T4 - La Place de Vérité

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28.06.2013 Views

— Je vous interdis de me parler sur ce ton ! Ce fut au tour de Kenhir de sourire. — S’il vous restait un peu de dignité, vous démissionneriez surle-champ, mais vous êtes trop lâche et trop attaché à vos privilèges. C’est pourquoi j’enverrai à Sa Majesté un rapport dans lequel j’évoquerai votre abus d’autorité, lequel sera sanctionné d’une révocation attendue de tous les praticiens sérieux. — À votre place, je ne m’y risquerai pas, menaça Daktair. — Autant vous l’avouer : vous ne m’impressionnez pas. — Vous avez tort de traiter ma lettre à la légère, Kenhir. S’il vous restait un peu d’intelligence, vous cesseriez de soutenir la femme sage. — Tiens donc... Et pour quelle raison ? — Claire, la veuve de Néfer le Silencieux, a bien été chargée par la confrérie de soigner les malades à l’intérieur du village ? Le scribe de la Tombe acquiesça. — Lorsqu’elle détecte un cas grave qu’elle n’est pas capable de traiter, ne doit-elle pas l’adresser à un spécialiste extérieur ? — C’est le devoir d’une femme sage, en effet. Les petits yeux de Daktair brillèrent d’une méchanceté triomphante. — Eh bien, mon cher Kenhir, Claire ne l’a pas rempli. Elle a mis un malade en danger de mort et elle sera donc condamnée avec la plus extrême sévérité. Étant donné son incompétence, j’ai interrompu la livraison des produits médicinaux à une personne incapable de s’en servir. — Vous racontez n’importe quoi ! — L’importance de ma fonction ne me le permet pas, ironisa Daktair. Je n’agis pas sans preuve. — Quelle preuve ? — La plainte de l’artisan malade et si mal soigné. - 84 -

16. Le dos douloureux, Kenhir s’assit lentement sur une chaise à haut dossier. À sa droite, la femme sage ; à sa gauche, Paneb. En face d’eux, Casa le Cordage dont le visage carre semblait figé dans une expression de désespoir. — Nous voulons toute la vérité, exigea le scribe de la Tombe. — D’accord, d’accord, acquiesça le tailleur de pierre, mais ce n’est pas du tout ce que vous imaginez. — La semaine dernière, tu t’es bien rendu sur la rive est ? — Oui, oui... Pour y rencontrer un éventuel client désireux d’acquérir des statuettes funéraires. — Et tu t’es longuement arrêté à la buvette, sur le quai ? — Il faisait chaud et j’avais soif. — Tu as beaucoup bu, n’est-ce pas ? — J’avais grand soif. — Tu as longuement parlé à plusieurs personnes de l’abcès qui te faisait souffrir. — C’est bien possible, admit Casa. — Et tu as omis de préciser que la femme sage te soignerait. — Pour être franc, je ne sais plus très bien ce que j’ai raconté. — D’après les témoignages recueillis par le médecin-chef Daktair, tu t’es plaint d’horribles souffrances et du manque d’intérêt porté à ton cas. — Je ne me souviens pas... — Les témoins ont compris que tu étais en danger et ils ont alerté les autorités sanitaires. — Je n’ai rien exigé de tel ! — En es-tu certain ? questionna Paneb. — Autant qu’on peut l’être ! - 85 -

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Le dos douloureux, Kenhir s’assit lentement sur une chaise à<br />

haut dossier. À sa droite, la femme sage ; à sa gauche, Paneb.<br />

En face d’eux, Casa le Cordage dont le visage carre semblait figé<br />

dans une expression <strong>de</strong> désespoir.<br />

— Nous voulons toute la vérité, exigea le scribe <strong>de</strong> la Tombe.<br />

— D’accord, d’accord, acquiesça le tailleur <strong>de</strong> pierre, mais ce<br />

n’est pas du tout ce que vous imaginez.<br />

— <strong>La</strong> semaine <strong>de</strong>rnière, tu t’es bien rendu sur la rive est ?<br />

— Oui, oui... Pour y rencontrer un éventuel client désireux<br />

d’acquérir <strong>de</strong>s statuettes funéraires.<br />

— Et tu t’es longuement arrêté à la buvette, sur le quai ?<br />

— Il faisait chaud et j’avais soif.<br />

— Tu as beaucoup bu, n’est-ce pas ?<br />

— J’avais grand soif.<br />

— Tu as longuement parlé à plusieurs personnes <strong>de</strong> l’abcès qui<br />

te faisait souffrir.<br />

— C’est bien possible, admit Casa.<br />

— Et tu as omis <strong>de</strong> préciser que la femme sage te soignerait.<br />

— Pour être franc, je ne sais plus très bien ce que j’ai raconté.<br />

— D’après les témoignages recueillis par le mé<strong>de</strong>cin-chef<br />

Daktair, tu t’es plaint d’horribles souffrances et du manque d’intérêt<br />

porté à ton cas.<br />

— Je ne me souviens pas...<br />

— Les témoins ont compris que tu étais en danger et ils ont<br />

alerté les autorités sanitaires.<br />

— Je n’ai rien exigé <strong>de</strong> tel !<br />

— En es-tu certain ? questionna Paneb.<br />

— Autant qu’on peut l’être !<br />

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