ob_f1cbbf_helen-fielding-2-l-age-de-raison.pdf

parc d'Hampstead Heath en me disant que London est super en
été quand les gens défont leurs cravates après le boulot et se
répandent amoureusement sur les pelouses au soleil, lorsque mon
regard a été arrêté par un couple qui avait l'air particulièrement
heureux : elle était couchée sur le dos, la tête sur le ventre de son
compagnon, et lui souriait et lui caressait les cheveux tout en
parlant. Ils avaient quelque chose de familier. En m'approchant,
j'ai vu que c'était Jude et Richard le Cruel.
Me suis rendu compte que je ne les avais jamais vus seuls
ensemble - évidemment, si j'avais été là, ils n'auraient plus été
seuls. Soudain, Jude a éclaté de rire à propos de quelque chose
que disait Richard. Elle avait l'air vraiment heureuse. J'ai hésité,
me demandant si je devais passer devant eux ou faire demi-tour,
quand Richard le Cruel a dit:
- Bridget?
Je me suis immobilisée, pétrifiée, Jude a levé les yeux et elle
est restée bouche bée, pas très élégamment.
Richard le Cruel s'est relevé en époussetant les brins d’herbe
de son pantalon.
- Hé! Ça fait plaisir de te voir, Bridget, a-t-il dit avec un
sourire.
Je me suis aperçue que je l'avais toujours rencontré dans des
circonstances définies par Jude, c'est-à-dire flanquée de Shazzer et
Tom, et qu'il avait toujours paru d'une ironie agressive.
- J'allais chercher du vin, assieds-toi avec Jude en attendant.
Oh, allons, elle ne va pas te manger. Elle n'aime pas les trucs
laiteux.
Après son départ, Jude a souri d'un air penaud.
- Je ne suis pas particulièrement contente de te voir, tu sais.
- Moi non plus, ai-je fait sèchement.
- Tu veux bien t'asseoir quand même ?
- D'accord, ai-je dit en m'agenouillant sur la couverture.
Elle m'a flanqué un coup sur l'épaule qui m'a presque
renversée.
- Tu m'as manqué, a-t-elle dit.
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