<br />

Youth Employment Network West Africa. L’emploi <strong>de</strong>s jeunes: vers une meilleure<br />

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fr.pdf<br />

131


Lois, chartes et convention<br />

Banque Mondiale, (2-3 avril 1992), Culture et développement en Afrique, Actes <strong>de</strong> la<br />

Conférence Internationale, Washington, Discours d’ouverture, p. 12<br />

Charte <strong>de</strong>s PME/PMI du <strong>Bénin</strong><br />

HOUNGBO, G. (08 mars 2007), Discours <strong>de</strong> la cérémonie d’ouverture du Forum National<br />

Interviews<br />

sur l’emploi <strong>de</strong>s jeunes, PNUD : <strong>Bénin</strong><br />

Entrevue avec KALIFE, M., expert en politique économique africaine. Propos recueillis par<br />

Brisbois, F. (25 sept. 2011)<br />

Entrevue avec THIEBOT, L., membre du CPCA. Propos recueillis par Brisbois, F. (25 sept.<br />

2011)<br />

Entrevue avec LARAMEE, M., économiste et fondateur d’une école <strong>au</strong> Togo. Propos<br />

recueillis par Brisbois, F. (26 sept. 2011)<br />

Entrevue avec DE GROOT, B., Responsable <strong>de</strong> Sogerom. Propos recueillis par Brisbois, F.<br />

(14 déc. 2011)<br />

Entrevue avec PERRIN, D., Agence Wallonne <strong>au</strong> <strong>Développement</strong>, Expert questions<br />

internationales/ Climat. Propos recueillis par Brisbois, F. (20 déc. 2011)<br />

Entrevue avec HUBY, E., consultant en formation professionnelle et emploi. Propos recueillis<br />

par Brisbois, F. (22 déc. 2011)<br />

Entrevue avec MAYOL, P., Responsable Afrique occi<strong>de</strong>ntale <strong>au</strong> CCFD. Propos recueillis par<br />

Brisbois, F. (06 fév. 2012)<br />

Entrevue avec CHALON, H., Chef <strong>de</strong> service Afrique Proche et Moyen Orient à l’Agence<br />

Wallonne à l’exportation (AWEX). Propos recueillis par Brisbois, F. (26 jan. 2012)<br />

Entrevue avec SEMPOUX, M., Conseillère chargée <strong>de</strong>s relations extérieures <strong>au</strong> Forem.<br />

Propos receuillis par Brisbois, F. (26 jan. 2012)<br />

Entrevue avec BAKARI, C., Ministre conseiller à l’Ambassa<strong>de</strong> du <strong>Bénin</strong> à Bruxelles. Propos<br />

receuillis par Brisbois, F. (08 fév. 2012)<br />

Entrevue avec SESSOU L., Chargé <strong>de</strong> communication pour l’ONG Songhaï à Porto Novo.<br />

Propos receuillis par Brisbois, F. (28 mars. 2012)<br />

Entrevue avec LEKOTO, J., Responsable <strong>de</strong> la formation <strong>au</strong> sein <strong>de</strong> l’ONG Songhaï à Porto<br />

Novo. Propos receuillis par Brisbois, F. (28 mars. 2012)<br />

Entrevue avec AKPADJI, M., responsable section agriculture à Songhaï Porto Novo. Propos<br />

receuillis par Brisbois, F. (29 mars. 2012)<br />

Entrevue avec DOSSA, C., responsable section champignons à Songhaï Porto Novo. Propos<br />

receuillis par Brisbois, F. (29 mars. 2012)<br />

Entrevue avec RAHEENS, M., responsable <strong>de</strong> la section fon<strong>de</strong>rie à Songhaï Porto Novo.<br />

Propos receuillis par Brisbois, F. (29 mars. 2012)<br />

Entrevue avec NZAMUJO, G., fondateur et directeur du centre et modèle Songhaï. Propos<br />

receuillis par Brisbois, F. (31 mars. 2012)<br />

132


Entrevue avec BOURAIMA, I., responsable du Guichet Unique <strong>de</strong> formalité <strong>de</strong>s entreprises<br />

(GUFE) <strong>de</strong> la CCIB. Propos receuillis par Brisbois, F. (2 avril. 2012)<br />

