T4 - La Place de Vérité
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doute plus grave encore : les principautés d’Asie subissent d’importants bouleversements, l’équilibre obtenu par Ramsès est compromis. Des peuplades guerrières incontrôlables tenteront de s’imposer et elles déferleront sur l’Égypte sans que vos stupides diplomates aient rien vu venir ! Bay ressemblait à un lutteur vaincu et soûlé de coups, mais il prit son second souffle. — Votre analyse repose-t-elle sur des faits précis ? — Vous me connaissez mal, chancelier. Je suis un homme pragmatique qui laisse à d’autres le rêve et la fantaisie. C’est mon fils aîné qui a mené une longue investigation avec l’aide d’informateurs locaux, hors de la hiérarchie diplomatique si facile à abuser. Comme il est prudent et sceptique, il a recoupé les informations, trié le bon grain de l’ivraie et abouti aux inquiétantes conclusions que je vous dévoile parce que je ne recherche pas le pouvoir mais la sauvegarde de l’Égypte. Percevez-vous enfin la gravité de la situation ? — À part vous et votre fils, qui est au courant ? — Vous, chancelier. Personne d’autre que vous. — Vous pouvez déstabiliser la cour, et même le gouvernement, en propageant ces nouvelles. — Je vous répète que mon seul souci est la sauvegarde de l’Égypte. Aussi empêcherai-je Taousert de devenir pharaon. — À votre tour, vous commettrez une grave erreur. — Si courageuse soit-elle, une femme n’aura pas l’autorité nécessaire pour défendre le territoire et mener nos armées à la victoire. — Nous n’en sommes pas là, me semble-t-il ; même si votre vision est juste, Seth-Nakht, vous ne prévoyez pas une guerre imminente... — Nos adversaires ne sont pas prêts à nous attaquer, je l’admets. — En ce cas, je compte soumettre à la reine la proposition suivante : faire nommer votre fils ministre des Affaires étrangères et vous-même général en chef, chargé de superviser l’ensemble de nos troupes et de leur armement. - 98 -
— Mais... Je n’ai nullement l’intention de collaborer avec Taousert ! — C’est le pharaon Siptah qui signera les décrets entérinant vos nominations, et c’est devant lui et la reine que vous serez responsables de vos actes. Puisque vous connaissez ces dossiers mieux que moi et que nous devons travailler ensemble pour le bonheur des Deux Terres, je n’entraverai vos démarches en aucune façon. Et nous nous réunirons en conseil restreint chaque fois que la situation l’exigera. — Quelle sorte de piège me tendez-vous, chancelier ? Bay leva légèrement les yeux, comme s’il pouvait déchiffrer l’avenir. — C’est bizarre, Seth-Nakht, mais j’ai confiance en vous, et je vous avoue que ce sentiment m’était inconnu jusqu’à présent. Depuis que j’occupe un poste important, je n’ai d’autre ambition que de faire monter la reine Taousert sur le trône d’Égypte. Mais aujourd’hui, vous vous dressez sur mon chemin et vous êtes un adversaire de taille. Par chance, vous ne recherchez pas votre profit personnel, et c’est une conviction profonde qui vous anime. Si vous avez raison, l’Égypte vous devra beaucoup. Il me faut donc vous choisir comme allié, être loyal avec vous et tirer profit de vos compétences. De plus, en servant fidèlement la reine Taousert, vous prendrez conscience qu’elle est digne de devenir un nouvel Horus. Je ne vous ai rien caché de mes intentions, Seth-Nakht ; à vous de décider. — Je dois parler à mon fils aîné de votre surprenante proposition et prendre le temps de la réflexion. — Sans attendre votre réponse, je m’entretiendrai avec la reine. — Et si je refuse ? — L’Égypte sera la grande perdante. Vous poursuivrez votre combat, et moi, je ne trahirai pas Taousert. Forcément, nous nous affronterons en un duel dont le vainqueur lui-même sortira affaibli. — Merci de votre sincérité, chancelier. — Puissent les dieux nous permettre d’œuvrer ensemble pour la grandeur de ce peuple et de cette terre que nous aimons tant, vous et moi. - 99 -
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doute plus grave encore : les principautés d’Asie subissent<br />
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d’informateurs locaux, hors <strong>de</strong> la hiérarchie diplomatique si facile à<br />
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conclusions que je vous dévoile parce que je ne recherche pas le<br />
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gravité <strong>de</strong> la situation ?<br />
— À part vous et votre fils, qui est au courant ?<br />
— Vous, chancelier. Personne d’autre que vous.<br />
— Vous pouvez déstabiliser la cour, et même le gouvernement,<br />
en propageant ces nouvelles.<br />
— Je vous répète que mon seul souci est la sauvegar<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />
l’Égypte. Aussi empêcherai-je Taousert <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir pharaon.<br />
— À votre tour, vous commettrez une grave erreur.<br />
— Si courageuse soit-elle, une femme n’aura pas l’autorité<br />
nécessaire pour défendre le territoire et mener nos armées à la<br />
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— Nous n’en sommes pas là, me semble-t-il ; même si votre<br />
vision est juste, Seth-Nakht, vous ne prévoyez pas une guerre<br />
imminente...<br />
— Nos adversaires ne sont pas prêts à nous attaquer, je<br />
l’admets.<br />
— En ce cas, je compte soumettre à la reine la proposition<br />
suivante : faire nommer votre fils ministre <strong>de</strong>s Affaires étrangères et<br />
vous-même général en chef, chargé <strong>de</strong> superviser l’ensemble <strong>de</strong> nos<br />
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