ob_f1cbbf_helen-fielding-2-l-age-de-raison.pdf

- Oui, je crois, tu sais bien, mais elle est tellement embourbée
dans tous ses codes relationnels ou je ne sais quoi que personne
n'est assez bien pour elle.
Je n'arrivais pas à comprendre ce qui se passait. Rebecca
cherchait peut-être à l'empêcher de se sentir coupable à mon
égard.
- Vraiment? a répété Mark. Alors, elle n'est pas ...
- Oh, regarde! Un petit canard! Oh, regarde, toute une couvée
de petits canards! Et voilà le père et la mère. Oh, c'est merveilleux!
Quel instant extraordinaire ! Oh, viens, allons voir!
Et ils sont partis, me laissant le souffle coupé, l'esprit en
ébullition.
Après le déjeuner, il faisait une chaleur d'enfer et tout le
monde a cherché refuge sous un arbre au bord du lac. Scène
pastorale idyllique : un vieux pont de pierre sur la rivière, les
berges herbeuses à l'ombre des saules pleureurs. Rebecca
triomphait:
- Oh, c'est merveilleux! Comme on est bien! Dites, tout le
monde, on est bien, hein?
Le gros Nigel, un collègue de Mark, amusait la galerie en
tapant dans un ballon de foot avec l'un des gandins, son énorme
ventre tremblotant sous le soleil éclatant. Il a tenté de bloquer une
passe, l'a ratée et a plongé dans l'eau la tête la première, créant
une vague gigantesque.
- Bravo! a crié Mark en riant. Incompétence époustouflante!
- Comme c'est mignon, ai-je dit à Shaz d'une voix
somnolente. On s'attend presque à voir les lions se coucher avec
les agneaux.
- Des lions, Bridget? a relevé Mark.
J'ai sursauté. Il était assis à l'autre bout du groupe et, dans
l'espace entre les autres, me regardait, le sourcil levé.
- Comme dans je ne sais plus quel psaume, je veux dire, ai-je
expliqué.
- D'accord. (Il y avait une petite lumière moqueuse familière
dans son regard.) Tu penses peut-être aux lions de Longleat ?
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