T4 - La Place de Vérité

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28.06.2013 Views

60. — Ça semble grave, dit Ched le Sauveur à Paneb ; le trio qui creusait la tombe de Seth-Nakht te réclame. Le maître d’œuvre remonta à l’air libre. — Un ennui, Féned ? — Plutôt une catastrophe ! En suivant ton plan, nous sommes tombés en plein dans la demeure d’éternité d’Amenmès ! — Impossible ! — C’est pourtant la vérité, déplora Ipouy l’Examinateur. Paneb se rendit immédiatement sur place et constata qu’Ipouy n’exagérait pas. — Que doit-on faire ? questionna Nakht qui accusait un coup de vieux. — Rebouchez hermétiquement le couloir que vous avez creusé. — On abandonne le site ? — Il n’y a pas d’autre solution. — Ça ne me plaisait pas, rappela Féned le Nez, ça ne me plaisait pas du tout ! — Tu protesteras plus tard, intervint Nakht. Pour le moment, on rebouche. L’équipe avait pris le chemin du col dans un silence pesant. Paneb marchait en tête, les autres avaient du mal à suivre. Arrivé le premier au hameau, il fixa le soleil couchant comme si plus rien d’autre n’existait. Les artisans commencèrent à dîner sans prononcer un mot, et seul Kenhir osa s’approcher de l’Ardent dont l’ombre gigantesque couvrait une partie de la montagne. — Je dois rédiger le Journal de la Tombe, Paneb. - 328 -

— Qui vous en empêche ? — Toute l’équipe est informée de ce terrible accident, et je suis obligé de le consigner par écrit. — Remplissez votre office, Kenhir. — Ce ne sera malheureusement pas suffisant... — Quoi d’autre ? — Le maître d’œuvre n’est pas au-dessus des lois de la confrérie, bien au contraire ; en raison de la gravité de la faute, je suis contraint de convoquer le tribunal. Paneb se retourna vers Kenhir. — C’est moi que vous voulez juger ? — Ou bien le tribunal t’acquittera, et tu continueras à diriger les travaux de la confrérie, ou bien tu seras jugé coupable de cette erreur et condamné à te retirer. Un très long silence succéda à la déclaration du scribe de la Tombe. — Je ne me présenterai pas devant le tribunal, annonça Paneb, car je connais d’avance le résultat des délibérations. Je suis seul responsable, donc seul coupable. Saisis par la voix puissante du maître d’œuvre, les artisans avaient cessé de manger pour tendre l’oreille. — Ne réagis pas ainsi, recommanda le scribe de la Tombe ; tu sais bien que tu bénéficies de l’estime générale. — Une estime qui conduira à ma destitution... Vous vivez dans un pays de soleil, mais vous ne supportez pas son rayonnement. Vous et moi ne sommes pas tissés dans la même étoffe. Ce que vous cherchez, c’est votre confort, votre sécurité, mais vous n’acceptez pas que la lumière du grand été inonde votre cœur. Demain, vous rentrerez au village et vous élirez un autre maître d’œuvre. Tous les artisans se levèrent. — Que comptes-tu faire ? s’inquiéta Kenhir. — Aller respirer l’air de la cime et me brûler à son feu. Personne n’osa protester, tant le visage du colosse était devenu impérieux. Mais lorsque Paneb sortit du hameau, Nakht le Puissant le rattrapa. - 329 -

— Qui vous en empêche ?<br />

— Toute l’équipe est informée <strong>de</strong> ce terrible acci<strong>de</strong>nt, et je suis<br />

obligé <strong>de</strong> le consigner par écrit.<br />

— Remplissez votre office, Kenhir.<br />

— Ce ne sera malheureusement pas suffisant...<br />

— Quoi d’autre ?<br />

— Le maître d’œuvre n’est pas au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong>s lois <strong>de</strong> la confrérie,<br />

bien au contraire ; en raison <strong>de</strong> la gravité <strong>de</strong> la faute, je suis<br />

contraint <strong>de</strong> convoquer le tribunal.<br />

Paneb se retourna vers Kenhir.<br />

— C’est moi que vous voulez juger ?<br />

— Ou bien le tribunal t’acquittera, et tu continueras à diriger les<br />

travaux <strong>de</strong> la confrérie, ou bien tu seras jugé coupable <strong>de</strong> cette<br />

erreur et condamné à te retirer.<br />

Un très long silence succéda à la déclaration du scribe <strong>de</strong> la<br />

Tombe.<br />

— Je ne me présenterai pas <strong>de</strong>vant le tribunal, annonça Paneb,<br />

car je connais d’avance le résultat <strong>de</strong>s délibérations. Je suis seul<br />

responsable, donc seul coupable.<br />

Saisis par la voix puissante du maître d’œuvre, les artisans<br />

avaient cessé <strong>de</strong> manger pour tendre l’oreille.<br />

— Ne réagis pas ainsi, recommanda le scribe <strong>de</strong> la Tombe ; tu<br />

sais bien que tu bénéficies <strong>de</strong> l’estime générale.<br />

— Une estime qui conduira à ma <strong>de</strong>stitution... Vous vivez dans<br />

un pays <strong>de</strong> soleil, mais vous ne supportez pas son rayonnement.<br />

Vous et moi ne sommes pas tissés dans la même étoffe. Ce que vous<br />

cherchez, c’est votre confort, votre sécurité, mais vous n’acceptez<br />

pas que la lumière du grand été inon<strong>de</strong> votre cœur. Demain, vous<br />

rentrerez au village et vous élirez un autre maître d’œuvre.<br />

Tous les artisans se levèrent.<br />

— Que comptes-tu faire ? s’inquiéta Kenhir.<br />

— Aller respirer l’air <strong>de</strong> la cime et me brûler à son feu.<br />

Personne n’osa protester, tant le visage du colosse était <strong>de</strong>venu<br />

impérieux. Mais lorsque Paneb sortit du hameau, Nakht le Puissant<br />

le rattrapa.<br />

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