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Miss Salopigon ce soir!
Minuit. Au début, ça n'était pas trop mal. J'étais soulagée de
me sortir de mes préoccupations et de l'horreur de composer le
1471 chaque fois que j'allais aux toilettes.
Wellington, loin d'être une tragique victime de l'impérialisme
culturel, avait l'air parfaitement à l'aise dan l'un des vieux
costumes des années cinquante de papa, comme s'il était un des
serveurs du Met Bar pendant sa journée de congé, réagissant avec
une affabilité pleine de dignité à maman et Una qui caquetaient
autour de lui comme des groupies. Je suis arrivée en retard, si
bien que j'ai réussi à n'échanger que quelques très brefs mots
d'excuse pendant l'entracte.
- Est-ce que ça vous fait un drôle d'effet d'être en Angleterre?
ai-je demandé, me sentant immédiatement idiote parce que,
évidemment, ça devait lui faire un drôle d'effet.
- Je trouve ça intéressant, a-t-il répondu d'un air perplexe.
Vous trouvez ça bizarre, vous?
- Alors! est intervenue Una. Où est Mark? Je croyais qu'il
devait venir aussi?
- Il travaille, ai-je marmonné, au moment où Oncle Geoffrey
s'est pointé, bourré, avec papa.
- C'est ce que disait aussi le précédent, hein? s'est esclaffé
Geoffrey. C'est toujours la même chose avec ma petite Bridget, a-til
ajouté en me tapotant le dos d'une main dangereusement
baladeuse. Ils prennent la tangente. Et hop!
- Geoffrey! a dit Una, ajoutant, comme si elle parlait de la
pluie et du beau temps : Vous avez des femmes d'un certain âge
qui n'arrivent pas à se marier dans votre tribu, Wellington?
- Je ne suis pas d'un certain âge, ai-je assené, furieuse.
- C'est la responsabilité des anciens de la tribu, a déclaré
Wellington.
- Ma foi, j’ai toujours dit que c’était la meilleure solution,
n’est-ce pas, Colin ? a lancé maman, contente d’elle. je veux dire
est-ce que ce n'est pas moi qui ai conseillé à Bridget de sortir avec
Mark?
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