C’ est à 10 h, dans <strong>la</strong> fraîcheur matina<strong>le</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> P<strong>la</strong>ce Mirabeau, que commence <strong>la</strong> journée d’un festivalier. Assis à l’ombre <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>tanes, il goûte d’abord au cocktail <strong>de</strong> bienvenue. Un cocktail <strong>de</strong> folklore, évi<strong>de</strong>mment. Aujourd’hui il réunit <strong>le</strong> Bal<strong>le</strong>t Royal du Laos et <strong>le</strong> groupe Célénod, <strong>de</strong> Nouvel<strong>le</strong>- Calédonie. À tour <strong>de</strong> rô<strong>le</strong>, ils vont jouer quelques airs, chanter <strong>de</strong>s chansons traditionnel<strong>le</strong>s <strong>de</strong> <strong>le</strong>urs pays, puis expliquer <strong>le</strong>s paro<strong>le</strong>s et présenter <strong>le</strong>urs instruments <strong>de</strong> musique. Déjà <strong>le</strong> ton du festival est donné : un mé<strong>la</strong>nge <strong>de</strong> cultures pour un échange privilégié avec <strong>le</strong> public. À 11 heures, on se dép<strong>la</strong>ce à Jonquières, pour découvrir <strong>le</strong>s percussions ma<strong>la</strong>isiennes ou encore <strong>le</strong>s rythmes s<strong>la</strong>ves <strong>de</strong>s musiciens slovaques du groupe Pul’s. Les concerts sont donnés en p<strong>le</strong>ine rue, alors certains n’hésitent pas à partager quelques pas <strong>de</strong> danses avec <strong>le</strong>s artistes. Le tout sur <strong>de</strong>s airs inconnus, qui apportent un peu <strong>de</strong> fraîcheur à nos oreil<strong>le</strong>s. Le temps <strong>de</strong> se restaurer et <strong>le</strong> voyage continue. De retour sur <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce Mirabeau on s’instal<strong>le</strong> dans une chaise longue pour participer aux siestes du bout du mon<strong>de</strong>, ou comment découvrir l’oralité <strong>de</strong> ces <strong>la</strong>ngues venues d’ail<strong>le</strong>urs, dans un registre plus calme, bercés par <strong>le</strong>s flûtes <strong>de</strong> pans boliviennes et un léger mistral qui nous caresse <strong>le</strong> visage. De retour à <strong>la</strong> réalité, une petite centaine <strong>de</strong> mètres nous sépare <strong>de</strong> l’église <strong>de</strong> La Ma<strong>de</strong><strong>le</strong>ine, dans <strong>la</strong>quel<strong>le</strong> résonnent <strong>le</strong>s accordéons et <strong>le</strong>s tambours d’Ossétie du Nord. Envoûté par <strong>le</strong> charme <strong>de</strong>s danseurs, on croit apercevoir <strong>le</strong>s steppes qui s’éten<strong>de</strong>nt à perte <strong>de</strong> vue. Al<strong>le</strong>z, on se remet <strong>de</strong> ses émotions, direction <strong>le</strong> Vil<strong>la</strong>ge du festival, sur l’esp<strong>la</strong>na<strong>de</strong> <strong>de</strong> La Hal<strong>le</strong>, pour manger un morceau en écoutant <strong>la</strong> biguine cha<strong>le</strong>ureuse <strong>de</strong>s « Balisiers » <strong>de</strong> Gua<strong>de</strong>loupe. Ensuite, soit on rejoint L’Î<strong>le</strong>, pour assister au prestigieux spectac<strong>le</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> scène du canal Saint-Sébastien, soit on reste au vil<strong>la</strong>ge, pour entrer dans <strong>la</strong> danse jusqu’à <strong>de</strong>ux heures du matin, au son <strong>de</strong> <strong>la</strong> capoiera brésilienne ou <strong>de</strong>s rythmes vodous béninois. Vous l’aurez compris, il est donc possib<strong>le</strong> <strong>de</strong> faire <strong>le</strong> tour du mon<strong>de</strong> en une journée. Et pendant <strong>le</strong>s dix jours <strong>de</strong> ce festival, ils ont été plusieurs centaines <strong>de</strong> milliers à en profiter. S’ouvrir sur <strong>le</strong> mon<strong>de</strong> Devant autant <strong>de</strong> qualité, en quantité, diffici<strong>le</strong> <strong>de</strong> dégager <strong>de</strong>s temps forts <strong>de</strong> <strong>la</strong> programmation 2009. On retiendra sans doute <strong>la</strong> journée du samedi 25 juil<strong>le</strong>t, qui mit <strong>la</strong> Provence à l’honneur un peu partout dans <strong>la</strong> vil<strong>le</strong>. Avec surtout une version mo<strong>de</strong>rne <strong>de</strong> <strong>la</strong> Matelote interprétée par <strong>la</strong> Capoulière, que Paul Lombard, parrain <strong>de</strong> cette 21 e édition, <strong>de</strong>manda même <strong>de</strong> rejouer lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> soirée <strong>de</strong> clôture. « Cette danse a été relookée façon mo<strong>de</strong>rne », explique Marc Perron, prési<strong>de</strong>nt et fondateur du Festival. « On a travaillé avec une association ÉVÉNEMENT Ma<strong>la</strong>isie, Colombie, Provence… Toutes <strong>le</strong>s cou<strong>le</strong>urs du mon<strong>de</strong> pour inviter <strong>le</strong>s spectateurs à voyager sur <strong>le</strong>s cinq continents. Ou quand <strong>le</strong> Festival <strong>de</strong>vient un enchantement… <strong>de</strong> jeunes danseurs qui a réussi à mixer <strong>la</strong> danse traditionnel<strong>le</strong> avec <strong>de</strong> <strong>la</strong> break-dance. On vou<strong>la</strong>it remettre à l’ordre du jour une danse ancienne et je pense que c’est <strong>le</strong> travail que l’on pourrait continuer à mener: renouve<strong>le</strong>r un peu <strong>le</strong> patrimoine provençal dans une évolution culturel<strong>le</strong> ». Une ouverture sur <strong>le</strong> mon<strong>de</strong>, mais aussi une ouverture d’esprit <strong>de</strong>s organisateurs, qui a séduit l’ensemb<strong>le</strong> <strong>de</strong>s formations folkloriques invitées cette année. Amenées à jouer et à danser sur scène avec <strong>de</strong>s groupes venus <strong>de</strong>s quatre coins du mon<strong>de</strong>, ce fût pour <strong>le</strong>s artistes une expérience inoubliab<strong>le</strong>, comme <strong>le</strong> confirme Stanis<strong>la</strong>s Deadbow, directeur artistique <strong>de</strong>s « As du Bénin ». « Le fait d’être mé<strong>la</strong>ngés nous fait nous sentir comme <strong>de</strong>s frères. On oublie <strong>la</strong> différence pour former un seul groupe. L’unité dans <strong>la</strong> diversité ». Des mots qui résument parfaitement l’essence du festival. ■ REFLETS I SEPTEMBRE 2009 45
PRENONS LE TEMPS 46 REFLETS I SEPTEMBRE 2009