T4 - La Place de Vérité

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28.06.2013 Views

En suivant cette ligne de conduite, le dignitaire s’assurait une parfaite tranquillité et se prélassait à loisir dans sa douillette villa de fonction, au bord du Nil. Dans une cité aussi sûre que Thèbes, où la criminalité était presque inexistante, Méhy s’était assuré une réputation de général intègre, capable de faire régner l’ordre en toutes circonstances, pour la plus grande satisfaction de la population. Aussi le vizir n’avait-il plus convoqué depuis longtemps le tribunal suprême où l’on jugeait les assassins et les coupables de fautes graves. Lorsqu’il avait reçu le dossier anonyme accusant le maître d’œuvre de la Place de Vérité, le vieux courtisan s’était affolé. Bien entendu, son premier réflexe avait consisté à le montrer au général. Méhy lui avait conseillé d’appliquer la loi après avoir prévenu, par courrier officiel, le pouvoir central. Le vieillard espérait que le maître d’œuvre ne répondrait pas à sa convocation car on lui avait décrit Paneb l’Ardent comme un fauve irascible. En cas d’insubordination, ce serait au général d’intervenir par la force. Et lui, le vizir, serait dégagé de toute responsabilité. — Des solliciteurs, ce matin ? demanda-t-il à son secrétaire, un scribe maigre et pâle. — Personne d’important, vos assistants s’en occuperont. — Pas d’affaire urgente à traiter ? — Thèbes est d’un calme idéal. Grâce aux babouins policiers, nous n’avons pas le plus petit vol à déplorer sur les marchés... Un planton se présenta. — Paneb l’Ardent, maître d’œuvre de la Place de Vérité, désire voir le vizir. - 190 -

35. Le vieillard avala sa salive avec difficulté à l’idée de recevoir ce personnage violent et vindicatif, capable à lui seul de terrasser neuf adversaires, lui avait-on dit. — Tout est-il prêt ? — Rassurez-vous, lui promit son secrétaire, vous serez en sécurité. — Bon, bon... Amenez-le. Lorsque le colosse apparut, le vizir se sentit brusquement plus faible et plus âgé. Il se tassa sur son siège en prenant soin d’éviter le regard de l’Ardent, aussi intense qu’une flamme. — Vos deux sarcophages ne sont pas tout à fait terminés, lui annonça Paneb, mais je peux d’ores et déjà vous assurer qu’il s’agira de pièces exceptionnelles. Les autres commandes sont en voie d’achèvement, et voici un échantillon de notre travail. Tenant le vase bleu comme s’il portait une offrande, le maître d’œuvre fit un pas en direction du haut magistrat. — N’approchez pas ! Surpris, Paneb s’immobilisa. — Vous êtes en état d’arrestation, dit le vizir d’une voix tremblante au moment où une dizaine de gardes s’engouffrèrent dans le bureau pour encercler le prévenu en pointant leurs lances vers lui. — C’est une stupide méprise ! — Vous êtes un dangereux criminel, et je dispose d’un témoignage accablant. Au moindre signe de révolte, vous serez abattu. Les soldats qui menaçaient Paneb n’étaient pas des freluquets et ils avaient bénéficié de l’effet de surprise. Serré de près, le colosse n’avait pas la moindre liberté de mouvement. - 191 -

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Le vieillard avala sa salive avec difficulté à l’idée <strong>de</strong> recevoir ce<br />

personnage violent et vindicatif, capable à lui seul <strong>de</strong> terrasser neuf<br />

adversaires, lui avait-on dit.<br />

— Tout est-il prêt ?<br />

— Rassurez-vous, lui promit son secrétaire, vous serez en<br />

sécurité.<br />

— Bon, bon... Amenez-le.<br />

Lorsque le colosse apparut, le vizir se sentit brusquement plus<br />

faible et plus âgé. Il se tassa sur son siège en prenant soin d’éviter le<br />

regard <strong>de</strong> l’Ar<strong>de</strong>nt, aussi intense qu’une flamme.<br />

— Vos <strong>de</strong>ux sarcophages ne sont pas tout à fait terminés, lui<br />

annonça Paneb, mais je peux d’ores et déjà vous assurer qu’il s’agira<br />

<strong>de</strong> pièces exceptionnelles. Les autres comman<strong>de</strong>s sont en voie<br />

d’achèvement, et voici un échantillon <strong>de</strong> notre travail.<br />

Tenant le vase bleu comme s’il portait une offran<strong>de</strong>, le maître<br />

d’œuvre fit un pas en direction du haut magistrat.<br />

— N’approchez pas !<br />

Surpris, Paneb s’immobilisa.<br />

— Vous êtes en état d’arrestation, dit le vizir d’une voix<br />

tremblante au moment où une dizaine <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>s s’engouffrèrent<br />

dans le bureau pour encercler le prévenu en pointant leurs lances<br />

vers lui.<br />

— C’est une stupi<strong>de</strong> méprise !<br />

— Vous êtes un dangereux criminel, et je dispose d’un<br />

témoignage accablant. Au moindre signe <strong>de</strong> révolte, vous serez<br />

abattu.<br />

Les soldats qui menaçaient Paneb n’étaient pas <strong>de</strong>s freluquets et<br />

ils avaient bénéficié <strong>de</strong> l’effet <strong>de</strong> surprise. Serré <strong>de</strong> près, le colosse<br />

n’avait pas la moindre liberté <strong>de</strong> mouvement.<br />

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