ob_f1cbbf_helen-fielding-2-l-age-de-raison.pdf

portable.
Ils l'ont tirée vers le bord ou l’eau était peu profonde et,
finalement, après bien des larmes et des contorsions, Rebecca est
remontée en boitant sur la berge, soutenue par Mark et Nigel. Il
était clair que ça ne pouvait pas être très grave.
Je me suis levée pour lui tendre ma serviette.
- Est-ce que j'appelle le Samu? ai-je proposé en manière de
plaisanterie.
- Oui... oui.
Tout le monde s'est attroupé pour examiner le pied blessé de
notre hôtesse. Elle pouvait remuer les orteils, artistiquement
laqués de Rouge Noir, quelle chance !
En définitive, j'ai appelé son médecin, noté le numéro
d'urgence sur son répondeur, je l'ai composé et j'ai passé le
téléphone à Rebecca.
Elle a longuement parlé avec le médecin, remuant le pied en
suivant ses instructions et en poussant des cris variés, mais
finalement il a été établi qu'il n'y avait rien de cassé, même pas
vraiment une entorse, juste une petite foulure.
- Où est Benwick? a demandé Nigel, tout en se séchant et en
avalant une bonne rasade de vin blanc frais.
- Oui, au fait, où est Giles ? a dit Louise Barton Foster. Je ne
l'ai pas vu de la matinée.
- Je vais aller voir, ai-je proposé, contente de trouver un
prétexte pour échapper au spectacle insupportable de Mark en
train de frictionner la cheville délicate de Rebecca.
C'était bon de pénétrer dans la fraîcheur du vestibule au
grand escalier circulaire. Il y avait une rangée de statues sur des
piédestaux de marbre, des tapis d'Orient sur le sol dallé et une
seconde gigantesque couronne avec armoiries au-dessus de la
porte, d'aussi mauvais goût que l'autre. Je me suis arrêtée un
instant, heureuse d'un peu de paix.
- Giles? ai-je appelé, et ma voix a résonné en écho. Giles?
Pas de réponse. Je n'avais aucune idée de l'endroit où se
trouvait sa chambre, j'ai donc entrepris de mon· ter le magnifique
213