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Les yeux jaunes des crocodiles

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Philippe Dupin resta un long moment silencieux. Joséphine<br />

n’osait pas l’interrompre. Cet homme si parfait l’intimidait et<br />

pourtant, étrangement, il ne lui avait jamais paru si humain. Le<br />

portable de Philippe se remit à sonner et il ne décrocha pas.<br />

Joséphine lui en fut reconnaissante.<br />

— La seule chose que je te demanderai, Joséphine, c’est de<br />

n’en parler à personne. Absolument personne… Ni à ta mère, ni<br />

à ta sœur, ni à ton mari. Je préférerais que tout ça reste entre<br />

nous. Entre nous deux, je veux dire.<br />

— J’aimerais bien aussi, soupira Joséphine. J’en ai marre, si<br />

tu savais, de devoir me justifier tout le temps auprès de tous ces<br />

gens qui me trouvent molle et nouille…<br />

<strong>Les</strong> mots « molle » et « nouille » le firent sourire et la<br />

tension tomba d’un seul coup. Elle n’a pas tort, se dit-il. Il y a<br />

quelque chose d’insipide en elle. Ce sont exactement les mots<br />

que j’aurais employés pour la décrire. Il fut pris d’une vague<br />

sympathie pour cette petite belle-sœur maladroite mais<br />

attendrissante.<br />

— Je t’aime beaucoup, Jo. Et je t’estime beaucoup aussi. Ne<br />

rougis pas ! Je te trouve très courageuse, très bonne…<br />

— À défaut d’être belle et énigmatique comme Iris…<br />

— C’est vrai qu’Iris est très belle mais tu as une autre<br />

beauté…<br />

— Oh, Philippe, arrête ! Je vais pleurer… Je suis fragile en ce<br />

moment. Si tu savais ce que je viens de faire…<br />

— Antoine est parti… C’est ça ?<br />

Ce n’est pas à cela qu’elle pensait mais oui, elle se rappelait :<br />

Antoine était parti. Elle se reprit :<br />

— Oui…<br />

— Ce sont <strong>des</strong> choses qui arrivent…<br />

— Oui, grimaça Joséphine dans un sourire, tu vois, dans<br />

mon malheur, je n’ai même pas l’apanage de l’originalité.<br />

Ils se sourirent, et restèrent un moment silencieux. Puis<br />

Philippe Dupin se leva et alla consulter son agenda.<br />

— On dit demain à mon bureau vers quinze heures. Ça te<br />

va ? Je te présenterai la personne chargée de superviser les<br />

traductions…<br />

— Merci, Philippe. Merci beaucoup.<br />

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