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Les yeux jaunes des crocodiles

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Elles continuèrent à marcher sans rien dire. Joséphine passa<br />

le bras sous celui de Shirley et s’appuya contre l’épaule de son<br />

amie.<br />

— Pourquoi tu m’as dit que tu étais richissime tout à<br />

l’heure ?<br />

— Je t’ai dit ça ?<br />

— Oui. Je t’ai proposé de te dépanner si tu avais <strong>des</strong><br />

problèmes d’argent et tu m’as dit « arrête, je suis richissime »…<br />

— Tu vois, Joséphine, comme les mots sont dangereux dès<br />

qu’on devient intimes, qu’on se lâche… Avec toi, je ne fais pas<br />

attention, et les mots jaillissent comme les pièces de ton puzzle.<br />

Un jour, tu vas découvrir la vérité toute seule… dans un lavabo<br />

de palace !<br />

Elles éclatèrent de rire.<br />

— Je ne vais plus fréquenter que <strong>des</strong> lavabos, désormais. Ce<br />

sera mon marc de café. Lavabo, beau lavabo, dis-moi qui estcette<br />

femme que j’aime à la folie et qui joue les mystérieuses ?<br />

Shirley ne répondit pas. Joséphine pensa à ce qu’elle venait<br />

de dire sur les mots qui vous échappent et vous trahissent.<br />

L’autre jour, sans qu’elle sache pourquoi, l’attention de Philippe<br />

l’avait troublée. Et, si je suis honnête avec moi, j’ai aimé cette<br />

tendresse dans sa voix. Elle avait raccroché, surprise par<br />

l’émotion qui l’avait submergée. Rien que d’y penser à nouveau,<br />

le rouge lui monta aux joues.<br />

Dans l’ascenseur, sous la lumière blafarde du plafonnier,<br />

Shirley lui demanda : « Tu penses à quoi, Joséphine ? », elle<br />

secoua la tête et dit « à rien ». Sur le palier, devant la porte de<br />

Shirley, un homme habillé tout en noir était assis sur le<br />

paillasson. Il les vit arriver et ne se leva pas. Oh ! My God !<br />

chuchota Shirley. Puis se tournant vers Jo, elle enchaîna :<br />

— Prends l’air naturel et sois souriante. Tu peux parler, il ne<br />

comprend pas le français. Peux-tu me garder mon fils ce soir et<br />

cette nuit ?<br />

— Pas de problème…<br />

— Peux-tu aussi le guetter qu’il ne vienne surtout pas sonner<br />

chez moi, qu’il aille directement chez toi ? Cet homme ne doit<br />

pas savoir qu’il habite ici avec moi, il croit qu’il est<br />

pensionnaire.<br />

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