T4 - La Place de Vérité
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— Toi, le potier, tu as des révélations à me faire ! — Il manque un auxiliaire. — Tu en es sûr ? — Libou, un blanchisseur, né d’une Libyenne et d’un Thébain. Il est âgé de cinquante ans et travaille dur pour nourrir sa famille. Il vole des étoffes grossières de temps à autre, mais je ferme les yeux. — Peut-être est-il malade ? — En ce cas, sa femme m’aurait prévenu. Cette absence est tout à fait anormale, je t’assure ! — Je vais chez lui. En attendant mon retour, reprenez vos activités. Libou rêvait éveillé. L’esprit lent, il peinait à comprendre ce qui lui arrivait. Quand une paysanne l’avait abordé, sur le chemin menant à la Place de Vérité, il avait cru qu’elle le prenait pour un autre. Mais c’était bien son nom qu’elle avait prononcé, et elle connaissait tout de lui, y compris ses menus larcins. Inquiet, Libou s’était défendu en évoquant sa situation modeste et les besoins de sa famille. La paysanne l’avait rassuré. Elle était envoyée par ses collègues blanchisseurs qui venaient de recevoir un lot de linges neufs sortis des ateliers du Ramesseum et comptaient procéder au partage discret des meilleures pièces avant de se rendre au travail. Une aubaine à ne pas manquer ! — Je ne te connais pas, toi... D’où tu sors ? — Je suis une nouvelle nièce de Béken le potier, répondit Serkéta avec une voix aiguë. — Ah bon... Et il ne te dégoûte pas ? — Il est si gentil ! C’est grâce à lui que ce partage a lieu. Serkéta sortit du chemin pour se diriger vers un bosquet de tamaris, en lisière du désert. — C’est le point de rendez-vous, précisa-t-elle ; l’endroit est tranquille. — Ça vaut mieux ! Si le chef Sobek nous attrapait, on perdrait - 40 -
notre emploi et on écoperait d’une lourde peine de prison. — Ne crains rien... Béken a tout prévu. Libou songeait déjà au troc avantageux que sa femme mènerait à terme grâce aux beaux tissus qu’il lui rapporterait. Même si le métier de blanchisseur était rude, il présentait certains avantages. L’œil de l’auxiliaire se posa sur les formes avantageuses de la paysanne. — Il choisit bien ses nièces, Béken... Mais il vient d’en prendre une ! D’habitude, il les garde plus longtemps. — En ce moment, il a beaucoup d’énergie. — Quel vieux bouc ! Si j’avais su, je ne me serais pas marié et j’aurais vécu comme lui. — Tu sais, je ne suis pas tellement farouche... Et quand il y en a pour un, il y en a pour deux. Libou posa une main calleuse sur les seins de Serkéta. — Si ma femme savait... — Qui le lui dira ? Le blanchisseur pencha la tête pour embrasser les tétons, puis il descendit vers le ventre. Sa position était parfaite. Serkéta ôta de sa perruque une longue aiguille enduite de poison et elle la planta dans la nuque de Libou avec une précision de chirurgien. Le corps de l’auxiliaire se tétanisa en quelques instants. Elle le repoussa avec violence et assista, excitée et ravie, à l’horrible agonie. Puis elle récupéra l’arme du crime, dénuda sa victime et la vêtit d’un superbe pagne qu’elle avait porté sous sa tunique ample. Il appartenait à Néfer le Silencieux et avait été dérobé par le traître. Après s’être assurée que les parages étaient déserts, la paysanne repartit vers les cultures. Le doute n’était plus permis : Libou le blanchisseur s’était enfui. Son épouse pleurait, et le chef Sobek avait ordonné à ses hommes de ratisser le territoire de la Place de Vérité et ses alentours. Si ces investigations ne procuraient aucun résultat, il serait contraint de demander à Méhy d’intervenir. - 41 -
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notre emploi et on écoperait d’une lour<strong>de</strong> peine <strong>de</strong> prison.<br />
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Libou songeait déjà au troc avantageux que sa femme mènerait<br />
à terme grâce aux beaux tissus qu’il lui rapporterait. Même si le<br />
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L’œil <strong>de</strong> l’auxiliaire se posa sur les formes avantageuses <strong>de</strong> la<br />
paysanne.<br />
— Il choisit bien ses nièces, Béken... Mais il vient d’en prendre<br />
une ! D’habitu<strong>de</strong>, il les gar<strong>de</strong> plus longtemps.<br />
— En ce moment, il a beaucoup d’énergie.<br />
— Quel vieux bouc ! Si j’avais su, je ne me serais pas marié et<br />
j’aurais vécu comme lui.<br />
— Tu sais, je ne suis pas tellement farouche... Et quand il y en a<br />
pour un, il y en a pour <strong>de</strong>ux.<br />
Libou posa une main calleuse sur les seins <strong>de</strong> Serkéta.<br />
— Si ma femme savait...<br />
— Qui le lui dira ?<br />
Le blanchisseur pencha la tête pour embrasser les tétons, puis il<br />
<strong>de</strong>scendit vers le ventre.<br />
Sa position était parfaite. Serkéta ôta <strong>de</strong> sa perruque une longue<br />
aiguille enduite <strong>de</strong> poison et elle la planta dans la nuque <strong>de</strong> Libou<br />
avec une précision <strong>de</strong> chirurgien.<br />
Le corps <strong>de</strong> l’auxiliaire se tétanisa en quelques instants. Elle le<br />
repoussa avec violence et assista, excitée et ravie, à l’horrible agonie.<br />
Puis elle récupéra l’arme du crime, dénuda sa victime et la vêtit<br />
d’un superbe pagne qu’elle avait porté sous sa tunique ample. Il<br />
appartenait à Néfer le Silencieux et avait été dérobé par le traître.<br />
Après s’être assurée que les parages étaient déserts, la paysanne<br />
repartit vers les cultures.<br />
Le doute n’était plus permis : Libou le blanchisseur s’était enfui.<br />
Son épouse pleurait, et le chef Sobek avait ordonné à ses hommes <strong>de</strong><br />
ratisser le territoire <strong>de</strong> la <strong>Place</strong> <strong>de</strong> <strong>Vérité</strong> et ses alentours. Si ces<br />
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<strong>de</strong>man<strong>de</strong>r à Méhy d’intervenir.<br />
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