T4 - La Place de Vérité

T4 - La Place de Vérité T4 - La Place de Vérité

nihon.ryouri.asia
from nihon.ryouri.asia More from this publisher
28.06.2013 Views

efuses d’agrandir la tombe de Siptah ! s’emporta Kenhir. — Il ne s’agit pas d’un refus, mais d’une difficulté technique insurmontable. — Taousert n’acceptera jamais qu’un maître d’œuvre de la Place de Vérité s’exprime en ces termes. Les difficultés ne sont-elles pas faites pour être surmontées ? — Dans certains cas, il faut savoir s’incliner devant la matière. — Ce n’est pas ton style, Paneb ! — Féned le Nez est péremptoire. Et il ne s’est jamais trompé. L’argument troubla le vieux scribe. — Son intervention t’arrange, puisque tu ne voulais pas modifier l’équilibre de cette tombe ! — Qu’elle m’arrange ou non, c’est ainsi. En perçant le mur du fond, je nuirai à la demeure d’éternité du roi Siptah. Est-ce la volonté de la reine ? Kenhir eut un geste d’agacement. — J’ai peur que nous ne soyons embourbés dans les marais de la politique... Comme la reine a besoin de temps pour renforcer son clan et contrecarrer Seth-Nakht, elle exige des travaux supplémentaires qui prolongeront la période de deuil. — Autrement dit, elle nous utilise. — Et pourquoi pas ? intervint Niout la Vigoureuse. Puisque sa cause est juste, soyons ses alliés ! Toutes les femmes qui ont régné sur le pays furent d’excellentes souveraines. Taousert est fidèle à son mari défunt, elle bâtit la paix, et chacun constate que sa gestion est excellente. Pourquoi prendre le parti d’un vieux courtisan ambitieux qui ferait mieux de se soumettre ? Ce Seth-Nakht est misogyne, voilà tout ! Quoiqu’il jugeât un peu trop rapide l’analyse de son assistante, Kenhir évita de la heurter de front. — Il faut que je parle à la reine, déclara le maître d’œuvre. — Utopique, rétorqua Kenhir. Dans les circonstances actuelles, elle ne peut pas quitter Pi-Ramsès où la situation doit évoluer d’heure en heure. — C’est donc à moi de me déplacer. Je pars immédiatement - 234 -

pour la capitale et j’exposerai les faits à Taousert. L’entraînement des corps d’élite de l’armée thébaine se poursuivait à un rythme intensif. La plupart des militaires de carrière étaient ravis de sortir de leur torpeur habituelle, et les jeunes recrues découvraient avec étonnement les armes récentes mises à leur disposition. La présence de Méhy dynamisait les plus lents, et le général n’hésitait pas à manier lui-même l’arc et l’épée afin de prouver qu’il ne redoutait personne. Il prêtait une attention particulière à sa charrerie, la meilleure du pays, et il se réjouissait chaque jour davantage de commander une force d’une telle ampleur. D’après les informations en provenance de la capitale, le destin n’avait pas encore choisi le vainqueur. La nomination du vizir Hori avait été un coup de maître, et beaucoup de courtisans hésitaient encore entre Taousert et Seth-Nakht, de même que la plupart des officiers supérieurs. — Général, l’avertit son aide de camp, un policier de la brigade fluviale souhaiterait vous parler. — Qu’il vienne. Le policier était un quadragénaire bronzé et sûr de lui. — Général, vous nous avez ordonné de vous signaler tout mouvement inhabituel sur le fleuve. Il vient de s’en produire un : le scribe de la Tombe a affrété un bateau rapide. — Quelle destination ? — Pi-Ramsès. — C’est lui qui est parti ? — Non, un colosse qui me dépassait d’au moins deux têtes. Le maître d’œuvre se rendait dans la capitale... Mais pour quelle raison ? Taousert l’avait convoqué, bien sûr, afin de lui confier un rôle important dans son gouvernement ! Méhy devait intervenir au plus tôt. - 235 -

pour la capitale et j’exposerai les faits à Taousert.<br />

L’entraînement <strong>de</strong>s corps d’élite <strong>de</strong> l’armée thébaine se<br />

poursuivait à un rythme intensif. <strong>La</strong> plupart <strong>de</strong>s militaires <strong>de</strong><br />

carrière étaient ravis <strong>de</strong> sortir <strong>de</strong> leur torpeur habituelle, et les<br />

jeunes recrues découvraient avec étonnement les armes récentes<br />

mises à leur disposition.<br />

<strong>La</strong> présence <strong>de</strong> Méhy dynamisait les plus lents, et le général<br />

n’hésitait pas à manier lui-même l’arc et l’épée afin <strong>de</strong> prouver qu’il<br />

ne redoutait personne. Il prêtait une attention particulière à sa<br />

charrerie, la meilleure du pays, et il se réjouissait chaque jour<br />

davantage <strong>de</strong> comman<strong>de</strong>r une force d’une telle ampleur.<br />

D’après les informations en provenance <strong>de</strong> la capitale, le <strong>de</strong>stin<br />

n’avait pas encore choisi le vainqueur. <strong>La</strong> nomination du vizir Hori<br />

avait été un coup <strong>de</strong> maître, et beaucoup <strong>de</strong> courtisans hésitaient<br />

encore entre Taousert et Seth-Nakht, <strong>de</strong> même que la plupart <strong>de</strong>s<br />

officiers supérieurs.<br />

— Général, l’avertit son ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> camp, un policier <strong>de</strong> la briga<strong>de</strong><br />

fluviale souhaiterait vous parler.<br />

— Qu’il vienne.<br />

Le policier était un quadragénaire bronzé et sûr <strong>de</strong> lui.<br />

— Général, vous nous avez ordonné <strong>de</strong> vous signaler tout<br />

mouvement inhabituel sur le fleuve. Il vient <strong>de</strong> s’en produire un : le<br />

scribe <strong>de</strong> la Tombe a affrété un bateau rapi<strong>de</strong>.<br />

— Quelle <strong>de</strong>stination ?<br />

— Pi-Ramsès.<br />

— C’est lui qui est parti ?<br />

— Non, un colosse qui me dépassait d’au moins <strong>de</strong>ux têtes. Le<br />

maître d’œuvre se rendait dans la capitale... Mais pour quelle<br />

raison ? Taousert l’avait convoqué, bien sûr, afin <strong>de</strong> lui confier un<br />

rôle important dans son gouvernement !<br />

Méhy <strong>de</strong>vait intervenir au plus tôt.<br />

- 235 -

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!