T4 - La Place de Vérité

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28.06.2013 Views

— C’est ton foie qui fonctionne mal, estima la femme sage. — Vous en êtes sûre ? s’étonna Rénoupé le Jovial. Pourtant, mon régime alimentaire est des plus raisonnables ! — Alors, ce n’est pas lui le responsable de tes troubles. Je ne crois pas que ma médication puisse réussir. L’artisan perdit toute gaieté. — Faut-il que j’aille consulter un spécialiste, sur la rive est ? — Le seul médecin capable de te guérir, c’est toi-même. — Je ne comprends pas... — Ignores-tu que le foie est le siège de Maât ? Tu ne souffres pas d’une affection physique, mais d’un manque de vérité. Ne serais-tu pas rongé par un mensonge, Rénoupé ? Le Jovial se renfrogna. — Non, bien sûr que non... Enfin, pas tout à fait. Mais c’est tellement difficile a dire... — Aurais-tu dissimulé un fait grave ? demanda Claire avec douceur. — Un souvenir, un simple souvenir qui m’obsède depuis plusieurs semaines ! C’est tellement affreux... Si je parle, je dénonce un collègue, et je me comporte comme un mouchard ! La femme sage demeura imperturbable. — Que ton cœur te dicte ta décision, Rénoupé. L’artisan prit une profonde aspiration. — Bien avant la nomination de Néfer comme maître d’œuvre, nous discutions de la capacité des uns et des autres à diriger la confrérie. Le Silencieux obtenait presque l’unanimité, à l’exception d’Ounesh le Chacal, indécis, et de Gaou le Précis qui m’a fait ses confidences. Avec Ched le Sauveur, il s’estimait digne de commander l’équipage. Vous vous rendez compte ! Gaou s’est forcément aigri, et je n’ose imaginer quelle revanche il a voulu prendre... Dans la salle à colonnes du temple régnait une paix profonde. — Pourquoi m’avoir convoque ici ? questionna Gaou le Précis, face à Claire et à Paneb. - 174 -

— Parce que Maât règne en ce lieu, répondit la femme sage, et qu’aucun mensonge ne saurait y être prononcé, sous peine de voir l’âme de son auteur condamnée à la seconde mort. Désirais-tu occuper la fonction de maître d’œuvre, Gaou, à la place de Néfer le Silencieux ? Le dessinateur s’octroya un long temps de réflexion. — C’est vrai, j’avais ce désir... À ce moment-là, seul Ched le Sauveur me paraissait apte à orienter la confrérie, mais il refusait ce fardeau. Quant à Néfer, il ne possédait pas l’expérience nécessaire. Je me suis trompé... lourdement trompé. — As-tu détesté Néfer au point de... — Je n’ai jamais détesté Néfer. Je l’ai sous-estimé, envié, puis admiré... comme la plupart d’entre nous, d’ailleurs. Mais moi, je ne dissimule pas mes opinions. Et tant pis si elles me nuisent : je préfère mériter mon surnom de « Précis ». — Voici un collier d’or destiné à la statue de Maât, déclara la femme sage. Tes mains sont-elles assez pures pour le déposer devant sa chapelle ? Gaou n’hésita pas un instant. — Regardez-les, mes mains ! exigea-t-il d’une voix altérée par l’indignation. Ce sont celles d’un Serviteur de la Place de Vérité et elles accepteront toutes les tâches que vous leur confierez. Le dessinateur accomplit le rite. Soulagés, Claire et Paneb demeuraient cependant troublés. Pourquoi la mémoire de Rénoupé avait-elle été si lente ? - 175 -

— Parce que Maât règne en ce lieu, répondit la femme sage, et<br />

qu’aucun mensonge ne saurait y être prononcé, sous peine <strong>de</strong> voir<br />

l’âme <strong>de</strong> son auteur condamnée à la secon<strong>de</strong> mort. Désirais-tu<br />

occuper la fonction <strong>de</strong> maître d’œuvre, Gaou, à la place <strong>de</strong> Néfer le<br />

Silencieux ?<br />

Le <strong>de</strong>ssinateur s’octroya un long temps <strong>de</strong> réflexion.<br />

— C’est vrai, j’avais ce désir... À ce moment-là, seul Ched le<br />

Sauveur me paraissait apte à orienter la confrérie, mais il refusait ce<br />

far<strong>de</strong>au. Quant à Néfer, il ne possédait pas l’expérience nécessaire.<br />

Je me suis trompé... lour<strong>de</strong>ment trompé.<br />

— As-tu détesté Néfer au point <strong>de</strong>...<br />

— Je n’ai jamais détesté Néfer. Je l’ai sous-estimé, envié, puis<br />

admiré... comme la plupart d’entre nous, d’ailleurs. Mais moi, je ne<br />

dissimule pas mes opinions. Et tant pis si elles me nuisent : je<br />

préfère mériter mon surnom <strong>de</strong> « Précis ».<br />

— Voici un collier d’or <strong>de</strong>stiné à la statue <strong>de</strong> Maât, déclara la<br />

femme sage. Tes mains sont-elles assez pures pour le déposer<br />

<strong>de</strong>vant sa chapelle ?<br />

Gaou n’hésita pas un instant.<br />

— Regar<strong>de</strong>z-les, mes mains ! exigea-t-il d’une voix altérée par<br />

l’indignation. Ce sont celles d’un Serviteur <strong>de</strong> la <strong>Place</strong> <strong>de</strong> <strong>Vérité</strong> et<br />

elles accepteront toutes les tâches que vous leur confierez.<br />

Le <strong>de</strong>ssinateur accomplit le rite.<br />

Soulagés, Claire et Paneb <strong>de</strong>meuraient cependant troublés.<br />

Pourquoi la mémoire <strong>de</strong> Rénoupé avait-elle été si lente ?<br />

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