T4 - La Place de Vérité
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goutte de bière, la première goutte de vin, le premier épi de blé et le premier morceau de pain. Reçois aussi cette laitue et ce lotus, et accorde-nous ta magie. Les offrandes disposées sur l’autel, tous se recueillirent à l’exception de Daktair qui ne supportait pas cette mascarade. — Êtes-vous capable de guérir ce malade, oui ou non ? La femme sage se retourna. — Que respectez-vous, Daktair ? — La science, pas de stupides croyances ! — Vous avez raison, et je partage sans réserve votre opinion. Le médecin-chef fut étonné. — Mais pourtant, vous... — Je ne crois ni en cette déesse ni en cette statue, mais j’ai appris que le monde visible n’était qu’une infime parcelle de l’invisible où agissent les puissances créatrices. Et seule l’une d’elles, incarnée dans cette pierre vivante, peut guérir le malade. Daktair éclata de rire. — J’avais cru un instant que vous renonciez enfin à ces stupidités ! La prison vous remettra les idées en place. Maniant « le bâton vénérable » en bois précieux plaqué de feuilles d’or, Paneb s’avança vers la statue. De l’extrémité, il en toucha doucement les yeux. Ceux qui assistaient à la cérémonie eurent un mouvement de recul. L’espace d’une seconde, il leur sembla que le regard de la déesse de pierre avait flamboyé. — Sors la statue de l’oratoire et pose-la en pleine lumière, ordonna la femme sage au chef de l’équipe de droite. Avec précaution, le colosse s’exécuta. La pierre était chaude, comme si la vie coulait en ses veines. — On a empoisonné ce malade, accusa la femme sage, et les remèdes ordinaires ne suffiront pas à le guérir. Ni un spécialiste ni moi-même ne pourrions empêcher une issue fatale. C’est pourquoi je m’en remets à la divinité qui fait naître les épis d’or et nourrit les êtres humains. Claire versa lentement de l’eau sur les textes hiéroglyphiques - 92 -
qui couvraient le pilier dorsal de la statue. Il s’agissait de très anciennes formules contre les serpents, les scorpions, les insectes venimeux et autres créatures visibles et invisibles qui cherchaient à nuire. Imprégnée par la magie des textes, l’eau fut recueillie dans une coupe en diorite datant de l’époque des pyramides et qui ne servait qu’à cet usage. — Buvez, recommanda la femme sage au malade qui respirait avec difficulté. Paneb aida l’homme à se redresser, et ce dernier but lentement avant de s’allonger à nouveau, le teint grisâtre et les yeux mi-clos. — Rien d’autre à nous proposer ? railla Daktair. — C’est mon ultime remède, concéda Claire. — Inutile de nous attarder ici plus longtemps. Ramenons ce malade au palais où nous tenterons d’atténuer ses souffrances. Votre incompétence étant démontrée, de justes sanctions vous seront infligées. Paneb se plaça entre la femme sage et le médecin-chef. — Écartez-vous ! éructa Daktair. Cette tentative d’intimidation est aussi gratuite qu’inutile. Si vous persistez, vous serez emprisonné, vous aussi ! — Regardez ! s’exclama le doyen des spécialistes. Regardez, il se lève ! Le teint rosé, comme si un nouveau sang irriguait son visage, le malade parvint à se mettre debout. Encore vacillant, il s’appuyait sur l’épaule de Nakht le Puissant. — Mon cœur... Il bat ! J’avais l’impression que mon souffle avait disparu, mais je respire à nouveau ! Le cardiologue l’ausculta aussitôt. Quant à Claire, elle prit le pouls de l’estomac. — L’effet du poison se disperse, conclut-elle. L’eau guérisseuse a triomphé. Les regards des médecins convergèrent vers un Daktair interloqué qui, nerveux, mordillait les poils de sa barbe rousse. — Grâce au nombre et à la qualité des témoins présents, déclara - 93 -
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goutte <strong>de</strong> bière, la première goutte <strong>de</strong> vin, le premier épi <strong>de</strong> blé et le<br />
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accor<strong>de</strong>-nous ta magie.<br />
Les offran<strong>de</strong>s disposées sur l’autel, tous se recueillirent à<br />
l’exception <strong>de</strong> Daktair qui ne supportait pas cette mascara<strong>de</strong>.<br />
— Êtes-vous capable <strong>de</strong> guérir ce mala<strong>de</strong>, oui ou non ?<br />
<strong>La</strong> femme sage se retourna.<br />
— Que respectez-vous, Daktair ?<br />
— <strong>La</strong> science, pas <strong>de</strong> stupi<strong>de</strong>s croyances !<br />
— Vous avez raison, et je partage sans réserve votre opinion.<br />
Le mé<strong>de</strong>cin-chef fut étonné.<br />
— Mais pourtant, vous...<br />
— Je ne crois ni en cette déesse ni en cette statue, mais j’ai<br />
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l’invisible où agissent les puissances créatrices. Et seule l’une d’elles,<br />
incarnée dans cette pierre vivante, peut guérir le mala<strong>de</strong>.<br />
Daktair éclata <strong>de</strong> rire.<br />
— J’avais cru un instant que vous renonciez enfin à ces<br />
stupidités ! <strong>La</strong> prison vous remettra les idées en place.<br />
Maniant « le bâton vénérable » en bois précieux plaqué <strong>de</strong><br />
feuilles d’or, Paneb s’avança vers la statue. De l’extrémité, il en<br />
toucha doucement les yeux.<br />
Ceux qui assistaient à la cérémonie eurent un mouvement <strong>de</strong><br />
recul. L’espace d’une secon<strong>de</strong>, il leur sembla que le regard <strong>de</strong> la<br />
déesse <strong>de</strong> pierre avait flamboyé.<br />
— Sors la statue <strong>de</strong> l’oratoire et pose-la en pleine lumière,<br />
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Avec précaution, le colosse s’exécuta. <strong>La</strong> pierre était chau<strong>de</strong>,<br />
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— On a empoisonné ce mala<strong>de</strong>, accusa la femme sage, et les<br />
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moi-même ne pourrions empêcher une issue fatale. C’est pourquoi<br />
je m’en remets à la divinité qui fait naître les épis d’or et nourrit les<br />
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Claire versa lentement <strong>de</strong> l’eau sur les textes hiéroglyphiques<br />
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