T4 - La Place de Vérité

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Quand la porte du bureau se referma, l’amabilité forcée du chancelier s’estompa. Méhy se retrouva face à un chef de gouvernement inquisiteur et sévère. — Que se passe-t-il exactement à Thèbes, général ? — La situation est tout à fait normale, rassurez-vous ; et je puis déjà vous annoncer de fabuleuses récoltes et d’excellentes rentrées fiscales. — Nul ne doute de vos remarquables qualités de gestionnaire, mon cher Méhy, mais que penser de l’assassinat de Néfer le Silencieux ? — Ce drame épouvantable m’a bouleversé. Le scribe de la Tombe et moi-même conjuguerons nos efforts pour identifier le coupable. — J’en suis heureux... Mais tenez-vous une piste sérieuse ? — Seul Kenhir peut mener l’enquête à l’intérieur du village, chancelier. S’il a besoin de mon intervention à l’extérieur, je lui fournirai autant d’hommes que nécessaire. — J’ai l’impression que vous avez des soupçons précis, général. — Précis, non... Mais je suis persuadé que le criminel est l’un des auxiliaires. Bay consulta un papyrus. — C’est ce que m’a écrit Kenhir, en effet, et il n’est pas loin de partager votre avis. Méhy se sentit mortifié. Continuant à communiquer directement avec le pouvoir central sans avertir le général, le scribe avait adressé un message au chancelier par bateau spécial. — Kenhir m’a assuré que la confrérie continuerait à travailler avec la même rigueur et que Pharaon pouvait compter sur elle pour assumer la totalité de ses devoirs. — D’après sa lettre, ajouta le chancelier, un spectre aurait tenté de troubler la sérénité du village, mais le courage de Paneb, le nouveau chef de l’équipe de droite, a fait fuir cette force des ténèbres et rétabli la quiétude. Le maître d’œuvre Néfer repose à présent en paix, et les artisans se préparent à créer les monuments indispensables au plein rayonnement du règne. — Le pays entier s’en réjouira, affirma Méhy avec un maximum - 34 -

de conviction. — Encore faut-il que l’assassin soit châtié et que la confrérie soit rassurée quant à sa sécurité extérieure. — C’est l’une de mes missions, chancelier, et j’entends bien la remplir ! — Comprenons-nous, général : vous et moi avons déjà réussi à éviter une guerre civile, et nous devons a présent conforter l’autorité du pharaon Siptah et de la reine Taousert. — Insinuez-vous... qu’ils sont en péril ? — Ne jouez pas les naïfs, Méhy. Siptah est doté d’une intelligence exceptionnelle, mais il ne possède aucune expérience du gouvernement, et sa santé est fragile ; sans l’appui de Taousert, il serait incapable de supporter le poids de sa fonction. La reine ellemême doit compter avec de redoutables adversaires... Une partie de la cour ne lui pardonne pas d’être une femme, et l’autre la veuve de Séthi II. — Sa Majesté possède une personnalité fascinante qui a beaucoup impressionné les Thébains... À mon sens, elle a aussi l’envergure d’un pharaon. — Sans nul doute, mais la caste militaire de Pi-Ramsès souhaite voir à la tête de l’Égypte un homme fort, capable de résister à un éventuel envahisseur, voire de déclencher une guerre préventive. — Cet homme fort... s’est-il déjà manifesté ? — Il s’appelle Seth-Nakht. Un dignitaire âgé, certes, mais qui connaît parfaitement la Syro-Palestine et a l’oreille des troupes d’élite. — Au point... de s’emparer du pouvoir par la force ? — Pas encore, général, pas encore... Mais cette éventualité n’est malheureusement pas à exclure. J’espère que Seth-Nakht est un légaliste et qu’il n’osera pas se lancer dans une aventure destructrice. Être trop optimiste serait une grave erreur, ne croyezvous pas ? Méhy prit un temps de réflexion. Le chancelier Bay ne distillait pas par hasard des informations aussi importantes et il ne l’avait donc pas convoqué à Pi-Ramsès uniquement pour lui parler de la situation économique à Thèbes et - 35 -

<strong>de</strong> conviction.<br />

— Encore faut-il que l’assassin soit châtié et que la confrérie soit<br />

rassurée quant à sa sécurité extérieure.<br />

— C’est l’une <strong>de</strong> mes missions, chancelier, et j’entends bien la<br />

remplir !<br />

— Comprenons-nous, général : vous et moi avons déjà réussi à<br />

éviter une guerre civile, et nous <strong>de</strong>vons a présent conforter l’autorité<br />

du pharaon Siptah et <strong>de</strong> la reine Taousert.<br />

— Insinuez-vous... qu’ils sont en péril ?<br />

— Ne jouez pas les naïfs, Méhy. Siptah est doté d’une<br />

intelligence exceptionnelle, mais il ne possè<strong>de</strong> aucune expérience du<br />

gouvernement, et sa santé est fragile ; sans l’appui <strong>de</strong> Taousert, il<br />

serait incapable <strong>de</strong> supporter le poids <strong>de</strong> sa fonction. <strong>La</strong> reine ellemême<br />

doit compter avec <strong>de</strong> redoutables adversaires... Une partie <strong>de</strong><br />

la cour ne lui pardonne pas d’être une femme, et l’autre la veuve <strong>de</strong><br />

Séthi II.<br />

— Sa Majesté possè<strong>de</strong> une personnalité fascinante qui a<br />

beaucoup impressionné les Thébains... À mon sens, elle a aussi<br />

l’envergure d’un pharaon.<br />

— Sans nul doute, mais la caste militaire <strong>de</strong> Pi-Ramsès souhaite<br />

voir à la tête <strong>de</strong> l’Égypte un homme fort, capable <strong>de</strong> résister à un<br />

éventuel envahisseur, voire <strong>de</strong> déclencher une guerre préventive.<br />

— Cet homme fort... s’est-il déjà manifesté ?<br />

— Il s’appelle Seth-Nakht. Un dignitaire âgé, certes, mais qui<br />

connaît parfaitement la Syro-Palestine et a l’oreille <strong>de</strong>s troupes<br />

d’élite.<br />

— Au point... <strong>de</strong> s’emparer du pouvoir par la force ?<br />

— Pas encore, général, pas encore... Mais cette éventualité n’est<br />

malheureusement pas à exclure. J’espère que Seth-Nakht est un<br />

légaliste et qu’il n’osera pas se lancer dans une aventure<br />

<strong>de</strong>structrice. Être trop optimiste serait une grave erreur, ne croyezvous<br />

pas ?<br />

Méhy prit un temps <strong>de</strong> réflexion.<br />

Le chancelier Bay ne distillait pas par hasard <strong>de</strong>s informations<br />

aussi importantes et il ne l’avait donc pas convoqué à Pi-Ramsès<br />

uniquement pour lui parler <strong>de</strong> la situation économique à Thèbes et<br />

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