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Les yeux jaunes des crocodiles

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appellent à nous. Quand on ne peut plus compter sur l’élan et<br />

la fougue de la jeunesse, quand l’énergie vient à manquer, que la<br />

beauté se fane imperceptiblement, qu’on fait le compte de ce<br />

qu’on a fait et de ce qu’on a raté, alors on se tourne vers elles et<br />

on y puise, inconsciemment, de nouvelles forces. On ne le sait<br />

pas, mais on se repose sur elles. J’ai toujours compté sur moi,<br />

sur mon travail de petite fourmi laborieuse, dans les pires<br />

moments, j’avais ma thèse, mon dossier de chercheuse à<br />

constituer, mes recherches, mes conférences, mon cher<br />

XII e siècle qui était là et qui me disait : Tiens bon… Aliénor<br />

m’inspirait et me tendait la main !<br />

Elle se gara devant son immeuble et déchargea les courses<br />

qu’elle avait faites avant d’aller chez Luca. Elle avait tout le<br />

temps de préparer le dîner, Gary, Hortense et Zoé ne<br />

rentreraient pas avant une bonne heure. Elle prit l’ascenseur,<br />

les bras chargés de paquets, se reprocha de ne pas avoir pensé à<br />

sortir ses clés, il va falloir que je répande tous les paquets par<br />

terre ! Elle avança en tâtonnant à la recherche de la minuterie.<br />

Une femme était là, qui l’attendait. Elle fit un effort pour se<br />

souvenir à qui elle lui faisait penser et puis un triangle rouge<br />

apparut : Mylène ! La manucure du salon de coiffure, la femme<br />

qui était partie avec son mari, la femme au coude rouge. Il lui<br />

sembla qu’un siècle avait passé depuis qu’elle avait colorié<br />

rageusement le triangle rouge qui dépassait de la portière de la<br />

voiture.<br />

— Mylène ? demanda-t-elle d’une voix mal assurée.<br />

La femme hocha la tête, la suivit, l’aida à ramasser les<br />

paquets qui dégringolaient pendant que Joséphine cherchait ses<br />

clés. Elles s’installèrent dans la cuisine.<br />

— Il faut que je prépare le dîner pour les enfants. Ils vont<br />

rentrer bientôt…<br />

Mylène fit le geste de repartir mais Joséphine la retint.<br />

— Nous avons le temps, vous savez, ils ne rentrent pas avant<br />

une heure. Vous voulez boire quelque chose ?<br />

Mylène secoua la tête et Joséphine lui fit signe de ne pas<br />

bouger pendant qu’elle rangeait les courses.<br />

— C’est Antoine, n’est-ce pas ? Il lui est arrivé quelque<br />

chose ?<br />

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