T4 - La Place de Vérité

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28.06.2013 Views

— Je t’en sais gré, Paneb ; mais apprécies-tu correctement la portée d’un ordre émanant du sommet de l’État ? — Je n’ignore pas que Pharaon est le chef suprême de la confrérie et que je lui dois obéissance. — Peut-être considères-tu que les décisions d’une régente sont négligeables ! — Certes pas, Majesté ; et c’est pourquoi j’ai tenu à plaider ma cause à Pi-Ramsès où, dès mon arrivée, on a tenté de m’assassiner. Taousert fut stupéfaite. — Qui a osé ? — J’ai mis en fuite une bande de mercenaires, mais j’ignore le nom du commanditaire. — Seth-Nakht, bien sûr... Pendant ton séjour dans la capitale, tu résideras au palais, et deux soldats garderont ta chambre. Tu dois comprendre que j’ai besoin de temps, Paneb, et que l’unique moyen d’en obtenir consiste à augmenter la période de deuil. Et la seule façon d’y parvenir est de reprendre les travaux dans la tombe de Siptah. Si tu refuses, tu me condamnes à mort. — Majesté... — Les soixante-dix jours de momification ne me suffisent pas. Il m’en faut beaucoup plus. — Détruire l’œuvre accomplie serait une faute impardonnable. — Je ne te demande ni de détruire, ni de construire une autre tombe. Cette tâche prendrait trop de temps, et je dois rester dans les limites de l’acceptable pour mes adversaires. — Quelles sont-elles, Majesté ? — Cent jours de plus. Si tu prends les précautions nécessaires, tu réussiras. — Nous sommes certains de tomber dans un puits funéraire et de causer de graves dommages à la tombe, sans évoquer la rupture d’harmonie que causeraient de tels travaux. Le corps de lumière du roi Siptah ne se trouverait plus dans le creuset alchimique qui a été conçu spécialement pour lui, et sa survie deviendrait incertaine. La reine ferma les yeux quelques instants. — Tu ne pouvais avancer meilleur argument, maître d’œuvre. - 244 -

J’éprouvais une profonde affection pour le pharaon défunt et je n’accomplirai aucun geste susceptible de lui nuire. Mon ordre est donc annulé, et le vizir Hori t’écrira pour confirmer cette décision. Taousert contempla le colosse. — La Place de Vérité sort toujours victorieuse des combats qu’elle mène, n’est-ce pas ? Elle devrait m’offrir un peu de sa force. — Je comptais vous le proposer, Majesté. La régente fut intriguée. — S’il est impossible de modifier l’architecture et la décoration de la tombe de Siptah, pourquoi ne pas jouer sur le mobilier funéraire ? Commandez-nous des lits, des trônes, des vases et d’autres objets de première qualité que nous n’aurons pas le temps de fabriquer pendant la quarantaine de jours qui nous séparent de la fin de la momification. Sans vous mentir et sans trahir l’esprit de la confrérie, je vous répondrai qu’il nous faut un délai supplémentaire. Un délai d’au moins trois mois. — L’idée est séduisante, Paneb. Mais Seth-Nakht sait que l’équipement funéraire de Siptah est déjà prêt et il connaît la compétence des membres de la confrérie. Façonner quelques pièces supplémentaires ne vous prendra pas autant de jours. L’objection de la reine était pertinente. Elle retourna s’asseoir, le visage grave. — Grâce à la pierre de lumière, vous créez de l’or, n’est-il pas vrai ? Le maître d’œuvre tarda à répondre. — Dans certaines conditions... — Voici donc ce que j’annoncerai à la cour : d’ultimes travaux seront effectués dans la tombe de Siptah, et plusieurs objets exceptionnels seront créés, notamment des sceptres, des couronnes et une grande chapelle en or. La quantité nécessaire sera sortie du Trésor et livrée dès que possible au village par bateau spécial. — En ce cas, inutile de procéder à une fabrication alchimique. — Au contraire, maître d’œuvre ! De manière à provoquer la réaction de Seth-Nakht, j’exigerai un monceau d’or. Il protestera haut et fort en affirmant que le Trésor devra bientôt financer un effort de guerre et qu’il ne doit pas se démunir de ses richesses. - 245 -

— Je t’en sais gré, Paneb ; mais apprécies-tu correctement la<br />

portée d’un ordre émanant du sommet <strong>de</strong> l’État ?<br />

— Je n’ignore pas que Pharaon est le chef suprême <strong>de</strong> la<br />

confrérie et que je lui dois obéissance.<br />

— Peut-être considères-tu que les décisions d’une régente sont<br />

négligeables !<br />

— Certes pas, Majesté ; et c’est pourquoi j’ai tenu à plai<strong>de</strong>r ma<br />

cause à Pi-Ramsès où, dès mon arrivée, on a tenté <strong>de</strong> m’assassiner.<br />

Taousert fut stupéfaite.<br />

— Qui a osé ?<br />

— J’ai mis en fuite une ban<strong>de</strong> <strong>de</strong> mercenaires, mais j’ignore le<br />

nom du commanditaire.<br />

— Seth-Nakht, bien sûr... Pendant ton séjour dans la capitale, tu<br />

rési<strong>de</strong>ras au palais, et <strong>de</strong>ux soldats gar<strong>de</strong>ront ta chambre. Tu dois<br />

comprendre que j’ai besoin <strong>de</strong> temps, Paneb, et que l’unique moyen<br />

d’en obtenir consiste à augmenter la pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>de</strong>uil. Et la seule<br />

façon d’y parvenir est <strong>de</strong> reprendre les travaux dans la tombe <strong>de</strong><br />

Siptah. Si tu refuses, tu me condamnes à mort.<br />

— Majesté...<br />

— Les soixante-dix jours <strong>de</strong> momification ne me suffisent pas. Il<br />

m’en faut beaucoup plus.<br />

— Détruire l’œuvre accomplie serait une faute impardonnable.<br />

— Je ne te <strong>de</strong>man<strong>de</strong> ni <strong>de</strong> détruire, ni <strong>de</strong> construire une autre<br />

tombe. Cette tâche prendrait trop <strong>de</strong> temps, et je dois rester dans les<br />

limites <strong>de</strong> l’acceptable pour mes adversaires.<br />

— Quelles sont-elles, Majesté ?<br />

— Cent jours <strong>de</strong> plus. Si tu prends les précautions nécessaires,<br />

tu réussiras.<br />

— Nous sommes certains <strong>de</strong> tomber dans un puits funéraire et<br />

<strong>de</strong> causer <strong>de</strong> graves dommages à la tombe, sans évoquer la rupture<br />

d’harmonie que causeraient <strong>de</strong> tels travaux. Le corps <strong>de</strong> lumière du<br />

roi Siptah ne se trouverait plus dans le creuset alchimique qui a été<br />

conçu spécialement pour lui, et sa survie <strong>de</strong>viendrait incertaine.<br />

<strong>La</strong> reine ferma les yeux quelques instants.<br />

— Tu ne pouvais avancer meilleur argument, maître d’œuvre.<br />

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