T4 - La Place de Vérité

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8. Grâce à l’activité incessante de Niout la Vigoureuse, la demeure de fonction de Kenhir brillait comme un bijou. Pas un grain de poussière n’offensait un mobilier raffiné, et la jeune femme parvenait même à faire le ménage dans le bureau du scribe de la Tombe sans semer le désordre dans ses archives. Comme elle était aussi une excellente cuisinière, Kenhir aurait dû être le plus heureux des maris et pouvoir, en dehors de ses obligations officielles, se consacrer à son œuvre littéraire dont le fleuron était une « Clé des songes ». Mais l’attitude de Niout le chagrinait. — Assieds-toi un instant, je t’en prie. — L’oisiveté n’est-elle pas le pire des vices ? — Tu me donnes le tournis, et j’aimerais te parler sérieusement. La maîtresse de maison prit place sur une chaise paillée. — Je vous écoute. — Je suis un vieillard, tu es une jeune femme. Je t’ai épousée uniquement pour te léguer tous mes biens en te précisant que tu étais libre de mener une existence à ta guise. Pourquoi te consacrer sans cesse à cette demeure et à mon confort en oubliant ton propre bonheur ? — Parce que je suis heureuse de cette manière-là et que tous mes désirs sont comblés. Je vous ai préparé des habits neufs pour le tribunal et j’espère que vous prendrez la bonne décision. La Place de Vérité a besoin d’un véritable chef comme Paneb. « L’assemblée de l’équerre et de l’angle droit », le tribunal spécifique de la Place de Vérité, se réunit dans la cour à ciel ouvert du temple de Maât et d’Hathor. En faisaient partie la femme sage, le chef de l’équipe de gauche, le scribe de la Tombe, Turquoise et - 44 -

quatre autres jurés tirés au sort : Ched le Sauveur, Nakht le Puissant, Gaou le Précis et une prêtresse d’Hathor. Huit comme les forces primordiales, les membres du tribunal émettaient des jugements que nulle autorité ne contestait. Chargés de distinguer la vérité du mensonge et de protéger le faible du puissant, ils arbitraient les affaires concernant la vie de la confrérie, depuis les déclarations de succession jusqu’aux conflits entre villageois. — Une proposition officielle nous est soumise par plusieurs artisans, déclara Kenhir : désigner Paneb l’Ardent comme maître d’œuvre et successeur de Néfer le Silencieux. Je n’ai pas besoin de souligner l’importance d’une telle décision qui ne peut être prise qu’à l’unanimité. — Paneb a risqué sa vie pour sauver la confrérie, rappela Nakht le Puissant. Je n’apprécie pas son caractère, chacun le sait, mais les faits sont les faits. Quand il faudra nous défendre à nouveau, il sera notre meilleur rempart. — Quand le fils spirituel est fidèle a son père, interrogea la femme sage, ne doit-il pas lui succéder ? — Paneb n’est pas seulement un technicien exceptionnel, déclara Hay ; il possède aussi un tempérament de chef. Sa manière de diriger ne ressemblera pas à celle de Néfer, et elle provoquera bien des remous ; mais nous n’avons pas le choix, et je propose de lui faire confiance. — Une telle attitude ne te ressemble pas, remarqua Kenhir. — Seule compte la confrérie. Et je suis persuadé que Paneb la servira avec toute sa puissance. — J’approuve le chef de l’équipe de gauche, appuya Gaou de sa voix éraillée. Je pense, moi aussi, que son manque de diplomatie entraînera des conflits, mais nous avons besoin de son courage et de son énergie. Turquoise et l’autre prêtresse d’Hathor gardèrent le silence. — Si je comprends bien, observa Kenhir, personne ne s’oppose à la nomination de Paneb l’Ardent comme maître d’œuvre. — Tu m’as oublié, intervint Ched le Sauveur. — Paneb a été ton élève et tu l’as toujours soutenu. - 45 -

quatre autres jurés tirés au sort : Ched le Sauveur, Nakht le<br />

Puissant, Gaou le Précis et une prêtresse d’Hathor.<br />

Huit comme les forces primordiales, les membres du tribunal<br />

émettaient <strong>de</strong>s jugements que nulle autorité ne contestait. Chargés<br />

<strong>de</strong> distinguer la vérité du mensonge et <strong>de</strong> protéger le faible du<br />

puissant, ils arbitraient les affaires concernant la vie <strong>de</strong> la confrérie,<br />

<strong>de</strong>puis les déclarations <strong>de</strong> succession jusqu’aux conflits entre<br />

villageois.<br />

— Une proposition officielle nous est soumise par plusieurs<br />

artisans, déclara Kenhir : désigner Paneb l’Ar<strong>de</strong>nt comme maître<br />

d’œuvre et successeur <strong>de</strong> Néfer le Silencieux. Je n’ai pas besoin <strong>de</strong><br />

souligner l’importance d’une telle décision qui ne peut être prise<br />

qu’à l’unanimité.<br />

— Paneb a risqué sa vie pour sauver la confrérie, rappela Nakht<br />

le Puissant. Je n’apprécie pas son caractère, chacun le sait, mais les<br />

faits sont les faits. Quand il faudra nous défendre à nouveau, il sera<br />

notre meilleur rempart.<br />

— Quand le fils spirituel est fidèle a son père, interrogea la<br />

femme sage, ne doit-il pas lui succé<strong>de</strong>r ?<br />

— Paneb n’est pas seulement un technicien exceptionnel,<br />

déclara Hay ; il possè<strong>de</strong> aussi un tempérament <strong>de</strong> chef. Sa manière<br />

<strong>de</strong> diriger ne ressemblera pas à celle <strong>de</strong> Néfer, et elle provoquera<br />

bien <strong>de</strong>s remous ; mais nous n’avons pas le choix, et je propose <strong>de</strong><br />

lui faire confiance.<br />

— Une telle attitu<strong>de</strong> ne te ressemble pas, remarqua Kenhir.<br />

— Seule compte la confrérie. Et je suis persuadé que Paneb la<br />

servira avec toute sa puissance.<br />

— J’approuve le chef <strong>de</strong> l’équipe <strong>de</strong> gauche, appuya Gaou <strong>de</strong> sa<br />

voix éraillée. Je pense, moi aussi, que son manque <strong>de</strong> diplomatie<br />

entraînera <strong>de</strong>s conflits, mais nous avons besoin <strong>de</strong> son courage et <strong>de</strong><br />

son énergie.<br />

Turquoise et l’autre prêtresse d’Hathor gardèrent le silence.<br />

— Si je comprends bien, observa Kenhir, personne ne s’oppose à<br />

la nomination <strong>de</strong> Paneb l’Ar<strong>de</strong>nt comme maître d’œuvre.<br />

— Tu m’as oublié, intervint Ched le Sauveur.<br />

— Paneb a été ton élève et tu l’as toujours soutenu.<br />

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