ob_f1cbbf_helen-fielding-2-l-age-de-raison.pdf
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11:30. Le noir, cette saison, c'est le marron! Je viens de jeter un coup d'œil à Marie-Claire. 11:35. Quoique, logiquement, ce qui devrait être marron cette saison, c'est le gris, puisque le gris était le noir de la saison passée. Oui. 11:40. C'est tout de même une catastrophe, car je n'ai rien de marron dans ma garde-robe, mais peut-être que l'argent tombera du ciel, de manière aussi inespérée que ma libération. 11:45. Mmm. Délicieux, le vin, quand on n'en a pas bu depuis si longtemps. Me monte à la tête. 12:30. Berk. Me sens légèrement écœurée après mon orgie de presse à sensation. J'avais oublié cette impression déprimante et honteuse qu'on a après, comme une sorte de gueule de bois, et le sentiment que le monde se résume à une horrible histoire toujours recommencée : au départ on croit que les gens sont bien et ensuite ils se révèlent mauvais et pourris. J'ai particulièrement apprécié, sur le moment, l’histoire du prêtre qui s'est avéré être un enfoiré lubrique. C'est tellement chouette quand ce sont les autres qui agissent mal. Mais j'ai l'impression, quand même, que les initiateurs du mouvement de, soutien aux victimes du prêtre (sous prétexte que «les femmes qui ont des relations sexuelles avec des prêtres sont souvent des femmes qui n'ont personne vers qui se tourner ») ne sont pas très objectifs. Et que font les autres qui n'ont personne vers qui se tourner? Il faudrait sûrement aussi des groupes de soutien pour les femmes qui se sont fait baiser par les ministres conservateurs, pour les membres des équipes nationales de sport qui ont couché avec des membres de la famille royale, pour les membres du clergé catholique qui ont couché avec des célébrités ou des membres de la famille royale, et pour les célébrités qui ont couché avec des gens qui ont confessé leur histoire aux membres du clergé catholique qui ont ensuite. vendu leur histoire aux journaux du dimanche. Je vais peut-être vendre mon histoire aux journaux du dimanche, comme ça, je trouverai l'argent dont j'ai besoin. Non, c'est mal. Voilà, ma spiritualité est déjà contaminée par la 268
mentalité des tabloïds. Ou alors je vais écrire un livre. Je vais peut-être être accueillie en héros, comme John McCarthy, et écrire un bouquin intitulé Quelques formations nuageuses, ou un autre truc météorologique. Peut-être qu'on me réserve un accueil triomphal, avec Mark, Jude, Shazzer, Tom, mes parents, une foule de photographes impatients et Richard Finch me suppliant à genoux de lui accorder une interview exclusive. Il vaut mieux que je ne me mette pas en colère. J'espère que je ne vais pas trop m'énerver. J'ai l'impression qu'il faudrait que la police ou des conseillers ou je ne sais qui soient là pour m'accueillir et m'emmener dans une base secrète afin de m'aider à relâcher la pression. Je crois que je vais dormir un peu. 21:00. (heure anglaise) Suis arrivée à Heathrow avec gueule de bois monstre à cause du vol. J'essayais de débarrasser mes vêtements des miettes de pain et de la pâte dentifrice rose frauduleusement présentée en guise de dessert, je répétais mes répliques, prête à affronter la horde des journalistes. « C'était un cauchemar. Un vrai cauchemar éveillé. Un coup de tonnerre inattendu. Je ne ressens aucune haine (amertume, peut-être ?), car si d'autres peuvent être avertis des dangers que l'on court à laisser ses amies coucher avec des inconnus, mon incarcération n'aura pas été inutile (vaine ?).» Malgré tout, je me disais tout le temps que la horde de journalistes ne serait peut-être pas là. J'ai passé la douane sans encombre et juste comme je regardais avec impatience autour de moi dans l'espoir de découvrir des visages familiers, j'ai été assaillie ... par une horde de journalistes. Une foule de photographes et de reporters me mitraillaient de flashs. Mon cerveau s'est vidé et j'ai été totalement incapable de faire ou de dire quoi que ce soit, sauf : «Pas de commentaire», genre ministre qui vient de se faire prendre à baiser une prostituée, et j'ai continué à avancer en poussant mon chariot, me disant que mes jambes allaient me lâcher. Puis tout d'un coup, on m'a pris mon chariot et quelqu'un m'a serrée dans ses bras en disant: « Tout va bien, Bridge, nous sommes là, nous t'avons retrouvée, 269
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passée. Oui.<br />
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marron dans ma gar<strong>de</strong>-r<strong>ob</strong>e, mais peut-être que l'argent tombera<br />
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toujours recommencée : au départ on croit que les gens sont bien<br />
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J'ai particulièrement apprécié, sur le moment, l’histoire du<br />
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avec <strong>de</strong>s membres <strong>de</strong> la famille royale, pour les membres du clergé<br />
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la famille royale, et pour les célébrités qui ont couché avec <strong>de</strong>s<br />
gens qui ont confessé leur histoire aux membres du clergé<br />
catholique qui ont ensuite. vendu leur histoire aux journaux du<br />
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dimanche, comme ça, je trouverai l'argent dont j'ai besoin. Non,<br />
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