Entrevue avec GNONLONFOUN, V., Administrateur <strong>de</strong>s entreprises à la direction <strong>de</strong> la<br />

gestion et du contrôle du Portefeuille <strong>de</strong> l’Etat du Ministère <strong>de</strong> l’Economie et <strong>de</strong>s Finances.<br />

Propos receuillis par Brisbois, F. (2 avril. 2012)<br />

Entrevue avec ZINSOU, G., Directeur <strong>de</strong> projet « accès <strong>au</strong>x services financiers » pour le<br />

Millenium Challenge Account <strong>Bénin</strong>. Propos receuillis par Brisbois, F. (3 avril. 2012)<br />

Entrevue avec MEDENOU, A., Chef <strong>de</strong> service <strong>de</strong> la programmation économique et<br />

financière <strong>au</strong> sein <strong>de</strong> la direction <strong>de</strong> la prévision et <strong>de</strong> la conjoncture. Propos receuillis par<br />

Brisbois, F. (3 avril 2012)<br />

Entrevue avec SOUMANOU, L., Millenium Challenge account. Propos receuilis par Brisbois,<br />

F. (4 avril 2012)<br />

Entrevue avec FREMOND, O., Représentant <strong>de</strong> la Banque Mondiale pour le <strong>Bénin</strong>. Propos<br />

receuillis par Brisbois, F. (5 avril. 2012)<br />

Questionnaires National Expert survey<br />

16 experts nation<strong>au</strong>x ont répondu <strong>au</strong> questionnaire<br />

133


Partie VI. Annexes<br />

Chapitre 1 : Présentation <strong>de</strong>s outils d’enquête<br />

Section 1 : Le plan <strong>de</strong> communication 71<br />

1.1 Définition d’un plan <strong>de</strong> communication : aperçu structuré <strong>de</strong>s actions <strong>de</strong> communication<br />

relatives à un projet particulier<br />

1.2 Objectifs <strong>de</strong> la communication du projet<br />

- Rencontrer <strong>de</strong>s personnes s’intéressant <strong>au</strong> développement <strong>de</strong> l’Afrique et leur poser <strong>de</strong>s questions<br />

sur ce mémoire.<br />

- S’assurer qu’après l’interview, les personnes rencontrées aient le sentiment d’avoir été utiles et<br />

d’avoir contribué à ce travail<br />

- Rendre cette collaboration agréable.<br />

1.3 Contexte du projet<br />

1.3.1 Les parties impliquées<br />

- Les interviewés sont <strong>de</strong>s personnes travaillant :<br />

o Dans <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s institutions et organismes du développement<br />

o Dans d’<strong>au</strong>tres plus petits organismes ou associations.<br />

o Dans <strong>de</strong>s ministères ou organismes du gouvernement<br />

- Monsieur Platte<strong>au</strong> qui servira <strong>de</strong> facilitateur pour prévoir certaines rencontres avec <strong>de</strong>s<br />

connaissances à lui. Pour le reste, <strong>de</strong>s envois <strong>de</strong> mails et <strong>de</strong>s coups <strong>de</strong> fil ou déplacements à divers<br />

endroits serviront à prendre contact.<br />

1.3.2 Moyens disponibles:<br />

- E-mail, skype, téléphone, gsm, rencontre en Belgique et/ou <strong>au</strong> <strong>Bénin</strong>.<br />

1.3.3 Limitations:<br />

- E-mail est-il un moyen efficace pour communiquer? (est-ce que toutes les personnes disposent<br />

d’une adresse professionnelle ?, fréquence <strong>de</strong> consultation <strong>de</strong>s mails, sont-ils lus ?, etc.)<br />

- Skype n’est peut-être pas accessible à tout le mon<strong>de</strong> (nécessité d’avoir un compte, <strong>de</strong> pouvoir<br />

accé<strong>de</strong>r à Skye pendant les heures <strong>de</strong> travail, accès à internet en Afrique, etc.)<br />

- Le rythme africain qu’il f<strong>au</strong>t prendre en compte.<br />

- Temps nécessaire pour obtenir les coordonnées <strong>de</strong>s personnes interrogées<br />

