T4 - La Place de Vérité
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— Désires-tu la liberté ? lui demanda-t-elle en montrant la porte largement ouverte. La huppe s’envola, demeura quelques instants en vol stationnaire, puis retourna au fond de la volière. — Moi non plus, je ne parviens pas à m’échapper, murmura la reine en regardant venir à elle, d’une démarche plus décidée encore qu’à l’ordinaire, le rugueux Seth-Nakht. — M’accordez-vous un entretien privé, Majesté, ou dois-je solliciter une audience officielle ? — Puisque vous ne vous êtes certainement pas déplacé pour des broutilles, parlons. — Ces oiseaux sont bruyants... Allons sous le kiosque. Ce dernier présentait l’avantage d’être à la fois ombragé et isolé ; aucun jardinier n’entendrait la conversation. La reine et Seth-Nakht s’assirent face à face, de part et d’autre d’une table basse sur laquelle se trouvait une corbeille de raisin. — Avec la mort de Bay, Majesté, vous perdez l’homme qui réussissait à juguler les factions. — Nul n’en est plus conscient que moi. — À mon sens, personne n’est en mesure de le remplacer. — Vous avez raison. — Comptez-vous assister à ses funérailles ? — Elles se dérouleront à Thèbes, et il m’est impossible de quitter Pi-Ramsès. — Heureux de vous l’entendre dire. — Auriez-vous tenté de m’empêcher de partir ? — Puisque vous restez, Majesté, la question ne se pose pas. Dans la situation actuelle, toute autre attitude eût été une faute grave. Chacun sait que le roi Siptah se meurt, et il vous a sans doute confié la responsabilité de régner à sa place. Si le pharaon était parti pour l’étranger, vous auriez été chargée de gouverner, et votre position n’a donc rien d’anormal. Vous n’êtes pas la première régente des Deux Terres et vous incarnez aujourd’hui la stabilité dont elles ont besoin, à condition de ne pas vous éloigner de la capitale. Aussi mon fils aîné et moi-même vous obéirons-nous sans - 132 -
défaillance. — Heureuse de vous l’entendre dire, ponctua la reine avec un léger sourire. — Mais je tenais à vous préciser une nouvelle fois que cette obéissance a des limites. À la mort de Siptah, la régente devra s’écarter du trône. — Pour l’abandonner à qui ? — À un homme d’expérience qui restaurera enfin le pouvoir pharaonique dans sa toute-puissance. Nous avons subi des règnes d’une inquiétante faiblesse, ces dernières années, et ce n’est pas une femme qui pourra mettre fin à cette dérive. — Pourquoi vous en croyez-vous capable ? — Parce que j’en ai la ferme volonté. — Même au prix d’une guerre civile, Seth-Nakht ? — Ce serait faire le jeu de nos ennemis et condamner l’Égypte à mort. Lorsque le moment sera venu, Majesté, retirez-vous et laissezmoi agir. Quand les villageois apprirent la convocation des membres du tribunal de la Place de Vérité, beaucoup firent grise mine. À quelle nouvelle épreuve seraient-ils confrontés ? Il ne pouvait pas s’agir de l’affaire Thouty, définitivement résolue, et personne n’avait entendu parler d’un conflit récent entre deux artisans. De multiples rumeurs se répandirent, allant de la condamnation de l’épouse de Paï le Bon Pain pour abus de pâtisseries jusqu’à celle de Karo le Bourru pour excès de jurons, mais aucune ne parut fondée. — C’est sûrement en rapport avec le décès du chancelier Bay, estima Ounesh le Chacal ; les autorités ont décidé de réduire nos livraisons ! — Moi, affirma Nakht le Puissant, je suis persuadé que les artisans de Karnak nous jalousent et qu’ils veulent nous empêcher de travailler pour l’extérieur. — Quoi qu’il arrive, annonça Féned le Nez, on ne se laissera pas manipuler. - 133 -
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— Heureuse <strong>de</strong> vous l’entendre dire, ponctua la reine avec un<br />
léger sourire.<br />
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obéissance a <strong>de</strong>s limites. À la mort <strong>de</strong> Siptah, la régente <strong>de</strong>vra<br />
s’écarter du trône.<br />
— Pour l’abandonner à qui ?<br />
— À un homme d’expérience qui restaurera enfin le pouvoir<br />
pharaonique dans sa toute-puissance. Nous avons subi <strong>de</strong>s règnes<br />
d’une inquiétante faiblesse, ces <strong>de</strong>rnières années, et ce n’est pas une<br />
femme qui pourra mettre fin à cette dérive.<br />
— Pourquoi vous en croyez-vous capable ?<br />
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— Même au prix d’une guerre civile, Seth-Nakht ?<br />
— Ce serait faire le jeu <strong>de</strong> nos ennemis et condamner l’Égypte à<br />
mort. Lorsque le moment sera venu, Majesté, retirez-vous et laissezmoi<br />
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Quand les villageois apprirent la convocation <strong>de</strong>s membres du<br />
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nouvelle épreuve seraient-ils confrontés ? Il ne pouvait pas s’agir <strong>de</strong><br />
l’affaire Thouty, définitivement résolue, et personne n’avait entendu<br />
parler d’un conflit récent entre <strong>de</strong>ux artisans.<br />
De multiples rumeurs se répandirent, allant <strong>de</strong> la condamnation<br />
<strong>de</strong> l’épouse <strong>de</strong> Paï le Bon Pain pour abus <strong>de</strong> pâtisseries jusqu’à celle<br />
<strong>de</strong> Karo le Bourru pour excès <strong>de</strong> jurons, mais aucune ne parut<br />
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— C’est sûrement en rapport avec le décès du chancelier Bay,<br />
estima Ounesh le Chacal ; les autorités ont décidé <strong>de</strong> réduire nos<br />
livraisons !<br />
— Moi, affirma Nakht le Puissant, je suis persuadé que les<br />
artisans <strong>de</strong> Karnak nous jalousent et qu’ils veulent nous empêcher<br />
<strong>de</strong> travailler pour l’extérieur.<br />
— Quoi qu’il arrive, annonça Féned le Nez, on ne se laissera pas<br />
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