T4 - La Place de Vérité

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— Il manque un dixième de la quantité habituelle, constata-t-il. Ceux qui ont rempli les sacs ont utilisé une autre mesure. — Je me rends immédiatement à l’administration centrale, décida Paneb. Que Nakht le Puissant m’accompagne. Bien qu’en excellente condition physique, Nakht éprouvait le plus grand mal à suivre l’allure du colosse. De fort méchante humeur, ce dernier paraissait encore plus sculptural qu’avant sa nomination. — Désolé pour toi, Paneb... Avec tous ces ennuis, ta prise de fonction n’est pas très agréable. — Les ennuis font partie du métier. — Mais là, ça fait beaucoup... Si l’on cherchait à te nuire et à te décourager, on ne s’y prendrait pas autrement. — À qui penses-tu ? — À personne en particulier... Depuis que tu es chef d’équipe, la compétition entre nous est terminée. Et je suis persuadé que le tribunal a eu raison de te nommer maître d’œuvre. — Ne méritais-tu pas ce titre ? — Moi ? Sûrement pas ! J’aime cette confrérie et mon travail, je suis heureux dans ce village et je connais mes limites. Diriger, ce n’est pas mon fort. Non seulement je ne t’envie pas, mais encore je te plains ! Tous les tracas petits et grands, désormais, sont pour toi. Comme à leur habitude, les gardes des bâtiments de l’administration centrale se montrèrent méfiants. — Le maître d’œuvre de la Place de Vérité désire voir le général Méhy, déclara Paneb avec le plus grand calme. C’est très urgent. Un gradé courut jusqu’aux écuries où Méhy examinait deux chevaux qu’il venait d’acquérir pour tirer son char de combat. — Sans intérêt, jugea-t-il. Palefrenier, donne-les à un charrier débutant et procure-moi des bêtes solides. Sans hâte, portant beau, l’administrateur principal de la rive ouest se dirigea vers les deux artisans. — On ne m’avait pas prévenu de votre visite... — On ne m’avait pas prévenu qu’on livrerait au village des - 154 -

poissons pourris et des sacs de grain ne contenant pas la bonne quantité, rétorqua Paneb. Méhy parut surpris. — En êtes-vous certain, maître d’œuvre ? Car c’est bien ainsi que je dois vous appeler, n’est-ce pas ? — Tout à fait certain. Puisqu’il s’agit d’une erreur grave de votre administration, j’exige une réparation immédiate. — Voulez-vous me suivre jusqu’à mon bureau ? Méhy consulta des tablettes de bois. — Voyons ça... D’après le dernier rapport de l’intendance, les livraisons de poisson ont bien été effectuées par Nia et les sacs de grain livrés à l’heure par la boulangerie du Ramesseum. — Du poisson pourri et une quantité insuffisante de grain, rappela Paneb. À l’évidence, on a changé de mesure en toute illégalité. Le général eut un sourire narquois. — Dites-moi, Paneb... Dirigez-vous réellement la Place de Vérité ? — Pourquoi cette question ? — Mon administration n’est nullement responsable de vos soucis et, de plus, vous semblez ignorer ce qui se passe dans votre propre village. Le colosse sentit la colère monter dans ses veines. — Expliquez-vous, Méhy ! — Mes services ont reçu un ordre écrit, portant le sceau de la Place de Vérité. Il enjoignait le poissonnier de vous livrer son stock en l’état, et le responsable des silos du Ramesseum de modifier la mesure et la contenance des sacs. Bien entendu, cet ordre a été exécuté. — Montrez-moi ce document. — Volontiers. La tablette de bois était authentique. À côté du sceau de la Place de Vérité, il y en avait un autre. Celui de l’artisan qui avait donné cet ordre à la place du maître d’œuvre. - 155 -

poissons pourris et <strong>de</strong>s sacs <strong>de</strong> grain ne contenant pas la bonne<br />

quantité, rétorqua Paneb.<br />

Méhy parut surpris.<br />

— En êtes-vous certain, maître d’œuvre ? Car c’est bien ainsi<br />

que je dois vous appeler, n’est-ce pas ?<br />

— Tout à fait certain. Puisqu’il s’agit d’une erreur grave <strong>de</strong> votre<br />

administration, j’exige une réparation immédiate.<br />

— Voulez-vous me suivre jusqu’à mon bureau ? Méhy consulta<br />

<strong>de</strong>s tablettes <strong>de</strong> bois.<br />

— Voyons ça... D’après le <strong>de</strong>rnier rapport <strong>de</strong> l’intendance, les<br />

livraisons <strong>de</strong> poisson ont bien été effectuées par Nia et les sacs <strong>de</strong><br />

grain livrés à l’heure par la boulangerie du Ramesseum.<br />

— Du poisson pourri et une quantité insuffisante <strong>de</strong> grain,<br />

rappela Paneb. À l’évi<strong>de</strong>nce, on a changé <strong>de</strong> mesure en toute<br />

illégalité.<br />

Le général eut un sourire narquois.<br />

— Dites-moi, Paneb... Dirigez-vous réellement la <strong>Place</strong> <strong>de</strong><br />

<strong>Vérité</strong> ?<br />

— Pourquoi cette question ?<br />

— Mon administration n’est nullement responsable <strong>de</strong> vos<br />

soucis et, <strong>de</strong> plus, vous semblez ignorer ce qui se passe dans votre<br />

propre village.<br />

Le colosse sentit la colère monter dans ses veines.<br />

— Expliquez-vous, Méhy !<br />

— Mes services ont reçu un ordre écrit, portant le sceau <strong>de</strong> la<br />

<strong>Place</strong> <strong>de</strong> <strong>Vérité</strong>. Il enjoignait le poissonnier <strong>de</strong> vous livrer son stock<br />

en l’état, et le responsable <strong>de</strong>s silos du Ramesseum <strong>de</strong> modifier la<br />

mesure et la contenance <strong>de</strong>s sacs. Bien entendu, cet ordre a été<br />

exécuté.<br />

— Montrez-moi ce document.<br />

— Volontiers.<br />

<strong>La</strong> tablette <strong>de</strong> bois était authentique.<br />

À côté du sceau <strong>de</strong> la <strong>Place</strong> <strong>de</strong> <strong>Vérité</strong>, il y en avait un autre. Celui<br />

<strong>de</strong> l’artisan qui avait donné cet ordre à la place du maître d’œuvre.<br />

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