71 Source pour la méthodologie utilisée :<br />

DUFLOS, N. (2005), Etablir le plan <strong>de</strong> communication d’un projet, gui<strong>de</strong> pour les communicateurs fédér<strong>au</strong>x, consulté sur :<br />

, (page<br />

consultée le 21/10/2011)<br />

134


1.4 Messages princip<strong>au</strong>x à faire passer <strong>au</strong>x groupes cibles princip<strong>au</strong>x<br />

Numéro 1 : Contact - Qui suis-je<br />

- Objectif du travail<br />

- Objectif et déroulement <strong>de</strong> l’interview<br />

Numéro 2 : Rappel - Rappel : où et quand est le ren<strong>de</strong>z-vous<br />

Numéro 3 : Feedback - Merci pour votre ai<strong>de</strong><br />

1.5 Planification et organisation<br />

Réception coord. J-1 Jour J : interview J+1<br />

Contact Rappel Feedback<br />

Communication Date Cible Message Moyen<br />

1. Contact<br />

2. Rappel<br />

3. Feedback<br />

1.6 Annexes<br />

1.6.1 E-mail contact<br />

Dès<br />

réception<br />

<strong>de</strong>s coord.<br />

Veille <strong>de</strong><br />

l’itw<br />

Len<strong>de</strong>main<br />

<strong>de</strong> l’itw<br />

Cher Monsieur X/ Chère Madame X,<br />

Personne<br />

interviewée<br />

Personne<br />

interviewée<br />

Personne<br />

interviewée<br />

Cfr 1.6.1<br />

Cfr 1.6.2<br />

Cfr 1.6.3<br />

E-mail<br />

Sms<br />

E-mail<br />

Je suis une étudiante <strong>de</strong> <strong>de</strong>rnière année à la Solvay Brussels School of Economics and Management<br />

(SBSEM), appartenant à l’Université Libre <strong>de</strong> Bruxelles (ULB).<br />

Je réalise cette année ma thèse <strong>de</strong> fin d’étu<strong>de</strong>s d’ingénieur <strong>comme</strong>rcial qui s’intitule : « Un<br />

développement endogène pour l’Afrique…Mythe ou Réalité ? Analyse <strong>de</strong>s Avancées et Barrières <strong>au</strong><br />

<strong>Bénin</strong> ».<br />

Action <strong>de</strong> la communication Messages princip<strong>au</strong>x à faire passer<br />

Pour ce faire, j’aimerais vous interviewer afin <strong>de</strong> pouvoir recueillir votre avis et vos expériences dans<br />

le domaine <strong>de</strong> l’entrepreneuriat en Afrique. J’aimerais comprendre l’état actuel <strong>de</strong>s choses. Je voudrais<br />

comprendre les facteurs qui favorisent l’initiative individuelle et l’entravent, ainsi que <strong>de</strong>s éventuelles<br />

135


pistes permettant <strong>de</strong> la stimuler. De plus, j’aimerais en comprendre l’impact (actuel et possible) sur le<br />

développement.<br />

D’<strong>au</strong>tres pistes qui m’intéressent seraient :<br />

- la place <strong>de</strong>s initiatives dans les défis et tendances <strong>de</strong> <strong>de</strong>main (Croissance <strong>de</strong> la population, défis<br />

environnement<strong>au</strong>x, urbanisation croissante, apparition d'une classe moyenne, intérêt <strong>de</strong> nouve<strong>au</strong>x<br />

acteurs pour l'Afrique, etc.)<br />

- Des exemples <strong>de</strong> cas concrets permettant <strong>de</strong> croire à un développement endogène futur<br />

- Le rôle <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s institutions et divers acteurs dans ce développement endogène<br />

Votre ai<strong>de</strong> me sera plus qu’utile pour mener à bien ce projet.<br />

Merci pour votre précieuse collaboration,<br />

Bien à vous,<br />

Florie Brisbois<br />

1.6.2 SMS/ Mail rappel<br />

Madame/ Monsieur,<br />

Je vous confirme le rdv <strong>de</strong> <strong>de</strong>main à … adresse. Merci <strong>de</strong> me prévenir en cas <strong>de</strong> problème. Florie<br />

