T4 - La Place de Vérité

T4 - La Place de Vérité T4 - La Place de Vérité

nihon.ryouri.asia
from nihon.ryouri.asia More from this publisher
28.06.2013 Views

je ferais appel à vous. — J’en serais très honoré. Ces critiques... Menaçaient-elles ma position ? — De nombreux thérapeutes souhaiteraient prendre votre place et bénéficier des avantages importants qui lui sont attachés... Mais soyez rassuré : vous n’avez pas de meilleur défenseur que moi, et Thèbes ne néglige pas mes avis. — J’en suis tout à fait conscient, général, et vous pouvez me considérer comme votre obligé. Méhy entraîna son hôte dans le jardin, loin du brouhaha de la grande salle de réception où des dizaines d’invités appréciaient les mets délicieux. — Vous connaissez ma profonde affection pour notre souveraine qui illumine Thèbes de sa présence, dit le général d’une voix sourde, et je vous avoue mon inquiétude à la suite de rumeurs contradictoires. Les uns prétendent qu’elle souffre d’une indisposition passagère, les autres d’une maladie grave, voire incurable... Comme je ne suis pas parvenu à m’entretenir avec Sa Majesté depuis trois semaines, plusieurs décisions demeurent en suspens, et je ne sais plus quoi penser. Le médecin parut gêné. — Je vous comprends, mais le secret médical... — Félicitations pour votre rigueur et votre sens de la déontologie, docteur ; mais ne devez-vous pas admettre qu’il s’agit d’une affaire d’État ? Notre souveraine m’a chargé d’assurer la sécurité de la ville et de la province, et, sans directives précises, ma tâche s’annonce difficile. C’est pourquoi je compte sur vous. En proie à un profond débat intérieur, le praticien se mordillait les lèvres. — Puis-je exiger de vous une totale discrétion, général ? — Dois-je répéter qu’il s’agit d’une affaire d’État et que mon appui vous est acquis ? — Je vais en avoir besoin... — Vos difficultés seraient-elles plus graves que je ne le supposais ? — La reine souffre d’une maladie du sang incurable, général. - 360 -

Lorsque mes collègues constateront mon échec, ils m’accuseront d’incompétence et je perdrai mon poste, bien que je n’aie commis aucune faute. — Voulez-vous dire que notre bien-aimée souveraine se meurt ? — Son cas est désespéré, en effet. — Quelle terrible nouvelle ! Mais vous avez eu raison de me faire confiance : je vous couvrirai. — Général, je ne sais que dire et... — Allez vous distraire un peu, mon ami. Aussitôt après la mort de Taousert, Méhy licencierait cet incapable et l’enverrait moisir dans une bourgade de Nubie. Restait l’essentiel : bientôt, il n’aurait d’autre adversaire que le vieux Seth-Nakht. — Un message urgent, général. L’intendant remit à Méhy un papyrus scellé en provenance de Pi-Ramsès. Serkéta vit son mari s’isoler pour lire ce rapport écrit par un officier fidèle à Méhy et chargé de lui transmettre des informations confidentielles. Le visage de Méhy s’empourpra, son épouse s’approcha. — C’est incroyable, Serkéta, incroyable ! Le maître d’œuvre de la Place de Vérité s’est rendu à Pi-Ramsès, il s’est entretenu avec Seth- Nakht, et je ne l’apprends que ce soir ! Nous aurions pu organiser un guet-apens, intercepter Paneb, le... Le général ouvrit largement la bouche comme s’il manquait d’air, il lâcha le papyrus et porta les mains à sa poitrine. — Que t’arrive-t-il, mon doux amour ? — Une terrible douleur... J’ai mal, je... L’intendant intervint juste à temps pour retenir son patron qui s’écroulait, les yeux fixes. — Un médecin, vite ! hurla Serkéta. Le général a une crise cardiaque ! - 361 -

je ferais appel à vous.<br />

— J’en serais très honoré. Ces critiques... Menaçaient-elles ma<br />

position ?<br />

— De nombreux thérapeutes souhaiteraient prendre votre place<br />

et bénéficier <strong>de</strong>s avantages importants qui lui sont attachés... Mais<br />

soyez rassuré : vous n’avez pas <strong>de</strong> meilleur défenseur que moi, et<br />

Thèbes ne néglige pas mes avis.<br />

— J’en suis tout à fait conscient, général, et vous pouvez me<br />

considérer comme votre obligé.<br />

Méhy entraîna son hôte dans le jardin, loin du brouhaha <strong>de</strong> la<br />

gran<strong>de</strong> salle <strong>de</strong> réception où <strong>de</strong>s dizaines d’invités appréciaient les<br />

mets délicieux.<br />

— Vous connaissez ma profon<strong>de</strong> affection pour notre souveraine<br />

qui illumine Thèbes <strong>de</strong> sa présence, dit le général d’une voix sour<strong>de</strong>,<br />

et je vous avoue mon inquiétu<strong>de</strong> à la suite <strong>de</strong> rumeurs<br />

contradictoires. Les uns préten<strong>de</strong>nt qu’elle souffre d’une<br />

indisposition passagère, les autres d’une maladie grave, voire<br />

incurable... Comme je ne suis pas parvenu à m’entretenir avec Sa<br />

Majesté <strong>de</strong>puis trois semaines, plusieurs décisions <strong>de</strong>meurent en<br />

suspens, et je ne sais plus quoi penser.<br />

Le mé<strong>de</strong>cin parut gêné.<br />

— Je vous comprends, mais le secret médical...<br />

— Félicitations pour votre rigueur et votre sens <strong>de</strong> la<br />

déontologie, docteur ; mais ne <strong>de</strong>vez-vous pas admettre qu’il s’agit<br />

d’une affaire d’État ? Notre souveraine m’a chargé d’assurer la<br />

sécurité <strong>de</strong> la ville et <strong>de</strong> la province, et, sans directives précises, ma<br />

tâche s’annonce difficile. C’est pourquoi je compte sur vous.<br />

En proie à un profond débat intérieur, le praticien se mordillait<br />

les lèvres.<br />

— Puis-je exiger <strong>de</strong> vous une totale discrétion, général ?<br />

— Dois-je répéter qu’il s’agit d’une affaire d’État et que mon<br />

appui vous est acquis ?<br />

— Je vais en avoir besoin...<br />

— Vos difficultés seraient-elles plus graves que je ne le<br />

supposais ?<br />

— <strong>La</strong> reine souffre d’une maladie du sang incurable, général.<br />

- 360 -

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!