T4 - La Place de Vérité
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— Qui était ton client ? — À l’adresse indiquée, il n’y avait personne... J’avais trop bu, d’accord, mais je suis certain de ne pas m’être trompé. — Tu as commis une grave erreur, constata Kenhir, car tu n’aurais pas dû sortir du village sans signaler cet abcès à la femme sage. — Elle s’occupait d’une fillette, et je ne voulais pas perdre de temps. — Aujourd’hui, à cause de toi, elle est accusée de négligence et elle risque de ne plus pouvoir exercer son art. Casa le Cordage baissa les yeux. — Je m’expliquerai devant les juges, et ce malentendu sera dissipé. — Daktair a déjà entamé une procédure de destitution pour incapacité dans l’exercice de la médecine. Le tailleur de pierre serra les poings. — Je vais lui casser la tête ! — Ne commets surtout pas ce genre d’idiotie, recommanda Kenhir. — Il ne me reste qu’une seule solution, estima Claire : prouver mes capacités au médecin-chef et aux spécialistes du palais. Le général Méhy vida d’un trait sa coupe de vin blanc. — Je sais que tu ne bois que de l’eau, mon cher Daktair, mais tu devrais faire une exception ! Ne convient-il pas de célébrer une belle victoire ? — La déchéance de la femme sage n’est pas encore prononcée. — N’a-t-elle pas choisi la pire des solutions ? Elle aurait dû se battre devant les tribunaux... C’est sa prétention qui la perdra. — Je n’ai pas réussi à corrompre la totalité des spécialistes, avoua Daktair. Certains me sont hostiles, d’autres foncièrement honnêtes. Et pour ne pas entamer ma crédibilité, ce n’est pas moi qui choisirai le malade que la femme sage aura a traiter devant ses collègues, mais l’un d’eux, tiré au sort. — Un cas difficile, j’espère ? - 86 -
— Vous pouvez en être certain ! La réputation de la femme sage déplaît à la plupart des spécialistes, mais elle pourrait réussir si je n’intervenais pas de manière décisive. — Que projettes-tu ? — Dès que je connaîtrai l’identité du malade, j’empoisonnerai sa nourriture ou sa boisson. Quels que soient les talents de la femme sage, elle ne parviendra pas à le sauver. Et c’est un cadavre qu’elle présentera à ses collègues. La poitrine de Méhy se dilata d’aise. — Tu es un remarquable savant, mon ami ! — Pourtant, je demeure cantonné dans un poste sans intérêt où mes facultés intellectuelles s’éteignent à petit feu ! Pourquoi avezvous abandonné vos grands projets ? Brusquement dégrisé, le général se leva. — Qu’as-tu imaginé, Daktair ? — La Place de Vérité est triomphante, le pays tout entier s’enfonce dans la crise et vous, vous vous contentez de régner sur Thèbes ! Quant aux vieilles traditions qui étouffent l’Égypte, personne ne les combat. Qu’espérer, aujourd’hui, sinon la fin de mes illusions ? — Je n’ai renoncé à rien, Daktair, et je n’ai pas oublié qui tu étais. Grâce à moi, tu occupes une position de premier plan ; et le seul à s’endormir, c’est toi ! Je mène une guerre depuis plusieurs années et j’ai porté de rudes coups à un adversaire plus redoutable qu’une armée d’élite, car il possède la pierre de lumière. — Pure illusion, général ! — Je te rappelle que je l’ai vue et que je connais sa puissance ! La confrérie ne survit que par elle, sans oser utiliser ses véritables pouvoirs. Pour s’en emparer, il faut d’abord détruire les défenses qui l’entourent, et la première d’entre elles est la femme sage. C’est pourquoi ton intervention est essentielle. La chaleur de mai était accablante. Aussi Daktair et les médecins avaient-ils pris très tôt le chemin de la Place de Vérité en empruntant des chars de l’armée que conduisaient des hommes de Méhy. Ils avaient suivi de peu le cortège d’ânes chargés de livrer - 87 -
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— Pourtant, je <strong>de</strong>meure cantonné dans un poste sans intérêt où<br />
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abandonné vos grands projets ?<br />
Brusquement dégrisé, le général se leva.<br />
— Qu’as-tu imaginé, Daktair ?<br />
— <strong>La</strong> <strong>Place</strong> <strong>de</strong> <strong>Vérité</strong> est triomphante, le pays tout entier<br />
s’enfonce dans la crise et vous, vous vous contentez <strong>de</strong> régner sur<br />
Thèbes ! Quant aux vieilles traditions qui étouffent l’Égypte,<br />
personne ne les combat. Qu’espérer, aujourd’hui, sinon la fin <strong>de</strong><br />
mes illusions ?<br />
— Je n’ai renoncé à rien, Daktair, et je n’ai pas oublié qui tu<br />
étais. Grâce à moi, tu occupes une position <strong>de</strong> premier plan ; et le<br />
seul à s’endormir, c’est toi ! Je mène une guerre <strong>de</strong>puis plusieurs<br />
années et j’ai porté <strong>de</strong> ru<strong>de</strong>s coups à un adversaire plus redoutable<br />
qu’une armée d’élite, car il possè<strong>de</strong> la pierre <strong>de</strong> lumière.<br />
— Pure illusion, général !<br />
— Je te rappelle que je l’ai vue et que je connais sa puissance !<br />
<strong>La</strong> confrérie ne survit que par elle, sans oser utiliser ses véritables<br />
pouvoirs. Pour s’en emparer, il faut d’abord détruire les défenses<br />
qui l’entourent, et la première d’entre elles est la femme sage. C’est<br />
pourquoi ton intervention est essentielle.<br />
<strong>La</strong> chaleur <strong>de</strong> mai était accablante. Aussi Daktair et les<br />
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Méhy. Ils avaient suivi <strong>de</strong> peu le cortège d’ânes chargés <strong>de</strong> livrer<br />
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