Brisbois<br />

1.6.3 E-mail Feedback<br />

Cher Monsieur X/ Chère Madame X,<br />

Je vous remercie encore <strong>de</strong> m’avoir accordé votre temps et d’avoir participé à l’entretien d’hier. Cette<br />

rencontre fera sans <strong>au</strong>cun doute progresser mon travail.<br />

Si vous le désirez, une copie <strong>de</strong> ce travail vous sera envoyée une fois celui-ci terminé.<br />

Bien à vous,<br />

Florie Brisbois<br />

136


Section 2 : Les grilles d’entretiens semi-directifs<br />

2.1 L’entretien avec les entrepreneurs<br />

2.1.1 Introduction<br />

Bonjour,<br />

Dans le cadre <strong>de</strong> mon mémoire <strong>de</strong> fin d’étu<strong>de</strong>s, j’analyse le développement <strong>de</strong> l’Afrique<br />

subsaharienne. Plus particulièrement, je me pose la question « Est-ce que un développement endogène<br />

est possible pour l’Afrique subsaharienne ? » Donc est-ce que l’Afrique pourrait se développer sur<br />

base <strong>de</strong>s initiatives individuelles <strong>de</strong>s populations, <strong>de</strong> l’entrepreneuriat, accélérant alors le<br />

développement économique du pays?<br />

Je vais vous poser un certain nombre <strong>de</strong> questions. Répon<strong>de</strong>z-y librement et sachez que votre<br />

expérience et avis, quels qu’ils soient, me seront gran<strong>de</strong>ment utiles.<br />

2.1.2 Présentation <strong>de</strong> l’interviewé<br />

1) Pouvez-vous brièvement vous présenter ?<br />

2) Quel est votre pays d’origine ?<br />

3) Où vivez-vous actuellement ?<br />

4) Quelle est votre occupation professionnelle actuellement ?<br />

5) Qu’est-ce qui vous a amené à faire ça ?<br />

6) Quelles ont été les principales difficultés rencontrées dans le cadre <strong>de</strong> votre activité<br />

professionnelle ?<br />

7) Combien <strong>de</strong> personnes travaillent pour vous ?<br />

8) D’où vous est venue l’idée ?<br />

9) Qu’est-ce qui fait que ça a réussi ? Qu’est-ce qui vous a aidé à réussir dans votre entreprise ?<br />

Est-ce que c’est possible d’entreprendre sans avoir d’ai<strong>de</strong> ?<br />

10) Quels sont vos projets futurs ?<br />

11) Soutenez-vous <strong>de</strong>s initiatives d’<strong>au</strong>tres entrepreneurs en tant qu’entrepreneur ?<br />

12) Si vous travaillez dans votre pays d’origine, pensez-vous toujours y rester ?<br />

Pourquoi ?/Pourquoi pas ?<br />

13) Si vous travaillez à l’étranger, pourquoi avoir quitté votre pays d’origine ? Qu’est ce qui<br />

pourrait vous pousser à y retourner ?<br />

137


14) Est-il courant d’entreprendre (<strong>comme</strong>ncer une activité, un business) dans votre pays ? Est-ce<br />

facile ? Est-ce encouragé ?<br />

15) Le nive<strong>au</strong> d’éducation joue-t-il un rôle dans les possibilités d’entreprendre ?<br />

16) Concernant la question <strong>de</strong> l’égalité hommes-femmes, pensez-vous que les conditions pour<br />

entreprendre sont différentes ? En quoi ?<br />

2.1.3 Quid du développement <strong>de</strong> l’Afrique subsaharienne, <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong> internationale, du<br />

microcrédit<br />

17) Pensez-vous que l’ai<strong>de</strong> <strong>au</strong> développement perturbe l’initiative (l’entreprise) ? Si oui,<br />

pourquoi ? Si non, pensez-vous qu’elle la favorise ? Pourquoi ?<br />

18) Que pensez-vous du microcrédit ?/ Avez-vous eu recours <strong>au</strong> microcrédit ? Le microcrédit a-t-il<br />

fait, selon vous, une différence sur l’initiative dans votre pays/ en Afrique ? Laquelle ?<br />

