ob_f1cbbf_helen-fielding-2-l-age-de-raison.pdf

- À ton appartement. Pourquoi? a-t-il demandé avec un
regard inquiet.
- Précisément. Pourquoi? ai-je dit, en rage. Nous sortons
ensemble depuis quatre semaines et six jours. Et nous n'avons pas
été une seule fois chez toi. Pas une seule fois. Jamais. Pourquoi?
Mark a sombré dans un silence total. Il a mis le clignotant,
tourné à gauche et repris la direction de Rolland Park Avenue sans
mot dire.
- Qu'est-ce qu'il y a ? ai-je fini par dire.
Il a regardé droit devant lui et mis le clignotant.
- J'ai horreur des cris.
Quand nous sommes arrivés chez lui, c'était horrible. Avons
monté les marches en silence. Il a ouvert la porte, ramassé le
courrier et allumé dans la cuisine.
La cuisine est haute comme un autobus à impériale, pleine de
trucs en acier chromé mais difficile de dire lequel est le frigo.
Absence bizarre de désordre et trois flaques de lumière glaciale au
milieu du plancher.
Il a traversé la pièce en quatre enjambées, ses pas
résonnaient, ça me rappelait une caverne que j'avais visitée lors
d'un voyage scolaire, il a regardé les portes d'acier chromé d'un air
inquiet en demandant:
- Tu veux un verre de vin ?
- Oui, s'il te plaît. Merci, ai-je répondu poliment.
Il y avait quelques tabourets hauts d'allure moderne devant
un comptoir en acier inoxydable. Je me suis maladroitement
juchée sur l'un d'eux. J'avais l'impression d'être Petula Clark se
préparant à chanter un duo avec Tom Jones.
- Bon, a dit Mark.
Il a ouvert l'une des portes de placard en acier, découvert
qu'une poubelle y était attachée et l'a refermée, a ouvert une autre
porte et considéré avec étonnement une machine à laver. J'ai
baissé les yeux, j'avais envie de rire.
- Vin rouge ou vin blanc? a-t-il demandé sèchement.
- Blanc, s'il te plaît.
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