T4 - La Place de Vérité
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— Tu ne reviendras pas vivant de là-haut ! — Qu’importe, puisque je suis exclu de la confrérie ? — Le tribunal ne s’est pas encore prononcé ! — Ma faute est pire qu’un crime, aucun artisan ne prétendra le contraire. Alors, je demande justice à la cime. — Si elle innocente Paneb, précisa Thouty le Savant, il restera notre chef d’équipe et le maître d’œuvre. Kenhir gardait la tête basse. Il savait bien que, dans le passé, la cime n’avait jamais accordé son pardon aux coupables. Mieux aurait valu pour l’Ardent comparaître devant « l’assemblée de l’équerre et de l’angle droit » qui aurait reconnu sa bonne foi. Mais Paneb n’était pas un être de demi-mesure ; de maître d’œuvre, il ne redeviendrait pas simple artisan. En affrontant le feu dévorant de la cime, il voulait être purifié de sa faute par les puissances divines elles-mêmes et continuer à créer la demeure d’éternité de Taousert dans laquelle il comptait exprimer tout son art. En tant que scribe de la Tombe, Kenhir n’avait pas le droit de se montrer indulgent envers un maître d’œuvre, quelles que soient ses qualités, car l’œuvre à accomplir passait avant l’homme. Telle était la loi de la Place de Vérité depuis sa fondation et, si elle n’était plus appliquée, la confrérie disparaîtrait. Étant donné la popularité acquise par Paneb, le scribe de la Tombe serait haï des artisans pour s’être montré aussi intransigeant, mais il n’en avait cure ; grâce à sa rigueur, c’était le village entier qu’il protégeait. — Je suppose que nous nous reposerons chez nous en attendant le jugement de la cime ? suggéra Ounesh le Chacal, mordant. — À moins que Kenhir ne décide de prendre en main les travaux, ironisa Casa le Cordage. Le vieux scribe ne répondit pas à la provocation et, s’aidant de sa canne, il entama la descente. Ses os étaient douloureux, et il n’avait même pas envie d’admirer le splendide panorama qui l’avait si souvent ébloui. Désormais, il serait considéré comme le persécuteur de Paneb l’Ardent, et sans doute devrait-il prendre enfin sa retraite hors d’un village qu’il continuerait pourtant à aimer. Au moins mourrait-il la conscience satisfaite d’avoir rempli - 330 -
ses obligations de scribe de la Tombe, tâche ingrate entre toutes ; mais pourquoi un dessinateur aussi exercé que Paneb avait-il commis une erreur aussi grossière en recopiant le plan original ? Turquoise se heurta à Niout la Vigoureuse qui barrait l’accès du bureau de Kenhir. — Est-il exact que le scribe de la Tombe a envoyé Paneb à la mort ? — Bien sûr que non ! C’est l’Ardent qui a décidé d’affronter la cime, personne ne l’y obligeait. — Mais c’est Kenhir qui voulait le traîner devant le tribunal ! — Tel était son devoir, Turquoise, en raison de la faute grave commise par le maître d’œuvre. Sache que j’ai donné les mêmes explications à Ouâbet la Pure et que ni un artisan ni une prêtresse d’Hathor ne sauraient critiquer la rigueur de notre règle. Mon mari l’a simplement appliquée, et nous devons l’en féliciter. — Pourquoi ne se montre-t-il pas ? — Parce qu’il est épuisé et déprimé. Crois-tu que le choix de Paneb l’ait réjoui ? Inutile de tourmenter davantage le scribe de la Tombe, qui n’a fait que son devoir. Impressionnée par la détermination de la jeune épouse de Kenhir, Turquoise battit en retraite et se dirigea vers la demeure de la femme sage. Jamais la superbe rousse n’avait imaginé que le colosse pût disparaître ; elle ressentait la chaleur de son désir, comme s’il la serrait dans ses bras sans l’avoir jamais quittée. Depuis leur première rencontre au cours de laquelle leurs corps enfiévrés avaient vécu une communion demeurée aussi intense chaque fois qu’ils faisaient l’amour, Turquoise n’avait pas trompé Paneb. Elle restait pourtant une femme libre, prête à charmer qui lui plaisait, mais elle n’avait plus éprouvé d’autre passion après être devenue la maîtresse du colosse. Elle, amoureuse à ce point... Le jeune insoumis, élevé à la dignité de maître d’œuvre de la confrérie, déployait une étrange magie dont elle ne connaissait pas encore tous les secrets. Non, elle ne voulait pas le perdre ! La femme sage était en grande conversation avec la petite - 331 -
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ses obligations <strong>de</strong> scribe <strong>de</strong> la Tombe, tâche ingrate entre toutes ;<br />
mais pourquoi un <strong>de</strong>ssinateur aussi exercé que Paneb avait-il<br />
commis une erreur aussi grossière en recopiant le plan original ?<br />
Turquoise se heurta à Niout la Vigoureuse qui barrait l’accès du<br />
bureau <strong>de</strong> Kenhir.<br />
— Est-il exact que le scribe <strong>de</strong> la Tombe a envoyé Paneb à la<br />
mort ?<br />
— Bien sûr que non ! C’est l’Ar<strong>de</strong>nt qui a décidé d’affronter la<br />
cime, personne ne l’y obligeait.<br />
— Mais c’est Kenhir qui voulait le traîner <strong>de</strong>vant le tribunal !<br />
— Tel était son <strong>de</strong>voir, Turquoise, en raison <strong>de</strong> la faute grave<br />
commise par le maître d’œuvre. Sache que j’ai donné les mêmes<br />
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d’Hathor ne sauraient critiquer la rigueur <strong>de</strong> notre règle. Mon mari<br />
l’a simplement appliquée, et nous <strong>de</strong>vons l’en féliciter.<br />
— Pourquoi ne se montre-t-il pas ?<br />
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Paneb l’ait réjoui ? Inutile <strong>de</strong> tourmenter davantage le scribe <strong>de</strong> la<br />
Tombe, qui n’a fait que son <strong>de</strong>voir.<br />
Impressionnée par la détermination <strong>de</strong> la jeune épouse <strong>de</strong><br />
Kenhir, Turquoise battit en retraite et se dirigea vers la <strong>de</strong>meure <strong>de</strong><br />
la femme sage. Jamais la superbe rousse n’avait imaginé que le<br />
colosse pût disparaître ; elle ressentait la chaleur <strong>de</strong> son désir,<br />
comme s’il la serrait dans ses bras sans l’avoir jamais quittée.<br />
Depuis leur première rencontre au cours <strong>de</strong> laquelle leurs corps<br />
enfiévrés avaient vécu une communion <strong>de</strong>meurée aussi intense<br />
chaque fois qu’ils faisaient l’amour, Turquoise n’avait pas trompé<br />
Paneb. Elle restait pourtant une femme libre, prête à charmer qui<br />
lui plaisait, mais elle n’avait plus éprouvé d’autre passion après être<br />
<strong>de</strong>venue la maîtresse du colosse.<br />
Elle, amoureuse à ce point... Le jeune insoumis, élevé à la<br />
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magie dont elle ne connaissait pas encore tous les secrets. Non, elle<br />
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