19) Quel est selon vous l’avenir <strong>de</strong> votre pays ? Comment pourrait-on permettre un développement<br />

plus rapi<strong>de</strong> ?<br />

20) Pensez-vous que le développement d’activités et entreprises locales peut être une solution<br />

permettant une amélioration <strong>de</strong> la situation <strong>de</strong>s pays d’Afrique subsaharienne ? Pourquoi ?<br />

21) Est-ce que l’entrepreneur est un sujet traité ? Comment ? Par qui ?<br />

22) Si vous donniez un conseil à un gouvernement, quels sont les conseils que vous donneriez<br />

relativement à l’initiative et à l’entrepreneuriat ?<br />

23) Lien avec la diaspora : les personnes qui ont quitté votre pays pour aller vivre ailleurs<br />

soutiennent-elles l’initiative ?<br />

24) Que pensez-vous <strong>de</strong> l’action <strong>de</strong>s organismes d’ai<strong>de</strong> <strong>au</strong> développement international ? (ONG,<br />

UE, Nations Unies, FMI, Etc.)<br />

25) Que <strong>de</strong>man<strong>de</strong>riez-vous à l’Union Européenne <strong>de</strong> modifier dans son programme d’ai<strong>de</strong> pour<br />

soutenir l’initiative ? Comment pourrait-on <strong>au</strong>trement favoriser le développement <strong>de</strong><br />

l’entrepreneuriat en Afrique Subsaharienne ?<br />

26) Pensez-vous qu’il faille être du clan du premier ministre pour pouvoir entreprendre en Afrique<br />

(<strong>Bénin</strong>) ? Est-ce que ça a toujours été <strong>comme</strong> ça ?<br />

2.1.4 Commentaires éventuels<br />

27) Avez-vous <strong>de</strong>s questions sur mon travail ou <strong>de</strong>s <strong>comme</strong>ntaires supplémentaires à faire ?<br />

28) Sur les sujets traités, quelles sont les personnes que vous me recomman<strong>de</strong>riez <strong>de</strong> contacter ?<br />

Pourquoi ?<br />

138


2.2 Grille d’entretien semi-directif pour bailleur <strong>de</strong> fonds ou membres d’<strong>au</strong>tres types<br />

d’organisations<br />

2.2.1 Introduction<br />

Bonjour,<br />

Dans le cadre <strong>de</strong> mon mémoire <strong>de</strong> fin d’étu<strong>de</strong>s, j’analyse le développement <strong>de</strong> l’Afrique<br />

subsaharienne. Plus particulièrement, je me pose la question « Est-ce que un développement endogène<br />

est possible pour l’Afrique subsaharienne ? » Donc est-ce que l’Afrique pourrait se développer sur<br />

base <strong>de</strong>s initiatives individuelles <strong>de</strong>s populations, <strong>de</strong> l’entrepreneuriat, accélérant alors le<br />

développement économique du pays?<br />

Je vais vous poser un certain nombre <strong>de</strong> questions. Répon<strong>de</strong>z-y librement et sachez que votre<br />

expérience et avis, quels qu’ils soient, me seront gran<strong>de</strong>ment utiles.<br />

2.2.2 Présentation <strong>de</strong> l’interviewé<br />

1) Pouvez-vous brièvement vous présenter ?<br />

2) Quelle est votre fonction actuelle ?<br />

3) Quel en est l’objectif <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> du développement ?<br />

2.2.3 Impact <strong>de</strong>s bailleurs <strong>de</strong> fonds et <strong>au</strong>tres organismes d’ai<strong>de</strong> <strong>au</strong> développement<br />

4) Pensez-vous que ce que vous (et votre organisation) faites a un réel impact ? Lequel ? Est-il<br />

quantifiable ?<br />

5) L’impact touche t’il l’ensemble <strong>de</strong> la population ? S’il y a <strong>de</strong>s différences, quelles sont-elles ?<br />

Comment les réduire ?<br />

6) Comment pensez-vous que l’impact pourrait être renforcé ? Quelles mesures mettriez-vous en<br />

place si vous étiez- <strong>au</strong>x comman<strong>de</strong>s ?<br />

7) L’Afrique a-t-elle réellement besoin <strong>de</strong>s bailleurs <strong>de</strong> fonds pour se développer ?<br />

