"Reflets, le magazine de la ville de Martigues", n° 30
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© Frédéric Munos<br />
RÉMI CHAPE<br />
FRÉDÉRIC MUNOS<br />
Chaque année <strong>de</strong>s centaines<br />
<strong>de</strong> lycéens martégaux sortent<br />
du secondaire <strong>le</strong> bacca<strong>la</strong>uréat<br />
en poche. Un diplôme qui<br />
<strong>le</strong>ur donne plus ou moins<br />
<strong>de</strong> possibilités quant à <strong>le</strong>ur<br />
avenir professionnel, en fonction<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> filière choisie. Mais ont-ils<br />
suffisamment <strong>de</strong> repères pour<br />
s’orienter en connaissance<br />
<strong>de</strong> cause? L’entrée dans <strong>la</strong> vie<br />
active doit-el<strong>le</strong> primer sur<br />
<strong>la</strong> vocation? Et quel<strong>le</strong>s solutions<br />
s’offrent à eux sur <strong>le</strong> territoire?<br />
Ils viennent d’obtenir <strong>le</strong>ur Bac, mais qu’ont-ils choisi<br />
d’en faire ? L’Université ? Un BTS ? Une c<strong>la</strong>sse préparatoire<br />
pour <strong>le</strong>s gran<strong>de</strong>s éco<strong>le</strong>s ? Et surtout quel<strong>le</strong><br />
filière, pour quels débouchés ?<br />
Ces questions, <strong>le</strong>s 437 bacheliers <strong>de</strong> Martigues se <strong>le</strong>s<br />
sont posées en janvier. Non pas par excès <strong>de</strong> prévoyance<br />
– beaucoup pensent d’ail<strong>le</strong>urs qu’il est encore trop tôt<br />
pour se déci<strong>de</strong>r – mais parce qu’ils n’ont pas eu <strong>le</strong> choix.<br />
Depuis <strong>de</strong>ux ans (décret du 23 mai 2006) l’Éducation<br />
Nationa<strong>le</strong> a mis en p<strong>la</strong>ce <strong>le</strong> dispositif d’Orientation Active.<br />
Entièrement informatisé et automatisé, il sera obligatoire<br />
dans tous <strong>le</strong>s établissements à <strong>la</strong> rentrée 2010.<br />
Le principe est aussi simp<strong>le</strong> que cruel pour ceux qui ne<br />
jouent pas <strong>le</strong> jeu (cf. page 35) et a <strong>la</strong> froi<strong>de</strong>ur d’une machine.<br />
Heureusement que <strong>le</strong>s élèves peuvent compter sur <strong>de</strong>s proviseurs<br />
interventionnistes et <strong>le</strong>s conseil<strong>le</strong>rs d’orientation<br />
psychologues présents dans <strong>le</strong>ur établissement ou au Centre<br />
d’Information et d’Orientation (<strong>le</strong> CIO). « Nous travaillons<br />
chaque année avec tous <strong>le</strong>s élèves <strong>de</strong> Termina<strong>le</strong> et seuls quelquesuns<br />
viennent avec une idée précise du métier qu’ils veu<strong>le</strong>nt faire »,<br />
explique Nico<strong>le</strong> Brassard, <strong>la</strong> directrice du CIO. « Certains<br />
voient à peu près vers quel<strong>le</strong>s étu<strong>de</strong>s se diriger mais d’autres ne<br />
savent pas du tout où al<strong>le</strong>r et ne semb<strong>le</strong>nt pas prêts à faire un<br />
choix ». Avec l’essor d’Internet, <strong>le</strong>s lycéens disposent pourtant<br />
<strong>de</strong> tonnes d’informations et peuvent par exemp<strong>le</strong> consulter<br />
<strong>le</strong>s milliers <strong>de</strong> fiches métiers réalisées par l’ONISEP<br />
(Office National d'Information Sur <strong>le</strong>s Enseignements et<br />
<strong>le</strong>s Professions). Sur chacune d’entre el<strong>le</strong>s sont détaillés <strong>la</strong><br />
DOSSIER<br />
ORIENTATION<br />
nature du travail, ses conditions, <strong>le</strong>s compétences requises<br />
pour y prétendre, sa rémunération et l’ensemb<strong>le</strong> <strong>de</strong>s formations<br />
permettant d’y accé<strong>de</strong>r. Diffici<strong>le</strong> d’être plus exhaustif.<br />
D’ail<strong>le</strong>urs <strong>le</strong>s lycéens l’avouent, ils n’accor<strong>de</strong>nt que peu<br />
