ob_f1cbbf_helen-fielding-2-l-age-de-raison.pdf
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Enfin. Tout cela ne me concerne plus. Je m'occupe de moi. Je vais aller me faire épiler les jambes. 10:30. De retour chez moi. Suis arrivée en retard (huit heures et demie) pour mon épilation et on m'a appris que l'esthéticienne ne viendrait pas aujourd'hui « à cause de la princesse Diana». La fille à l'accueil avait un ton presque sarcastique en me l'annonçant mais, comme je lui ai fait remarquer, qui sommes nous pour juger les autres? Si tout ça nous a appris quelque chose, c'est bien à ne pas juger son prochain. J'ai quand même eu du mal à garder ma sérénité en rentrant, quand j'ai été coincée dans un gigantesque embouteillage sur Kensington High Street qui m'a fait mettre quarante minutes pour rentrer, au lieu de dix habituellement. Quand je suis arrivée à l’origine de l'embouteillage, je me suis rendu compte qu'il y avait des travaux, mais aucun ouvrier sur le chantier, simplement une pancarte qui disait: « Les ouvriers qui travaillent dans cette rue ont décidé d'arrêter le travail pendant les quatre prochains jours en signe de respect pour la princesse Diana. » Oooh ! Mon répondeur clignote. C'était Mark! Il avait une voix toute faible et chevrotante. « Bridget ... on vient de me mettre au courant. Je sui ravi que tu sois libre. Ravi. Je serai de retour plus tard dans ... » Il y a eu un chuintement sonore sur la ligne, et la communication a été coupée. Dix minutes plus tard, le téléphone a sonné. - Oh, bonjour, ma chérie, tu sais quoi ... Ma mère. Ma mère à moi. J'ai été submergée par un vague d'affection. - Quoi? ai-je demandé, sentant les larmes rn monter aux yeux. - Traverse tranquillement le bruit et la fureur et n'oublie pas la paix que peut t'apporter le silence. Long silence. 280
- Maman? ai-je fini par dire. - Chut! Silence, ma chérie. (Encore une pause.) N'oublie pas la paix que peut t'apporter le silence. J'ai respiré un bon coup, coincé le téléphone sou mon menton et continué à préparer le café. J'ai appris quel point il est important de prendre dû recul par rapport aux lubies des autres, car on a déjà assez de mal comme ça à garder son propre cap. Juste à ce moment là, mon portable s'est mis à sonner. Tout en essayant d'ignorer le premier téléphone, qui s'était mis à vibrer et à hurler: « Bridget, tu ne trouveras jamais ton équilibre si tu ne cherches pas à améliorer ton rapport au silence », j'ai appuyé sur la touche OK du portable. C'était mon père. - Ah, Bridget, a-t-il dit d'une voix sèche de militaire. Peux-tu répondre à ta mère sur le téléphone fixe? On dirait qu'elle s'est mise dans une situation difficile. Elle s'était mise dans une situation difficile, elle? Est-ce qu'ils ne s'intéressaient pas du tout à moi? Me propres parents ? Il y a eu une succession de sanglots, de cris et de fracas inexpliqués sur la ligne fixe. - OK, papa, au revoir, ai-je dit en reprenant le téléphone. - Ma chérie, a croassé maman dans un lamentable murmure rauque, il faut que je te dise quelque chose. Je ne peux plus le cacher plus longtemps à ma famille et à ceux que j'aime. J'ai essayé de ne pas faire attention à la distinction implicite entre « ma famille» et « ceux que j'aime» et j'ai lancé gaiement: - Tu sais, il ne faut pas te sentir obligée de me le dire, si tu ne veux pas. - Qu'est-ce que tu voudrais que je fasse? a-t-elle hurlé de façon théâtrale. Que je vive dans le mensonge ? Je suis une droguée, ma chérie, une droguée! Je me suis creusé la cervelle pour deviner à quoi elle pouvait croire être droguée. Ma mère n'a jamais bu plus d'un verre de sherry depuis le jour où Mavis Enderbury c’est enivrée pour son vingt et unième anniversaire en 1952; il avait alors fallu 281
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droguée, ma chérie, une droguée!<br />
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