8) Quelle est votre vision <strong>de</strong> la situation du développement <strong>de</strong> l’Afrique en 2050 ? Et quel rôle<br />

<strong>au</strong>ront les bailleurs <strong>de</strong> fonds à jouer ?<br />

9) Que pensez-vous <strong>de</strong> l’action <strong>de</strong>s différents organismes d’ai<strong>de</strong> <strong>au</strong> développement<br />

international ? (UE, UN, etc.)<br />

2.2.4 L’entrepreneuriat<br />

10) Quel rôle joue l’entrepreneuriat dans l’Afrique et <strong>au</strong> <strong>Bénin</strong> actuellement ? Combien <strong>de</strong><br />

nouvelles entreprises se créent chaque année <strong>au</strong> <strong>Bénin</strong>? Combien y a-t-il d’entreprise dans le<br />

139


secteur privé actuellement ? Et que <strong>de</strong>vient ce nombre si on ajoute le secteur informel ? Quel<br />

impact est-ce que cela a sur le développement du pays ? Est-ce un impact quantifiable ?<br />

11) Est-ce courant d’entreprendre <strong>au</strong> <strong>Bénin</strong> ? Entreprend-on plutôt dans l’économie formelle ou<br />

informelle ? Pourquoi ? Quelles sont les avantages/ désavantages du secteur informel ?<br />

12) Le développement du secteur formel est-il une solution pour l’Afrique ? Qu’est ce qui<br />

favoriserait le basculement <strong>de</strong> la création d’entreprise (et les entreprises existantes) dans<br />

l’économie formelle ? Quelles sont les barrières ?<br />

13) Est-ce facile d’entreprendre ? Quelles sont les barrières ? Qu’est ce qui facilite l’entreprise ?<br />

Qu’est ce qui <strong>de</strong>vrait être mis en place selon vous ?<br />

14) Est-ce que l’entrepreneur est un sujet traité ? Comment ? Par qui ? Les gran<strong>de</strong>s institutions<br />

<strong>comme</strong> par exemple la Banque Mondiale ? Les gouvernements ?<br />

15) Est-ce que la vision <strong>de</strong> votre institution relative à l’initiative a évolué <strong>au</strong> cours <strong>de</strong> ces 10<br />

<strong>de</strong>rnières années ? En quoi ? Pourquoi ? Allouez-vous plus d’efforts à la création d’entreprise ?<br />

Comment cela s’exprime-t-il ?<br />

16) Et <strong>au</strong> <strong>Bénin</strong> ? Quelles sont les barrières ? Qu’est-ce qui a été développé pour permettre un<br />

développement du secteur privé ?<br />

17) Quel est l’impact <strong>de</strong> la création d’entreprise sur les populations ? L’impact est-il différent selon<br />

le secteur ?<br />

18) Pensez-vous que le développement d’activités et entreprises locales peut être une solution<br />

permettant une amélioration <strong>de</strong> la situation <strong>de</strong>s pays d’Afrique subsaharienne ? Et du <strong>Bénin</strong> ?<br />

Pourquoi ?<br />

19) Quel rôle jouera selon vous l’entreprise locale dans le développement <strong>de</strong> l’Afrique d’ici 2050 ?<br />

Quelles mesures <strong>au</strong>ront été mises en place pour cela ?<br />

20) Si vous étiez le conseiller du gouvernement béninois, quels sont les conseils que vous<br />

donneriez relativement à l’initiative et à l’entrepreneuriat ? Et quel serait votre conseil <strong>au</strong>x<br />

bailleurs <strong>de</strong> fonds et à tous les <strong>au</strong>tres acteurs du développement ?<br />

Variables influençant les possibilités d’entreprendre<br />

21) Le nive<strong>au</strong> d’éducation joue-t-il un rôle dans les possibilités d’entreprendre ? Lequel ?<br />