<strong>de</strong> crédit aux conseil<strong>le</strong>rs d’orientation et préfèrent se<br />
« débrouil<strong>le</strong>r tout seuls ». 18 ans, l’âge <strong>de</strong> l’insouciance ?<br />
De l’affirmation <strong>de</strong> soi ? De <strong>la</strong> liberté ?<br />
Quand certains se sentent pousser <strong>de</strong>s ai<strong>le</strong>s, rejettent toute<br />
forme d’autorité et s’estiment arrivés à maturité, il <strong>de</strong>vient<br />
dur <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur faire entendre raison, même quand il s’agit<br />
d’assurer <strong>le</strong>ur avenir. Pierre Ribot, proviseur du lycée Jean<br />
Lurçat, ne manque pas d’exemp<strong>le</strong>s en <strong>la</strong> matière: « Beaucoup<br />
ne voient que <strong>le</strong>s bons côtés <strong>de</strong>s métiers, ils raisonnent à partir<br />
<strong>de</strong> l’image qu’ils en ont ou du prestige qu’ils représentent. Inspirés<br />
par une série TV à succès, il y en a qui viennent me voir en me<br />
disant qu’ils veu<strong>le</strong>nt travail<strong>le</strong>r à <strong>la</strong> morgue. D’autres veu<strong>le</strong>nt<br />
faire vétérinaire parce qu’ils aiment bien <strong>le</strong>s animaux, ou homme<br />
politique, mé<strong>de</strong>cin, footbal<strong>le</strong>ur professionnel…» Et souvent, <strong>le</strong><br />
retour à <strong>la</strong> réalité passe par <strong>de</strong>s stages, qui permettent<br />
d’appréhen<strong>de</strong>r <strong>le</strong> métier au quotidien et <strong>de</strong> faire apparaître<br />
ses « mauvais côtés ». Ils ne sont pas automatiques au lycée,<br />
il faut être suffisamment volontaire pour obtenir une convention<br />
délivrée par l’établissement et y avoir droit.<br />
Vers <strong>le</strong> marché du travail<br />
Mais même quand on est bien renseigné et que l’on a une<br />
idée précise du métier idéal, vouloir ne veut pas dire pouvoir.<br />
Il faut prendre en compte ses capacités et son dossier<br />
sco<strong>la</strong>ire, au risque <strong>de</strong> se voir barrer bruta<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> chemin<br />
<strong>de</strong> l’emploi recherché. Car c’est bien d’insertion professionnel<strong>le</strong><br />
qu’il est question. D’où <strong>le</strong> certain succès rencontré<br />
par <strong>le</strong>s bacs Pro, <strong>le</strong>s bacs technologiques, <strong>le</strong>s filières courtes<br />
(BTS, DUT) et <strong>le</strong>s formations en alternance, au détriment<br />
<strong>de</strong> l’université. D’autant qu’à Martigues, <strong>le</strong>s lycées proposent<br />
<strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s spécialisées dans <strong>le</strong> domaine <strong>de</strong> l’industrie<br />
et il n’est pas rare que ceux qui <strong>le</strong>s suivent aient <strong>de</strong>s propositions<br />
d’embauche avant même d’obtenir <strong>le</strong>ur diplôme.<br />
Les bacheliers attachent d’ail<strong>le</strong>urs beaucoup d’importance<br />
à <strong>la</strong> composante économique <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur futur métier ainsi<br />
qu’au rang social qu’il confère. Pour se déci<strong>de</strong>r, certains<br />
réaliseront un arbitrage entre durée d’étu<strong>de</strong>s et sa<strong>la</strong>ire, peutêtre<br />
au détriment d’une vocation qui prendrait plus <strong>de</strong> temps<br />
à s’exprimer ou d’une autre qui ne <strong>le</strong>ur offrirait pas <strong>la</strong> rémunération<br />
souhaitée. Le risque est <strong>le</strong> même dans tous <strong>le</strong>s cas<br />
<strong>de</strong> figure : l’échec. Car si l’obtention du Bacca<strong>la</strong>uréat est<br />
vécue comme <strong>la</strong> fin d’un cyc<strong>le</strong>, celui qui démarre marque<br />
définitivement <strong>le</strong> début <strong>de</strong>s choses sérieuses.<br />
REFLETS I SEPTEMBRE 2009 33