ob_f1cbbf_helen-fielding-2-l-age-de-raison.pdf

mollement, en feuilletant distraitement Comment choisir votre
tente.
- Mais justement! C'est exactement le problème. Elle a
vachement de chance qu'il n'ait pas attaqué sa banque déguisé en
guérillero et tué dix-sept personnes avec une mitraillette.
Juste à cet instant, le téléphone a sonné. C'était Tom, non
pas, comme on aurait pu s'y attendre, pour me remercier de lui
avoir renvoyé son portable après le merdier infâme dans lequel
m'avait mis son foutu engin, mais parce qu'il voulait le numéro de
téléphone de ma mère. Tom a l'air très copain avec ma mère, je le
soupçonne de voir en elle une espèce d'hybride kitsch de Judy
Garland et d'Ivana Trump. (Curieux, parce que je me rappelle que
pas plus tard que l'année dernière, ma mère me tenait des grands
discours comme quoi «l'homosexualité n'est pas autre chose que
de la paresse, ma chérie, ils ne peuvent même pas se donner la
peine d'avoir des relations avec le sexe opposé ». Mais bon, ça,
c'était l'année dernière.) J'ai craint tout d'un coup que Tom ne
veuille demander à ma mère de chanter Non, je ne regrette rien
dans un club qui s'appelle La Pompe, ce qu'elle accepterait en
toute naïveté, mais bien dans sa logique égocentrique - en pensant
que ça a un rapport avec les anciennes machines des filatures des
Cotswolds.
- Pour quoi faire? ai-je interrogé, soupçonneuse.
- Elle est bien membre d'un club de lecture?
- J'sais pas. Tout est possible. Pourquoi?
- Jérôme a l'impression que ses poèmes sont prêts, alors, je
lui cherche des invitations pour donner des lectures dans des
clubs. Il en a fait une la semaine dernière à Stoke Newington et
c'était impressionnant.
- Impressionnant? ai-je dit, en faisant comme si je vomissais
à l'intention de Jude et Shaz.
J'ai fini par donner le numéro à Tom, en dépit de mes
réserves, car j'imagine que ma mère a peut-être besoin de
distractions maintenant que Wellington est parti.
- Qu'est-ce qui se passe avec ces clubs de lecture? ai-je dit
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