ob_f1cbbf_helen-fielding-2-l-age-de-raison.pdf

Je vais rédiger mon interview. C’est extraordinaire comme quand
on se concentre sur son travail et sa carrière, ça vous fait
totalement oublier vos déboires sentimentaux. C’était tout
simplement fantastique. Le taxi m’a déposé juste devant la place
romaine et j’ai cru m’évanouir : tout simplement fantastique, soleil
doré, grande place pleine de ruines dressées, et au milieu de tout
ça, Mr… Ooh ! Téléphone.
C’était Michael, de l’Indépendant.
- Alors, vous l’avez faite, cette interview ?
- Oui, ai-je rétorqué avec hauteur.
- Et vous avez pensé à prendre votre magnétophone, pas
votre walkman ?
Franchement ! Je ne sais pas ce que Tom lui a raconté, mais
quelque chose dans son ton suggère que ça ne devait pas être
particulièrement respectueux.
- Bon, vous avez jusqu'à quatre heure. Alors, ne perdez pas de
temps.
Lalala. J’ai tout mon temps. Je vais juste revivre un peu la
journée. Mmm. Il ressemblait exactement à Mr Darcy : tout
maigre et brûlant comme le feu sous la cendre. Et il m’a même
emmenée voir une église avec un trou, la tombe d’Hadrien ou un
autre, et une statue de Moïse, et il a fait preuve d’une incroyable
maîtrise pour empêcher les voitures de me renverser, et il
n’arrêtait pas de parler italien. Mmm.
Midi. La matinée n’a pas été particulièrement fructueuse,
mais, bien entendu, j’avais besoin d’un peu de temps pour intégrer
ce qui s’était passé et discuter de mes impressions avec mes pairs,
si bien que ça n’a probablement pas été du temps perdu, au
contraire.
14:00. Téléphone. Encore ! C’est sans doute comme ça
quand on est un auteur à succès : le téléphone n’arrête pas de
sonner.
C’était ce foutu Michael, avec son ton de petit chef :
- Comment nous en sortons nous ?
Quel sacré culot ! Le délai fixé n’est qu’à seize heure, ce qui
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