ob_f1cbbf_helen-fielding-2-l-age-de-raison.pdf

- Allons, voyons, ai-je poursuivi, prenant cette fois le ton du
personnage de Peggy Ashcroft dans Les Derniers Jours du Raj,
quand elle est sur le point de lui taper sur la tête avec un
parapluie. Si les autorités thaïlandaises tiennent à montrer
l'exemple dans la lutte antidrogue au point d'emprisonner une
Occidentale innocente sans la juger, elles doivent au moins
manifester un minimum d'intérêt pour arrêter les trafiquants.
Charlie m'a dévisagée d'un air obtus.
- Ouais, d'accord, d'accord, a-t-il dit en fronçant les sourcils
et en hochant la tête, sans que la moindre lueur de compréhension
éclaire son regard.
Il m'a fallu réexpliquer les choses un certain nombre de fois
avant qu'il ne parvienne à saisir.
- Ouais, ouais. Je vois ce que vous voulez dire. Ouais. Il faut
qu'ils poursuivent le type qui vous a mise dans le pétrin parce que
sinon on croira qu'ils ne font pas d'efforts.
- Exactement, ai-je approuvé, radieuse, contente de mon
travail.
- D'accord, d'accord, a dit Charlie en se levant, l'expression
toujours on ne peut plus sérieuse. Je vais immédiatement faire le
nécessaire.
Je l'ai regardé partir, me demandant comment un type pareil
avait réussi à franchir les échelons du service diplomatique
britannique. J'ai eu soudain une illumination.
- Charlie?
- Ouais? a-t-il dit, en vérifiant que sa braguette n'était pas
ouverte.
- Que fait votre père?
- Mon père? (Le visage de Charlie s'est éclairé.) Oh, il
travaille au ministère des Affaires étrangères. C'est une sacrée
huile.
- C'est un politicien?
- Non, il est fonctionnaire, en fait. C'était le bras droit de
Douglas Hurd, fut un temps.
J'ai vérifié que les gardes ne nous regardaient pas et je me
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