ob_f1cbbf_helen-fielding-2-l-age-de-raison.pdf

Le lendemain matin, me suis réveillée toute souriante en me
disant que tout allait bien, mais en jetant un coup d'œil autour de
moi, j'ai vu qu'il était déjà habillé et j'ai compris que tout n'allait
pas bien du tout.
- Je peux t'expliquer, ai-je dit en me dressant comme un
ressort, très théâtrale.
Pendant un instant, nous nous sommes regardés et nous
sommes mis à rire. Mais ensuite il a repris son sérieux.
- Alors, vas-y.
- C'est à cause de Rebecca. St John m'a dit que Rebecca lui
avait dit que je lui avais dit qu'il me plaisait et...
- Et tu as cru cet ahurissant téléphone arabe?
- Et que tu lui avais dit que nous ...
- Oui?
- Que nous étions en train de nous séparer.
Mark s'est assis et s'est mis à se masser le front très
doucement.
- C'est vrai, ai-je chuchoté, tu as dit ça à Rebecca?
- Non. Je n'ai jamais dit ça à Rebecca, mais ...
Je n'osais pas le regarder.
- Mais peut-être que nous ..., a-t-il commencé.
La pièce s'est mise à tourner autour de moi. C’est ce que je
déteste quand on sort avec quelqu'un. A un moment, vous êtes
plus proche de lui que de n'importe qui au monde et, la minute
d'après, il suffit qu'il prononce des mots comme « temps de
séparation», « conversation sérieuse» ou « peut-être que nous ...
», pour que vous ne le revoyiez plus jamais et passiez les six mois
suivants à parler toute seule en imaginant des «conversations où il
vous supplie de revenir ou à éclater en sanglots à la vue de sa
brosse à dents. »
- Tu veux rompre ... ?
On a frappé à la porte. C'était Rebecca, rayonnante en
cachemire rose foncé.
- Dernier appel pour le petit déjeuner, les amis! a-t-elle
roucoulé sans faire mine de repartir.
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