T4 - La Place de Vérité
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— N’importe quel céramiste serait capable d’obtenir le bleu que nous avons obtenu ; celui de nos ancêtres était d’une autre nature. Par conséquent, il ne saurait provenir que de la pierre de lumière. À chaque étape de la fabrication, elle irradiera les matériaux. Paneb compacta soigneusement un noyau en utilisant le sable à forte teneur en quartz qu’il avait lui-même broyé, il y ajouta cendres et soude, lui donna une forme simple qu’il enroba d’une couche de pâte de couleur plus terne que celle utilisée par Hay, puis il chauffa. Au fur et à mesure que la température s’élevait, la lumière émanant de la pierre devenait plus intense. Émerveillés, Claire et Paneb assistèrent à l’éclosion d’un bleu d’une pureté extraordinaire qui revêtit l’ensemble du vase à la manière d’un habit précieux. Le travail achevé, le rayonnement diminua et la pierre parut presque inerte. Dans une coupe à larges bords, posée près du vase, des pigments s’étaient déposés. — Du bleu de cobalt, constata la femme sage. Les papyrus en parlaient, mais je le croyais introuvable. C’est lui qui offre cette couleur inimitable7. Le traître en était sûr : si la femme sage et le maître d’œuvre s’étaient enfermés dans l’atelier, c’était pour utiliser la pierre de lumière loin des yeux et des oreilles ! Et puisqu’elle était entrée dans ce local, elle en ressortirait, forcément portée par Paneb. À lui de se trouver là au bon moment pour suivre le colosse jusqu’à la cachette. Avec les autres artisans de l’équipe de droite, le traître vit la femme sage apparaître sur le seuil de l’atelier. Elle leur montra un vase bleu à large col. Pendant quelques instants, tous eurent le souffle coupé. Le bleu était à la fois intense et doux, animé d’une lumière surnaturelle. — Vous avez réussi ! s’exclama Thouty, émerveille. — Nous disposons d’assez de pigments pour fabriquer de nombreux vases et quelques amulettes, indiqua Paneb. Cette collection sera digne de nos ancêtres. 7 De récentes analyses ont prouvé que les Égyptiens utilisaient le bleu de cobalt comme pigment, trois mille ans avant sa découverte en Occident. - 182 -
— Un tel succès mérite un banquet, estima Paï le Bon Pain ; je vous servirai des brochettes et des filets de perche. — Préparez tout, accepta Paneb ; moi, je range et j’éteins les fourneaux. Le traître était obligé d’aider ses camarades, mais ces derniers eurent la bonne idée de disposer tables et sièges non loin de l’atelier dont il ne perdit pas la porte de vue. Sitôt le repas terminé, Paneb s’était de nouveau enfermé dans l’atelier. Au lieu de rentrer chez lui comme ses confrères, le traître s’était dissimulé dans une maison inoccupée et, de la terrasse, avait continué à observer le local où se trouvait la pierre de lumière. L’attente lui parut interminable, mais de bon augure. Si Paneb laissait ainsi la nuit avancer, c’était pour être sûr que le village entier dormirait lorsqu’il remettrait la pierre dans sa cachette. Alors qu’un nuage masquait le mince croissant du deuxième jour de la nouvelle lune, la porte de l’atelier s’ouvrit. Un sac sur l’épaule, Paneb regarda autour de lui. Un sac contenant du sable... C’était donc la ruse que le maître d’œuvre avait utilisée pour apporter la pierre ! Sans elle, il n’aurait pu obtenir le bleu des ancêtres. Ne parvenait-elle pas à illuminer toute matière en l’amenant à son point de perfection ? En assassinant Néfer le Silencieux, le traître avait tué en lui toute émotion. C’était un sang glacé qui coulait dans ses veines et lui donnait la maîtrise de ses impulsions. Aussi descendit-il sans hâte l’escalier pour entreprendre une filature prudente, en se dissimulant à l’angle d’une maison puis derrière une jarre d’eau. À cause du poids, Paneb marchait lentement en direction du temple. Le temple... La cachette idéale ! Pendant la journée, on y célébrait des rites, on y brûlait des parfums, on y nettoyait les objets rituels... Et la nuit, la puissance divine y reposait derrière la porte scellée du naos. Pas un villageois ne pouvait imaginer qu’un artisan oserait briser le sceau et violer ce lieu sacré auquel le traître avait déjà pensé. - 183 -
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Avec les autres artisans <strong>de</strong> l’équipe <strong>de</strong> droite, le traître vit la<br />
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— Vous avez réussi ! s’exclama Thouty, émerveille.<br />
— Nous disposons d’assez <strong>de</strong> pigments pour fabriquer <strong>de</strong><br />
nombreux vases et quelques amulettes, indiqua Paneb. Cette<br />
collection sera digne <strong>de</strong> nos ancêtres.<br />
7 De récentes analyses ont prouvé que les Égyptiens utilisaient le bleu <strong>de</strong> cobalt<br />
comme pigment, trois mille ans avant sa découverte en Occi<strong>de</strong>nt.<br />
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