"Reflets, le magazine de la ville de Martigues", n° 30

UNE PAGE D’HISTOIRE
L’ÉCOLE DE SAINT-JEAN
SOUVENIR
Depuis plus de 100 ans, l’école intercommunale de Saint-Jean accueille petits
Martégaux et Port-de-Boucains dans un esprit « école de campagne »
SOAZIC ANDRÉ // FRANÇOIS DÉLÉNA // ARCHIVES
E
lle n’est pas toute jeune cette école. Son
histoire commence le 9 juillet 1902,
lorsque les maires de Martigues et Port-
relayait pour le nettoyer et l’alimenter en bois. Il n’y
avait pas de cantine, les enfants qui arrivaient de
loin cassaient la croûte sous le préau avec leur
de-Bouc décident de construire une école « biasse », un sac de docker. J’en garde de bons
intercommunale. Les réformes engagées, trente souvenirs. Sauf pour les blouses noires que nous
ans plus tôt, par Jules Ferry alors ministre de portions. Quel cauchemar ces blouses! »
l’instruction publique, rendaient l’école laïque À partir de 1950, les effectifs augmentent. Le
et obligatoire pour tous les enfants, filles et chantier naval de Port-de-Bouc embauche, la
garçons. La première rentrée scolaire s’est cité Kulhmann à Port-de-Bouc sort de terre, une
effectuée en janvier 1907 dans des locaux troisième classe est ajoutée.
neufs, constitués d’une classe et d’un logement En 1958, l’école s’étend une nouvelle fois avec la
de fonction. Saint-Jean est alors une campagne création de trois classes dont une dite enfan-
occupée par une vingtaine de fermes.
tine. Deux préaux et une seconde cour sont
Présentant un effectif réduit, l’école est autori- installés. Jusqu’en 1980, il est entendu que la
sée à appliquer la mixité (Jusqu’en 1963 commune de Port-de-Bouc participe à hauteur
la séparation était de rigueur, elle « préservait de 2/5 des dépenses de l’école.
l’innocence des filles et la tranquillité des garçons » En 1983, la maternelle en préfabriqué est rem-
disait-on). Instruction morale et civique, placée par une salle « en dur » munie d’un dor-
lecture, écriture, histoire, géographie, dessin et toir. En 1995, l’établissement devient l’unique
musique étaient au programme, sans oublier la centre d’enseignement continu de provençal de
gymnastique, les exercices militaires pour les la ville. La langue d’oc est enseignée quotidien-
garçons et les travaux d’aiguilles pour les filles. nement par quatre instituteurs qui basent leurs
En 1929, l’industrie se développant à Caronte- cours sur la culture provençale dont l’œuvre du
La Gafette, une seconde classe est ajoutée. Cinq peintre martégal et occitaniste, Henri Damofli
ans plus tard, filles et garçons sont séparés sur avec lequel une enrichissante collaboration sera
ordre du ministre de l’éducation nationale menée jusqu’à son décès en 2002. L’école
« J’y suis entrée à six ans et j’y ai passé mon certifi- de Saint-Jean sera renommée école Henri
cat d’étude se souvient Ginette Bourguignon. Damofli. En son hommage, en 2005, une
Les classes étaient chauffées avec un poêle et l’on se fresque est réalisée par les enfants aidés de
l’artiste Daniel Zanca. « Elle représente un œil
immense, à la taille de l’œuvre d’Enric, explique
Dominique Tronchère, le directeur, dans lequel
se mirent les différentes époques et les divers thèmes
de l’artiste. Un trésor d’inspiration qui mériterait
une place au musée Ziem ». L’attachement des
parents pour cet établissement témoigne de la
qualité de son enseignement et de son accueil
qui en font un lieu privilégié pour l’épanouis -
sement des enfants : « Le quartier continue à
pousser, conclut le directeur. L’école Damofli
prépare sa mue et affine le projet de construction
d’une nouvelle école dans le nord du quartier, en
face du lotissement de la Bergeronnette. Les effectifs
grandissant, il est temps, comme les insectes,
d’élaborer une enveloppe plus grande, à la
mesure de l’école du XXI e siècle. » ■
REFLETS I SEPTEMBRE 2009 39