T4 - La Place de Vérité

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28.06.2013 Views

— Les autorités judiciaires thébaines m’ont fait parvenir un dossier concernant les fautes graves commises par un artisan de votre confrérie lors de la fête des bateliers. Ce gredin a séquestré deux femmes, il les a battues et a tenté de les violer. Il a reconnu être marié et tromper sa jeune femme avec les épouses de ses collègues. Étant donné son appartenance à la Place de Vérité et le rôle qu’entend faire jouer la régente à votre confrérie, je souhaite une instruction approfondie et discrète, d’autant plus que le coupable est l’un de vos bras droits. — Son nom, exigea Paneb, consterné. — Il est assistant de chef d’équipe et se nomme Aperti. Le colosse crut que le palais royal s’effondrait sur ses épaules. — Aperti est mon fils, révéla-t-il. Il n’est pas assistant de chef d’équipe, mais simple plâtrier. Aucune émotion n’anima le visage du vizir Hori. — Étant donné la gravité des faits, cette affaire ne sera pas étouffée, d’autant plus que l’interpellation de votre fils s’est produite en dehors du territoire de la Place de Vérité. Il est clair, cependant, que la responsabilité de cette dernière ne saurait être engagée. — Ne doit-il pas comparaître devant notre tribunal ? — Vous êtes en droit de l’exiger, en effet ; mais je vous mets en garde contre cette démarche. En recherchant des circonstances atténuantes, vous ne feriez que retarder la procédure mais l’affaire remonterait quand même jusqu’à mon tribunal. Ne comptez surtout pas sur mon indulgence. — Qu’il soit ou non mon fils, Aperti est un artisan plâtrier et il doit être jugé par ceux qui l’ont formé. Hori se leva. — Vous avez tort de me défier, maître d’œuvre. — Je respecte simplement notre loi. Dès que fut annoncé le bateau rapide à bord duquel devait se trouver Paneb qui avait échappé aux mercenaires payés par l’un de ses agents de Pi-Ramsès, le général Méhy quitta la caserne principale de Thèbes et se rendit au débarcadère, anxieux de voir surgir un maître d’œuvre doté de nouveaux pouvoirs. Peut-être - 248 -

même la régente lui avait-elle octroyé des adjoints. Mais Paneb descendit seul la passerelle, et il n’avait pas la mine réjouie d’un dignitaire auquel on vient d’accorder des honneurs inattendus. — Avez-vous fait bon voyage ? — Pouvez-vous m’accompagner jusqu’à la prison, Méhy ? J’aurai peut-être besoin de votre appui. — À la prison... Mais pourquoi ? — Parce que je dois en sortir mon fils pour le ramener au village où il sera jugé. — Il s’agit sans doute d’une méprise que nous allons dissiper sur l’heure. — C’est lui qui a semé le trouble pendant la fête des bateliers. — Ah... Le cas est sérieux, car l’incident a fait grand bruit. J’aurais aimé vous aider, mais... — Le vizir Hori est déjà au courant. Méhy eut l’air navré. — J’espère que votre fils comprendra qu’il a mal agi et qu’il s’amendera. Alors que les deux hommes s’approchaient de la prison, Méhy osa poser la question qui lui brûlait les lèvres. — Avez-vous vu la régente ? — J’ai eu cet honneur. — Comment se porte Sa Majesté ? — Elle gouverne. — Vous me rassurez, Paneb. Comme le maître d’œuvre ne semblait pas accorder le moindre intérêt aux affaires de l’État, Méhy en conclut que son voyage s’était soldé par un échec. Sans doute avait-il, en vain, présenté à la régente une requête concernant la Place de Vérité. Rassuré, le général aborda avec superbe le directeur de la prison et il le somma de lui remettre le prisonnier Aperti pour le transférer à la Place de Vérité. La présence du maître d’œuvre rassura le fonctionnaire. - 249 -

même la régente lui avait-elle octroyé <strong>de</strong>s adjoints.<br />

Mais Paneb <strong>de</strong>scendit seul la passerelle, et il n’avait pas la mine<br />

réjouie d’un dignitaire auquel on vient d’accor<strong>de</strong>r <strong>de</strong>s honneurs<br />

inattendus.<br />

— Avez-vous fait bon voyage ?<br />

— Pouvez-vous m’accompagner jusqu’à la prison, Méhy ?<br />

J’aurai peut-être besoin <strong>de</strong> votre appui.<br />

— À la prison... Mais pourquoi ?<br />

— Parce que je dois en sortir mon fils pour le ramener au village<br />

où il sera jugé.<br />

— Il s’agit sans doute d’une méprise que nous allons dissiper sur<br />

l’heure.<br />

— C’est lui qui a semé le trouble pendant la fête <strong>de</strong>s bateliers.<br />

— Ah... Le cas est sérieux, car l’inci<strong>de</strong>nt a fait grand bruit.<br />

J’aurais aimé vous ai<strong>de</strong>r, mais...<br />

— Le vizir Hori est déjà au courant.<br />

Méhy eut l’air navré.<br />

— J’espère que votre fils comprendra qu’il a mal agi et qu’il<br />

s’amen<strong>de</strong>ra.<br />

Alors que les <strong>de</strong>ux hommes s’approchaient <strong>de</strong> la prison, Méhy<br />

osa poser la question qui lui brûlait les lèvres.<br />

— Avez-vous vu la régente ?<br />

— J’ai eu cet honneur.<br />

— Comment se porte Sa Majesté ?<br />

— Elle gouverne.<br />

— Vous me rassurez, Paneb.<br />

Comme le maître d’œuvre ne semblait pas accor<strong>de</strong>r le moindre<br />

intérêt aux affaires <strong>de</strong> l’État, Méhy en conclut que son voyage s’était<br />

soldé par un échec. Sans doute avait-il, en vain, présenté à la<br />

régente une requête concernant la <strong>Place</strong> <strong>de</strong> <strong>Vérité</strong>.<br />

Rassuré, le général aborda avec superbe le directeur <strong>de</strong> la prison<br />

et il le somma <strong>de</strong> lui remettre le prisonnier Aperti pour le transférer<br />

à la <strong>Place</strong> <strong>de</strong> <strong>Vérité</strong>. <strong>La</strong> présence du maître d’œuvre rassura le<br />

fonctionnaire.<br />

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