ob_f1cbbf_helen-fielding-2-l-age-de-raison.pdf

veut dire évidemment la fin de la journée. En fait, je suis assez
contente de mon enregistrement. J’ai bien réussi le truc de le
brancher sur des questions faciles avant d’aborder les questions
ardues de Tom, que j’avais pris soin de noter la veille de mon
départ malgré ma légère biture. Je crois qu’il a été assez
impressionné par mon style de questions, en fait.
14:30. Vais juste boire un petit café sur le pouce et fumer
une clope.
15:00. Il vaut peut-être mieux commencer par réécouter
l’enregistrement.
Idée ! Je vais appeler Shaz et lui faire écouter cette partie.
Aaah, aaarh ! Il est trois heures et demie et je n’ai pas
commencé. De toute façon, inutile de paniquer. Ils ne vont pas
revenir de déjeuner avant je ne sais combien de temps, puis ils
seront bourrés comme, comme… des journalistes, tiens ! Attendez
seulement qu’ils voient mes scoops.
Comment commencer ? Evidemment, l’interview doit inclure
mes impressions sur Mr Darcy, avec, en toile de fond, son dernier
film, Fever Pitch, le théâtre, le cinéma, etc. Ils vont probablement
me confier une rubrique hebdomadaire : Le Portrait, par Bridget
Jones. « Jones rencontre Darcy. » « Jones rencontre Blair. »
« Jones rencontre Marcos. »Zut, il est mort.
16:00. Comment pourrais-je produire quelque chose si ce
foutu Michael n’arrête pas de me téléphoner pour me dire ce que
je dois mettre et ne pas mettre dans mon article ? Grrr. Si jamais
c’est encore lui… Ils n’ont aucun respect les journalistes dans ce
bureau. Absolument aucun.
17:15. Haha.
- Je-suis-en-train-de-le-faire, ai-je dit.
Ça lui a cloué le bec.
18:00. Ce n’est rien de toute façon. Tous les grands
journalistes connaissent l’angoisse de la page blanche et la hantise
du délai.
19:00. Oh, merde, merde. Oh, merde, merde, merde.
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