22) Concernant la question <strong>de</strong> l’égalité hommes-femmes, pensez-vous que les conditions pour<br />

entreprendre sont différentes ? En quoi ?<br />

23) Pensez-vous que l’ai<strong>de</strong> <strong>au</strong> développement perturbe l’initiative (l’entreprise) ? Si oui,<br />

pourquoi ? Si non, pensez-vous qu’elle la favorise ? Pourquoi ?<br />

140


24) Que pensez-vous du microcrédit ? Le microcrédit a-t-il fait, selon vous, une différence sur<br />

l’initiative en Afrique ? Laquelle ?<br />

25) Lien avec la diaspora : les personnes qui ont quitté votre pays pour aller vivre ailleurs<br />

soutiennent-elles l’initiative ?<br />

26) Pensez-vous qu’il faille être du clan du premier ministre pour pouvoir entreprendre en Afrique<br />

(<strong>Bénin</strong>)? Est-ce que ça a toujours été <strong>comme</strong> ça ?<br />

27) Quelles sont selon vous les <strong>au</strong>tres variables qui influencent les possibilités d’entreprendre ?<br />

2.2.5 Commentaires éventuels<br />

28) Avez-vous <strong>de</strong>s questions sur mon travail ou <strong>de</strong>s <strong>comme</strong>ntaires supplémentaires à faire ?<br />

29) Sur les sujets traités, quelles sont les personnes que vous me recomman<strong>de</strong>riez <strong>de</strong> contacter ?<br />

Pourquoi ?<br />

141


Section 3 : Le programme <strong>de</strong> rencontres à Songhaï<br />

Date Horaire Activités Lieu Personne<br />

Mardi<br />

27/03/2012<br />

Mercredi<br />

28/03/2012<br />

Jeudi<br />

29/03/2012<br />

Vendredi<br />

30/03/2012<br />

Samedi<br />

31/03/2012<br />

Soirée Arrivée et installation Centre<br />

Songhaï<br />

en charge<br />

Ernest<br />

7h 30 à 8h30 Petit déjeuner Rest<strong>au</strong>rant Ernest<br />

8h 30- 10h 00 Visite guidée du centre Centre<br />

Songhaï<br />

10h 30 Vidéo sur Songhaï Salle<br />

11h 30 – 12h<br />

30<br />

Lecture <strong>de</strong>s documents sur le Centre<br />

Songhaï<br />

Administration<br />

Salle<br />

Administration<br />

Amour /<br />

Amah<br />

Cyril/ John<br />

Aurélie /<br />

Léonce<br />

13h Déjeuner Rest<strong>au</strong>rant Ernest<br />

16h 00 Entretien avec le responsable <strong>de</strong> la<br />

formation<br />

Salle<br />

Administration<br />

Justin<br />

Lekoto<br />

19h Dîner Rest<strong>au</strong>rant Ernest<br />

Matinée :<br />

8h 00 – 10 h00<br />

10h 30 – 12h<br />

30<br />

Soirée :<br />

15h 30 – 18h<br />

00<br />

Matinée et<br />

soirée<br />

Rencontre avec les responsables <strong>de</strong>s<br />

départements <strong>de</strong> la production<br />

végétale et <strong>de</strong> la section<br />

champignons<br />

Rencontre avec les responsables <strong>de</strong>s<br />

départements pisciculture et<br />

fon<strong>de</strong>ries<br />

Rencontre avec les responsables <strong>de</strong>s<br />

sections énergies renouvelables,<br />

agro-industrie et<br />

mécanique/fabrication. Séance <strong>de</strong><br />

discussion sur le projet <strong>de</strong> Promotion<br />

<strong>de</strong> l’entrepreneuriat agricole (PPEA),<br />

la plateforme « Liens » et sur le<br />

microcrédit du centre Songhaï<br />

Matinée Rencontre avec le directeur <strong>de</strong><br />

Songhaï<br />

Unités <strong>de</strong><br />

production<br />

Unités <strong>de</strong><br />

production<br />

Unités <strong>de</strong><br />

production<br />

Salle<br />

Administration<br />

Christophe<br />

Dossa,<br />

Marius<br />

Léon<br />

Sdonougdo<br />

Mousa<br />

Raheens,<br />

Patrice<br />

Koko,<br />

Cyrius,<br />

Lucien<br />

Guy<br />

Loueke<br />

Léonce/<br />

Directeur<br />

142


Section 4: Questions du NES<br />

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