T4 - La Place de Vérité
T4 - La Place de Vérité T4 - La Place de Vérité
de la disparition de Néfer le Silencieux. Face à ce redoutable stratège, le général était contraint de prendre un risque. — Votre confiance et vos confidences m’honorent, mais qu’attendez-vous de moi ? — Excellente question, Méhy... Mes propos, en effet, pourraient être qualifiés de secrets d’État. Des secrets dont vous devenez dépositaire et qui font de vous l’un des dignitaires les mieux informés de ce pays. Ce que j’attends de vous, c’est une collaboration sans arrière-pensée. Bien entendu, vous pourriez avoir l’idée de prêter allégeance à Seth-Nakht dans l’espoir de devenir son premier ministre. — Chancelier, je vous assure que... — Je connais bien la nature humaine, général, et je préfère prévenir que guérir. Si vous tentiez de trahir le pharaon légitime, je serais impitoyable. Méhy et Serkéta comptaient au nombre des invités d’un fastueux banquet que la reine Taousert honorait de sa présence. Ils la jugèrent plus belle et plus dangereuse que jamais, et Serkéta fut jalouse de sa prestance. À la lueur qui troubla son regard, Méhy comprit qu’elle éprouvait des envies de meurtre. — Calme-toi, ma douce, lui murmura-t-il à l’oreille ; sur son territoire, la reine est hors d’atteinte. Serkéta sourit à un vieux dignitaire qui n’avait pas prononcé un mot depuis le début du repas. — Êtes-vous né ici ? lui demanda-t-elle pour tenter de le dérider. — J’ai eu cette chance, belle dame, et j’ai mené une carrière parfaite sans commettre la moindre faute. Ainsi j’ai eu le privilège de servir de véritables chefs. — Le roi Siptah n’en serait-il pas un ? s’étonna Méhy. — Nous respectons tous le pharaon légitime, bien entendu, mais nous redoutons sa jeunesse et son inexpérience. Souhaitons que le temps soit son allié et qu’il apprenne à gouverner. — N’assiste-t-il jamais à des festivités de ce genre ? interrogea - 36 -
Serkéta. — Jamais. Il passe l’essentiel de sa journée au temple à étudier les écrits des Anciens après avoir célébré le rituel de l’aube. Une telle ferveur est louable, mais elle risque d’être inadaptée à la situation actuelle. — Je suis une Thébaine, rappela Serkéta en minaudant comme une fillette, et je connais mal la cour de Pi-Ramsès... Ne tentez-vous pas de nous faire comprendre que la reine Taousert est le véritable maître du pays ? — Personne n’en doute. — Cette certitude ne semble pas recueillir votre adhésion, observa Méhy. D’un revers de main, le dignitaire repoussa une jeune servante qui lui proposait du canard rôti. — Ne soyez pas trop curieux, général, et contentez-vous de ce que vous possédez. Thèbes est une ville agréable, vous la gouvernez d’une poigne de fer et vos résultats sont appréciés à leur juste valeur. Désirer davantage vous conduirait sur des chemins dangereux où vous ne trouveriez aucun allié. — Ignorez-vous que le chancelier Bay m’honore de sa confiance ? — Je n’ignore rien de ce qui se passe dans cette ville et je vous conseille d’en repartir au plus tôt. Vexé, Méhy se rebiffa. — Qui êtes-vous, pour oser me parler sur ce ton ? Le vieux dignitaire se leva, et le couple constata que sa puissance physique était surprenante pour un homme de son âge. — Mes obligations sont nombreuses, et je n’ai guère l’habitude de fréquenter les banquets officiels, mais celui-là m’a donné l’occasion de vous rencontrer. Avant de regagner ma demeure, je tenais à vous préciser que Seth-Nakht n’a pas besoin de vous et que le premier devoir d’un général consiste à obéir à son roi. - 37 -
- Page 2: CHRISTIAN JACQ LA PIERRE DE LUMIERE
- Page 6 and 7: 1. La Place de Vérité, le village
- Page 8 and 9: encastrée dans ce mur. Elle repré
- Page 10 and 11: La dernière demeure de Néfer le S
- Page 12 and 13: C’était l’ultime lueur à laqu
- Page 14 and 15: — Tel est bien mon avis, et je va
- Page 16 and 17: 3. Après avoir humé le plat que l
- Page 18 and 19: les uns les autres. — Espérons q
- Page 20 and 21: plus étroite. Et s’il s’avisai
- Page 22 and 23: 4. Les tailleurs de pierre rempliss
- Page 24 and 25: énergie-là, il a sauvé la confr
- Page 26 and 27: sont terminées ; et c’est en son
- Page 28 and 29: 5. À chacun des cinq fortins dispo
- Page 30 and 31: Les muscles du général se contrac
- Page 32 and 33: donnant au ka de Néfer les essence
- Page 34 and 35: Quand la porte du bureau se referma
- Page 38 and 39: 7. À peine Béken le potier, chef
- Page 40 and 41: — Toi, le potier, tu as des rév
- Page 42 and 43: — Il est certain que Libou a comm
- Page 44 and 45: 8. Grâce à l’activité incessan
- Page 46 and 47: — Justement. — Explique-toi, Ch
- Page 48 and 49: Turquoise de maintenir en lui le dy
- Page 50 and 51: prends ni à mes murs ni à mon mob
- Page 52 and 53: s’empara. La vue brouillée, couv
- Page 54 and 55: 10. Ce matin-là, Méhy faisait un
- Page 56 and 57: notre demeure d’éternité. La fe
- Page 58 and 59: d’orfèvrerie. Et le miracle se r
- Page 60 and 61: 11. Dans sa demeure de fonction, si
- Page 62 and 63: pas alerter la police ? Restait enc
- Page 64 and 65: — La disparition d’une vache.
