T4 - La Place de Vérité
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10. Ce matin-là, Méhy faisait un véritable massacre de martinpêcheurs, de huppes et de canards dans la forêt de papyrus où il chassait avec férocité depuis plus de cinq heures. Mais cette tuerie ne suffisait pas a apaiser ses nerfs qu’il avait contrôlés avec peine en écoutant Paneb. Neuf soldats payés à prix d’or pour se taire, neuf vétérans déjà repartis pour la frontière libyenne... Comment l’artisan, tout colosse qu’il fût, avait-il réussi à les vaincre ? Le plan de Serkéta avait parfaitement fonctionné : attiré hors du village par la fausse réquisition des silos, Paneb était tombé dans le piège tendu par l’escouade qui avait reçu l’ordre d’intercepter un dangereux malfaiteur et de le supprimer s’il résistait. À un contre neuf, l’Ardent n’avait aucune chance ! Une seule explication : Paneb bénéficiait d’un pouvoir surnaturel, offert par la pierre de lumière. Il se nourrissait de son énergie et déployait ensuite une force contre laquelle nul ne pouvait lutter. Cette certitude décupla chez Méhy le désir de s’emparer du trésor suprême de la Place de Vérité ! C’était la pierre qui rendait la confrérie capable de résister à l’adversité et d’affronter les pires épreuves sans désespérer. Tant qu’elle la posséderait, les attaques les plus rudes ne produiraient que des dégâts minimes. Bien entendu, le protecteur officiel de la Place de Vérité avait été au-delà des exigences de Paneb en présentant des excuses officielles au scribe de la Tombe et en offrant à la confrérie des pots d’onguents et des jarres de vin pour faire oublier la lamentable erreur de l’administration. La beauté et l’élégance de la reine Taousert subjuguaient le chancelier Bay. À toute heure du jour, la souveraine était - 54 -
éblouissante, maquillée avec art et parée de discrets bijoux en or dus au talent de l’orfèvre Thouty. Fidèle au souvenir de Séthi II, Taousert ne s’était pas remariée ; avec autorité mais sans ostentation, elle gouvernait l’Égypte en évitant de heurter les partisans de Siptah. — La santé du pharaon s’est-elle améliorée, chancelier ? — Malheureusement non, Majesté ; mais le roi n’émet aucune plainte tant il est heureux de lire les textes des Anciens et de converser avec les sages du temple. — A-t-il définitivement oublié les affaires de l’État ? — Il vous accorde pleine et entière confiance. — C’est ce que tu avais prévu, n’est-ce pas ? Bay baissa les yeux. — Le vieux courtisan Seth-Nakht s’agite beaucoup, ces derniers temps, poursuivit la reine. Son nom, « Seth est victorieux », est plutôt inquiétant. Contrôles-tu la situation ? — Pas complètement, Majesté. La parole de ce dignitaire a beaucoup de poids, et il estime nécessaire de poursuivre la lignée séthienne qui s’est interrompue à la mort de votre mari. — Quels sont ses arguments ? — Il pense que l’Égypte s’affaiblit et que vous ne vous préoccupez pas suffisamment de l’armée. De son point de vue, une démonstration de force en Syro-Palestine serait indispensable. — Telle n’est pas ma politique, en effet. Le crois-tu assez audacieux pour tenter de s’emparer du pouvoir ? — Seth-Nakht est un homme pondéré, mais volontaire ; aussi convient-il de le prendre très au sérieux. — Le nombre de mes ennemis n’a donc pas diminué... — Malheureusement non, Majesté, et la composition actuelle de la cour ne m’incite pas à l’optimisme. Mais je ne leur laisse pas le champ libre et je renforce sans cesse mon système de défense pour vous permettre de gouverner en paix. Le sourire de la reine fit rosir le chancelier. — Je t’avais promis une surprise, te souviens-tu ? Ce monde-ci n’est qu’une infime partie de la réalité, Bay, et nous devons songer à - 55 -
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<strong>de</strong> huppes et <strong>de</strong> canards dans la forêt <strong>de</strong> papyrus où il<br />
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ne suffisait pas a apaiser ses nerfs qu’il avait contrôlés avec peine en<br />
écoutant Paneb.<br />
Neuf soldats payés à prix d’or pour se taire, neuf vétérans déjà<br />
repartis pour la frontière libyenne... Comment l’artisan, tout colosse<br />
qu’il fût, avait-il réussi à les vaincre ?<br />
Le plan <strong>de</strong> Serkéta avait parfaitement fonctionné : attiré hors du<br />
village par la fausse réquisition <strong>de</strong>s silos, Paneb était tombé dans le<br />
piège tendu par l’escoua<strong>de</strong> qui avait reçu l’ordre d’intercepter un<br />
dangereux malfaiteur et <strong>de</strong> le supprimer s’il résistait. À un contre<br />
neuf, l’Ar<strong>de</strong>nt n’avait aucune chance !<br />
Une seule explication : Paneb bénéficiait d’un pouvoir<br />
surnaturel, offert par la pierre <strong>de</strong> lumière. Il se nourrissait <strong>de</strong> son<br />
énergie et déployait ensuite une force contre laquelle nul ne pouvait<br />
lutter.<br />
Cette certitu<strong>de</strong> décupla chez Méhy le désir <strong>de</strong> s’emparer du<br />
trésor suprême <strong>de</strong> la <strong>Place</strong> <strong>de</strong> <strong>Vérité</strong> ! C’était la pierre qui rendait la<br />
confrérie capable <strong>de</strong> résister à l’adversité et d’affronter les pires<br />
épreuves sans désespérer. Tant qu’elle la possé<strong>de</strong>rait, les attaques<br />
les plus ru<strong>de</strong>s ne produiraient que <strong>de</strong>s dégâts minimes.<br />
Bien entendu, le protecteur officiel <strong>de</strong> la <strong>Place</strong> <strong>de</strong> <strong>Vérité</strong> avait<br />
été au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s exigences <strong>de</strong> Paneb en présentant <strong>de</strong>s excuses<br />
officielles au scribe <strong>de</strong> la Tombe et en offrant à la confrérie <strong>de</strong>s pots<br />
d’onguents et <strong>de</strong>s jarres <strong>de</strong> vin pour faire oublier la lamentable<br />
erreur <strong>de</strong> l’administration.<br />
<strong>La</strong> beauté et l’élégance <strong>de</strong> la reine Taousert subjuguaient le<br />
chancelier Bay. À toute heure du jour, la souveraine était<br />
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