ob_f1cbbf_helen-fielding-2-l-age-de-raison.pdf

ob_f1cbbf_helen-fielding-2-l-age-de-raison.pdf ob_f1cbbf_helen-fielding-2-l-age-de-raison.pdf

data.over.blog.kiwi.com
from data.over.blog.kiwi.com More from this publisher
28.06.2013 Views

porte-monnaie ouvert, et couvait du regard avec ravissement un énorme jeune Noir qui avait une boucle de chair pendouillant à chaque oreille avec une boîte à pellicule photo dans l'une, et qui portait une cape à carreaux bleu vif. - Hakuna Matata. Ne t'en fais pas, prends la vie du bon côté. C'est du swahili. N'est-ce pas épatant? Nous avons passé des vacances sensationnelles, Una et moi et Wellington, et nous avons ramené Wellington avec nous. Bonjour, Mark, a-t-elle dit, faisant à peine attention à sa présence. Viens, ma chérie, pourquoi ne distu pas Jambo à Wellington! - Tais-toi, maman, tais-toi, ai-je sifflé discrètement en regardant anxieusement à droite et à gauche. Tu ne peux pas ramener chez toi un indigène africain. C'est du néo-colonialisme et papa vient à peine de se remettre de l'histoire de Julio. - Wellington n'est pas un indigène, a dit ma mère en se redressant de toute sa taille. Enfin, au moins, ma chérie, c'est un véritable indigène! Je veux dire qu'il vit dans une hutte de bouse! Mais il voulait venir! Il veut voyager à travers le monde, tout comme Una et moi! Mark n'a pas été très bavard dans le taxi qui nous ramenait à la maison. Quelle calamité! Pourquoi est-ce que je ne peux pas avoir une mère normale comme tout le monde, avec des cheveux gris, qui se contenterait de faire de bons petits plats? Bon, je vais appeler papa. 21:00. Papa, en bon Anglais moyen, s'est retranché dans le plus total mutisme émotionnel et avait l'air à nouveau complètement bourré. - Comment ça va? ai-je hasardé, quand j'ai enfin réussi à me débarrasser de ma mère, excitée comme un pou, pour lui parler. - Oh, très bien, très bien, tu sais. Il y a des guerriers zoulous dans la rocaille. Les primevères commencent à sortir. Et toi, ça va ? Seigneur! Je ne suis pas sûre qu'il puisse faire face encore une fois à une situation aussi dingue. Je lui ai dit de m'appeler n'importe quand, mais c'est t. dur de le voir renfermé et 80

malheureux. Mardi 18 février 59 kg (la situation est critique), cigarettes : 13, délires masochistes où Mark est amoureux de Rebecca: 42. 19:00. Dans la tourmente. Suis rentrée à toute vitesse après nouvelle journée de cauchemar au boulot (Shaz a décidé sans crier gare qu'elle se mettait au football, alors Jude et moi allons chez elle regarder des Allemands battre des Turcs ou des Belges, ou je ne sais qui), pour trouver deux messages sur répondeur, aucun n'était de papa. Le premier était de Tom, il disait que son copain Adam, de l'Independent, était prêt à me donner une chance pour une interview à condition que je trouve quelqu'un de vraiment célèbre à interviewer et que je ne compte pas être rémunérée. Quand même, ce n'est sûrement pas comme ça que ça se passe dans le journalisme. Comment font-ils tous pour rembourser leurs emprunts et payer leurs cures de désintoxication ? Le deuxième était de Mark. Disait qu'il sortait ce soir avec Amnesty et les Indonésiens et est-ce qu'il pouvait m'appeler chez Shazzer pour avoir des nouvelles du match? Il y avait ensuite une espèce de silence, puis : « Euh ... Au fait, Rebecca nous invite avec toute la bande chez ses parents dans le Gloucestershire le weekend prochain? Qu'en penses-tu? Je te rappellerai. » Je sais exactement ce que j'en pense. Je crois que je préférerais rester dans un petit trou dans la rocaille de papa et maman en compagnie des vers de terre pendant tout le week-end plutôt que d'aller à la fête campagnarde de Rebecca pour la voir flirter avec Mark. Enfin quoi, pourquoi ne m'a-t-elle pas téléphoné pour nous inviter? C'est la mentionnite. C'est exactement la mentionnite. C'est clair. Téléphone. Je parie que c'est Mark. Qu'est-ce que je vais dire? 81

porte-monnaie ouvert, et couvait du regard avec ravissement un<br />

énorme jeune Noir qui avait une boucle <strong>de</strong> chair pendouillant à<br />

chaque oreille avec une boîte à pellicule photo dans l'une, et qui<br />

portait une cape à carreaux bleu vif.<br />

- Hakuna Matata. Ne t'en fais pas, prends la vie du bon côté.<br />

C'est du swahili. N'est-ce pas épatant? Nous avons passé <strong>de</strong>s<br />

vacances sensationnelles, Una et moi et Wellington, et nous avons<br />

ramené Wellington avec nous. Bonjour, Mark, a-t-elle dit, faisant<br />

à peine attention à sa présence. Viens, ma chérie, pourquoi ne distu<br />

pas Jambo à Wellington!<br />

- Tais-toi, maman, tais-toi, ai-je sifflé discrètement en<br />

regardant anxieusement à droite et à gauche. Tu ne peux pas<br />

ramener chez toi un indigène africain. C'est du néo-colonialisme et<br />

papa vient à peine <strong>de</strong> se remettre <strong>de</strong> l'histoire <strong>de</strong> Julio.<br />

- Wellington n'est pas un indigène, a dit ma mère en se<br />

redressant <strong>de</strong> toute sa taille. Enfin, au moins, ma chérie, c'est un<br />

véritable indigène! Je veux dire qu'il vit dans une hutte <strong>de</strong> bouse!<br />

Mais il voulait venir! Il veut voy<strong>age</strong>r à travers le mon<strong>de</strong>, tout<br />

comme Una et moi!<br />

Mark n'a pas été très bavard dans le taxi qui nous ramenait à<br />

la maison. Quelle calamité! Pourquoi est-ce que je ne peux pas<br />

avoir une mère normale comme tout le mon<strong>de</strong>, avec <strong>de</strong>s cheveux<br />

gris, qui se contenterait <strong>de</strong> faire <strong>de</strong> bons petits plats?<br />

Bon, je vais appeler papa.<br />

21:00. Papa, en bon Anglais moyen, s'est retranché dans le<br />

plus total mutisme émotionnel et avait l'air à nouveau<br />

complètement bourré.<br />

- Comment ça va? ai-je hasardé, quand j'ai enfin réussi à me<br />

débarrasser <strong>de</strong> ma mère, excitée comme un pou, pour lui parler.<br />

- Oh, très bien, très bien, tu sais. Il y a <strong>de</strong>s guerriers zoulous<br />

dans la rocaille. Les primevères commencent à sortir. Et toi, ça va<br />

?<br />

Seigneur! Je ne suis pas sûre qu'il puisse faire face encore<br />

une fois à une situation aussi dingue. Je lui ai dit <strong>de</strong> m'appeler<br />

n'importe quand, mais c'est t. dur <strong>de</strong> le voir renfermé et<br />

80

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!