- Page 66 and 67: des habits de lin fin, chaussèrent
- Page 68 and 69: loi de Maât ! — Écoutez, Kenhir
- Page 70 and 71: 13. Grâce aux indications d’un b
- Page 72 and 73: de l’équipage de la Place de Vé
- Page 74 and 75: frais étaient croquants à souhait
- Page 76 and 77: torride. — Sans doute, mais pourq
- Page 78 and 79: Paneb et Vent du Nord pénétrèren
- Page 80 and 81: 15. Ce fut un miracle si le cheval
- Page 82 and 83: demeurer dans ce village auquel Né
- Page 84 and 85: — Je vous interdis de me parler s
<strong>de</strong> la disparition <strong>de</strong> Néfer le Silencieux.<br />
Face à ce redoutable stratège, le général était contraint <strong>de</strong><br />
prendre un risque.<br />
— Votre confiance et vos confi<strong>de</strong>nces m’honorent, mais<br />
qu’atten<strong>de</strong>z-vous <strong>de</strong> moi ?<br />
— Excellente question, Méhy... Mes propos, en effet, pourraient<br />
être qualifiés <strong>de</strong> secrets d’État. Des secrets dont vous <strong>de</strong>venez<br />
dépositaire et qui font <strong>de</strong> vous l’un <strong>de</strong>s dignitaires les mieux<br />
informés <strong>de</strong> ce pays. Ce que j’attends <strong>de</strong> vous, c’est une<br />
collaboration sans arrière-pensée. Bien entendu, vous pourriez<br />
avoir l’idée <strong>de</strong> prêter allégeance à Seth-Nakht dans l’espoir <strong>de</strong><br />
<strong>de</strong>venir son premier ministre.<br />
— Chancelier, je vous assure que...<br />
— Je connais bien la nature humaine, général, et je préfère<br />
prévenir que guérir. Si vous tentiez <strong>de</strong> trahir le pharaon légitime, je<br />
serais impitoyable.<br />
Méhy et Serkéta comptaient au nombre <strong>de</strong>s invités d’un<br />
fastueux banquet que la reine Taousert honorait <strong>de</strong> sa présence. Ils<br />
la jugèrent plus belle et plus dangereuse que jamais, et Serkéta fut<br />
jalouse <strong>de</strong> sa prestance. À la lueur qui troubla son regard, Méhy<br />
comprit qu’elle éprouvait <strong>de</strong>s envies <strong>de</strong> meurtre.<br />
— Calme-toi, ma douce, lui murmura-t-il à l’oreille ; sur son<br />
territoire, la reine est hors d’atteinte.<br />
Serkéta sourit à un vieux dignitaire qui n’avait pas prononcé un<br />
mot <strong>de</strong>puis le début du repas.<br />
— Êtes-vous né ici ? lui <strong>de</strong>manda-t-elle pour tenter <strong>de</strong> le<br />
déri<strong>de</strong>r.<br />
— J’ai eu cette chance, belle dame, et j’ai mené une carrière<br />
parfaite sans commettre la moindre faute. Ainsi j’ai eu le privilège<br />
<strong>de</strong> servir <strong>de</strong> véritables chefs.<br />
— Le roi Siptah n’en serait-il pas un ? s’étonna Méhy.<br />
— Nous respectons tous le pharaon légitime, bien entendu, mais<br />
nous redoutons sa jeunesse et son inexpérience. Souhaitons que le<br />
temps soit son allié et qu’il apprenne à gouverner.<br />
— N’assiste-t-il jamais à <strong>de</strong>s festivités <strong>de</strong> ce genre ? interrogea<br />
- 36 -