T4 - La Place de Vérité

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28.06.2013 Views

consulter les archives de nos maîtres faïenciers. — Mon initiateur en était un, rappela Hay, et je n’ai rien oublié de son enseignement ; mais il me faudra de l’aide si la quantité de vases exigée est importante. — Elle l’est, précisa Paneb. Dès demain, nous ouvrirons un atelier consacré à leur fabrication. — Disposons-nous de suffisamment de sable contenant une forte proportion de quartz ? interrogea le chef de l’équipe de gauche. — Sûrement pas, répondit l’orfèvre Thouty, mais je sais où en trouver. — Ce n’est pas tout, reprit Paneb. — Mais ce que tu nous imposes est déjà écrasant ! protesta Casa le Cordage. — Le vizir du Sud en personne nous adresse une commande urgente. — Ce vieux barbon ? s’étonna Féned le Nez. Il se contente d’expédier les affaires courantes en attendant d’être remplacé. Et il n’a jamais mis les pieds au village ! — Le vizir a besoin de deux grands sarcophages en bois. — Les menuisiers de Karnak peuvent les lui procurer, estima Didia le Généreux. — C’est à nous qu’il s’adresse. Toi, le charpentier, tu les façonneras. — Si nous en sommes là, il vaudrait peut-être mieux cesser de palabrer, boire un bon coup et nous mettre au travail. La proposition du charpentier fit l’unanimité. À l’invitation du maître d’œuvre, les artisans joignirent leurs mains pour ressentir l’énergie qui circulait dans l’équipage. Lorsque la porte du local de la confrérie fut refermée, Paneb demeura seul sous le ciel étoilé. — Ne t’éloigne pas de moi, Néfer, et que ton silence devienne parole. J’écoute ta voix, je vis de ta vie, ma main prolonge ta main et je te continue. - 180 -

33. Kenhir avait consulté les archives des faïenciers de la dixhuitième dynastie, auteurs d’un nombre incalculable de chefs d’œuvre. Mais leur utilisation s’était révélée décevante. Les premiers vases sortis du nouvel atelier semblaient pourtant superbes, le bleu étincelant, mais comme le résultat était médiocre face au modèle, sorti de la chambre forte, que Paneb tenait entre ses mains ! — Le sable contenant du quartz a-t-il été assez finement broyé ? demanda-t-il. — Plutôt deux fois qu’une, répondit Hay ; comme fondant, j’ai ajouté de la soude et des cendres végétales, selon la technique qui m’a été enseignée. Les composants se sont bien agglomérés en une masse à la fois solide et poreuse, j’ai chauffé et j’ai appliqué la glaçure. Mais à côté du modèle de référence, la teinte paraît terne. — Quelle température atteins-tu ? — Pas moins de neuf cents degrés. Nous avons varié, mais c’est celle-là qui donne les meilleurs résultats. — Il nous manque un élément... Je reviens avec la femme sage. Claire assista au processus de fabrication d’un vase. Et son verdict fut sans appel. — Il manque un élément essentiel, en effet. Qu’on me laisse seule avec le maître d’œuvre. La porte de l’atelier fermée avec un verrou, Paneb ouvrit un gros sac rempli de sable... du moins jusqu’à la moitié. En dessous se trouvait la pierre de lumière. — Personne ne t’a vu la sortir de sa cachette ? — Je suis allé la chercher au milieu de la nuit, accompagné de Noiraud et de Vilaine Bête. Aucun suiveur n’aurait échappé à leur vigilance. - 181 -

consulter les archives <strong>de</strong> nos maîtres faïenciers.<br />

— Mon initiateur en était un, rappela Hay, et je n’ai rien oublié<br />

<strong>de</strong> son enseignement ; mais il me faudra <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong> si la quantité <strong>de</strong><br />

vases exigée est importante.<br />

— Elle l’est, précisa Paneb. Dès <strong>de</strong>main, nous ouvrirons un<br />

atelier consacré à leur fabrication.<br />

— Disposons-nous <strong>de</strong> suffisamment <strong>de</strong> sable contenant une<br />

forte proportion <strong>de</strong> quartz ? interrogea le chef <strong>de</strong> l’équipe <strong>de</strong> gauche.<br />

— Sûrement pas, répondit l’orfèvre Thouty, mais je sais où en<br />

trouver.<br />

— Ce n’est pas tout, reprit Paneb.<br />

— Mais ce que tu nous imposes est déjà écrasant ! protesta Casa<br />

le Cordage.<br />

— Le vizir du Sud en personne nous adresse une comman<strong>de</strong><br />

urgente.<br />

— Ce vieux barbon ? s’étonna Féned le Nez. Il se contente<br />

d’expédier les affaires courantes en attendant d’être remplacé. Et il<br />

n’a jamais mis les pieds au village !<br />

— Le vizir a besoin <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux grands sarcophages en bois.<br />

— Les menuisiers <strong>de</strong> Karnak peuvent les lui procurer, estima<br />

Didia le Généreux.<br />

— C’est à nous qu’il s’adresse. Toi, le charpentier, tu les<br />

façonneras.<br />

— Si nous en sommes là, il vaudrait peut-être mieux cesser <strong>de</strong><br />

palabrer, boire un bon coup et nous mettre au travail.<br />

<strong>La</strong> proposition du charpentier fit l’unanimité.<br />

À l’invitation du maître d’œuvre, les artisans joignirent leurs<br />

mains pour ressentir l’énergie qui circulait dans l’équipage.<br />

Lorsque la porte du local <strong>de</strong> la confrérie fut refermée, Paneb<br />

<strong>de</strong>meura seul sous le ciel étoilé.<br />

— Ne t’éloigne pas <strong>de</strong> moi, Néfer, et que ton silence <strong>de</strong>vienne<br />

parole. J’écoute ta voix, je vis <strong>de</strong> ta vie, ma main prolonge ta main et<br />

je te continue.<br />

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