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28.06.2013 Views

comme si elle confessait un secret hideux et embarrassant. Mais il est certain, ma chérie, que ça ne marche pas pour ceux qui sont tout en angles, ou qui se cassent quand on les laisse tomber, ou ceux qui sont en matière synthétique qui ne dure pas. Il faut être courageux et faire comprendre à l'autre qui on est et ce qu'on éprouve. L'ascenseur s'est arrêté à l'étage des installations de salle de bains. - Ouf! Eh bien, c'était merveilleux, n'est-ce pas, ma chérie? at-elle claironné en changeant brutalement de ton, au moment où trois dames en blazer de couleur vive s'entassaient à côté de nous avec leurs quatre-vingt-douze paquets. Tu vois, j'étais sûre que tu étais Printemps. C'est facile pour elle de parler ainsi. Si je disais à un mec ce que j'éprouve réellement, il s'enfuirait en courant. Voilà - juste pour prendre un exemple au hasard - comment je me sens à ce moment précis : 1) Seule, fatiguée, triste, extrêmement frustrée sexuellement et complètement paumée. 2) Affreuse, vu que mes cheveux se dressent dans tous les sens imaginables et que j'ai le visage bouffi de fatigue. 3) Déboussolée et triste, vu que je ne sais pas du tout si Mark m'aime encore et que j'ai trop peur de lui poser la question. 4) T. amoureuse de Mark. 5) Lasse de dormir toute seule et d'essayer de me débrouiller sans personne. 6) Atterrée par l'idée épouvantable que je n'ai pas fait l'amour depuis quinze millions cent vingt mille secondes. Bon. En résumé, je suis donc seule, affreuse, triste et affamée de sexe. Mmm. Voilà qui est attirant et séduisant. Oh, merde, je ne sais pas du tout quoi faire. J'ai vraiment envie d'un verre de vin. Je crois que je vais descendre. Je ne boirai pas de vin, mais sans doute du thé. A moins qu'il n'y ait une bouteille ouverte. Je veux dire, ça pourrait effectivement m'aider à dormir. 8:00. Suis descendue à pas de loup vers la cuisine. Sans 314

pouvoir allumer, vu que j'étais incapable de trouver ces foutus interrupteurs design. J'espérais à moitié que Mark se réveillerait quand je suis passée devant sa porte, mais non. Ai continué à descendre l'escalier sans bruit, puis me suis arrêtée, pétrifiée. Il y avait une grande ombre devant moi, comme un homme. L'ombre se rapprochait. Me suis rendu compte que c'était un homme - grand et costaud - et me suis mise à hurler. Le temps que je réalise que c'était Mark - nu! -, j'ai pris conscience qu'il hurlait, lui aussi. Mais beaucoup plus fort que moi. En proie à une terreur totale. Il hurlait - dans une sorte de demi-sommeil- comme s'il venait de voir la scène la plus terrifiante de sa vie. Génial, me suis-je dit. Voilà ce qu'on gagne à être authentique. C'est donc ce qui se passe quand il me voit avec les cheveux hirsutes et sans maquillage. - C'est moi, ai-je dit. C'est Bridget. Un instant, j'ai cru qu'il allait se remettre à hurler de plus belle, mais il s'est écroulé dans l'escalier, agité de tremblements incontrôlables. - Oh, a-t-il fait en s'efforçant de reprendre sa respiration. Oh, oh. Il avait l'air si vulnérable et si mignon que je n'ai pas pu résister, je me suis assise à côté de lui et j'ai mis mes bras autour de lui pour l'attirer contre moi. - Oh, mon Dieu, a-t-il dit en se pelotonnant contre mon pyjama. Ce que je peux me sentir con. Tout d'un coup, ça m'a paru très drôle - je veux dire, c'est vraiment marrant d'être terrorisé à ce point-là par votre ex-petite amie. Il s'est mis à rire, lui aussi. - Bon, a-t-il repris. Pas très viril, hein, d'avoir peur du noir. Je t'ai prise pour l'expéditeur de la balle. J'ai caressé ses cheveux, embrassé la petite tonsure où sa peluche est usée à force de bisous. Et je lui ai dit ce que j'éprouvais, tout ce que j'éprouvais vraiment. Et le miracle, c'est que, quand j'ai eu fini, il m'a avoué qu'il ressentait à peu près la même chose. 315

pouvoir allumer, vu que j'étais incapable <strong>de</strong> trouver ces foutus<br />

interrupteurs <strong>de</strong>sign. J'espérais à moitié que Mark se réveillerait<br />

quand je suis passée <strong>de</strong>vant sa porte, mais non. Ai continué à<br />

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avait une gran<strong>de</strong> ombre <strong>de</strong>vant moi, comme un homme. L'ombre<br />

se rapprochait. Me suis rendu compte que c'était un homme -<br />

grand et costaud - et me suis mise à hurler. Le temps que je réalise<br />

que c'était Mark - nu! -, j'ai pris conscience qu'il hurlait, lui aussi.<br />

Mais beaucoup plus fort que moi. En proie à une terreur totale. Il<br />

hurlait - dans une sorte <strong>de</strong> <strong>de</strong>mi-sommeil- comme s'il venait <strong>de</strong><br />

voir la scène la plus terrifiante <strong>de</strong> sa vie.<br />

Génial, me suis-je dit. Voilà ce qu'on gagne à être<br />

authentique. C'est donc ce qui se passe quand il me voit avec les<br />

cheveux hirsutes et sans maquill<strong>age</strong>.<br />

- C'est moi, ai-je dit. C'est Bridget.<br />

Un instant, j'ai cru qu'il allait se remettre à hurler <strong>de</strong> plus<br />

belle, mais il s'est écroulé dans l'escalier, agité <strong>de</strong> tremblements<br />

incontrôlables.<br />

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oh.<br />

Il avait l'air si vulnérable et si mignon que je n'ai pas pu<br />

résister, je me suis assise à côté <strong>de</strong> lui et j'ai mis mes bras autour<br />

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pyjama. Ce que je peux me sentir con.<br />

Tout d'un coup, ça m'a paru très drôle - je veux dire, c'est<br />

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amie. Il s'est mis à rire, lui aussi.<br />

- Bon, a-t-il repris. Pas très viril, hein, d'avoir peur du noir. Je<br />

t'ai prise pour l'expéditeur <strong>de</strong> la balle.<br />

J'ai caressé ses cheveux, embrassé la petite tonsure où sa<br />

peluche est usée à force <strong>de</strong> bisous. Et je lui ai dit ce que<br />

j'éprouvais, tout ce que j'éprouvais vraiment. Et le miracle, c'est<br />

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