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Les yeux jaunes des crocodiles

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Luca la regarda, bouche bée.<br />

— Vous vous trouvez moche ?<br />

— Oui. Moche, nulle, godiche, empêtrée… Et cela faisait<br />

longtemps qu’un homme ne m’avait pas embrassée. Quand on<br />

s’est retrouvés tous les deux dans le taxi, je mourais de peur…<br />

— Peur de quoi ?<br />

Joséphine haussa les épaules timidement.<br />

— Je me soigne, notez. J’ai fait <strong>des</strong> progrès…<br />

Il étendit la main vers elle, lui caressa la joue et, se penchant<br />

par-<strong>des</strong>sus la table, il l’embrassa doucement.<br />

— Oh Luca ! gémit Joséphine.<br />

Sa bouche contre la sienne, il chuchota :<br />

— Si vous saviez quelle joie ce fut de vous rencontrer ! De<br />

vous parler, de marcher à vos côtés, de vous emmener voir <strong>des</strong><br />

films sans que jamais vous ne me demandiez rien, sans que<br />

jamais vous ne mettiez la moindre pression sur moi… J’avais le<br />

sentiment d’inventer le mot « romance »…<br />

— Parce que les femmes se jettent sur vous ? demanda Jo en<br />

souriant.<br />

— Parce qu’elles sont pressées, qu’elles sont avi<strong>des</strong>… J’aime<br />

prendre le temps, j’aime rêver, imaginer ce qu’il va se passer, je<br />

suis un lent… Et puis, il y a toujours Vittorio en arrière-plan.<br />

— Elles vous prennent pour lui ?<br />

— Souvent. Et quand je leur dis que ce n’est pas moi, que<br />

c’est mon jumeau, elles me demandent, il est comment ton<br />

frère, tu me le présentes, tu crois que je pourrais faire <strong>des</strong><br />

photos aussi ? Vous, vous sembliez venir d’ailleurs, vous ne<br />

connaissiez rien à ce milieu, vous ne posiez aucune question.<br />

Vous étiez une délicieuse apparition…<br />

— Une sorte de Bernadette Soubirous ?<br />

Il lui sourit et recommença à l’embrasser.<br />

La porte du bistrot s’ouvrit. Une bourrasque de vent glacé<br />

s’engouffra dans la salle. Joséphine frissonna. Luca se leva, posa<br />

son duffle-coat sur les épaules de Joséphine, rabattit le<br />

capuchon sur sa tête et affirma :<br />

— Maintenant, vous ressemblez vraiment à Bernadette<br />

Soubirous…<br />

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